Marie Ursule Ledóchowska
religieuse, fondatrice, sainte
1865-1939

29

MAI

Julie Ledochowska, en religion Marie-Ursule de Jésus, naquit le 17 avril 1865, à Loosdoor, en Autriche. Son père, polonais, venait d'une famille aristocratique polonaise ayant donné naissance à des hommes d’état, des militaires et des ecclésiastiques liés à l’histoire de l’Europe et de l’Église; la maman était suissesse. Julie avait six frères et sœurs, dont Marie-Thérèse Ledochowska qui fondera, sous le patronage du Père Pierre Claver, Les Missionnaires de saint Pierre Claver. Un des frères de Julie, Wladimir, deviendra, en 1915, Supérieur général des Jésuites. Il ne faut pas oublier non plus, qu'un oncle des enfants Ledochowski, deviendra cardinal primat de Pologne et préfet de la Sacrée Congrégation de la Propagande de la Foi. Le cardinal Mieczyslaw Ledochowski eut une grande influence sur toute la famille Ledochowski.

En 1873, Julie avait huit ans; la famille ayant des ennuis financiers, dut quitter l'Autriche pour s'installer à Saint Poelten, en Pologne. Quand elle eut vingt et un ans, en 1886, Julie entra chez les Ursulines de Cracovie où sa famille était entrée trois ans plus tôt. Notons ici que son père était décédé en 1885. Chez les Ursulines, Julie reçut le nom de Sœur Marie-Ursule de Jésus. C'est la veille de ses vœux, à vingt-quatre ans, qu'elle écrivit la phrase restée célèbre: "Pourvu que je sache aimer! me laisser brûler, consumer par l’amour." Sœur Marie-Ursule de Jésus deviendra la mère supérieure de son couvent en 1904. En 1886 également, son frère Wladimir entrait chez les Jésuites. C'est lui qui, devenu Supérieur Général des Jésuites, la conseillera auprès du Siège apostolique.

À Cracovie, où elle demeura pendant 21 ans, Sœur Marie-Ursule de Jésus se révéla être une remarquable éducatrice, toujours attentive aux jeunes filles qui lui étaient confiées, à une époque, où, dans la région de Cracovie, les mœurs évoluaient beaucoup, ainsi que les problèmes sociaux. C'est à cette époque, en effet, que les filles purent accéder, pour la première fois, à l'université Jagelon de Cracovie. Pour elles, Mère Marie-Ursule ouvrit le premier internat d'étudiantes en Pologne; là les jeunes filles étaient protégées et pouvaient recevoir une éducation chrétienne.

Bientôt Mère Marie-Ursule fut attirée par la Russie. En 1907, le pape Pie X la reçut et l'encouragea à partir en Russie, disant: "Mettez des robes roses si vous le voulez mais allez en Russie." Rapidement, Mère Marie-Ursule  obtint les diplômes nécessaires pour enseigner en Russie. Elle fut envoyée, avec une autre sœur, comme professeur à l’école "Sainte-Catherine" destinées aux jeunes filles, à Saint Pétersbourg.

Or, à cette époque, la Russie était très hostile à l’Église catholique. Les sœurs, durent vivre en semi-clandestinité. Habillées en civil, et surveillées en permanence par la police, les religieuses poursuivaient cependant leur travail éducatif. Bientôt elles ouvrirent une maison en Finlande. Plus tard, Mère Marie-Ursule transféra sa communauté à Stockholm, en Suède, où elle fonda un institut de langues modernes pour les jeunes filles. En 1917, elle déménagea la communauté à Aalborg, au Danemark, où elle ouvrit une maison pour les orphelins des immigrés Polonais. Elle voyagea à travers tout le Danemark, donnant des conférences pour faire connaître son œuvre. Son succès fut immense: on lui confia beaucoup  d'orphelins, et les vocations se multiplièrent. Un noviciat fut ouvert au Danemark.

Mère Marie-Ursule avait un autre grand souci: le rapprochement entre les Polonais et les Russes. Comme la communauté de Saint Petersbourg grandissait beaucoup, elle fut érigée en maison autonome. Mais, en 1914, lorsque la première guerre mondiale éclata, les sœurs étrangères furent expulsées de Russie. Une grande aventure scandinave commença pour Mère Marie-Ursule. Espérant pouvoir conserver des contacts avec ses religieuses de Saint-Pétersbourg, Mère Marie-Ursule s'orienta en effet vers la Scandinavie où elle s'engagea dans l'Église locale, et dans l'aide œcuménique des victimes de la Grande guerre. Elle enseigna le français et traduisit en finnois le catéchisme. La communauté de Mère Marie-Ursule devint un lieu de soutien pour les personnes de différentes orientations politiques et religieuses. Quand on l'interrogeait sur son orientation politique, elle répondait: "Ma politique c’est l’amour."

