Joseph Marchand naquit à Passavant, code 23560, dans le
Doubs, en Franche-Comté, près de Besançon, le 17 août
1803. Ses parents étaient Augustin Marchand (1777-1853)
et Jeanne-Marguerite Moine (1771-1856) Malgré une
certaine opposition de son curé, Joseph fit ses études à
l'école ecclésiastique d’Orsans puis au grand
séminaire
de Besançon. Enfin, en novembre ou décembre 1828, Joseph
entra sous-diacre au Séminaire des Missions Étrangères
de Paris. Il fut ordonné prêtre le 4 avril 1829, et le
12 mai suivant, il embarquait, à Nantes, à destination
de la procure des missions de Macao; le voyage dura 5
mois…
Ce
long voyage, tellement ordinaire pour les missionnaires
du XIXe
siècle, fut cependant très douloureux pour Joseph. En
effet, sur ce navire français l’équipage était si
hostile aux missionnaires que l'on ne cessait de
blasphémer et d'injurier Joseph Marchand. Cela alla même
encore plus loin: un soir, un matelot osa se joindre aux
voyageurs chrétiens pour prier avec eux. Il fut alors
puni de vingt-cinq coups de corde, et menacé du double
s’il recommençait. Arrivé à Manille, notre Joseph
changea de navire et embarqua sur un vaisseau espagnol à
destination de Macao où il arriva enfin le 19 octobre
1829. Il partit alors pour la Cochinchine pour rejoindre
les Pères missionnaires de sa congrégation.
Ici
je dois faire une petite parenthèse: depuis son enfance,
Joseph Marchand désirait devenir missionnaire, et encore
jeune, il avait pris contact avec le séminaire des
Missions Étrangères. Curieusement, son curé, le Père
Jeune se montra hostile à un tel projet; il estimait que
le jeune Joseph n'était doté que de dispositions
médiocres. Encore plus curieusement, après son
arrivée, fin novembre 1828, au Séminaire des Missions
Étrangères, le Père Jeune l'encouragea vivement.
Joseph Marchand apprit la
langue annamite au collège de Lai-thieu, puis il
commença sa vie apostolique par un long voyage dans les
chrétientés des provinces de Mi-tho, Vinh-long, Chau-doc
d'où il se rendit jusqu’à Phnom-penh, la capitale du
Cambodge. Il revint ensuite à Lai-thieu, où il
instruisit des élèves, et administra plusieurs
chrétientés. De là le Procureur des missions l'envoya en
Cochinchine, et le chargea du district qui comprenait la
province du Binh-Thuan. Nous sommes au début de l'année
1833; le 6 janvier 1833, l'empereur Minh Mang avait
proclamé la persécution générale contre les chrétiens au
Cambodge. C'est alors que Joseph Marchand écrivit: "Ce
royaume de Cochinchine, ce Cambodge qui s’étend toujours
à mesure que l’on y avance, cet ancien Tsiampa peuplé
d’habitants mystérieux qui semblent descendre des juifs,
et toutes ces montagnes du Laos habitées de nombreux
essaims de Moï, nous avons tout cela à défricher, et
nous sommes en si petit nombre!"
En
raison des persécutions, Joseph dut vivre caché jusqu'à
ce qu'il fût capturé par des insurgés qui l'emmenèrent
dans la citadelle de Saïgon qu'ils tenaient. Depuis
1975, Saïgon est devenue Hô-Chi-Minh-Ville. Là, le chef
des rebelles voulut l’obliger à pousser les chrétiens à
la révolte contre le persécuteur Minh-Mang. Joseph
refusa absolument de se prêter à ce jeu. En conséquence,
il resta dix-huit mois enfermé dans la citadelle,
fortifiant quelques fidèles qui se trouvaient
emprisonnés avec lui.
Lorsque les troupes royales eurent repris Saïgon, le 8
septembre 1835, Joseph Marchand, fut cependant accusé
d’avoir participé à la rébellion, et naturellement
soumis à d'effroyables tortures. Conduit à Hué et
incarcéré, on lui fit endurer le cruel supplice des
tenailles rougies au feu. Ne pouvant lui faire avouer
qu’il avait aidé les rebelles, et ne trouvant aucun
témoignage sérieux pour appuyer cette fausse accusation,
les juges lui ordonnèrent de renoncer au catholicisme et
de marcher sur la croix. Le confesseur repoussa cette
proposition avec horreur, et il fut condamné au cruel
supplice des cent plaies. Il le subit avec un héroïque
courage en novembre 1835, à Tho-Duc, situé près de Hué.
Après sa mort, on découpa son corps en morceaux que l'on
dispersa en mer, et l'on réduisit sa tête en poussière,
car "rien ne devait rester de l’étranger qui s’était
"révolté" contre l’empereur, (une calomnie) et
qui avait prêché une religion déclarée perverse et vouée
à l’extermination par décret impérial. C'était le 30
novembre 1835. Joseph Marchand avait 32 ans. Commença
immédiatement une persécution totale contre les
chrétiens.
Le
pape Grégoire XVI déclara Joseph Marchand vénérable le
19 juin 1840. Léon XIII le béatifia le 7 mai 1900.
Enfin, Joseph Marchand fut canonisé le 19 juin 1988 par
le pape Jean-Paul II avec les 117 martyrs du Vietnam. Sa
fête est le 30 novembre.
Paulette
Leblanc |