Luigi Monza
Prêtre, Fondateur, Bienheureux
(1898-1954)

29

SEPTEMBRE

Luigi Monza naquit à Cislago (Varese, Lombardie) le 22 juin 1898 et fut baptisé le jour même. Les seules richesses de sa famille étaient le travail, le courage et la foi. La souffrance éprouva vite sa famille car deux de ses frères Pedro et Antonio Giuseppe moururent l'un à l'âge de 5 ans et l'autre de 2 ans. Luigi était lui-même si fragile qu'il fut confirmé à l’âge de un an et demi, par le cardinal Andrea Carlo Ferrari en visite pastorale dans la région. 

Encore très jeune, Luigi fréquentait un patronage et servait la messe. Les études étant alors considérées comme un luxe, Luigi n'alla à l'école primaire que pendant trois ans, et il dut travailler chez un fabricant de chaussures. Il aidait son père pendant ses temps libres. Heureusement, aidé par son curé, il put, malgré tous les obstacles rencontrés, continuer à étudier. Au début du mois de janvier 1913, sa sœur Cristina entrait dans un couvent. À l'automne 1913 Luigi pensait entrer dans un collège tenu par des salésiens, près d'Asti. Mais l'horizon de Luigi se faisait de plus en plus sombre: son père, pendant son travail, tomba d'un arbre, se cassa la colonne vertébrale.  

Bientôt Pietro, un des frères de Luigi, fut appelé sous les drapeaux durant la première Guerre mondiale; la maman restait seule, avec Mario âgé seulement de sept ans. Normalement, comme soutien de famille, Luigi aurait dû renoncer au séminaire, où son curé lui avait obtenu une entrée gratuite. Que devait-il faire? Heureusement, la maman de Luigi, femme exceptionnellement généreuse lui dit: "Ne te fais pas de souci pour nous; toi, vas, c’est pour le Seigneur." Hélas! peu après il fut enrôlé à son tour pendant les derniers mois de la guerre. Enfin, après sa libération, il put reprend ses études, à Varese de 1919 à 1924. Il suivit ensuite des cours de théologie à Venise. Enfin, le 19 septembre 1925, il était ordonné prêtre. Luigi, devenu don Monza, avait 27 ans. 

Don Monza fut d’abord nommé vicaire de paroisse à Vedano Olona (Varese). Ses dons pour l'éducation des jeunes se révélèrent rapidement: il créa une chorale de jeunes, donnait des cours de français pour ceux qui émigraient en Suisse romande ou en France, enfin il monta une équipe de sport intitulée “Viribus unitis” (union des forces). Mais ce qui était au cœur des activités de don Monza, c'était la prière. Les initiatives de Luigi rencontrèrent un tel succès, surtout son équipe sportive, que le parti fasciste naissant, essaya de créer des groupes concurrents. Certains des jeunes de don Monza furent agressés. On alla jusqu’à imaginer un complot visant le maire: le vicaire et son curé furent naturellement accusés d’en être les inspirateurs. 

Les deux prêtres furent emprisonnés ainsi que quelques jeunes. Reconnus innocents, ils furent libérés, mais la situation de don Monza étant devenue invivable, il dut être nommé ailleurs, à la paroisse sainte Marie du Rosaire à Milan. Là, il chercha à évangéliser les jeunes hommes, mais fut de nouveau incompris. On le transféra, en novembre 1928, au sanctuaire de la Vierge des miracles à Saronna. 

Don Luigi avait beaucoup souffert moralement et spirituellement. Il ne comprenait pas le pourquoi de toutes ces incompréhensions, mais sa maturité s'approfondissait. Pendant quelques mois, il s'absorba dans une vie contemplative profonde. Enfin, à son activité de chapelain et de confesseur, il ajouta l’action auprès des jeunes: comme il l'avait fait à Vedano Olona, il fonda une chorale de jeunes qu'il s'efforçait de former en profondeur. Mais bientôt don Monza fut rempli d'une impression étrange. Nous sommes en 1932; Luigi avait le sentiment qu'une foule de travailleurs s'activait autour de lui. Il aur       ait voulu participer à leur travail, mais une mystérieuse force l'arrêtait et il était triste. Il lui semblait qu'on l'appelait pour assister, animer et guider ce travail, et cependant il ne pouvait pas y prendre part directement. Cette idée le torturait mais il ne pouvait pas l'exprimer. 

Ce travail auquel don Luigi se croyait appelé, devait avoir pour unique but: la charité, considérée "comme la célébration du mariage de Dieu avec l'humanité." C'était comme si on l'invitait à proposer à quelques âmes, à pratiquer la charité pour former une famille. Cette idée s'approfondit en lui, puis s'éclaira; ainsi le travail de quelques personnes témoignerait de l'amour qui deviendrait famille: La "Nostra Famiglia" était en train de naître. Bientôt don Luigi, confesseur, rencontra deux jeunes chrétiennes, d’abord Clara Cucchi, puis Teresa Pitteri, et il créa avec elles une association dénommée “Nouvelles familles”, communauté de femmes vivant dans le monde la consécration totale à l’amour du Christ, et imitant la ferveur apostolique et caritative des premiers chrétiens. Comme les premiers chrétiens les associées ne se distingueraient ni par le costume, ni par les coutumes. Leur seul témoignage serait celui de leur vie chrétienne. 

