Laura Montoya Upegui
Religieuse, Fondatrice, Sainte
(1874-1949)

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OCTOBRE

Laura Montoya Upegui naquit le 26 mai 1874, à Jericó, ville de Colombie. Jericó est une municipalité colombienne située dans le département d'Antioquia, dans la région du Sud-Ouest. Jericó est aussi connu sous le nom d'Athènes du Sud-Ouest, compte tenu de la culture de ses habitants. Laura Montoya Upequi était la fille de Juan de la Cruz Montoya et de Dolores Upequi. Seconde de leurs trois enfants, Laura n'avait que deux ans lorsque son père, médecin et commerçant, fut assassiné en 1876, pendant une des nombreuses guerres civiles qui, opposant conservateurs et libéraux, ravagèrent la Colombie pendant très longtemps. Il faut savoir, en effet, que depuis la lutte pour l'indépendance au début du 19ème siècle jusqu'à l'interminable conflit armé dont la guerre des Mille Jours de 1899 à 1902, ou la période dite de la Violencia de 1948 à 1960, la Colombie fut, pendant deux siècles, le théâtre d'affrontements fratricides à répétition.

Après la Guerre civile de 1876-1877, les biens de la famille Montoya furent confisqués, et Laura, sa mère et ses deux frères connurent une grande pauvreté. Laura fut d'abord envoyée vivre chez sa grand'mère. Là, se sentant délaissée et abandonnée, elle se réfugia dans la prière, la méditation de l'Écriture sainte et l'Eucharistie. Toutefois, à force de travail et de volonté, Laura parvint à acquérir les bases nécessaires pour devenir institutrice.

Quand elle eut 16 ans, la mère de Laura lui demanda de contribuer à faire vivre la famille en devenant institutrice. Laura enseigna d'abord dans plusieurs écoles du département d'Antioquia, tout en se dépensant sans compter pour faire connaître l'Évangile et le catéchisme. Malgré les faiblesses de son éducation autodidacte, elle fut admise à l'École normale d'instituteurs de Medellin, la capitale d'Antioquia. Pourtant, Laura, se sentait appelée à la vie religieuse, et elle avait pensé devenir carmélite. Mais, sa profession de maîtresse d'école la mettait en contact avec de nombreuses populations notamment indiennes. Et bientôt, elle comprit qu'elle devait se mettre au service de ceux que la société colombienne considérait avec le plus grand des mépris: les Indiens des forêts. Mais comment faire?

Oui, comment faire, car la majorité des gens jugeait ces "féroces sauvages comme étant la lie de la société, justes bons à être civilisés", c’est-à-dire exploités, quand ils n'étaient pas réfugiés dans la forêt et les montagnes que Laura se proposait de parcourir pour les instruire et les évangéliser. Et cela, même la plupart des prêtres y avaient renoncé. Mais, en 1904, un ami prêtre fit découvrir à Laura la situation des Indiens du Sud. Elle décida immédiatement de se consacrer à leur éducation et à leur évangélisation. Elle se tourna d'abord vers le président colombien nouvellement élu, son compatriote de Medellin, Carlos Restrepo, qui la reçut, et lui confia que son propre père était un défenseur des Indiens, et il lui promit son aide. Laura demanda alors aux Congrégations Religieuses de l'aider, mais toutes lui répondirent que leurs règles ne leur permettaient pas de sortir ainsi de leurs maisons pour ces lieux trop pauvres et inhospitaliers où Laura voulait les installer.

Laura Montoya ne pouvait se résoudre à ce que des êtres humains fussent privés de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Aussi, désespérée, Laura écrivit-elle ses difficultés au pape Pie X qui, quelques mois plus tard, publia l’encyclique Lacrimabili statu concernant "l’état déplorable" des Indiens, et demandant aux Évêques du continent américain d’aider les opprimés… Après cet encouragement pontifical, Laura Montoya s’adressa alors à l’Évêque d’Antioquia qui accepta de financer son projet.

