Marguerite Bourgeoys naquit le 17 avril 1620, à Troyes,
dans le département de l'Aube. Elle était la septième
des treize enfants d’Abraham Bourgeoys et de Guillemette
Garnier. Le Père de Marguerite était un artisan
fabricant de cierges, de bougies et de chandelles. Tous
ses enfants devaient, non seulement apprendre les
techniques du métier paternel, mais également la
lecture, l'écriture et la comptabilité nécessaire au
fonctionnement d'une petite entreprise familiale. Comme
tous les membres de sa famille qui appartenait à la
bourgeoisie, il avait parfois un rôle économique dans sa
municipalité: Abraham Bourgeoys avait une charge à la
"Monnaie de Troyes", lors des foires de Champagne qui
avaient lieu deux fois par an. Après une enfance
paisible, Marguerite perdit sa mère: elle avait 19 ans.
Nous
sommes en 1640. Marguerite avait alors une vie assez
légère. Elle aimait les belles toilettes et les bijoux.
Comme elle était toujours élégante les jeunes filles de
son milieu l'appréciaient beaucoup. Mais, le 7 octobre
1640, tout devait changer pour elle. Ce jour-là elle se
rendit à Troyes pour participer à la procession
traditionnelle de Notre-Dame du Rosaire. La foule était
nombreuse, et Marguerite, perdue au milieu de cette
foule qui récitait le chapelet, passa sous un portail
au-dessus duquel il y avait une statue de Notre-Dame. Et
soudain, regardant cette statue, Marguerite la trouva si
belle qu'elle fut touchée au plus profond d'elle-même,
d'une manière toute nouvelle: Marguerite ne se
reconnaissait plus et désira devenir religieuse. Mais
partout on la refusa.
Marguerite fit cependant un vœu de chasteté en 1643,
puis un vœu de pauvreté. Enfin elle devint membre
externe des Chanoinesses de Saint Augustin de la
congrégation Notre-Dame qui avait fondé un couvent à
Troyes. La directrice de cette association était alors
Mère Louise de Chomedey de Sainte-Marie, la sœur de Paul
de Chomedey de Maisonneuve, fondateur de Ville-Marie,
ville qui deviendra Montréal en Nouvelle-France,
c'est-à-dire le Canada. En 1652, de passage en France,
Paul de Chomedey vint rendre visite à sa sœur et lui
exposa les besoins de la nouvelle colonie française et
notamment de Ville-Marie qui ne pouvait absolument pas
subvenir aux besoins de toute une communauté
religieuse. Il demanda donc l'envoi d'une institutrice
laïque pour instruire gratuitement les enfants des
colons et des Amérindiens. Marguerite, après une vision
de la Vierge Marie, qui lui promettait de ne pas
l'abandonner, accepta cette tâche: elle avait 33 ans.
Marguerite partit pour la Nouvelle-France en février
1653. Elle embarqua sur un voilier misérable où sévit
bientôt une épidémie de peste. Marguerite débarqua en
Nouvelle-France en avril 1653. Enfin elle arriva à
Ville-Marie le 16 novembre 1653 avec de nombreux
nouveaux colons dont Jeanne Mance la future fondatrice
de l'hôpital de Montréal: l'Hôtel-Dieu.
Arrivée dans la colonie, Marguerite s’occupa d’abord de
l’intendance du gouverneur de la nouvelle colonie,
Monsieur de Chomedey de Maisonneuve, tout en encadrant
la vie spirituelle des colons. Il faut savoir que la
mortalité infantile à cette époque, dans la colonie,
était très grande et il n'y avait presque pas d'enfants.
Les colons vivaient dans des conditions climatiques très
rudes et devaient s'installer et défricher la terre qui
mettait presque trois ans avant d'être cultivable. Tout
était aussi à construire: les maisons, les églises, les
hôpitaux. À cela, il faut ajouter que la population
vivait un état de guerre permanent contre les Iroquois.
