Maria Lopez de Rivas, fille d'Antonio Lopez de Rivas
et d'Elvira Martinez-Rubio, appartenait à une
famille noble. Elle naquit le 18 août 1560, à Tartanedo,
dans la province de Guadalajara, en Espagne. Maria
n'avait que quatre ans lorsque son père décéda en 1564;
il la laissait seule héritière d'un immense domaine.
Lorsque sa mère se remaria, Maria fut confiée à ses
grands-parents paternels situés à Molina de Aragón. Là,
Maria fut élevée et éduquée dans la foi catholique.
Maria était très belle et sa famille désirait la marier;
mais Maria voulait devenir religieuse. Aussi, son
confesseur, le Père Castro, jésuite, l'orienta-t-il vers
l'Ordre du Carmel réformé par Thérèse d'Avila toujours
vivante.
Maria
Lopez, recommandée par Thérèse d'Avila, entra chez les
Carmélites Déchaussées de Tolède, le 11 août 1577.
Devant les hésitations de la communauté de Tolède qui
refusait d'accueillir Maria à la profession religieuse
en raison de son peu de santé, Thérèse d'Avila écrivit
une lettre aux religieuses de Tolède: "Réfléchissez
bien à ce que vous faites, parce que si vous n'admettez
pas Sœur Marie de Jésus à la profession, je devrais la
faire venir à Avila, et le monastère qui bénéficiera de
sa présence sera le plus heureux de tous. Pour ma part,
je voudrais l'avoir toujours avec moi dans mon
monastère, même si elle devait rester au lit toute sa
vie." Maria Lopez fut accueillie par la communauté
du Carmel de Tolède, prit le nom de Marie de Jésus, et,
malgré sa santé fragile, elle fit sa profession
religieuse le 8 septembre 1578. En 1584, elle devint
maîtresse des novices: elle n'avait que 24 ans.
Thérèse d'Avila aimait
beaucoup Marie de Jésus dont elle appréciait les dons
spirituels. Aussi, lors de ses visites à Tolède, lui
montrait-elle une sollicitude maternelle, surtout en
raison de sa "maladie d'amour" pour Dieu. Au
cours de son séjour à Tolède en 1580, Thérèse d'Avila la
sollicita à plusieurs reprises, pour avoir ses conseils
notamment sur des problèmes de théologie mystique.
Notons ici que Maria était encore novice quand elle vit
arriver, au couvent de Tolède, saint Jean de la Croix,
tout juste évadé de sa prison. Elle l'entendit déclamer
ses poèmes mystiques et raconter son emprisonnement.
Elle prit des notes et laissa le récit de cet épisode
célèbre dans l'histoire du Carmel. Il faut savoir aussi
que Thérèse d'Avila soumettait ses manuscrits à Maria
pour qu'elle les relise et, éventuellement, les corrige.
Ce fut le cas, en particulier, pour "Les fondations"
et le "Livre
des Demeures".
Il faut savoir que sainte
Thérèse d'Avila écrivit, au sujet de Marie de Jésus:
"Non seulement Marie de Jésus sera une sainte, mais elle
en est déjà une." Le père Jérôme Gratien, bien connu
de Thérèse d'Avila, estimait que Marie de Jésus était
une "religieuse très chère à la sainte Mère Thérèse
d'Avila", parce qu'en plus d'être une sainte dès
l'enfance et d'avoir de grandes vertus héroïques, Marie
de Jésus avait demandé à notre Seigneur "de lui
accorder quelque chose qui pourrait lui faire sentir sa
passion, même physiquement." C'est alors que Jésus
apparut à Maria et posa sur sa tête une couronne
d'épines. Le Père Jérôme Gratien écrivit que "ceci
produisit une très grande douleur qui ne la quitta
jamais. C'est un mystère, qu'elle pût vivre avec une
telle douleur et ne pas faillir à ses devoirs envers
l'Ordre. Après cela, d'ailleurs, Notre Seigneur a
répondu à son désir continuel de souffrir pour le Christ
dans la mémoire de sa passion, et lui a donné des
douleurs tellement aiguës dans ses pieds, ses mains, et
son côté que cela provoque l'émerveillement. Je connais
bien cette religieuse. Elle est native de Molina de
Aragón, Marie de Jésus par son nom, anciennement prieure
de Tolède, et je pourrais raconter beaucoup de choses
merveilleuses à son sujet." Fin de citation.
Il faut ajouter que le grand historien du Carmel, frère
Silvère de sainte Thérèse disait:
"après sainte Thérèse
elle-même, aucune religieuse carmélite déchaussée en
Espagne n'a atteint une telle renommée populaire et une
célébrité comme Marie de Jésus."
En
1587 Sœur Marie de Jésus fut élue sous-prieure de son
couvent. Elle le sera de nouveau de 1607 à 1619. En 1591
elle devint prieure du monastère, puis fut réélue en
1595 et 1598. Cependant, en juillet 1600, lors de la
visite canonique du monastère, l'une des religieuses
l'accusa faussement, et, compte tenu de ces accusations,
le 25 juillet 1600, Marie de Jésus fut démise de ses
fonctions de supérieure du monastère. Elle ne se révolta
pas, et pendant 20 ans, paisible et soumise envers
l'autorité du couvent, elle supporta toutes les
accusations dirigées contre elle, et elle priait même
pour son accusatrice. Enfin, en 1620, son accusatrice
avoua qu'elle avait menti et que ses accusations
étaient fausses. Sœur Marie de Jésus fut réhabilitée et
réélue prieure le 25 juin 1624. En 1627 elle démissionna
de son poste pour des raisons de santé.
Marie de Jésus décéda à Tolède le 13 septembre 1640.
Sa
dépouille non corrompue fut déposée dans l'église du
Carmel de Tolède.
Elle
fut béatifiée le 14 novembre 1976 par le pape Paul VI.
Sa fête liturgique est célébrée le 13 septembre.
Parlons maintenant de la spiritualité de Mère Marie de
Jésus. Tout d'abord il faut savoir que c'est Anne de
Jésus, collaboratrice de Thérèse d'Avila, et fondatrice
de plusieurs Carmels réformés, qui rassembla les écrits
de Mère Marie de Jésus et contribua à leur publication.
Nous apprenons ainsi que, dans les écrits de Mère Marie
de Jésus, il y a de nombreuses références au Sacré-Cœur
de Jésus. Elle méditait beaucoup sur le Sacré-Cœur et
avoua "avoir vu plusieurs fois des torrents de grâces
qui en jaillissaient." Outre sa très grande dévotion
au Sacré-Cœur, au Saint-Sacrement et au Précieux Sang de
Jésus, elle aimait particulièrement l'Enfant-Jésus
qu'elle appelait "le docteur de la maladie d'amour."
Elle avait également une dévotion particulière au
mystère de l'Assomption de la Très Sainte Vierge Marie.
Paulette Leblanc |