Lucien d’Antioche
Prêtre syrien, Martyr, Saint
(240 – 312)

7

JANVIER

Lucien d'Antioche serait né en janvier 240, à Samosate, ville de Turquie proche de la Syrie. Ses parents, très pieux, lui donnèrent une excellente éducation. Malheureusement ils moururent relativement jeunes et Lucien, qui avait atteint l'âge de douze ans, se trouvant sans attache dans ce monde, vendit ses biens, les distribua aux pauvres et se fit moine auprès de saint Macaire qui faisait profession d'interpréter les saintes écritures. Dès lors, Lucien qui vivait d'une manière très austère, ne mangeant que du pain sec, des herbes crues et des racines voulut consacrer sa grande intelligence à la connaissance des Écritures, à la défense et à l'enseignement de la vraie foi.

Lucien fut ordonné prêtre à Antioche, et, pour être plus utile au peuple, il désira instruire la jeunesse, dans les belles lettres et dans la pratique de la piété. Pour cela, à l'exemple de son maître saint Macaire, il ouvrit une école à Antioche dans laquelle de nombreux jeunes gens vinrent se former et acquérir les leçons de sciences humaine et de la vertu chrétienne.

Mais Lucien voulait aussi venir en aide aux pauvres.  Pour avoir de quoi faire l'aumône, il utilisa ses facultés exceptionnelles de rédaction et se mit à écrire des documents qui lui permettaient de subvenir à son entretien et celui des autres. Mais bientôt Lucien dut entreprendre un ouvrage beaucoup plus complexe. Lucien avait, en effet, remarqué que certaines personnes, dont des païens, voulant traduire les livres sacrés, glissaient beaucoup de contre sens. Par ailleurs, des fautes s'étaient glissées dans les traductions de l'Ancien et du Nouveau Testament, soit par l'inexactitude des copistes, soit par la malice des hérétiques. Il devait faire quelque chose. Il résolut donc de revoir toutes les tra-ductions, et il entreprit de traduire les textes de l'hébreu vers le grec. Cette traduction fut très utile plus tard à saint Jérôme qui rapporte que l'on se servait couramment des textes de Lucien dans l'église d'Orient, de Constantinople et jusqu'à Antioche. Et cela dura jusqu'au Ve siècle.

Pendant ce temps, les persécutions antichrétiennes se poursuivaient dans l'Empire romain. Dès son élection, l'empereur Maximin renouvela les édits de ses prédécesseurs, Dioclétien et Maximien, et continua à poursuivre les fidèles du Christ. Sachant que le prêtre Lucien était, de part sa position, l'un des plus solides soutiens de l'église d'Antioche, l’empereur Maximin résolut de le faire arrêter. Afin de ne pas s'exposer inutilement au péril, Lucien se retira d'abord secrètement dans la campagne voisine.

Hélas! vers 303, dénoncé par un apostat arianiste, Lucien fut fait prisonnier; il passa neuf ans en prison. Dans sa prison, Lucien continuait à écrire à ses fidèles d'Antioche, pour les soutenir dans leur foi. Mais l'empereur Maximin exigea que Lucien fût conduit à Nicomédie, ville de Bithynie. Sur le chemin qui traversait la Cappadoce, pour aller d'Antioche à Nicomédie, Lucien rencontra quelques soldats qu'il avait connus et qui, par peur des tortures, avaient renoncé au christianisme. Lucien, plein de zèle et d'amour, leur parla avec tant de charité et de conviction qu'ils promirent de ne plus trahir le Christ. Ils tinrent leur promesse et la plupart d'entre eux moururent martyrs pour Jésus-Christ.

Enfin Lucien arrive auprès de Maximin qui veut le convertir à ses dieux païens. Maximin offrit même à Lucien de l'associer à son gouvernement et de le nommer son conseiller s'il voulait sacrifier aux idoles. Mais Lucien refusa. Aussi Maximin le fit-il conduire en prison où il subit d'affreux traitements. Ainsi, Lucien fut exposé à la dent des bêtes féroces; il subit les divers supplices de la roue, du chevalet, du feu, et d’autres encore. Mais chaque tourment aboutissait à une miraculeuse victoire. Le héros chrétien fut enfin reconduit en prison, où il passa quatorze jours dans les privations et d'atroces souffrances.

L’Épiphanie approchait. Les disciples de saint Lucien auraient bien voulu participer avec lui aux saints mystères. C'est alors que Dieu fournit à son martyr la force et les moyens de célébrer l'eucharistie. Il n’y avait point d’autel, et le cachot infect n’était pas approprié au sacrifice: Lucien dit alors à ses disciples: "Ma poitrine servira d’autel, et vous qui m’entourez, vous formerez le temple qui nous dérobera aux regards des profanes."

Lucien ne voulait décidément pas mourir. Alors Maximin revint à la charge. Lucien fut appelé devant le tyran, qui l’interrogea de nouveau:

- Quelle est ta patrie? demanda l'empereur.

- Je suis chrétien! Répondait Lucien

- Quelle est ta profession?

- Je suis chrétien!

- Qui t’a donné le jour?

- Je suis chrétien!"

N'obtenant rien d'autre, l'empereur ordonna de jeter Lucien à la mer. Lucien fut donc attaché à une énorme pierre puis lancé dans les flots. C'était le 7 janvier 312.

Il y a quelques désaccords concernant la mort de saint Lucien. Nous allons donc vous préciser ce qui n'est peut-être qu'une légende. Nous savons que, du fond de sa prison dans laquelle il resta neuf ans, Lucien écrivait à ses fidèles. Quand il parut devant le tribunal, le savant qu'était Lucien saisit cette occasion pour présenter au juge une apologie de la religion pour laquelle il souffrait. Lucien disait, entre autres: "Si vous refusez de vous en rapporter à mon témoignage sur la divinité de Jésus-Christ, vous n'avez qu'à consulter vos annales et vos archives: vous y trouverez que du temps de Pilate, pendant que le Christ était mis à mort, le soleil disparut et l'univers fut enseveli dans les ténèbres en plein midi."

Le juge renvoya Lucien en prison, et défendit qu'on  lui donnât aucune nourriture. Puis, Lucien parut de nouveau devant le tribunal: "Je suis chrétien!" était la seule parole qu'il fût possible de lui arracher. Et Lucien mourut… Mais l'empereur Maximin, plein de rage, ordonna qu'on attachât une grosse pierre à la main droite du corps et qu'on le jetât à la mer "afin d'en ôter à jamais le souvenir". Le corps de Lucien  resta dans les eaux pendant quatorze jours. Le quinzième jour, Lucien serait apparu à l'un de ses parents et lui aurait indiqué l'endroit du rivage où se trouvait son corps. Effectivement, une fois arrivés sur place, ceux qui étaient partis chercher le corps, aperçurent un grand dauphin qui le déchargea sur le bord de mer et expira à côté de lui. Le corps ne comportait aucune corruption ni mauvaise odeur si ce n'est que sa main droite alourdie de la pierre était coupée. Peu de temps après, la mer rapporta la main de Lucien au même endroit.

La vérité est souvent auréolée de légendes. Peu importe, car cela signifie simplement combien Lucien, le saint et très savant prêtre, était vénéré, déjà de son temps.

Paulette Leblanc

 

 

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