La vie de saint Maurille, dont on ignore la date de
naissance, fut pleine d'imprévus. Maurille issu d'une
famille noble serait peut-être né à Reims.
Ses parents seraient probablement originaires de Mayence
en Allemagne.
Maurille commença ses études à Reims, et
les poursuivit à
Liège.
Il se rendit ensuite en Saxe où il fut écolâtre de
l’église d'Halberstadt, c'est-à-dire professeur.
Souhaitant se retirer totalement du monde, il se rendit,
probablement avant 1030, en
Normandie
où il devint moine à l’abbaye
de Fécamp.
Mais, désirant davantage de solitude et de pénitence, il
se retira pour tenter une vie érémitique en Italie;
c'est là qu'il rencontra Gerbert, le futur abbé de
Saint-Wandrille.
Un seigneur du pays, le marquis Boniface le désigna abbé
de Sainte-Marie, à Florence.
Maurille n'y restera que peu de temps, car en tentant de
rétablir la règle, il se heurta à l’hostilité des moines
qui cherchèrent à l'empoisonner. Maurille revint
alors à Fécamp où il reprit sa vie de moine.
Les années passèrent. Nous sommes en 1055. Le synode de
Lisieux déposa, à cause de ses crimes, l'archevêque
de Rouen, Mauger. Choisi par le duc Guillaume
pour le remplacer, le premier soin de Maurille, devenu
archevêque de Rouen, fut de remédier aux abus qui
s'étaient introduits sous ses prédécesseurs.
La vie
de Maurille devint alors encore plus mouvementée
qu'avant. Rappelons qu'en 996,
le premier seigneur d'Aumale, Guérinfroy, avait bâti un
château fort et fondé une
collégiale
que desservaient six chanoines. En 1055 ou un peu après,
à la demande d'Adélaïde, comtesse d'Aumale, Maurille
dédicaça la collégiale d'Auchy qui devint par la suite
l'abbaye Saint-Martin-d'Auchy. Sur le conseil de
Maurille, archevêque de Rouen, Robert, le comte d'Eu,
fonda en 1059 l'abbaye Saint-Michel du Tréport.
Mais les problèmes territoriaux se multipliaient en
Normandie, et les conseils de Maurille étaient souvent
sollicités. En 1061, Maurille présida à Caen un concile
provincial pour mettre un terme aux guerres privées: la
Trêve de Dieu y fut imposée sous peine
d’excommunication. Il fallait également
rétablir la discipline à laquelle on avait porté de
rudes atteintes. Maurille avait précédemment tenu un
concile à Rouen, pour établir des règlements en vue
d'obliger les ecclésiastiques à vivre dans la pureté qui
convient à leur état.
Maurille participa ensuite aux États généraux de
Normandie à Lillebonne,
où fut prise la décision de l'expédition en Angleterre
pour récupérer la couronne qui revenait de droit à
Guillaume.
Nous devons rappeler ici, que, dès sa nomination à
Rouen, Maurille relança les travaux de la cathédrale de
Rouen.
Il acheva le chantier et procéda à sa dédicace le 1er
octobre 1063,
en présence du duc
Guillaume.
Il mourut le 9 août 1067
après avoir pratiqué toutes les vertus qui font les
saints évêques, et il fut
enterré en haut de la nef de la cathédrale. Les
calvinistes ont détruit son tombeau en 1572.
Saint Maurille tint encore deux autres conciles à
l'occasion de la dédicace de la cathédrale de Rouen
qu'il avait fait achever, et de l'église du monastère de
Jumiége. Ces deux églises furent dédiées à la Vierge
Marie sous l'invocation de la Mère de Dieu, l'une en
1063, et l'autre en 1067.
Paulette Leblanc
|