Michel Garicoïts
Prêtre, Fondateur, Saint
(1797-1863)

15

MAI

Michel Garicoïts, aîné de six enfants, naquit le 15 avril 1797 à Ibarre, une ancienne commune française du département des Pyrénées Atlantiques, fusionnée depuis le 25 juin 1841 avec Saint-Just pour former la nouvelle commune de Saint-Just-Ibarre. Nous sommes en plein Pays Basque.

Les parents de Michel, Arnaud Garicoïts et Gratianne Etchéverry, étaient des fermiers très pauvres mais profondément chrétiens. Arnaud et Gratianne, mariés pendant la Révolution française, aidaient les prêtres réfractaires en fuite. En effet, de très nombreux prêtres, traqués par les révolutionnaires, se réfugiaient chez eux, et Arnaud, très discrètement, les aidait à passer la frontière espagnole.

L'éducation de Michel fut difficile. Doté d'un tempérament fort et violent, d'une force physique exceptionnelle, il était très batailleur. Aussi donna-t-il beaucoup de mal à sa maman. Plus tard il dira: "Sans ma mère, je serais devenu un scélérat." Un jour, alors qu'il avait dérobé quelque chose chez un commerçant, sa mère lui dit:

"Serais-tu content qu'on fasse ainsi pour toi?

Michel se mordit les lèvres et la parole de l'Évangile: "ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse" lui revint en mémoire et le frappa si fort que, raconta-t-il plus tard, "ce fait et toutes ses circonstances ne s'effacèrent jamais de ma mémoire."

Pour corriger le tempérament difficile de son fils, Gratianne ne l'accablait pas de longs discours, mais, elle le tournait tout simplement, du monde visible vers le monde invisible. Ainsi, un jour, devant le feu flamboyant du poêle de la cuisine, elle lui dit:

— Mon fils, c'est dans un feu bien plus terrible que Dieu jettera les enfants qui font le péché mortel.

Michel, tout tremblant, en tira une saine leçon sur les fins dernières ainsi qu'une vive horreur du péché. Cependant, plus souvent que l'enfer, c'est le Ciel qui revenait dans les remarques de sa mère. Et c'est ainsi que, grâce aux soins attentifs de sa mère, Michel apprit à se tourner vers le Seigneur, à être fidèle au Christ et à son Église. Ces valeurs éducatives de la mère de Michel Garicoïts, ont été mises en valeur par le pape Jean-Paul II qui déclara, le 5 juillet 1997: "Dans la démarche spirituelle de Michel Garicoïts, sa famille a une place importante... Grâce à elle, en notre temps où les valeurs conjugales et familiales sont si souvent bafouées, la famille Garicoïts demeure un exemple pour les couples et pour les éducateurs, qui ont la responsabilité de transmettre le sens de la vie et de faire percevoir la grandeur de l'amour humain, ainsi que de faire naître le désir de rencontrer et de suivre le Christ."

En 1806 Michel alla à l'école et se montra un élève brillant, mais dès 1809, il fut placé comme domestique dans une ferme. Cependant, quand il sortait avec le troupeau dont il avait la garde, Michel emportait toujours un livre avec lui, pour apprendre la grammaire et le catéchisme. Lorsqu'il eut fait sa première communion, en 1811, l'Eucharistie devint sa grande soif. Il écrira plus tard: "C'est le Dieu fort: sans Lui, mon âme languit, elle a soif... C'est le Dieu vivant: sans Lui, je meurs... Je pleure nuit et jour quand je me vois éloigné de mon Dieu..."

Dès son plus jeune âge, Michel désira devenir prêtre. De retour dans sa famille, en 1813, il en parla à ses parents qui refusèrent car ils n'avaient pas les moyens de lui payer des études. Heureusement sa grand'mère put recourir à un prêtre qu'elle connaissait bien, le curé de Saint Palais situé non loin de Bayonne. Le prêtre prit Michel à son service dans son presbytère. Dès lors, le jeune étudiant outre les tâches domestiques qu'il devait assumer, se donna à fond à ses études, étudiant sans cesse sur les chemins, en mangeant, et aussi durant une partie de ses nuits. Il parvint à d'excellents résultats. Après trois ans passés à Saint-Palais, Michel fut envoyé à Bayonne pour rendre des services à l'évêché tout en poursuivant de solides études à l'école Saint-Léon. Enfin, en 1818, Michel entrera au Petit séminaire d'Aire-sur-l'Adour, puis, en 1819, au grand séminaire de Dax. En 1821, on lui confia un poste de professeur au Petit Séminaire de Larressore; là, durant ses temps libres, il poursuivait ses études de théologie. Le 20 décembre 1823, il fut ordonné prêtre.

Au début de l'année 1824, Michel fut nommé vicaire à Cambo, pour assister le curé âgé et paralysé. L'abbé Garicoïts gagna rapidement les cœurs de ses paroissiens. Ses prédications claires et animées par l'amour de Dieu et du prochain, attirèrent à l'église de nombreuses personnes qui en avait oublié le chemin. Sa réputation se répandit dans tout le pays basque et il passait des journées entières au confessionnal, quitte à se priver de repas. Il s'occupait personnellement du catéchisme des enfants, sûr que la mission du prêtre était d'enseigner les éléments de la doctrine chrétienne: en effet, pour lui, les formules d'un bon catéchisme restent pour beaucoup d'hommes dont la vie a été très bousculée, le principal rappel chrétien à l'heure de la mort. De plus, très souvent Michel se retirait à l'église pour prier longuement devant le Très Saint-Sacrement.