Nous sommes en 1933; don Luigi propose à Clara puis à Teresa, qui n'avaient pu rester dans une congrégation religieuse, si elles accepteraient ce genre de vie dans le monde. En 1934, elles acceptèrent. De nouveau don Luigi dut affronter un retard, car, en 1936, le Cardinal Schuster le nomma curé de St. John in Lecco, le présentant comme "un prêtre selon le cœur de Dieu." Ce prêtre devrait construire le "pont de charité", c'est-à-dire réaliser la catéchèse, prêcher, assurer l'adoration eucharistique, mettre en place une action Catholique et des activités de charité et de détente. Don Luigi priait beaucoup devant l'Eucharistie pour laquelle il avait une très grande dévotion. Il priait pour son peuple et son âme était constamment orientée vers la Gloire de Dieu. 

La première réunion officielle de l’association put cependant se tenir le 30 novembre 1936. Ainsi naissait l’un des premiers ‘Instituts séculiers’ de l’Italie. Ses membres auraient à vivre les trois vœux religieux de chasteté, pauvreté et obéissance, tout en restant dans le monde. Leur nom serait “Petites Apôtres de la charité”. Leur programme comporterait trois points: 

– faire bien le bien,

– contempler le Christ et se nourrir chaque jour de sa parole,

– enfin, sortir de sa maison et aller au monde qui se perd, pour sauver les individus. 

Malgré de grandes difficultés, notamment financières, et grâce à l'appui de Frère Trezzi, prêtre à Vedano Olona, don Monza put acheter un terrain à Vedano Olona, son ancienne paroisse; la première pierre de la future maison fut posée le 29 août 1937. Quand tout fut prêt, en 1939, des retraites purent y être prêchées. Puis, le cardinal Ildefonso Schuster, son évêque, (lui aussi futur bienheureux) le nomma curé de saint Jean alla Castagne di Lecco, paroisse d’un faubourg de Milan. Don Monza réussit très bien auprès de ses paroissiens. Au centre de son activité, il avait mis l’adoration eucharistique.  

Mais, la deuxième Guerre mondiale éclata. Les retraites à Vedano Olona durent cesser. Don Luigi multiplia ses actes charitables, allant même jusqu'à cacher des résistants au régime fasciste et de nombreux juifs de plus en plus menacés. Cependant il n’abandonnait pas son Institut, et parfois, il organisait des ‘Exercices spirituels’. En janvier 1946, le directeur de l'Institut neurologique de Milan, le Professeur Giuseppe Vercelli, demanda aux associées de s’occuper de la rééducation des enfants handicapés psychiques. Elles n’avaient pas de formation pour cela, mais elles y virent un appel du Seigneur et elles acceptèrent. Et, avec elles, don Luigi Monza fonda l'Oeuvre appelée "La Nostra Famiglia", “Notre Famille”, dédiée aux enfants handicapés psychiques. Il y a encore actuellement de nombreuses maisons de "Nostra Familia", en Italie et dans le monde.  

Quand la guerre eut pris fin, les hommes qui avaient été mobilisés revinrent. Mais la moralité se détériorait dans tous les milieux. Et les tensions sociales se faisaient de plus en plus dures. Don Luigi multiplia ses actions, y compris des pèlerinages. Sa paroisse de saint Jean était vivante car il s'efforçait, malgré les difficultés, de toujours faire la volonté de Dieu sur lui. L'institut se développait lentement car son genre de vie: des laïques consacrées vivant dans le monde, était mal perçu et don Luigi était très critiqué. Or, contre toute attente, le 2 février 1947, Pie XII, dans la constitution "Provida Mater", reconnaissait les Instituts séculiers. Le 18 janvier 1950, l’institut des “Petites Apôtres de la charité” était officiellement approuvé. Dorénavant les Petites apôtres de la charité pourraient mettre en application ce qui avait été l'idée originale de leur fondateur: vivre la charité et le célibat, comme les premières chrétiennes appelées à ce témoignage avaient su le faire dans les villes païennes d'Antioche, de Rome, d'Alexandrie, et d'autres. Selon le Père fondateur, don Luigi Monza, quitter le monde et s'enfermer dans des couvents n'était plus suffisant. Les hommes d'aujourd'hui avaient un grand besoin du témoignage de personnes répondant à l'appel de Dieu pour aller chercher les brebis perdues. Don Luigi disait qu'il voulait sauver le monde, et faire connaître Jésus par la charité.  

Don Luigi Monza avait vécu de front ses engagements de curé et de fondateur. Grâce à lui, l’œuvre des Petites Apôtres de la charité s’était affermie; elle se préparait à affronter un avenir qu'elles n'auraient pu imaginer. L’œuvre avait encore besoin de son fondateur pour s’affermir, mais Dieu en décida autrement. La santé de don Luigi avait toujours été fragile, et les accidents cardiaques dont il souffrait depuis longtemps s'accentuaient, sûrement aggravés par la douleur de la perte de sa mère, survenue le 17 avril 1953. Certains considéraient les engagements de don Monza comme excessifs. Et même, le saint cardinal Schuster l'exhortait catégoriquement à choisir entre la paroisse et la direction de ses religieuses.  

Don Monza souffrit beaucoup de ces critiques, en particulier de celles de son archevêque. Il lui expliqua la situation dans une lettre, tout en se déclarant prêt à obéir inconditionnellement. Mais le cardinal, tout comme don Luigi Monza, était proche de sa fin. Usé par son apostolat et ses épreuves, Don Monza subit un grave infarctus le 25 août 1954. Il comprit qu’il ne guérirait pas. En toute sérénité il mourut le 29 septembre suivant, en murmurant: "Mon Jésus, miséricorde". Il avait 56 ans et trois mois.

Paulette Leblanc

 

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