Il fallait donc apporter des soins aux blessés,
français et amérindiens; il fallait aussi secourir ceux
qui avaient tout perdu, accueillir et placer les
quelques orphelins vivants et soutenir les veuves. De
plus, au-delà de ces considérations matérielles, il
fallait aussi apporter un soutien moral à des personnes
qui avaient tout quitté en France pour venir s'installer
en Nouvelle-France dans une région dont ils ignoraient
presque tout. Évidemment, compte tenu de cette
situation, aucune activité d'enseignement n'avait pu
être mise en place.
Peu
à peu cependant, Marguerite Bourgeoys commença à
apprendre à lire aux filles en se déplaçant constamment,
d'un endroit à un autre. Par ailleurs, Marguerite
secondait Jeanne Mance chargée de fonder l'Hôpital de
l'Hôtel-Dieu à Ville-Marie. Compte tenu de cette
situation, vers 1655, Marguerite envisagea la
construction d'une chapelle qui serait située un peu
hors de l'enceinte du fort. Cette chapelle deviendrait
un lieu de pèlerinage. Cette chapelle, en pierres, sera
terminée en 1678. Le Père Pijart la nomma Notre-Dame de
Bon-Secours. Notons, pour information, que Marguerite
Bourgeoys avait fait relever, assez loin de la ville,
une croix qui avait été abattue par des Iroquois; il
s'agissait de la Croix du Mont-Royal, endroit qui allait
être transformé en lieu de pèlerinage pour les colons.
Cependant, la chapelle située dans la ville aura
l'avantage de permettre aux habitants de Ville-Marie de
faire des pèlerinages sans craindre les Iroquois dont
ils avaient très peur.
Mais
revenons à l'histoire de Marguerite Bourgeoys. Nous
sommes en avril 1658. Monsieur de Chomedey de
Maisonneuve donna à Marguerite Bourgeoys une étable
construite en pierres ayant appartenu à la commune.
Marguerite la nettoya et en fit une école. Elle
transforma le colombier en dortoir. Mais Marguerite
Bourgeoys voulait faire plus pour les habitants de la
colonie qui grandissait. Des besoins importants se
faisaient sentir: enseignements complémentaires, aide
organisée pour les pauvres, soins aux malades, etc…
Marguerite comprit qu'elle ne devait pas rester seule
pour remplir sa mission. Elle retourna donc en France
afin de recruter des personnes susceptibles de l'aider.
De retour en Nouvelle France, en 1659 avec quatre
compagnes, elle découvrit l'importance du rôle des
femmes dans la Nouvelle-France. Mais il fallait les
former. Aussi, Marguerite et ses nouvelles compagnes,
formèrent-elles le noyau d'une communauté de femmes non
cloîtrées, ce qui était inimaginable à cette époque.
Mais ce type de vie hors du cloître était une grande
nécessité pour être au service des habitant souvent très
éloignés et pouvoir secourir les pauvres et les
évangéliser, y compris les Amérindiens. Puis, quand les
enfants auront atteint l'âge scolaire, il faudra leur
apprendra à lire, à compter et leur enseigner le
catéchisme. Et tout cela sans considération de l'origine
sociale des petites filles. Marguerite Bourgeoys
écrivit: "On doit accueillir les élèves et se
comporter à leur égard sans distinguer les pauvres des
riches, issus de parents, d'amis ou de personnes
étrangères, qu'elles soient jolies ou laides, douces ou
grondeuses…" De par son souci de l'enseignement des
filles de toutes conditions, mais particulièrement des
plus pauvres, Marguerite Bourgeoys fut rapidement
considérée comme la fondatrice de l'enseignement
français à Montréal. Par ailleurs, elle fit en sorte que
ses sœurs bénéficient d'une formation adaptée afin de
devenir des enseignantes efficaces et dévouées.
En
1667, les habitants, conscients de l'utilité de cette
petite congrégation des Filles séculières de la
Congrégation Notre-Dame, firent une démarche auprès
du roi de France pour solliciter des Lettres Patentes,
et en 1669, Monseigneur de Laval rédigea une ordonnance
approuvant "les institutrices de Ville-Marie pour
l'Île de Montréal et tous les autres lieux du Canada qui
les demanderaient." En 1670, Marguerite retourna en
France pour rencontrer le roi Louis XIV.
