Saint Loup, dit ordinairement Saint Leu, évêque de
Troyes, naquit vers 383, à Toul, dans l'actuel diocèse
de Nancy. Ses parents, des nobles gallo-romains étaient
des gens vertueux. Épiroque, son père, mourut alors que
Loup était encore très jeune. Aussi le petit Loup fut-il
confié à Alistique, son oncle, qui devint son tuteur. Ce
noble seigneur prit grand soin de l'éducation de Loup
qui devint un maître dans les lettres classiques et le
droit. Bientôt, grâce à ses compétences, à son éloquence
et à ses autres qualités, Loup devint célèbre. Recherché
par les responsables des plus hautes sociétés de son
temps, il rencontra Germain, le gouverneur d'Auxerre; et
Germain attira Loup dans sa cour.
Membre
de la cour de Germain, Loup ne voulut pas répondre aux
nombreuses tentations qui se présentaient à lui. Il
refusa les grandeurs et les plaisirs du monde: il
voulait, en effet, conserver ses vertus chrétiennes.
Cependant, quand il eut environ 30 ans, en 417, Loup
dut, par obéissance, épouser une des parentes de
Germain, Piméniole, la sœur d'Hilaire, moine à Lérins
avant de devenir l'évêque d'Arles. Piméniole était très
pieuse, très pudique et très intelligente. En
conséquence, Loup et Piméniole construisirent un couple
très pieux. Pendant six ans, leur mariage fut un modèle
de vie chrétienne, mais bientôt tout changea.
Loup
et Piméniole savaient que le Seigneur Jésus avait dit à
ses disciples: "Si vous voulez être parfait, allez,
vendez tout ce que vous avez, donnez-en le prix aux
pauvres et venez à ma suite." Aussi résolurent-ils,
d'un commun accord, de vendre leurs biens, de se
séparer, et de se consacrer à Dieu. Loup entra au
monastère de Lérins, attiré par la renommée du
fondateur. Mais, un an plus tard, en 426, Loup fut
obligé de faire un voyage à Mâcon pour achever de vendre
ses biens et de les donner aux pauvres. C'est alors que
mourut saint Ours, l'Évêque de Troyes. Et Loup fut élu
pour le remplacer. Cependant Loup voulant rester fidèle
à ses vœux monastiques, poursuivit sa vie ascétique tout
en assumant ses devoirs pastoraux et en montrant une
grande charité envers les pauvres et les prisonniers.
Les
devoirs pastoraux de saint Loup se révélèrent
difficiles. En effet, les mœurs de ce temps étaient si
corrompues, que Loup dut poursuivre le travail de son
prédécesseur, saint Ours, pour corriger les dérèglements
des clercs et des laïcs. Loup s'y appliqua avec vigueur,
employant quand il le fallait, la force de la parole de
Dieu, les remontrances parfois publiques et même, si
nécessaire, la sévérité dans ses réprimandes, voire des
punitions. Nous sommes en 429. Les catholiques de Grande
Bretagne, redoutant les hérésies de Pélage et de
Célestius, supplièrent les prélats des Gaules de les
secourir. Sur ordre du pape Célestin 1er,
les évêques des Gaules se rassemblèrent en Concile,
probablement à Troyes, pour condamner le
pélagianisme. Puis, il fut demandé à saint Germain
d'Auxerre et à saint Loup de Troyes d'aller combattre le
pélagianisme en Grande-Bretagne. Ils partirent aussitôt
avec l'autorisation du pape Célestin 1er.
Notons ici que, pour le pélagianisme, le libre arbitre
de l'homme est supérieur à la grâce divine, ce qui est
contraire aux textes de la Bible.
Pour
se rendre en Angleterre, nos deux prélats passèrent
d'abord par Nanterre où ils rencontrèrent celle qui
devait devenir sainte Geneviève. Puis ils durent, sur
la mer, affronter une terrible tempête qui ne s'apaisa
que grâce aux prières de nos deux saints, saint Germain
et saint Loup. Arrivés en Angleterre, les deux évêques
convertirent la plupart de ceux qui s'étaient laissés
tromper par l'hérésie de Pélage, et cela, grâce, dit-on,
aux nombreux miracles qu'ils faisaient. Les affaires
religieuses terminées, les saints prélats revinrent dans
leurs diocèses et reprirent leurs activités. Et saint
Loup continua toutes ses austérités, portant constamment
un cilice et ne mangeant qu'un jour sur deux. Mais
bientôt les Huns arrivèrent…
Nous
sommes en 451. La ville de Troyes était à la merci des
envahisseurs, connus pour être de redoutables guerriers
assassins. On connaissait leurs pillages, leurs
violences, leurs massacres et les incendies qu'ils
allumaient partout. Les villes et les villages n'étaient
plus que des ruines après le passage des Huns. Aussi,
saint Loup exhorta-t-il la population à beaucoup prier.