En 1920, Mère Ursule revint en Pologne, à Pniewy, non loin de Poznan, avec ses religieuses et de nombreux orphelins. Bientôt Rome et le pape Benoît XV demandèrent que la Communauté autonome fût transformée en Congrégation apostolique appelée: "Ursulines du Cœur de Jésus agonisant," ou parfois: les "Ursulines grises." Le pape Benoît XV demanda qu'une maison fût ouverte à Rome. En 1928, la maison généralice fut ouverte, et c'est de là que Mère Marie-Ursule gouverna sa Congrégation. Les religieuses fondèrent un Internat pour les jeunes filles peu fortunées. Dès lors, partout où cela était possible, des lieux d’éducation et d’enseignement furent créés. De plus, Mère Marie-Ursule écrivait des articles ou des livres pour les enfants et pour les jeunes. Elle suscita plusieurs mouvements pour évangéliser les enfants, les jeunes et les femmes. Un Mouvement Eucharistique destiné aux enfants fut également créé.

Le développement de la Congrégation fut très rapide, notamment en Pologne, à l'est du pays qui était une région pauvre habitée par une population de nationalités et de religions différentes. Plusieurs communautés de sœurs furent fondées en Pologne. Le but essentiel de Mère Marie-Ursule était de faire connaître aux jeunes filles peu fortunées les richesses spirituelles et culturelles de l’Église et de l’Europe. Les sœurs s’engagèrent aussi auprès des pauvres d’une banlieue de Rome. Partout où cela était possible, Mère Marie-Ursule créait des lieux de formation et d’enseignement. Elle demandait à ses sœurs de travailler dans la catéchèse et dans les quartiers pauvres. De plus, Mère Marie-Ursule participait également à la vie de l’Église de son pays dont elle reçut de hautes distinctions. Épuisée, Mère Marie-Ursule s’éteignit le 29 mai 1939 à Rome. En 1989, son corps demeuré intact, fut transféré à la maison mère de Pniewy. Elle fut béatifiée le 20 juin 1983 et canonisée le 18 mai 2003, par le Pape Jean-Paul II. Sa fête est le 29 mai.

Parlons maintenant de la spiritualité de la Congrégation fondée par Mère Marie-Ursule Lédochowska. Cette spiritualité est centrée sur la contemplation de l’Amour Rédempteur du Christ. De plus, les sœurs doivent participer à la mission de salut par l’éducation, l’enseignement et le service des personnes souffrantes, délaissées, marginalisées, en quête du sens de la vie. C'est comme le testament de Mère Marie-Ursule qui formait ses sœurs à l’amour inconditionnel de Dieu, précisant qu'elles devaient "aimer en Dieu chaque personne et toute créature." Pour elle, la sérénité, le sourire, l’humilité et le fait de vivre une vie quotidienne ordinaire devaient être le chemin privilégié de la sainteté. Elle en était elle-même un exemple vivant. Elle écrivait à ses religieuses: "Le Très Saint Sacrement est le soleil de notre vie, notre trésor, notre bonheur, notre tout sur la terre. Aimez Jésus dans le tabernacle! Que votre cœur y demeure pour toujours, même si matériellement vous êtes au travail." Jean-Paul II dira d'elle, "quelle puisait à l’amour de l’Eucharistie l’inspiration et la force pour la grande œuvre de l’apostolat." Il est certain que, pour celui qui croit, chaque événement, même le plus petit, devient une occasion pour réaliser les desseins de Dieu. Cela, c'était la conviction profonde de Mère Marie-Ursule. "Pour elle, ce qui était ordinaire, elle le faisait devenir extraordinaire; ce qui était quotidien, elle le transformait pour qu’il devienne éternel; ce qui était banal, elle le rendait saint."

La Congrégation fondée par Julie Lédochowska, Mère Marie-Ursule de Jésus se répandit dans de nombreuses régions, souvent déshéritées, notamment en France, en Italie, en Europe centrale, ainsi qu'au Brésil, au Canada et aux Philippines.

Paulete Leblanc

 

 

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