En 1672, rentrant de son
second voyage en France, Marguerite Bourgeoys rapporta
une petite statue miraculeuse que lui avait donnée le
Baron de Fancamp; elle la plaça plus tard dans la
chapelle. Cette statue est toujours vénérée dans la
chapelle Notre-Dame de Bon-Secours, victime d'un
incendie qui la ravagea complètement en 1754. La
chapelle devint église, qui trouva sa forme définitive
en 1771. On peut toujours visiter les fondations de la
chapelle primitive, fondée par Sainte Marguerite
Bourgeoys, au sous-sol de l'église. Mais revenons à
notre sainte. En 1698, Mgr de Laval accorda
l'approbation canonique aux sœurs "voyagères",
c'est-à-dire non cloîtrées. Marguerite expliquait
pourquoi, elle et ses sœurs, voulaient être plutôt
vagabondes que cloîtrées: "La Sainte Vierge n’a jamais
été cloîtrée. Elle a bien été retirée dans sa solitude
intérieure, mais elle ne s’est jamais exemptée d’aucun
voyage de charité à exercer. Nous voudrions la suivre en
quelque chose." Parlant de la prière, Marguerite
disait aussi: "Le
chapelet est le temps pour remercier Dieu des faveurs
qu’il a faites à la très Sainte Vierge et la reconnaître
pour notre Mère, notre Supérieure et notre Tout après
Dieu."
Marguerite estimait que
Dieu voulait de la diversité dans son Église, y compris
dans les communautés féminines. Ce refus de la clôture
permit aux religieuses "vagabondes et non cloîtrées"
de pouvoir aller faire le catéchisme et enseigner le
long des rives du Saint-Laurent à pied, à cheval, en
canot, tout en n'étant à la charge de personne. Au cours
de son homélie prononcée lors de la canonisation de
Marguerite Bourgeoys, le pape Jean-Paul II déclara: "Cette
œuvre de maîtresse d’école populaire, elle l’accomplit
avec compétence, sans faire de discrimination entre les
indiennes et les filles de colons français, les estimant
toutes précieuses “comme des gouttes du sang de
Notre-Seigneur”. Elle voulait les préparer à être de
bonnes mères de famille, par une éducation complète,
donc de les former aussi à la foi, à la piété, à la vie
chrétienne et à l’apostolat, tout en les initiant aux
arts domestiques… La bienséance et la formation
intellectuelle sont également au programme, et le
résultat sera que ses filles en sortiront quasi plus
lettrées que les garçons, signe précurseur et rare à
cette époque d’une authentique promotion féminine. Elle
savait faire confiance aux capacités des Indiennes qui
ne tarderont pas à devenir maîtresses d’école..."
En
1668, Marguerite acheta une ferme pour créer l'ouvroir
de la Providence, véritable école ménagère destinée à
accueillir des Filles du Roy, c'est-à-dire les
orphelines envoyées par Louis XIV en Nouvelle-France
afin d'y peupler les colonies. En effet, au début d'une
colonie, la population était majoritairement masculine
ce qui entraînait beaucoup de difficultés allant même
jusqu'à des agressions et des viols. Le projet de Louis
XIV était donc de peupler les colonies en trouvant des
femmes pour les colons célibataires. Et l'ouvroir de la
Providence était d'intégrer ces femmes nouvellement
arrivées dans la colonie. Les Filles séculières de la
Congrégation de Notre-Dame vont donc permettre
l'intégration de ces femmes nouvellement arrivées en les
formant aux réalités de la Nouvelle-France et leur
permettant de gagner leur vie. La congrégation va alors
s'occuper d'un ouvroir dit de la Providence, ou Maison
Saint-Gabriel, afin de mener cette tâche à bien. Il
s'agit véritablement d'une école ménagère.
