Joseph Marie Tomasi
Prêtre - Clerc régulier Théatin, Saint
1649-1713

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JANVIER

Joseph-Marie Tomasi naquit le 12 septembre 1649 à Alicata en Sicile, dans le diocèse d'Agrigente. Fils aîné de Jules Tomasi, duc de Palma et prince de Lampedusa, et de Rosalie Traina, il fut enseigné dans la maison paternelle et reçut une éducation très chrétienne. Très intelligent et ouvert à la piété, il se sentit rapidement porté vers les choses de Dieu. Outre sa formation religieuse, ses parents veillaient à son instruction orientée vers la connaissance des langues classiques et modernes. Il approfondit surtout la langue espagnole, parce que sa famille le destinait à la cour espagnole: il devait hériter, de son père, du titre de "Grand d'Espagne".

Nous savons que Joseph-Marie se sentit très jeune attiré par une vie donnée à Dieu. Il garda en lui ce pieux désir jusqu'à ce que son père consentît à ce qu'il suive sa vocation de vie religieuse. Après avoir officiellement renoncé à tous ses biens en faveur de son frère, il fut admis, le 10 mars 1666, dans l'Ordre des Clercs Réguliers Théatins de Palerme où se trouvait l'un de ses oncles. Nous rappelons que les Théatins  avaient été fondés par saint Gaétan de Thienne, en 1524. Très doué pour les études, Joseph-Marie Tomasi ajouta aux langues qu'il connaissait déjà, le grec et le latin.

Avant d'aller plus loin, et pour mieux situer la famille de Joseph-Marie Tomasi, nous devons savoir que son frère, en faveur de qui Joseph-Marie avait renoncé à tous ses biens, mourra saintement après un temps de mariage très court. Les quatre sœurs de Joseph-Marie seront bénédictines. L’une d’elle, en religion sœur Marie Crucifiée, qui devint sa confidente, fut déclarée vénérable par l'Église. Après son veuvage, leur mère, Rosalie Traina, finira aussi ses jours, avec l’habit religieux.

Revenons à Joseph-Marie: en raison de sa mauvaise santé il dut quitter Palerme et aller à Messine puis à Rome, à Ferrare et à Modène. Il fut ordonné prêtre à Rome le 23 décembre 1673. Deux jours plus tard, dans la nuit de Noël, il célébra sa première messe à Rome, dans l'église saint Sylvestre, proche de la Résidence générale de la Congrégation des Frères Théatins. Compte tenu de ses importants travaux de recherche, il fut déchargé des obligations de la prédication et du confessionnal. Comme il se livrait à la recherche de manuscrits anciens, il se fixa à Rome où, grâce à lui, beaucoup de très vieux manuscrits de grande valeur furent redécouverts, notamment des manuscrits liturgiques et grégoriens. Pour mieux comprendre ces sources liturgiques dans leur langue originelle, il apprit les langues syriaque, chaldéenne, le grec moderne et l'arabe. Enfin, il apprit l’hébreu, grâce à un savant rabbin de Rome: Moïse de Cave.

À propos de ce rabbin, Moïse de Cave, nous devenons signaler le fait suivant: Joseph-Marie voulait convertir son maître, aussi l'invitait-il à étudier la religion chrétienne… Le rabbin, contrarié, parfois irrité, opposa une longue résistance, mais, gagné par la vie exemplaire de son élève, il finit par se convertir à l’âge de soixante dix ans. Moïse de Cave ajouta même à son nom celui de Tomasi, pour marquer toute la reconnaissance qu'il devait à Joseph-Marie.

Les supérieurs de Joseph-Marie lui confièrent aussi des tâches délicates. Théologien expert et consulteur dans plusieurs Congrégations romaines, il savait apaiser les divergences de vue, voire des querelles sur le plan théologique. Un cardinal disait de lui: "En donnant son opinion, il était toujours modeste, ne s’opposant à personne à moins que l’autorité des conciles ou le sentiment des saints Pères ne le rendit nécessaire; et telle était son admirable douceur, qu’il ramenait infailliblement l’esprit de ses auditeurs à l’opinion qu’il défendait."

