MAUR DE ROME
Moine Bénédiction, Abbé, Saint
(ca. 512-584)

15

JANVIER

Maur, ou Amaury, ou Amalric, ou Maura, ou Morane, ou Mauro, naquit à Rome vers 512. Saint Maur appartenait à une très noble famille patricienne de Rome. Son père, Equitius était un sénateur romain. Cependant, Equitius et sa mère se distinguaient également par leurs vertus. La condition familiale de Maur l'appelait naturellement à jouir des plaisirs et des honneurs attachés aux grandes fortunes, comme celle de sa famille. Mais Dieu, en décida autrement. En effet, quand Maur eut 12 ans, son père, résolut de le confier à saint Benoît qui vivait alors dans le désert de Subiaco, avec quelques religieux, les premiers de l'Ordre des Bénédictins. Ainsi, pensaient ses parents, Maur, placé sous les ordres de saint Benoît, connaîtrait toutes les sciences connues à cette époque, et, en outre, il serait formé aux vertus chrétiennes. Notons ici que le désert de Subiaco est devenu aujourd'hui un quartier de Rome.

Saint Benoît reçut Maur avec beaucoup de joie, car il avait remarqué combien cet adolescent avait déjà acquis une maturité exceptionnelle. Et souvent saint Benoît le présentait comme un modèle à ses religieux qui, parfois, avaient tendance à relâcher leurs efforts. De plus, quatre miracles effectués par Maur, ne pouvaient laisser Benoît indifférent. Voici le premier: afin d'aller au secours de Placide, un enfant tombé dans un lac et qui était sur le point de se noyer, Maur, à la demande de Benoît, voulut le récupérer dans l'eau. Et voici que Maur, pour atteindre Placide, lui aussi confié à saint Benoît, Maur, sans s'en rendre compte, marcha sur les eaux et ramena l'enfant sur la terre ferme.

Ainsi se créa, entre le maître et le disciple une sainte relation d'humilité qui se termina par des louanges et des actions de grâces envers notre Seigneur lequel, selon Maur, avait seul, délivré le jeune Placide par ce coup si extraordinaire de sa puissance. Ce miracle fut rapidement connu, et tous les religieux de Subiaco conçurent une véritable vénération pour leur confrère Maur; ils ne le regardaient qu'à travers les vertus qui éclataient en lui, notamment son obéissance qui ne trouvait jamais rien d'impossible, ou son humilité ou ses pénitences. Ainsi, Maur ne mangeait que deux fois la semaine, et même très peu, imitant en cela saint Benoît… De plus, sa ferveur était si grande qu'elle embrasait même les plus tièdes, inspirant à la dévotion tous ceux qui pouvaient l'approcher. De même, le silence de Maur était une source de saintes pensées et d'une conversation continuelle avec Dieu.

Dieu ayant inspiré à saint Benoît d'aller de Subiaco au Mont-Cassin, Benoît emmena Maur avec lui pour l'assister éventuellement. Tous les moines considéraient déjà Maur comme le successeur futur de leur saint père Benoît. Un jour, saint Benoît étant absent, un enfant muet et boiteux fut amené au monastère par ses parents qui demandaient sa guérison. Comme l'abbé du monastère, Benoît, était parti, les parents de l'enfant s'adressèrent à Maur, qui malgré tous ses refus, fut enfin contraint de s'exécuter. Il se prosterna donc devant Dieu, le pria avec des larmes d'exercer sa miséricorde envers l'enfant et ses malheureux parents. Ensuite Maur se leva, et faisant le signe de la croix sur les membres du malade, il lui dit avec modestie et confiance:

 

– Au nom de la très sainte Trinité, et par les mérites de mon maître, notre saint abbé Benoît, je vous commande de vous relever en parfaite santé.

 

Aussitôt le malade obéit, et l'assemblée estima d'autant plus saint Maur, qu'il avait voulu rapporter toute la gloire de ce miracle aux mérites de son père Abbé saint Benoît.

Vers 451 ou 452, Innocent, l'évêque du Mans, connaissant la renommée de Benoît, le contacta pour le prier d'envoyer quelques-uns de ses religieux, afin d'établir un monastère de son Ordre dans son diocèse, en Gaule. Benoît choisit Maur et quatre autres moines qui arrivèrent du Mont-Cassin au tout début de l'année 453. Pour fonder le nouveau monastère qui deviendra l'abbaye de Glanfeuil, Benoît nomma Maur responsable de cette entreprise. Puis cette abbaye, la première abbaye bénédictine d'Anjou fut dirigée par saint Maur pendant 40 ans.

Petite remarque: environ trois siècles plus tard, l'Abbé Odo et les moines de Glanfeuil furent obligés de fuir vers Paris face aux attaques des Vikings le long de la Loire. Là Odo établit le culte de saint Maur à l'abbaye parisienne de Saint-Pierre-des-Fossés, renommée plus tard Saint-Maur-des-Fossés. À la fin du Moyen Âge, le culte de saint Maur, souvent lié à saint Placide, se propagea dans tous les monastères bénédictins. Le monastère de Glanfeuil fit connaître la Règle bénédictine à de nombreuses abbayes françaises, dont Saint-Denis, Marmoutiers, Luxeuil, Jumièges, Saint Wandrille et de nombreuses autres qui, toutes, se glorifièrent d'être les "filles du Mont Cassin" grâce à Saint Maur, le disciple chéri de Saint Benoît.

Maur gouverna son abbaye pendant trente-huit ans. Puis, sentant sa mort approcher, il voulut la préparer avec soin. Aussi, renonça-t-il à sa charge d'abbé. Il nomma Bertulfe pour le remplacer et demanda aux quatre Pères venus d'Italie avec lui, d'assister ce nouvel abbé et de veiller à ce qu'il n'altérât en rien la pureté de la règle. Puis Maur se retira avec deux religieux, Prime et Anien, dans une cellule proche de la chapelle de Saint-Martin, où il commença une vie particulièrement austère. Mais la grâce de Dieu soutenait miraculeusement son corps. Cela dura deux ans.

Bientôt, une grave épidémie secoua le monastère et au bout de cinq mois, 116 religieux étaient morts. Quoique fatigué, Saint Maur s'était dépensé sans relâche au milieu de tant de victimes, et aucun de ses moines ne mourut sans avoir reçu sa bénédiction et ses exhortations paternelles. Mais son heure à lui arrivait aussi, et Maur se fit transporter dans l'oratoire de Saint-Martin, après avoir reçu, avec beaucoup de ferveur, les Sacrements de l'Église. Il rendit son âme à Dieu, le 15 janvier de l'an 584, âgé de soixante-douze ans et quatorze jours.

Son corps fut inhumé dans l'église même où il était mort.

Paulette Leblanc

 

 

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