Notons qu'en 1680, Marguerite fit un 3e
voyage vers la France, afin de défendre le caractère non
cloîtré de sa communauté. En 1693 Marguerite Bourgeoys,
âgée de 73 ans, ce qui était très âgé à cette époque,
fut remplacée, comme supérieure, par Marie Barbier.
Marguerite entra à l’infirmerie de la communauté et
commença un temps de solitude et de recueillement.
Pourtant malgré son âge et ses infirmités, Sœur
Marguerite du Saint-Sacrement interviendra afin de
sauvegarder la "vie voyagère" non cloîtrée de sa
congrégation. Finalement la Règle de la Congrégation
Notre-Dame sera approuvée par le pape Innocent XII. Et
le 1er
juillet 1698, Mère Marguerite Bourgeoys et ses compagnes
prononcèrent leurs vœux simples en présence de leur
évêque. Marguerite portera désormais le nom de Sœur
Marguerite du Saint Sacrement.
Sœur
Marguerite du Saint-Sacrement mourut le 12 janvier 1700
à Ville-Marie, après avoir demandé au Seigneur de
prendre la place d’une jeune sœur très malade. Béatifiée
le 12 novembre 1950 par le pape Pie XII, elle fut
canonisée le 31 octobre 1982 à Rome par Jean-Paul II:
c’est la première sainte du Canada. Sa fête est célébrée
le 12 janvier.
Entre octobre 1697 et juin 1698, à la demande de son
évêque, Marguerite Bourgeoys écrivit son autobiographie
et un testament spirituel. Ces textes révèlent chez
elle, un exceptionnel amour de Dieu et du prochain,
ainsi que le désir d’imiter la Sainte Vierge Marie,
spécialement dans son mystère de la Visitation et dans
son rôle auprès des apôtres après l'Ascension de Jésus.
Marguerite écrivit: "J’ai encore une autre ressource,
que le bon Dieu veut bien m’accorder, qui est le secours
de la très Sainte Vierge; car, si je suis l’objet de la
miséricorde de Dieu, je suis en même temps la preuve du
secours de la très Sainte Vierge."
Nous
savons déjà que le 31 décembre 1699, alors qu'une jeune
sœur de sa Congrégation était à l'article de la mort,
Mère Marguerite du Saint Sacrement demanda au Seigneur
de prendre sa vie en échange. Le matin du 1er
janvier 1700, la jeune sœur avait recouvré la santé et
Mère Marguerite fut prise d'une violente fièvre. Elle
souffrit pendant douze jours, puis mourut le 12 janvier
1700.
Nous
savons aussi que Marguerite Bourgeoys était une femme
très active, organisatrice et remarquable gestionnaire.
C'était aussi une femme intrépide qui n'hésita pas à
prendre sept fois le bateau qui reliait la France à la
Nouvelle-France, et ce, malgré l'inconfort et les
dangers de la navigation lors de la traversée de l'océan
Atlantique, au 17ème siècle. Mais Marguerite
devait absolument trouver les moyens humains et
financiers pour réaliser ses œuvres. En effet, elle
avait besoin de nouvelles vocations, qui, pour des
raisons évidentes, ne pouvaient pas encore exister en
Nouvelle-France. Par ailleurs, Marguerite n'hésitait
jamais à aller enseigner les jeunes Amérindiennes hors
des murs de la colonie, dans des zones dangereuses.
D'ailleurs c'est pour cette raison qu'elle refusera
toujours la clôture pour la Congrégation de Notre-Dame.
Cependant, malgré ce côté très pratique, Marguerite
Bourgeoys voulait toujours donner un sens religieux aux
activités de sa communauté. Ainsi, elle affirmait: "Oh!
