De
l'enfance de Julienne de Nicomédie nous ne savons à peu
près rien. Nous ne connaissons même pas la date exacte
de sa naissance: 285 ou 286… Nous savons qu'elle naquit
à Nicomédie, l'actuelle Izmit. Nicomédie était
alors
la capitale de la Bithynie, en Turquie du nord, le long
de la Mer Noire. Elle était la fille d'Africanus, un
païen très convaincu et très antichrétien. Sa mère, qui
n'était ni païenne ni chrétienne, vivait dans la
débauche. Pourtant, sa fille Julienne devint chrétienne
dès son enfance. De plus devenue jeune fille, elle
voulut rester vierge, à une époque et dans une
civilisation où ne pas se marier était inconcevable.
Quand Julienne eut 18 ans, Évilase, un jeune
fonctionnaire, d'une famille amie de l'empereur, se
déclara amoureux de Julienne. Les parents de Julienne,
estimant qu'il leur faisait beaucoup d'honneur,
acceptèrent la proposition d'Évilase. Mais Julienne
refusa, et lui fit savoir quelle n'accepterait de le
prendre pour époux que si l'empereur le nommait préfet,
fonction qui était alors le poste le plus haut placé
dans le monde des fonctionnaires de l'époque. Contre
toute attente, l'empereur accepta. Évilase le fit savoir
à sa bien-aimée, indiquant qu'elle serait, selon son
désir, mariée à un préfet. Julienne fut obligée
d'accepter, mais à condition qu'il devînt chrétien.
Mais, ne voulant probablement pas compromettre sa
carrière, le jeune homme refusa. Cependant il parla
d'abord doucement à Julienne, l'assurant qu'il ne
l'empêcherait pas d'être chrétienne. Mais Julienne ne
céda pas.
Très déçu, Évilase avertit le père de Julienne qui,
détestant les Chrétiens, la força à changer d’avis. Mais
Julienne tenait bon et refusait toujours le mariage avec
un païen. Alors le père de Julienne fit battre sa fille
et la livra au jeune préfet. Ces événements se passant
durant la période de persécutions de l'empereur Maximin,
Évilase la fit arrêter et la traduisit devant le
tribunal, afin qu'elle renonçât à sa foi chrétienne.
Julienne continuant à s'affirmer chrétienne, le tribunal
la condamna à être martyrisée. Commença alors tout une
suite d'événements dont certains sont probablement
légendaires. Pourtant, Jean Bolland, jésuite fondateur
de la Société des Bollandistes vers 1658,
estimait que ces événements étaient authentiques.
Voici, résumé, ce que Jean Bolland raconte. Après avoir
fait battre sa fille, son père la livra au préfet. Mais
Julienne pressée par Évilase lui dit:
– Quand tu adoreras Mon Dieu, j'acquiescerai à tes
désirs, autrement tu ne seras jamais mon maître.
Le
préfet lui dit:
– Ma maîtresse, je ne puis faire cela, parce que
l’empereur me ferait couper la tête.
Julienne reprit:
– Si tu crains de la sorte un empereur mortel, comment
veux-tu que je ne craigne pas un empereur qui est
immortel? Fais tout ce que tu veux, mais tu ne pourras
pas me surprendre.
Alors le préfet la fit pendre par les cheveux pendant
plusieurs heures. Puis il ordonna de lui verser sur la
tête du plomb fondu. Ce tourment, ne lui ayant fait
aucun mal, il l’enchaîna et l’enferma dans une prison.
Le diable la vint trouver sous la figure d'un ange, et
la pressa de sacrifier aux dieux païens. Mais Julienne
pria, et une voix lui fit comprendre qu'il s'agissait du
démon et qu'elle devait tenir bon. Le préfet intervint
alors et la fit étendre sur une roue. Mais la roue se
brisa, et ceux qui furent témoins de ce prodige crurent
et furent décapités. Ensuite, Julienne fut jetée dans
une chaudière pleine de plomb fondu; mais le plomb se
changea en un bain tempéré. Le préfet maudit ses dieux,
de ne pouvoir punir une jeune fille qui leur infligeait
une si grande injure. Alors il ordonna de lui couper le
cou. Après que sainte Julienne eut été décapitée, le
préfet fut englouti au fond de la mer dans une tempête
avec trente-quatre hommes. Leurs corps, ayant été vomis
par les flots, furent dévorés par les bêtes et les
oiseaux.
Cela se passait en 304 ou 305. Julienne avait 18 ans.
Ses reliques furent transportées à Pozzuoli, puis au 6ème
siècle à Cumes en Campanie pour les protéger contre des
invasions lombardes.
Les Orientaux la fêtent le 21 décembre. Les Occidentaux
fêtent la translation de ses reliques le 16 février.
Paulette Leblanc |