Loup de Troyes
Évêque, Saint
(ca. 383- 479)

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JUILLET

Saint Loup, dit ordinairement Saint Leu, évêque de Troyes, naquit vers 383, à Toul, dans l'actuel diocèse de Nancy. Ses parents, des nobles gallo-romains étaient des gens vertueux. Épiroque, son père, mourut alors que Loup était encore très jeune. Aussi le petit Loup fut-il confié à Alistique, son oncle, qui devint son tuteur. Ce noble seigneur prit grand soin de l'éducation de Loup qui devint un maître dans les lettres classiques et le droit. Bientôt, grâce à ses compétences, à son éloquence et à ses autres qualités, Loup devint célèbre. Recherché par les responsables des plus hautes sociétés de son temps, il rencontra Germain, le gouverneur d'Auxerre; et Germain attira Loup dans sa cour.

Membre de la cour de Germain, Loup ne voulut pas répondre aux nombreuses tentations qui se présentaient à lui. Il refusa les grandeurs et les plaisirs du monde: il voulait, en effet, conserver ses vertus chrétiennes. Cependant, quand il eut environ 30 ans, en 417, Loup dut, par obéissance, épouser une des parentes de Germain, Piméniole, la sœur d'Hilaire, moine à Lérins avant de devenir l'évêque d'Arles. Piméniole était très pieuse, très pudique et très intelligente. En conséquence, Loup et Piméniole construisirent un couple très pieux. Pendant six ans, leur mariage fut un modèle de vie chrétienne, mais bientôt tout changea.

Loup et Piméniole savaient que le Seigneur Jésus avait dit à ses disciples: "Si vous voulez être parfait, allez, vendez tout ce que vous avez, donnez-en le prix aux pauvres et venez à ma suite." Aussi résolurent-ils, d'un commun accord, de vendre leurs biens, de se séparer, et de se consacrer à Dieu. Loup entra au monastère de Lérins, attiré par la renommée du fondateur. Mais, un an plus tard, en 426, Loup fut obligé de faire un voyage à Mâcon pour achever de vendre ses biens et de les donner aux pauvres. C'est alors que mourut saint Ours, l'Évêque de Troyes. Et Loup fut élu pour le remplacer. Cependant Loup voulant rester fidèle à ses vœux monastiques, poursuivit sa vie ascétique tout en assumant ses devoirs pastoraux et en montrant une grande charité envers les pauvres et les prisonniers.

Les devoirs pastoraux de saint Loup se révélèrent difficiles. En effet, les mœurs de ce temps étaient si corrompues, que Loup dut poursuivre le travail de son prédécesseur, saint Ours, pour corriger les dérèglements des clercs et des laïcs. Loup s'y appliqua avec vigueur, employant quand il le fallait, la force de la parole de Dieu, les remontrances parfois publiques et même, si nécessaire, la sévérité dans ses réprimandes, voire des punitions. Nous sommes en 429. Les catholiques de Grande Bretagne, redoutant les hérésies de Pélage et de Célestius, supplièrent les prélats des Gaules de les secourir.  Sur ordre du pape Célestin 1er, les évêques des Gaules se rassemblèrent  en  Concile,  probablement  à  Troyes,  pour condamner le pélagianisme. Puis, il fut demandé à saint Germain d'Auxerre et à saint Loup de Troyes d'aller combattre le pélagianisme en Grande-Bretagne. Ils partirent aussitôt avec l'autorisation du pape Célestin 1er. Notons ici que, pour le pélagianisme, le libre arbitre de l'homme est supérieur à la grâce divine, ce qui est contraire aux textes de la Bible.

Pour se rendre en Angleterre, nos deux prélats passèrent d'abord par Nanterre où ils rencontrèrent celle qui devait devenir sainte Geneviève.  Puis ils durent, sur la mer, affronter une terrible tempête qui ne s'apaisa que grâce aux prières de nos deux saints, saint Germain et saint Loup. Arrivés en Angleterre, les deux évêques convertirent la plupart de ceux qui s'étaient laissés tromper par l'hérésie de Pélage, et cela, grâce, dit-on, aux nombreux miracles qu'ils faisaient. Les affaires religieuses terminées, les saints prélats revinrent dans leurs diocèses et reprirent leurs activités. Et saint Loup continua toutes ses austérités, portant constamment un cilice et ne mangeant qu'un jour sur deux. Mais bientôt les Huns arrivèrent…

