MARGUERITE D’ÉCOSSE
Reine, Sainte
(1046-1093)

16

NOVEMBRE

Avant de vous parler de la vie de sainte Marguerite Reine d'Écosse, je vous dois un petit avertissement: "La principale source littéraire concernant Marguerite est une hagiographie rédigée après sa mort par son chapelain Turgot devenu prieur à Durham, (ville située au nord-est de l'Angleterre). Rédigée vers 1100-1106  ou 1118 à la demande de sa fille, la reine Mathilde d'Angleterre, elle lui attribue plusieurs miracles, et il est difficile pour les historiens d'y démêler le vrai du faux." La commande de cette hagiographie aurait été faite aux moines de Malmesbury, ainsi qu'une généalogie de la Maison de Wessex, première Maison Royale d'Angleterre.  Le Wessex est situé dans le sud-ouest de l'Angleterre.

Marguerite d'Écosse naquit vers 1045 ou 1046, en Hongrie où son père, descendant des rois d'Angleterre était exilé. En effet, en 1016, après la mort du roi Edmond II d'Angleterre, le danois Cnut le Grand régnant sur toute l'Angleterre exila, sur le continent, probablement en Hongrie, les deux fils d'Edmond II. Ce n'est qu'en 1057 qu'Édouard put rentrer en Angleterre. Mais il mourut peu de temps après, laissant trois enfants, dont Marguerite, qui durent se réfugier en Écosse après l'invasion, en 1066, de l'Angleterre par le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant. C'est ainsi que Marguerite se retrouva en Écosse. Et c'est en Écosse qu'elle rencontra et épousa, en 1069, le roi d'Écosse, Malcolm III, au palais de Dunfermline, ville écossaise. Notons ici que par sa mère, Marguerite était la nièce de saint Étienne de Hongrie.

Malcolm III avait été charmé par la beauté et la bonté de Marguerite. Par contre, Malcolm est décrit comme un rude guerrier, peu lettré, bien qu'il parlât trois langues vivantes… Marguerite, qui avait 23 ans, pensait que, grâce à ce mariage, elle pourrait servir et propager l'Évangile de Jésus-Christ. En effet, grâce à l’influence de Marguerite et à son investissement personnel, Malcolm III entreprit des réformes dans son  royaume. Par ailleurs plusieurs conciles nationaux furent organisés. Et les Écossais furent ramenés aux pratiques catholiques romaines grâce à Marguerite qui était en contact avec les théologiens. Grâce à l'influence de son épouse, Malcolm III fit bâtir la cathédrale de Durham, fonda le monastère de la Trinité à Dunfermline, et, avec l’accord du pape, créa les évêchés de Murray et Carthneff qui s’ajoutèrent aux quatre évêchés existants. Ainsi, peu à peu, les rites païens qui subsistaient en Écosse disparurent.

Le premier apostolat de Marguerite s'était exercé envers son mari, dont elle adoucit les mœurs par ses attentions délicates, par sa patience et sa douceur. Ainsi, l'Écosse entière bénéficia de la conversion de son roi. Mais Marguerite, mère de huit enfants, fut aussi l'apôtre de sa famille. Tous ses enfants firent honneur à la vertu de leur pieuse mère et à la valeur de leur père. Mais Marguerite n'oubliait pas les pauvres. 

L'amour des pauvres emplissait le cœur de la reine qui disait: "La main des pauvres est la garantie des trésors royaux: c'est un coffre-fort que les voleurs les plus habiles ne sauraient forcer." Et pour les pauvres, elle se dépensait tout entière. Quand elle sortait de son palais, elle était toujours environnée de pauvres, de veuves et d'orphelins, qui se pressaient sur ses pas. Avant de se mettre à table, elle servait toujours de ses mains neuf petites orphelines et vingt-quatre vieillards; l'on vit même parfois entrer ensemble dans le palais jusqu'à trois cents pauvres. Et Malcolm s'associait à sa sainte épouse pour servir les pauvres. On comprend alors pourquoi la mort de Marguerite d'Écosse affligea tout le royaume. Et l'on a parfois comparé Marguerite d'Écosse à Saint-Louis.

Pour résumer, disons que Marguerite établit en Écosse la vraie religion chrétienne, la justice, la charité et la paix. Personnellement elle vivait toutes les vertus chrétiennes auxquelles elle ajoutait la prière et le jeûne. Elle savait aussi donner des objets de culte précieux aux édifices religieux et, toujours attentive à la prospérité de son royaume, elle put, avec son mari, ramener le peuple à des mœurs vraiment chrétiennes: les puissants devinrent charitables, la vie chrétienne reprit ses droits sur les instincts grossiers des païens, la pratique des sacrements fut remise en honneur. Et les abus de toutes sortes disparurent.

Nous ne devons pas oublier que les guerres, à cette époque, étaient très nombreuses. Ainsi, en 1093, Malcolm III, fut contraint de défendre l’Écosse contre Guillaume le Roux, fils de Guillaume le Conquérant.  Et le 13 novembre 1093, à Alnwick dans le Northumberland, il fut tué au combat, avec son fils aîné. Marguerite fut si douloureusement frappée par ces deux morts qu'elle mourut peu après, à Édimbourg, le 16 novembre 1093, en priant: "Dieu tout-puissant, merci de m'avoir envoyé si grande peine, à la fin de ma vie. Puisse-t-elle, avec votre miséricorde, me purifier de mes péchés! Seigneur Jésus qui, par votre mort, avez donné la vie au monde, délivrez-moi du mal!"  Et elle s'endormit paisiblement dans le Seigneur.

Marguerite fut canonisée en 1251 par le pape Innocent IV. En 1673, à la demande instante du recteur de l'église romaine Saint-André des Écossais, le pape Clément X, proclama Marguerite, patronne de l'Écosse. Sainte Marguerite d'Écosse est aussi la patronne des familles nombreuses et des reines. Elle est fêtée le 16 novembre dans l'église, sauf en Écosse où sa fête est le 16 juin.

Paulette Leblanc

 

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