À la fin de 1825, Michel Garicoïts fut nommé professeur de philosophie au Grand Séminaire de Bétharram; il en devint aussi l'économe. L'état de ce Séminaire était lamentable, tant matériellement que spirituellement, le Supérieur, très âgé n'ayant plus la force de gouverner la maison. L'abbé Garicoïts réussit le redressement devenu urgent. Peu à peu, grâce à ses qualités morales il réalisa, avec l'appui des séminaristes, la réforme indispensable. En 1831, le Supérieur du Séminaire mourut, et l'abbé Garicoïts fut nommé directeur à sa place. Malheureusement, cette même année, l'Évêque décida de transférer le Séminaire à Bayonne… Et le nouveau Supérieur du séminaire de Bétharram se retrouva seul dans les grands bâtiments vides.

Les bâtiments du Séminaire de Bétharram jouxtaient le sanctuaire consacré à la Sainte Vierge depuis le 16ème siècle, où beaucoup de miracles s'étaient produits. Des foules nombreuses venaient toujours y prier la Très sainte Vierge. L'abbé Garicoïts profita donc de ses temps libres pour mettre en œuvre un apostolat fécond au moyen de la confession et de la direction spirituelle. Il visitait même, plusieurs fois par semaine, à Igon, village situé à quatre kilomètres de Bétharram, les Filles de la Croix, religieuses d'une Congrégation récente dont la fondatrice, Jeanne-Élisabeth Bichier des Ages, le soutiendra beaucoup. La maison religieuse d'Igon dont Michel était devenu le directeur spirituel, se consacrait surtout à l'apostolat en milieu populaire. Michel, l'abbé Garicoïts, apprécia beaucoup ces religieuses et, après une retraite spirituelle prêchée par les jésuites, à Toulouse, en 1832, il désira devenir jésuite. Mais le Père supérieur lui dit: "Dieu vous veut plus que Jésuite... Vous suivrez votre première inspiration, que je crois venue du Ciel, et vous serez le père d'une famille religieuse qui sera notre sœur. En attendant, Dieu veut que vous restiez à Bétharram, en continuant les ministères que vous y remplissez. Faites-y le bien et attendez."

L'abbé Garicoïts rentra à Bétharram et  réfléchit  à son idée de former une communauté religieuse vouée à l'enseignement, à l'éducation, à la formation religieuse du peuple ouvrier et paysan, mais aussi à toutes sortes d'autres missions. Dans ce but, il s'adjoignit trois prêtres et forma une petite communauté qui se développa rapidement. Bientôt le Père Garicoïts créa une "mission" spéciale pour assurer le service du sanctuaire de Bétharram, recevoir et confesser les pèlerins et diriger des retraites. Car pour lui, "posséder Dieu éternellement était le souverain bien de l'homme, tandis que son souverain mal était la damnation éternelle." Michel rappelait souvent les paroles de Jésus nous mettant en garde contre l'enfer en disant: "Au jour du jugement général, Dieu s'adressera à ceux qui seront à sa gauche pour leur dire: 'Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges...' Et ils s'en iront au châtiment éternel. Par contre, les justes iront à la vie éternelle." (Mt 25, 41-46). Mais le Père Garacoïts n'oubliait pas, pour autant, l'infinie Miséricorde du Seigneur. Sans cesse il rappelait la tendresse de Dieu manifestée dans son Incarnation, sa Passion et surtout son Sacré-Cœur. Et il n'hésitait pas à redire que le don du Saint-Esprit qui confère cette tendresse est le don de Piété.

Après la révolution française, la France était à rechristianiser. Pour cela il fallait d'abord rechristianiser l'enseignement. C'est pourquoi le Père Garicoïts ouvrit en novembre 1837, une école primaire à Bétharram. Le succès fut immédiat. Aussi, en 1838, fonda-t-il la Société des Prêtres auxiliaires du Sacré-Cœur de Jésus. Pour notre Saint, éduquer un homme, c'était le former, lui donner un métier et, ainsi, le préparer à la vie éternelle. Encouragé par les résultats merveilleux qu'il constatait chez les élèves, il ouvrit, ou reprit, de nombreuses écoles dans la région. Saint Michel Garicoïts avait communiqué un tel élan à ses disciples que son institut essaima partout à travers l’Europe, l’Amérique du Sud, jusqu’en Palestine et même en Chine. Nous ne devons pas oublier que Michel Garicoïts priait beaucoup et qu'il éclairait les âmes par une formation doctrinale sérieuse en exposant les vérités de notre foi.

Pourtant, malgré tous les succès qu'il remportait, Michel Garicoïts rencontra beaucoup de difficultés à faire reconnaître la Congrégation des Prêtres auxiliaires du Sacré-Cœur de Jésus. Mais toujours il se soumettait à son évêque… Ce n'est qu'après sa mort, au cours des années 1870, que fut reconnue officiellement par l'Église, la Société des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus.

L'activité du Père Michel était si débordante, se partageant entre la direction des âmes, les écoles, sa Congrégation et ses missions, et les Sœurs d'Igon, que vers 1853, sa santé s'altéra. Il eut même quelques attaques de paralysie. Durant le carême de 1863, une crise particulièrement grave fit présager sa fin prochaine. Le 14 mai 1863, jour de l'Ascension, il s'éteignit en murmurant: "Ayez pitié de moi, Seigneur, dans votre grande miséricorde." Il avait 66 ans.

Michel Garicoïts fut béatifié par le pape Pie XI le 15 mars 1923, et canonisé le 6 juillet 1947 par le pape Pie XII. Sa fête qui avait été fixée le 14 mai fut ensuite reportée au 15 mai.

Paulette Leblanc

 

 

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