Qu’une sœur qu’on envoie en mission sera contente, si
elle pense qu’elle y va par ordre de Dieu et en sa
compagnie, si elle pense que, dans cet emploi, elle peut
et doit témoigner sa reconnaissance à Celui de qui elle
a tout reçu!" De plus, pour Marguerite Bourgeoys,
l'amour du prochain devait toujours être au centre de la
vie des chrétiens. Elle insistait pour que les Filles
séculières de la Congrégation de Notre-Dame soient
toujours imprégnées de l'esprit de cet amour du
prochain, et particulièrement de l'amour des pauvres. Ce
qu'elle souhaitait le plus, c'est que l'amour de Dieu et
du prochain soit inscrit dans tous les cœurs. En
conséquence, à côté de sa vie très active au service des
colons, des Amérindiens, des nouveaux arrivés, des
blessés, des pauvres, mais particulièrement des
fillettes à instruire et des Filles du Roy, Marguerite
Bourgeoys menait une profonde vie de prière et une
grande union à Dieu.
Oui,
Marguerite était aussi une grande mystique. Tout
d'abord, depuis son expérience mystique qu'elle avait
vécue, à l'âge de vingt ans, au cours d'une procession
mariale, expérience cause de sa conversion et de son
entrée chez les externes des Chanoinesses de
Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame, elle
avait acquis une grande dévotion mariale. Et quand
Monsieur de Chomedey de Maisonneuve lui demanda de
quitter la France et de le rejoindre à Ville-Marie en
Nouvelle-France, c'est la Vierge Marie elle-même qu'elle
questionna. Et Marie lui promit de toujours l'assister
dans le cadre de sa mission.
Durant toute sa vie, Marguerite Bourgeoys vécut cette
dévotion à la Vierge Marie, mais ce qui la soutenait le
plus, c'étaient quelques événements importants de la vie
de Marie: l'Annonciation et la venue de l'Esprit-Saint
annonçant la naissance de Jésus, la Visitation qui
nourrissait ses démarches missionnaires, sa présence au
pied de la Croix et son attente avec les apôtres, dans
la salle du Cénacle, de la venue de l'Esprit-Saint. Pour
Marguerite Bourgeoys, Marie qui avait été forcément
présente lors de la naissance de son Fils, avait été
présente également lors de l'envoi de l'Esprit-Saint, à
la Pentecôte, naissance de l'Église. Elle écrivit: "Après
que la Sainte Vierge eut donné son consentement à
l’ange, elle devint Mère de Dieu par le Saint-Esprit.
Aussitôt, dans la reconnaissance au Père éternel, elle
correspondit aux grâces de sa Majesté pour le rachat du
genre humain, pour lequel elle était faite Mère de Dieu,
et elle fit sa première visite à Élisabeth." Et,
après l'Ascension de Jésus, Marie "se tint enfermée
avec les Apôtres dans le Cénacle, pour les encourager à
attendre la venue de ce divin Esprit qui leur avait été
promis."
Pour Marguerite Bourgeoys,
il fallait donc faire comme Marie et marcher dans ses
pas pour "l’imiter et aller à Dieu par elle, comme,
par elle, Dieu nous a envoyé son Fils." Marie était
aussi son modèle dans l'amour de Dieu et du prochain.
Elle écrivit: "La
règle de la charité est celle que la Sainte Vierge a
prescrite à tous ceux qui ont eu l’honneur d’être à sa
suite, car l’amour de Dieu et du prochain renferme toute
la Loi."
Un
autre aspect de la spiritualité de Marguerite Bourgeoys
est l'Adoration Eucharistique. Car Jésus est réellement
présent dans le vin consacré et dans le pain consacré.
Adorer le Saint-Sacrement c'est adorer Jésus lui-même et
recevoir ses conseils. Pour Marguerite Bourgeoys,
l'Adoration Eucharistique, centre de sa vie de prière,
était un moment de profonde intimité avec Dieu. Pour
elle et pour toutes les Filles séculières de la
Congrégation de Notre-Dame, la présence de Jésus
dans le Saint-Sacrement, mis en réserve dans le
tabernacle, c'était Dieu à la maison. Elle dira:
"Le souverain de tous les êtres, le Créateur de
toutes choses, a bien voulu prendre place dans cette
maison."
