Maria Anna Sala
Religieuse, Bienheureuse
(1829-1891)

24

NOVEMBRE

 

 

Maria Anna Sala naquit à Brivio (province de Lecce, Italie du SE), le 21 avril 1829, cinquième des huit enfants de Giovanni Maria Sala et de Giovannina Comi, parents profondément chrétiens et vivant à l’aise en de bonnes conditions économiques. Son père, Monsieur Sala, un homme très croyant, était un travailleur infatigable, bien connu dans le commerce du bois. Dans le centre du village, il possédait une grande maison avec une cour intérieure, dans laquelle pouvaient jouer les enfants. Maria-Anna Elisabeta fut baptisée le jour-même de sa naissance, car on pensait que cette petite fille ne pourrait pas vivre. 

Maria-Anna et ses frères et ses sœurs grandirent dans un climat familial plein d'amour dans lequel régnaient les valeurs chrétiennes de paix et de sérénité propres aux familles nombreuses, bien insérées dans la communauté parois-siale. Maria Anna, très intelligente, fut vite remarquée par sa maîtresse de l'é-cole primaire, Mademoiselle Alessandrin. Maria-Anna fit sa première commu-nion le 12 septembre 1839, et reçut, ce même jour, le sacrement de Confir-mation.  

Il y avait, près du village, un petit sanctuaire, l'oratoire St-Léonard, où l'on vénérait une Madone. Ce lieu de dévotion était particulièrement cher à Maria-Anna. Un jour, elle était venue prier avec l'une de ses sœurs pour sa maman gravement malade. Pendant que les fillettes priaient, la malade se sentit guérie, avec la certitude d'avoir vu près d'elle, la Vierge qui la bénissait 

Maria-Anna fut bientôt confiée aux Sœurs Marcellines de Vimercate, une récente congrégation fondée, en 1838, par Mgr Luigi Biraghi, directeur du grand séminaire de Milan, pour l’éducation chrétienne des jeunes filles d'une bourgeoisie qui commençait à se développer alors. En novembre 1846, à dix-sept ans, Maria Anna obtint brillamment son diplôme de l’enseignement pour les écoles primaires. 

Elle rentra aussitôt dans son pays pour assister sa mère malade, et ses petits frères et sœurs; mais elle s'efforçait d'être aussi auprès des petits enfants de la paroisse, des malades et de ceux qui étaient dans le besoin. Puis, pour répondre à l'appel pressant de Jésus qui l'invitait à Le suivre dans une vie de consécration, d'apostolat et d'évangélisation, vie semblable à celle de ses éducatrices qui étaient alors guidées par Mère Marina Videmari, fervente collaboratrice du Fondateur de l'Institut, elle entra chez les Sœurs Marcellines. Ce ne fut pas facile, car sa famille subissait alors quelques revers économiques dus à une vile supercherie dont son père avait été victime et Maria-Anna dut attendre deux ans. Enfin, le 13 février 1848, Marie-Anne Sala quitta sa famille, non sans sacrifice, pour retourner au Collège de Vimercate, mais cette fois-ci, en tant qu'aspirante à la vie religieuse.  Là elle put s’épanouir et donner libre cours à ses deux aspirations fondamentales: nourrir une intense vie intérieure, et se donner activement à l’apostolat parmi les jeunes filles. Après son noviciat, elle eut la joie de prononcer ses premiers vœux, le jour même de la reconnaissance officielle de sa Congrégation, par l’Église et le gouvernement qui était alors autrichien, le 13 septembre 1852. 

Remarque: Le noviciat de Maria-Anna, commencé en 1849, se prolongea au-delà des temps habituels, en raison des vicissitudes politiques que l’Italie traversait alors.  

Sœur Maria-Anna enseigna successivement la musique et le français dans les écoles primaires, et diverses écoles, notamment à Milan, où elle fut aussi assistante à l’Hôpital militaire, tout en préparant et obtenant brillamment le diplôme supérieur de l’Enseignement. Elle alla aussi enseigner à Gênes et à Chambéry. Bientôt, elle fut nommée supérieure adjointe et responsable des élèves des grandes classes. On lui confia aussi des responsabilités importantes à Chambéry, où elle enseigna tout en  dirigeant des groupes de sœurs et de grandes élèves italiennes qui apprenaient le français. Sœur Maria-Anna Sala accueillait toujours avec docilité tous ces changements. Son parfait esprit d'obéissance se manifestait alors à travers la totale dépendance dont elle faisait preuve à l'égard de ses Supérieures, et même de ses consœurs. "On aurait dit qu'elle avait fait vœu d'obéir à toutes les sœurs", dit un jour un témoin. Sa généreuse disponibilité envers tout le monde, et surtout envers ses élèves, était proverbiale. Son mot d'ordre était: "Je viens tout de suite". Ce "Je viens tout de suite", lui faisait interrompre ses occupations même les plus importantes. 