Nous sommes en 451. La ville de Troyes était à la merci des envahisseurs, connus pour être de redoutables guerriers assassins. On connaissait  leurs pillages, leurs violences, leurs massacres et les incendies qu'ils allumaient partout. Les villes et les villages n'étaient plus que des ruines après le passage des Huns. Aussi, saint Loup exhorta-t-il la population à beaucoup prier. Quant à lui, il redoubla ses austérités, puis, revêtu de ses ornements pontificaux et escorté de son clergé, il se rendit auprès d'Attila. Ce dernier, très surpris, fit arrêter immédiatement ses guerriers qui s'étaient déjà précipités sur les Clercs sans défense accompagnant saint Loup. La ville de Troyes fut épargnée. Mais, après sa défaite, Attila repassa par Troyes et emmena le Saint Évêque en otage jusqu'au Rhin. Cependant, il le relâcha bientôt, tout en se recommandant à ses prières. Hélas! à son retour à Troyes, Saint Loup, fut accusé d'intelligence avec les Huns et dut se retirer sur le mont Lassois, ou Lansuine, à une soixantaine de kilomètres de Troyes, puis à Mâcon. Là, il accomplit des guérisons éclatantes, qui le rendirent si célèbre que le roi des Alamans lui accorda la libération des prisonniers qu'il détenait. Et saint Loup put regagner Troyes où il s'employa à réparer les dommages matériels et spirituels, que l'invasion barbare avait causés dans la population de la ville et des campagnes environnantes.

Voici quelques détails concernant saint Loup, Attila et les Huns. Ayant eu la révélation que sa ville serait préservée, saint Loup se revêtit de ses habits pontificaux, et, accompagné de ses clercs dont l'un portait le livre des Évangiles, il marcha en procession devant Attila qui commanda à ses soldats de les massacrer. Et quelques clercs furent effectivement tués. Mais, saint Loup s'avança vers Attila qui demanda d'arrêter le carnage. Et, contre toute attente, les Huns se retirèrent.

Le retour de saint Loup à Troyes fut salué avec enthousiasme par ses diocésains reconnaissants. Mais les campagnes voisines, théâtres du passage puis de la défaite de l'armée d'Attila, avaient expérimenté la sauvagerie des Huns. Aussi saint Loup, contraint, en raison des calomnies, de se réfugier au pays des Lassois qui venait d'être ruiné par les Vandales, s'empressa-t-il de remédier à tous ces malheurs, notamment en les installant au village de Mâcon, près de Nogent-sur-Seine. Ces préoccupations matérielles n'empêchaient pas Mgr Loup de se livrer à ses responsabilités épiscopales.

Bien que le zèle de saint Loup fut toujours le même, son âge avancé le rendait plus vulnérable, et il se prépara à la mort par une plus grande ferveur dans ses exercices religieux, par un plus grand amour de la solitude et du silence.  Enfin, le 29 juillet 478, ou 479, Saint Loup mourut après un épiscopat qui avait duré cinquante-deux ans. Il avait environ 95 ans… Il est fêté le 29 juillet.

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Voici une autre information concernant l'abbaye de Saint Loup fondée par l'évêque de Troyes. Un document raconte: "La première origine de l'abbaye de Saint Loup remonte au V siècle. Selon la légende, Loup aimait à se retirer hors des murs de la petite cité gallo-romaine pour méditer sur le terrain actuel de l'abbaye, qui n'était alors que forêt et broussailles. Loup fonda un monastère hors du quadrilatère que formait alors la petite cité d'Augustobona, sur l'actuel emplacement de Saint Martin Es Aires, pour abriter ses nombreux disciples. À sa mort, Saint Loup fut inhumé dans cette chapelle, et la jeune abbaye jusque là dénommée "Notre Dame hors les murs" fut rebaptisée Saint Loup." Je dois aussi vous rappeler que l'évêque Loup reçut de magnifiques éloges de ceux qui le connaissaient, dont saint Sidoine-Apollinaire, évêque d'Arverna, ou Clermont. L'évêque Sidoine l’appelait: "Le père des pères, l’évêque des évêques, le chef des prélats des Gaules, la règle des mœurs, la colonne de la vérité, l’ami de Dieu, le médiateur des hommes auprès du ciel." Saint Loup est invoqué contre la possession du démon, la paralysie et l'épilepsie.

Au cours de la Révolution française, les restes de saint Loup furent profanés et dispersés durant la nuit du 9 au 10 janvier 1794, sauf une portion de son crâne qui est toujours conservée dans la cathédrale de Troyes.

Paulette Leblanc

 

 

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