Marie-Léonie Paradis
Religieuse, Bienheureuse
1840-1912

3

MAI

Alodie-Virginie Paradis naquit le 12 mai 1840 dans le village de L'Acadie du bas Canada, diocèse de Montréal, au Québec. Elle était la seule fille et troisième enfant d'une famille de six, dont seulement quatre survivront. Ses parents, Joseph Paradis, scieur de bois, et Émilie Grégoire, installés à Saint-Philippe-de-Laprairie étaient d'un milieu rural pauvre mais laborieux. Quand elle eut atteint l’âge de neuf ans, Alodie fut placée comme pensionnaire chez les sœurs de la Congrégation de Notre-Dame, à Laprairie. En 1849, la famille Paradis déménagea à Napierville, puis à Laprairie, car le père participait à la ruée vers l'or.

Sa famille étant très croyante et pieuse, Alodie fut placée jeune dans un pensionnat religieux; rapidement elle manifesta un grand attrait pour la prière, puis pour la vie religieuse. Le Père Camille Lefebvre, du collège Saint Joseph, lui ayant parlé de la Famille de Sainte-Croix, qui regroupait quatre familles religieuses, dont les Marianites, le 27 février 1854, Alodie, qui n'avait que 14 ans, entra chez les Marianites de Sainte-Croix de Saint Laurent. Au noviciat, elle reçut le nom de sœur Marie de Sainte-Léonie et après sa profession, le 22 août 1857, on l'orienta vers l'enseignement, quoique, intérieurement, elle désirait se consacrer au service des prêtres. En 1862 elle partit à New-York pour s'occuper d'un orphelinat et d'une école destinée aux pauvres. Ensuite, de Montréal, on l’envoya huit ans à l’orphelinat Saint-Vincent-de-Paul de New York où elle restera pendant huit ans, jusqu'en 1870. De là, elle ira en Indiana, toujours aux États-Unis où, jusqu'en 1874, elle enseigna les travaux à l'aiguille et le français. C'est là aussi qu'elle apprit l'anglais.

Mais son attrait pour le service des prêtres restait cependant très fort. À l’automne de 1874, elle fut envoyée de l’Indiana à Memramcook, au Nouveau-Brunswick. Elle prit en charge l'équipe des religieuses  du collège saint Joseph de Memramcook, et des jeunes Acadiennes qui assumaient les travaux domestiques au collège Saint-Joseph, alors dirigé par le Père Camille Lefebvre. Memramcook est un village canadien situé au sud-est du Nouveau-Brunswick, province canadienne  berceau de l'Acadie. Notons, au passage, que le collège saint Joseph de Memramcook qui avait été ouvert en 1864, obtiendra le statut d'université en 1888, première université de l'est du pays.

Bientôt de nombreuses jeunes acadiennes, voulant devenir religieuses, rejoignirent l'équipe du collège Saint Joseph. Afin d'assurer leur formation intellectuelle, en août 1880, Sœur Marie de Sainte Léonie, qui, je viens de le dire, assurait la gérance des services ménagers du collège saint Joseph dirigé par le Père Camille Lefèbvre, Sœur Marie de Sainte Léonie fonda officiellement, un nouvel  Institut: les Petites Sœurs de la Sainte-Famille destinées à soutenir les Religieux de Sainte-Croix et à collaborer avec eux dans l’œuvre de l’éducation. L'Institut des Petites Sœurs de la Sainte-Famille sera reconnu officiellement le 31 mai 1880 et recevra l'approbation canonique en 1896. Les Petites Sœurs faisaient des vœux privés et leur tâche consistait à se dévouer aux soins domestiques des collèges de Sainte-Croix au Canada.

Essayons maintenant d'en savoir un peu plus sur Mère Léonie. “Physiquement, Mère Léonie était de petite taille, d'une tenue si digne qu'on la remarquait. Son teint clair, ses yeux profonds, sa bonne figure épanouie d'un sourir, attirait facilement. Moralement, elle était une femme de grand cœur, toute de cordialité”. Un autre trait caractéristique de la Mère Léonie était son amour du travail bien fait, bien qu'elle fût de faible santé. Elle résumait ainsi sa pensée: “Travaillons, mes filles, nous nous reposerons au ciel!” Le travail dont parlait Mère Léonie était de collaborer avec le clergé et de le libérer des charges matérielles en se chargeant des soucis temporels.

Cependant, Mère Léonie était toujours professe de Sainte-Croix et elle en portait toujours le costume. Mais comme on lui conseillait de devenir elle aussi, Petite Sœur de la Sainte Famille, en 1905, elle demanda à être relevée de ses engagements envers sa communauté d'origine. Le pape Pie X la releva de ses obligations, et elle revêtit, avec ses religieuses un habit spécifique. Elle collabora à la fondation de trente-huit collèges.

Mère Léonie resta la supérieure générale de sa fondation jusqu'à son décès survenu subitement, à Sherbrooke, le 3 mai 1912; elle avait 72 ans. Sa Communauté comptait alors plus de 600 religieuses au service du sacerdoce. Sherbrooke est une ville du Québec, située à environ 140 kilomètres à l'est de Montréal.  Mère Léonie fut béatifiée à Montréal, par le pape Jean-Paul II le 11 septembre 1984.

Voici un extrait de l'homélie de Jean Paul II lors de sa béatification: "Sœur Marie-Léonie Paradis ne craignait pas les diverses formes du travail manuel qui était à l'honneur dans la Sainte Famille, et dans la vie de Jésus à Nazareth. C'est là qu'elle a vu la volonté de Dieu sur sa vie. C'est en accomplissant ces tâches qu'elle a trouvé Dieu. Avec les sacrifices inhérents à ce travail, mais offerts par amour, elle y a connu une joie et une paix profondes. Elle savait qu'elle rejoignait l'attitude foncière du Christ, 'venu non pour être servi mais pour servir'. Elle était toute pénétrée de la grandeur de l'Eucharistie, et de la grandeur du sacerdoce. Désormais sa Congrégation et l'Église la diront, d'âge en âge, bienheureuse"

Paulette Leblanc

 

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