La vie spirituelle de Sœur Sala était intense. "Elle vivait de la présence de Dieu comme de l'air que l'on respire." Ses élèves s'en apercevaient, et elles respiraient la présence de Dieu qui l'habitait quand elles la voyaient passer dans les couloirs, empressée, prise par mille et une responsabilités, mais surtout le soir, quand dans la pénombre du dortoir, elles l'observaient, agenouillée près de son lit, recueillie, en un dernier colloque intime avec Jésus Crucifié. En effet, la volonté du fondateur des Sœurs Marcellines était que les religieuses soient en constant rapport avec les élèves, jour et nuit, à l’étude comme pendant les récréations, à la prière et au travail, à table et au dortoir. C’était une tâche harassante, que notre Maria-Anna accomplissait avec fidélité, sérénité et profond esprit de responsabilité.  

Rappelée à la maison-mère comme Assistante générale Maria-Anna, savait donner d’excellents conseils pour les affaires de la Congrégation. Maîtresse des novices, bibliothécaire, chancelière, économe, partout elle montrait sagesse, prudence et exactitude, faisant tout remonter à la gloire de Dieu. Toujours disponible, son “J’arrive tout de suite” était proverbial. 

Son transfert de Gênes à Milan lui coûta beaucoup et fit croître en elle son esprit d'humilité. “J’ai honte de moi-même, disait-elle,  parce que je me croyais prête à tout sacrifice, mais en pratique, la nature se manifeste encore bien vivace”. Tous les saints, comme tous les hommes, doivent participer à l'œuvre de la rédemption du monde, vécue d'abord par Notre Seigneur Jésus-Christ.  

La souffrance, on ne l'aime pas, mais les saints l'acceptent comme une participation aux souffrances de Jésus sur la Croix, pour le salut du monde. Dans une lettre du 16 octobre 1874, Maria-Anna écrivait à sa sœur Geneviève: "Oh! Ma bonne Geneviève, ne cessons jamais de servir le Seigneur du mieux que nous le pouvons, même quand Il exige des sacrifices, si toutefois nous pouvons nommer ainsi ces petites difficultés que nous rencontrons dans la pratique des vertus. En effet, qu'est notre souffrance à comparer à tout ce que Jésus, notre bien-aimé Epoux, a souffert parce qu'Il nous aimait? Ne devrions-nous pas au contraire nous réjouir avec le Seigneur, et le remercier quand II nous offre une bonne occasion de lui prouver notre amour et notre fidélité? Oh, oui! Livrons-nous entièrement au Seigneur et II nous aidera à devenir saintes."  

Et Maria-Anna aura à supporter de grandes souffrances physiques: huit ans avant sa mort, alors qu'elle vivait encore au pensionnat de Quadronno, à Milan, une tumeur à la gorge se manifesta, facilement observable vue l'enflure de son cou. Le 10 août 1891, soit trois mois avant sa mort, alors qu'elle souffrait atrocement, elle écrivait à une amie: "Courage et pleine confiance! Sois assurée que je prie vraiment pour toi et pour ceux qui te sont chers. Toi aussi, fais quelques prières pour moi à la Vierge Marie, spécialement en ces jours durant lesquels nous nous préparons à la très belle fête de son Assomption. Sursum corda! Très chère, sursum corda! Le Paradis ne s'achète jamais trop cher." 

Maria-Anna s’éteignit le 24 novembre 1891, à Milan, en odeur de sainteté. Sur son lit, elle semblait transfigurée par une nouvelle beauté; même le signe du cancer qui l'avait conduite à la mort, avait disparu. Elle avait 62 ans. En 1920, on retrouva son corps absolument sans corruption, et elle fut béatifiée par Jean-Paul II le 26 octobre 1980.

Paulette Leblanc

 

 

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