Marguerite Bourgeoys, pour qui toute vie devrait être
tournée vers Dieu en vivant l'amour du prochain, l'amour
pour la Vierge Marie et pour Dieu, Marguerite vivait
aussi dans la prière conduisant à l'union à Dieu. Elle
estimait que le cœur des croyants devait être envahi
par Dieu, par la prière, car, affirmait-elle, "si la
prière ne part pas du cœur qui doit être son centre,
elle n’est qu’un songe qui ne produit rien, car la
prière doit être dans la pensée, la parole et
l’exécution." De plus, la prière ne doit pas être
remise à plus tard. Marguerite affirmait avec force que
"l’esprit du croyant doit
être prompt à s’élever à Dieu, à L’adorer et à penser à
ce qu’il demande de nous."
Pour Marguerite
Bourgeois, la prière n'était pas une considération
magique mais un acte volontaire qui devait se faire en
toute conscience. Pour elle, il s'agissait "d'être
attentif à ce que l’on demande, à ce que l’on promet et
à ce que l’on doit faire pour Dieu."
Ainsi, pour Marguerite
Bourgeoys, la prière et la méditation étaient un chemin
de conversion car "si
le cœur est ouvert au soleil de la grâce, on voit des
fleurs de bonne odeur s’épanouir, fleurs qui font voir
qu’on a bien profité de la parole de Dieu."
Fondamentalement, pour Marguerite Bourgeoys, aider son
prochain, enseigner, vénérer la Vierge Marie, adorer le
Christ dans l'Eucharistie, prier et méditer, c'était
tourner toute sa vie vers Dieu. En raison de sa grande
intimité avec Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit,
Marguerite Bourgeoys peut véritablement être considérée
comme une mystique.
Enfin, n'oublions pas que c'est Marguerite Bourgeoys qui
fonda la Congrégation Notre-Dame. Rappelons
quelques dates:
- le
30 avril 1658, Monsieur Chomedey de Maisonneuve donna à
Marguerite une étable de pierres de la commune, où elle
commença son œuvre d’éducatrice.
- la
Congrégation de Notre Dame sera bientôt reconnue par les
lettres patentes de Louis XIV en 1671. L'œuvre de
Marguerite était, en effet, parfaitement adaptée au
nouveau pays. Ses filles faisaient des vœux, mais
restaient "séculières", c’est-à-dire non cloîtrées.
Enfin, pour conclure, souvenons-nous des paroles
prononcées en 1982, par le pape Jean-Paul II au cours de
la cérémonie de canonisation de Marguerite Bourgeoys.
Voici quelques-unes de ces paroles de Jean-Paul II qui
nous concernent tous: "Marguerite
Bourgeoys estime indispensable de tout faire pour jeter
les bases de familles solides et saines. Elle doit alors
contribuer à résoudre un problème très particulier à ce
lieu et à cette époque. Aux hommes venus en soldats ou
en défricheurs sur cette terre du nouveau monde, pour
réaliser à Ville-Marie un centre d’évangélisation qui se
voulait différent des autres colonisations, il manquait
des épouses de valeur. Marguerite Bourgeoys fait
chercher et accompagne de son savoir-faire éducatif des
filles de France, si possible robustes et de vraie
vertu. Et elle veille sur elles comme une mère, avec
affection et confiance, les recevant dans sa maison,
pour les préparer à être des épouses et des mères
valables, chrétiennes, cultivées, laborieuses,
rayonnantes. En même temps, par sa bonté, elle aide ces
rudes hommes à devenir des époux compréhensifs et de
bons pères. Mais elle ne s’en tient pas là. Quand les
foyers sont formés, elle continue à leur apporter le
soutien matériel nécessaire en cas de disette ou
d’épidémie, et elle leur procure, notamment aux femmes,
l’occasion de goûter ensemble repos, amitié tout en se
retrempant dans les bonnes résolutions, aux sources de
la spiritualité, dans ce qu’elle appelle les “retraites”
et aussi les “congrégations externes".
Nous
pouvons ajouter, nous, hommes du XXIe
siècle, qu'il ne nous est certainement pas interdit, en
contemplant sainte Marguerite Bourgeoys, de penser que
Dieu, devrait bien nous envoyer aujourd'hui, de
nombreuses Saintes de ce calibre.
Paulette Leblanc |