Âgée de 40 ans, et soutenue par Mgr Maximiliano Crespo, Évêque de Santa Fe de Antioquia, elle fonda ce qui deviendra une famille religieuse "Les Missionnaires de Marie Immaculée et de Sainte Catherine de Sienne", œuvre religieuse très nouvelle, sans aucun lien avec ce qui existait déjà en Colombie. En effet, le 5 mai 1914, avec cinq compagnes, et sa mère Doloritas Upequi, Laura institua le groupe des "Missionnaires catéchistes des Indios". Ce petit groupe de femmes quitta Medellin pour Dabeiba, localité des contreforts des Andes colombiennes, située à l'est du département d'Antioquia. Après avoir parcouru plus de 200 kilomètres de mauvaises routes de montagne,  et traversé une forêt dans des conditions difficiles, les Missionnaires Catéchistes des Indios arrivèrent enfin à Dabeiba, en août 1914. Dans ce petit village de montagne, les conditions étaient très dures: Laura et ses compagnes s’installèrent dans un vieux presbytère presque en ruine à côté duquel l’église servait d’étable.

La petite Communauté de femmes, se mit immédiatement au travail et, au bout de quinze jours, une école put être ouverte.

Malgré l'incompréhension ou le mépris de certains responsables civils ou religieux de l'époque, Laura et son équipe réalisèrent un excellent travail d'évangélisation, malgré leur grande pauvreté. Peu à peu, les nouvelles missionnaires s'imprégnaient de la culture indienne; ces Missionnaires de Marie Immaculée furent bientôt appelées les Lauritas. Pour pérenniser son œuvre, Laura fonda, en 1917, la "Congrégation des Missionnaires de Marie Immaculée et de Sainte Catherine de Sienne". À Dabeiba, ces missionnaires menaient une vie de grande pauvreté, de service et d'évangélisation, tout en étant incomprises et méprisées de plusieurs responsables religieux et civils. Le mérite de ces premières Missionnaires de Marie Immaculée était d'autant plus grand, alors que leur seul but était l'évangélisation des Indiens délaissés par l’Église et par la société, que de nombreuses personnes leur avaient dit et redit qu'elles ne rencontreraient que "la mort chez ces sauvages".

Et ces religieuses rencontrèrent bien des obstacles, venant notamment des caciques, les chefs des tribus indiennes, très méfiants. Mais, Mère Laura savait trouver les mots pour faire tomber les barrières et comprendre toujours mieux la culture indienne. En 2004, l’anthropologue Patricia Tovar, professeur à l’Université pontificale Javeriana écrivit: "La méthode Missionnaire de Laura rejetait les autres écoles de l’époque qui prêchaient une catéchisation incluant l’abandon de la culture et de la langue comme pas fondamental dans la Christianisation", alors que les Missionnaires de Marie Immaculée savaient utiliser cette culture originelle. La jeune Congrégation de Marie Immaculée et de Sainte Catherine de Sienne fut reconnue en 1916 par l’Évêque d’Antioquia. Dès lors, Madre Laura s’enfonça plus loin dans le monde des Indiens, afin de consolider son œuvre dans un des postes Missionnaires installés au cœur de la forêt. Malheureusement, quand elle revint à Debeiba, Laura découvrit que cette petite ville avait été détachée du diocèse d’Antioquia et confiée à une préfecture apostolique dont le supérieur, un Carme, voulait forcer les Religieuses à devenir Carmélites. Après plusieurs années de combat, les religieuses couramment appelées Laurites, durent quitter la région.

Malade et handicapée, ne se déplaçant plus qu'en fauteuil roulant, Laura Montoya se replia en 1940 à Medellin, loin de la forêt et de ses chers Indiens.

Laura Montoya mourut en 1949, à Medellin, laissant une œuvre florissante. Le pape Jean-Paul II la béatifia en 2004. Elle fut canonisée le 12 Mai 2013, par le pape François. Sa fête est le 21 octobre. Laura Montoya était la première sainte colombienne. Dans son homélie, au cours de la cérémonie de canonisation, le Pape François, sud-américain, salua le travail d’inculturation de Madre Laura, soulignant comment elle était devenue la mère spirituelle des Indiens "en les accueillant avec cet Amour appris de Dieu et en les conduisant à Lui avec une pédagogie efficace qui respectait leur culture et ne s’opposait pas à elle."

Les Missionnaires de Marie Immaculée et de Sainte Catherine de Sienne, surnommées les "Lauritas", sont toujours présentes dans vingt pays, surtout en Amérique latine et aux Caraïbes, mais aussi en Afrique. Les Sœurs Missionnaires de Marie Immaculée et Sainte-Catherine-de-Sienne, dites "Sœurs Lauritas", sont toujours au service des populations autochtones à travers l’éducation, la santé et les projets communautaires.

Elles continuent à défendre une approche de l’évangélisation qui prend en compte les cultures indiennes et autochtones, notamment le souci de la terre.

Paulette Leblanc

 

 

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