Louis (1823-1894) et Zélie Martin (1831-1877)
Témoins de l’Amour Conjugale
Parents de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus
 

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JUILLET

Louis-Joseph-Aloys-Stanislas Martin, naquit à Bordeaux le 22 août 1823. Son père, Pierre-François Martin qui vécut de 1777 à 1865, était militaire de carrière; en conséquence, Louis sera élevé au hasard des garnisons de son père. Dernier né d'une famille de trois filles et deux garçons, Louis, après ses études, apprit le métier d'horloger. En 1845, âgé de 22 ans, se croyant appelé à la vie monastique, Louis s'adressa au monastère du Grand-Saint-Bernard, mais on le refusa parce qu'il ne connaissait pas le latin… Il séjourna alors pendant trois ans à Paris, puis s'installa à Alençon et ouvrit une horlogerie-bijouterie: il avait 27 ans. Pendant huit années, chrétien fervent, il mena une vie laborieuse, calme et méditative. À 34 ans, Louis était toujours célibataire.

Zélie Martin, née Azélie-Marie Guérin, naquit le 23 décembre 1831 à Gandelain, près de Saint-Denis-sur-Sarthon, dans Orne. Son père, Isidore  Guérin qui était un ancien soldat de la Grande Armée de Napoléon, se battit à Wagram, à Masséna avant de devenir gendarme à Saint-Denis-sur-Sarthon. Sa mère, Louise-Jeanne Macé était une paysanne assez dure. En septembre 1844, ses parents s'installèrent à Alençon. Zélie et Marie-Louise fréquentèrent le pensionnat des religieuses des Sacrés-Cœurs de Picpus. Se croyant appelée à la vie religieuse, Zélie voulut entrer comme religieuse à l'Hôtel-Dieu, mais la supérieure l'en dissuada.

Déçue, elle devint dentellière et se révéla très douée, notamment pour la réalisation de la dentelle au point d'Alençon, imitation du point de Venise, afin de le concurrencer. En 1853, âgée seulement de 22 ans, elle ouvre une boutique avec Marie-Louise. Mais sa sœur la quitte pour entrer au couvent des Visitandines du Mans.

Nous sommes en 1858. Louis a 35 ans. Un jour, en traversant le pont de la Sarthe, il croisa Zélie qui avait 27 ans. Ils se marièrent le 12 juillet 1858, dans l'église Notre-Dame d'Alençon, ayant décidé de vivre comme frère et sœur, dans une continence perpétuelle.  Mais leur confesseur les en dissuada, et les naissances se succédèrent entre 1859 et 1873: neuf enfants, sept filles et deux garçons. Mais quatre enfants, dont les deux garçons moururent en bas âge.

Zélie consacre toute son énergie à son entreprise qui emploiera jusqu'à une vingtaine d'ouvrières. À force de labeur et d'épargne, les époux Martin ont acquis une grande aisance financière. Aussi, en 1870, Louis vend-il son horlogerie  à un neveu, afin d'aider sa femme à administrer sa production et son commerce, et à gérer leurs biens. Mais, en 1876, la maladie frappe la famille Martin. C'est d'abord la sœur de Zélie, Marie-Louise, rongée par la tuberculose, qui mourra le 24 février 1877. De son côté, Zélie de plus en plus souffrante, consulta en 1876, un chirurgien qui comprit que la tumeur au sein était inopérable: il était trop tard. Zélie Martin décéda le 28 août 1877, à l’âge de 46 ans, en laissant cinq enfants, dont la petite Thérèse née en 1873.

Zélie se dévouait aussi beaucoup pour ses filles, et elle avait compris le sens de sa vocation. Elle ne cessait d'admirer la sainteté de son mari, ainsi que sa bonté paisible. Sa petite dernière, Thérèse naquit en janvier 1873. Pour qu'elles puissent recevoir une éducation chrétienne, ses aînées furent envoyées au pensionnat de la Visitation du Mans. Pourtant les soucis ne manquaient pas, notamment la santé délicate de Thérèse, qu'il fallut placer chez une nourrice du village de Semallé. Fervents chrétiens, Zélie et Louis assistaient tous les jours à la messe de 5h30. Ils pratiquaient aussi le jeûne et la prière en famille et respectaient scrupuleusement le repos du dimanche. Ils savaient également mettre en pratique la charité chrétienne, et, pour cela, ils visitaient les vieillards seuls, les malades et les mourants. De plus, Zélie s'occupaient de ses domestiques et de ses ouvrières, souvent jeunes et inexpérimentées.

Louis Martin participait chaque semaine à l’adoration eucharistique. Plein d'affection pour ses filles, lorsque Zélie, son épouse, décéda, il quitta Alençon pour Lisieux  où habitait sa belle-famille, les Guérin. Après l’entrée de Thérèse au Carmel, commença pour lui l’épreuve de la maladie. Il fut même interné au Bon Sauveur, l’hôpital psychiatrique de l’époque. Pendant les périodes de rémission, on le voyait s’occuper des malades qui l’entouraient. Il mourut le 24 juillet 1894 à 71 ans. Ce qui caractérise la sainteté des époux Martin, c’est leur capacité à vivre "extraordinairement bien" l’ordinaire de la vie. Leur confiance en Dieu était immense et leurs relations de couple fondées sur la prière et la générosité, peuvent être considérées comme un modèle imitable pour toutes les familles qui souhaitent la sainteté. Leur dernière fille, Thérèse écrira: "Le bon Dieu s’est plu à m’entourer d’amour, mes premiers souvenirs sont empreints des sourires et des caresses les plus tendres." En pensant à ses parents, elle dira qu’ils étaient plus dignes du ciel que de la terre.

