Avant de vous parler de la vie de sainte Marguerite
Reine d'Écosse, je vous dois un petit avertissement:
"La principale source littéraire concernant Marguerite
est une hagiographie rédigée après sa mort par son
chapelain Turgot devenu prieur à Durham, (ville
située au nord-est de l'Angleterre). Rédigée vers
1100-1106 ou 1118 à la demande de sa fille, la reine
Mathilde d'Angleterre, elle lui attribue plusieurs
miracles, et il est difficile pour les historiens d'y
démêler le vrai du faux." La commande de cette
hagiographie aurait été faite aux moines de Malmesbury,
ainsi qu'une généalogie de la Maison de Wessex, première
Maison Royale d'Angleterre. Le Wessex est situé dans le
sud-ouest de l'Angleterre.
Marguerite
d'Écosse naquit vers 1045 ou 1046, en Hongrie où son
père, descendant des rois d'Angleterre était exilé. En
effet, en 1016, après la mort du roi Edmond II
d'Angleterre, le danois Cnut le Grand régnant sur toute
l'Angleterre exila, sur le continent, probablement en
Hongrie, les deux fils d'Edmond II. Ce n'est qu'en 1057
qu'Édouard put rentrer en Angleterre. Mais il
mourut peu de temps après, laissant trois enfants, dont
Marguerite, qui durent se réfugier en Écosse après
l'invasion, en 1066, de l'Angleterre par le duc de
Normandie, Guillaume le Conquérant. C'est ainsi que
Marguerite se retrouva en Écosse. Et c'est en Écosse
qu'elle rencontra et épousa, en 1069, le roi d'Écosse,
Malcolm III, au palais de Dunfermline, ville
écossaise. Notons ici que par sa mère, Marguerite était
la nièce de saint Étienne de Hongrie.
Malcolm III avait été charmé par la beauté et la bonté
de Marguerite. Par contre, Malcolm est décrit comme un
rude guerrier, peu lettré, bien qu'il parlât trois
langues vivantes… Marguerite, qui avait 23 ans, pensait
que, grâce à ce mariage, elle pourrait servir et
propager l'Évangile de Jésus-Christ. En effet, grâce à
l’influence de Marguerite et à son investissement
personnel, Malcolm III entreprit des réformes dans son
royaume. Par ailleurs plusieurs conciles nationaux
furent organisés. Et les Écossais furent ramenés aux
pratiques catholiques romaines grâce à Marguerite qui
était en contact avec les théologiens. Grâce à
l'influence de son épouse, Malcolm III fit bâtir la
cathédrale de Durham, fonda le monastère de la Trinité à
Dunfermline, et, avec l’accord du pape, créa les évêchés
de Murray et Carthneff qui s’ajoutèrent aux quatre
évêchés existants. Ainsi, peu à peu, les rites païens
qui subsistaient en Écosse disparurent.
Le
premier apostolat de Marguerite s'était exercé envers
son mari, dont elle adoucit les mœurs par ses attentions
délicates, par sa patience et sa douceur. Ainsi,
l'Écosse entière bénéficia de la conversion de son roi.
Mais Marguerite, mère de huit enfants, fut aussi
l'apôtre de sa famille. Tous ses enfants firent honneur
à la vertu de leur pieuse mère et à la valeur de leur
père. Mais Marguerite n'oubliait pas les pauvres.
L'amour des pauvres emplissait le cœur de la reine qui
disait:
"La
main des pauvres
est la garantie
des trésors royaux: c'est un coffre-fort que les voleurs
les plus habiles ne sauraient forcer." Et
pour les pauvres, elle se dépensait tout entière. Quand
elle sortait de son palais, elle était toujours
environnée de pauvres, de veuves et d'orphelins, qui se
pressaient sur ses pas. Avant de se mettre à table, elle
servait toujours de ses mains neuf petites orphelines et
vingt-quatre vieillards; l'on vit même parfois entrer
ensemble dans le palais jusqu'à trois cents pauvres. Et
Malcolm s'associait à sa sainte épouse pour servir les
pauvres. On comprend alors pourquoi la mort de
Marguerite d'Écosse affligea tout le royaume. Et l'on a
parfois comparé Marguerite d'Écosse à Saint-Louis.
Pour
résumer, disons que Marguerite établit en Écosse la
vraie religion chrétienne, la justice, la charité et la
paix. Personnellement elle vivait toutes les vertus
chrétiennes auxquelles elle ajoutait la prière et le
jeûne. Elle savait aussi donner des objets de culte
précieux aux édifices religieux et, toujours attentive à
la prospérité de son royaume, elle put, avec son mari,
ramener le peuple à des mœurs vraiment chrétiennes: les
puissants devinrent charitables, la vie chrétienne
reprit ses droits sur les instincts grossiers des
païens, la pratique des sacrements fut remise en
honneur. Et les abus de toutes sortes disparurent.
Nous
ne devons pas oublier que les guerres, à cette époque,
étaient très nombreuses. Ainsi, en 1093, Malcolm III,
fut contraint de défendre l’Écosse contre Guillaume
le Roux, fils de Guillaume le Conquérant. Et
le 13 novembre 1093, à Alnwick dans le Northumberland,
il fut tué au combat, avec son fils aîné. Marguerite fut
si douloureusement frappée par ces deux morts qu'elle
mourut peu après, à Édimbourg, le 16 novembre 1093, en
priant: "Dieu tout-puissant, merci de m'avoir envoyé
si grande peine, à la fin de ma vie. Puisse-t-elle, avec
votre miséricorde, me purifier de mes péchés! Seigneur
Jésus qui, par votre mort, avez donné la vie au monde,
délivrez-moi du mal!" Et elle s'endormit
paisiblement dans le Seigneur.
Marguerite fut canonisée en 1251 par le pape Innocent
IV. En 1673, à la demande instante du recteur de
l'église romaine Saint-André des Écossais, le pape
Clément X, proclama Marguerite, patronne de l'Écosse.
Sainte Marguerite d'Écosse est aussi la patronne des
familles nombreuses et des reines. Elle est fêtée le 16
novembre dans l'église, sauf en Écosse où sa fête est le
16 juin.
Paulette Leblanc |