Joseph-Marie Tomasi était le confesseur du cardinal Albani qui, en 1700 fut élu pape. Comme le cardinal Albani hésitait à accepter cette charge, Joseph-Marie lui fit un devoir de conscience, sous peine de péché grave, d’accepter son élection. Ce cardinal devint, de 1700 à 1721, le pape Clément XI qui, le 18 mai 1712, nomma Joseph-Marie cardinal, ce que ce dernier dut accepter malgré toutes ses hésitations. Curieusement, sa Vénérable sœur lui avait prédit cette élévation quand il était jeune. Le cardinal Tomasi, se proposa d’imiter son prédécesseur, saint Charles Borromée, notamment en catéchisant les pauvres et en aidant les infirmes et les handicapés. Cela      ne l'empêchait pas de recevoir de nombreuses personnalités éminentes, dont la Reine de Suède, Christina Alexandra, et le grand rabbin Moïse Cave. Joseph-Marie Tomasi était considéré comme l'un des membres les plus éminents de l'Académie romaine d'Arcadia.

Après seulement huit mois de cardinalat, le cardinal Tomasi sentit sa mort approcher. Il mourut probablement d'une pneumonie, calme et joyeux le 1er janvier 1713, date qu'il avait prédite. Peu après sa mort, le pape Clément XI prononça ces mots: "Nous ne pouvons cacher mon grand chagrin que la mort de cet éminent et pieux Cardinal Tomasi a provoqué en moi. Il était un authentique modèle de sainteté, et, comme ancien de ses disciples, nous devons reconnaître la valeur exceptionnelle de ses vertus et de sa doctrine." En effet, pour tous ceux qui le connaissaient, Joseph-Marie Tomasi était un exemple de profonde humilité, d'esprit de sacrifice, de pauvreté et de charité, de piété, et aussi, de filiale dévotion envers la sainte Vierge Marie.

Le corps de Joseph-Marie Tomasi est resté intact depuis sa mort. Les  reliques de son corps sont actuellement exposées dans la basilique saint André de la Vallée, des Frères Théatins, à Rome. Joseph-Marie fut béatifié par le pape Pie VII, le 29 septembre 1803, et canonisé le 12 octobre 1986, par le pape Jean-Paul II. Selon les régions, la fête de saint Joseph-Marie Tomasi est célébrée le 1er ou le 3 janvier.

Voici maintenant d'autres précisions sur Joseph-Marie Tomasi:

Au niveau de la pastorale, Joseph-Marie voulait activement faire participer les gens au saint Sacrifice de la Messe. Et il souhaitait, déjà, que les fidèles puissent prier dans leur langue, là où cela était possible. En effet, il désirait qu'après la Messe, les gens puissent continuer à prier et à prolonger la liturgie pendant la journée. Notons aussi qu’en 1707 le Père Louis-Marie Grignion de Montfort rencontra Joseph-Marie. C'est grâce à l'appui de Joseph-Marie que le Père de Montfort fut introduit auprès du pape et qu'il obtint du Saint Père, un crucifix et le titre de Missionnaire apostolique.

Joseph-Marie Tomasi reçut de son vivant le titre de "doctor liturgicus". Il écrivit de nombreux ouvrages qui sont toujours consultés par les spécialistes ainsi que des publications, appréciées des savants de l’époque et même de certains protestants. Le plus important de ses ouvrages est le "RECUEIL DES SACRAMENTAIRES DES 9 PREMIERS SIÈCLES. (Codices sacramentorum nongentis annis antiquiores) publié en 1680. Son but essentiel était de travailler au développement de la foi parmi les hommes de toutes les classes de la société.

Paulette Leblanc

 

 

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