Louis et Zélie Martin ont été béatifiés, par le Pape Benoît XVI, à l’occasion des 150 ans de leur mariage, le 19 octobre 2008. C'est l'anniversaire de leur mariage, le 12 juillet, qui a été retenu comme jour de leur fête.

Parlons maintenant de la spiritualité de la famille Martin.

Zélie fut une maman comblée mais aussi très éprouvée. De 1860 à 1873, neuf enfants naquirent au foyer Martin, mais quatre mourront en bas âge, dont les deux seuls garçons de la famille. Zélie éprouvait toujours une grande joie à la naissance de chacun de ses enfants. Elle disait: "J’aime les enfants à la folie, j’étais née pour en avoir." La base de l'éducation des enfants était la confiance. Zélie souhaitait que ses enfants deviennent tous des saints. Cela ne l’empêchait pas d’organiser des fêtes, des jeux et même d’acheter de belles robes pour ses enfants. En famille, on priait tous les jours et durant le mois de mai les filles aiment apporter de belles fleurs à la statue de Marie: la Vierge du Sourire.

En novembre 1877, peu de temps après le décès de Zélie, Louis Martin et ses cinq filles s’installèrent à Lisieux pour se rapprocher d'Isidore Guérin, frère de Zélie. Ils s'installèrent dans une maison bourgeoise, Les Buissonnets. Louis se consacra alors à ses filles et en particulier à Thérèse, qu'il appelait sa "Petite Reine". Marie, âgée de dix-sept ans, prit en mains le fonctionnement de la maison. Pauline, seize ans, s'occupait de l'éducation des deux petites, Céline et Thérèse. Le 15 octobre 1882, Pauline entra au carmel de Lisieux. En août 1886, ce fut le tour de Marie, l'aînée des filles. Après le départ de Léonie, il ne resta autour de Louis que Thérèse et Céline, âgée de quinze et dix-sept ans et demi.

Le 1er mai 1887, Louis Martin subit une petite attaque qui le laissa paralysé du côté gauche pendant quelques heures. Mais l'intervention rapide de son beau-frère le tira d'affaire. Après les péripéties que tout le monde connaît, le 9 avril 1888, Thérèse entrait, elle aussi, au carmel de Lisieux. Louis bénit sa fille et écrivit à ses amis: "Ma Petite Reine est entrée hier au Carmel. Dieu seul peut exiger un tel sacrifice, mais il m'aide si puissamment qu'au milieu de mes larmes, mon cœur surabonde de joie."

Toutes ces épreuves firent que Louis Martin vieillit très vite. Céline écrit ainsi à sa jeune sœur au Carmel: "Ce pauvre petit Père, il me semble maintenant si vieux, si usé… J'ai le cœur déchiré, je me figure qu'il mourra bientôt." Il commençait en effet à souffrir d'artériosclérose et de crises d'urémie qui provoquaient des pertes de mémoire. Louis alterne dès lors les périodes de lucidité et les rechutes… Et ce fut l'internement à l'asile du bon Sauveur. Pendant un moment de lucidité il disait parfois: "Je sais pourquoi le bon Dieu m'a donné cette épreuve: je n'avais jamais eu d'humiliation pendant ma vie, il m'en fallait une."

En juin, Isidore Guérin, craignant que le malade ne dilapide son patrimoine, obtient de Louis un acte de renonciation à la gestion de ses biens. Le vieil homme, lucide ce jour-là, sanglote : « Ah ! Ce sont mes enfants qui m'abandonnent! ». À Noël 1889, le bail des Buissonnets est résilié, tandis que le carmel hérite de quelques meubles.

Enfin, le 10 mai 1892, l'épreuve prend fin: Isidore ramène Louis de l'asile de Caen. Le vieillard peut rencontrer ses trois filles carmélites au parloir pour la première fois depuis quatre ans, ce sera aussi la dernière. Il est lucide, mais très amaigri et ne parle pas. On l'installe chez les Guérin, où Céline et Léonie s'occupent de lui. Le 27 mai 1894, il subit une violente attaque qui paralyse son bras gauche. Il meurt le 29 juillet 1894, en présence de sa fille Céline. Le 14 septembre, Céline rejoint ses sœurs au carmel de Lisieux. Louis et Zélie ont été officiellement proclamés bienheureux, à Lisieux, le dimanche 19 octobre 2008, sous le pontificat de Benoît XVI, par le cardinal José Saraiva Martins qui déclara dans son homélie: "Parmi les vocations auxquelles les hommes sont appelés par la Providence, le mariage est l'une des plus nobles et des plus élevées. Louis et Zélie ont compris qu'ils pouvaient se sanctifier non pas malgré le mariage mais à travers, dans et par le mariage, et que leurs épousailles devaient être considérées comme le point de départ d'une montée à deux. Aujourd'hui, l'Église reconnaît dans ce couple la sainteté éminente de l'institution de l'amour conjugal, telle que l'a conçue le Créateur Lui-même." En déclarant Bienheureux Louis et Zélie Martin l'Église offre à tous les couples de la terre un modèle montrant que le mariage et la vie de famille forment un chemin de sainteté aussi efficace que celui de la vie religieuse. La vie commune des époux Martin est un témoignage de sainteté qui se suffit à lui-même. Ainsi, en vivant d'une prière constante qu'ils partageaient en famille, en étant insérés dans la société alençonnaise et dans la vie professionnelle, ils eurent le souci des plus pauvres; pour Louis, au-travers de la conférence St Vincent de Paul ou le cercle Vital Romet, et pour Zélie, par l'attention qu'elle portait à chacune de ses ouvrières dentellières.

Paulette Leblanc

 

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