Quant à lui, il redoubla ses austérités, puis, revêtu de
ses ornements pontificaux et escorté de son clergé, il
se rendit auprès d'Attila. Ce dernier, très surpris, fit
arrêter immédiatement ses guerriers qui s'étaient déjà
précipités sur les Clercs sans défense accompagnant
saint Loup. La ville de Troyes fut épargnée. Mais, après
sa défaite, Attila repassa par Troyes et emmena le Saint
Évêque en otage jusqu'au Rhin. Cependant, il le relâcha
bientôt, tout en se recommandant à ses prières. Hélas! à
son retour à Troyes, Saint Loup, fut accusé
d'intelligence avec les Huns et dut se retirer sur le
mont Lassois, ou Lansuine, à une soixantaine de
kilomètres de Troyes, puis à Mâcon. Là, il accomplit des
guérisons éclatantes, qui le rendirent si célèbre que le
roi des Alamans lui accorda la libération des
prisonniers qu'il détenait. Et saint Loup put regagner
Troyes où il s'employa à réparer les dommages matériels
et spirituels, que l'invasion barbare avait causés dans
la population de la ville et des campagnes
environnantes.
Voici quelques détails concernant saint Loup, Attila et
les Huns. Ayant eu la révélation que sa ville serait
préservée, saint Loup se revêtit de ses habits
pontificaux, et, accompagné de ses clercs dont l'un
portait le livre des Évangiles, il marcha en procession
devant Attila qui commanda à ses soldats de les
massacrer. Et quelques clercs furent effectivement tués.
Mais, saint Loup s'avança vers Attila qui demanda
d'arrêter le carnage. Et, contre toute attente, les Huns
se retirèrent.
Le
retour de saint Loup à Troyes fut salué avec
enthousiasme par ses diocésains reconnaissants. Mais les
campagnes voisines, théâtres du passage puis de la
défaite de l'armée d'Attila, avaient expérimenté la
sauvagerie des Huns. Aussi saint Loup, contraint, en
raison des calomnies, de se réfugier au pays des Lassois
qui venait d'être ruiné par les Vandales,
s'empressa-t-il de remédier à tous ces malheurs,
notamment en les installant au village de Mâcon, près de
Nogent-sur-Seine. Ces préoccupations matérielles
n'empêchaient pas Mgr Loup de se livrer à ses
responsabilités épiscopales.
Bien
que le zèle de saint Loup fut toujours le même, son âge
avancé le rendait plus vulnérable, et il se prépara à la
mort par une plus grande ferveur dans ses exercices
religieux, par un plus grand amour de la solitude et du
silence. Enfin, le 29 juillet 478, ou 479, Saint Loup
mourut après un épiscopat qui avait duré cinquante-deux
ans. Il avait environ 95 ans… Il est fêté le 29 juillet.
*****
Voici une autre information concernant l'abbaye de Saint
Loup fondée par l'évêque de Troyes. Un document raconte:
"La
première origine de l'abbaye de Saint Loup remonte au V
siècle. Selon la légende, Loup aimait à se retirer hors
des murs de la petite cité gallo-romaine pour méditer
sur le terrain actuel de l'abbaye, qui n'était alors que
forêt et broussailles. Loup fonda un monastère hors du
quadrilatère que formait alors la petite cité d'Augustobona,
sur l'actuel emplacement de Saint Martin Es Aires, pour
abriter ses nombreux disciples. À sa mort, Saint Loup
fut inhumé dans cette chapelle, et la jeune abbaye
jusque là dénommée "Notre Dame hors les murs" fut
rebaptisée Saint Loup." Je dois aussi vous rappeler que
l'évêque Loup
reçut de magnifiques éloges de ceux qui le
connaissaient, dont saint Sidoine-Apollinaire, évêque d'Arverna,
ou Clermont. L'évêque Sidoine l’appelait: "Le père
des pères, l’évêque des évêques, le chef des prélats des
Gaules, la règle des mœurs, la colonne de la vérité,
l’ami de Dieu, le médiateur des hommes auprès du ciel."
Saint Loup est invoqué contre la possession du
démon, la paralysie et l'épilepsie.
Au
cours de la Révolution française, les restes de saint
Loup furent profanés et dispersés durant la nuit du 9 au
10 janvier 1794, sauf une portion de son crâne qui est
toujours conservée dans la cathédrale de Troyes.
Paulette Leblanc |