Maria Natividad Venegas de la Torre naquit le 8
septembre 1868, près du petit village de Zapotlanejo,
dans l'état de Jalisco au centre du Mexique. Elle était
la dernière d'une famille de 12 enfants. Sa famille qui
connaissait de nombreuses difficultés matérielles,
vivait cependant une intense vie spirituelle. Maria
Natividad fut confirmée à l'âge de quatre ans. Elle
perdit sa maman alors qu'elle n'avait que 12 ans, et son
père à 19 ans.
Dès
lors, elle vécut avec sa tante, la sœur de son père.
Très jeune encore, elle montrait une grande piété et une
grande dévotion envers le Saint-Sacrement. Cette
dévotion, toute orientée vers l'amour pour Jésus,
développera en elle un grand amour du prochain. Tout
naturellement elle se consacra à l'instruction
religieuse dans son entourage et au soin des pauvres, et
bientôt, ressentant un fort appel pour la vie
religieuse, le 8 décembre 1898 en la fête de
l'Immaculée Conception, elle entra dans l'association
des Filles de Marie.
En 1905, Maria-Natividad suivit les exercices de Saint
Ignace et se décida à donner sa vie à Dieu d'une manière
plus totale. Elle rejoignit Les Enfants de Marie,
une petite communauté de femmes pieuses,
fondée par la sœur de l'évêque de Guadalajara Don
Atenógenes Silva y Alvarez Tostado. Ces femmes pieuses
administraient depuis 1886, l'hôpital du Sacré-Cœur
destiné aux pauvres. Infirmière compétente et très
charitable, Maria-Natividad fut élue "vicaire" en 1912,
puis supérieure en 1921. C'est alors qu'elle écrivit les
constitutions d'un Institut qui prit le nom de "Hijas
del Sagrado Corazon de Jesus", en français, Filles
du Sacré-Cœur de Jésus, Institut qui fut approuvé en
1930. Maria-Natividad émit alors ses vœux perpétuels et
prit le nom de Maria de Jésus du Saint-Sacrement: elle
avait 62 ans et était la première à suivre les
constitutions dans toute leur rigueur. Très humble et
très simple envers tous ceux qui l'approchaient, elle
sut communiquer à ses filles, anciennes des Enfants de
Marie, son amour pour l'Église et les âmes, et son
attrait pour une vie de sacrifice. Elle donnait, à tous
ceux qui l'approchaient, le témoignage d'une
consécration absolue au service de Dieu et de l'humanité
souffrante.
Nous sommes en 1926, au Mexique, très meurtri par la
révolution et les régimes socialistes athées qui
sévissaient depuis 1910, puis par la constitution de
1917 interdisant, entre autres, les ordres monastiques.
En 1924, avec l'arrivée de Callès qui voulait appliquer
totalement la constitution de 1917, les choses
s'aggravèrent, et dès 1926 une terrible persécution fut
déclarée contre les catholiques. Mais Sœur Maria de
Jésus du Saint-Sacrement ne se laissa pas arrêter par
ces persécutions; au contraire, elle multiplia les
nouvelles fondations dans d'autres régions de la
République mexicaine. On peut ainsi dire qu'elle fut
l'une des pionnières du "printemps des vocations
religieuses" que l'on constate encore de nos jours
au Mexique.
Le 30 juin 1959, très paisiblement après avoir reçu les
derniers sacrements, Sœur Maria de Jésus du
Saint-Sacrement rendait son âme à Dieu. Jean Paul II la
béatifia le 22 novembre 1992 et la canonisa à Rome le 22
mai 2000 avec 26 autres Mexicains. Sœur Maria de Jésus
du Saint-Sacrement est la première femme canonisée de
son pays.
Parlons un peu de la spiritualité de Sœur Maria de Jésus
du Saint-Sacrement. Dans son homélie de canonisation,
Jean-Paul II déclara que "sa
spiritualité était caractérisée par une singulière piété
eucharistique, car il est clair que le chemin par
excellence pour s'unir au Seigneur est de le chercher,
de l'adorer, de l'aimer dans le très saint mystère de sa
présence réelle dans le Sacrement de l'Autel. Elle
prolongea son œuvre par la fondation des Filles du
Sacré-Cœur de Jésus, qui poursuivent aujourd'hui dans
l'Église son charisme de la charité envers les pauvres
et les malades. De fait, l'amour de Dieu est universel,
il désire parvenir à tous les hommes; c'est pourquoi
Sœur Maria du Saint-Sacrement comprit que son devoir
était de le diffuser, en prodiguant ses attentions à
l'égard de tous jusqu'à la fin de ses jours, même
lorsque son énergie physique diminua et que les dures
épreuves traversées au cours de son existence eurent
affaibli ses forces. Très fidèle dans l'observance des
constitutions, respectueuse envers les évêques et les
prêtres, attentive aux séminaristes,
Sainte Maria de
Jésus du Saint-Sacrement
est un témoignage éloquent de consécration absolue au
service de Dieu et de l'humanité qui souffre." (Extrait
de l'homélie de Saint Jean-Paul II, lors de la cérémonie
de canonisation, 22 mai 2000)
Paulette Leblanc |