Jean
de Capistran (en italien : Giovanni da Capestrano),
naquit à Capestrano, dans les Abruzzes (région de
l’Italie centrale), le 24 juin 1386. Il était le fils
d'un gentilhomme français qui avait suivi à Naples le
duc
d'Anjou,
devenu roi de ce pays. Après ses humanités, nous dirions
aujourd'hui son baccalauréat, il fut envoyé à Pérouse
pour y étudier le droit canonique et civil. Il devint
juriste, en 1412, et enseigna à l'université de Pérouse
dont il était devenu le gouverneur grâce à Ladislas 1er
de Naples. Il se maria, avec la fille d'un noble très
riche, mais ne consomma pas son mariage. Au cours d'une
guerre contre le roi de Naples, la ville de Pérouse
l'accusa de trahison. Malgré son innocence il fut jeté
en prison. Alors, sa femme étant morte, il résolut, en
1416, de ne plus servir que Dieu. Il vendit tous ses
biens, paya sa rançon, distribua le reste aux pauvres,
et se réfugia chez les franciscains, au monastère du
Mont, près de Pérouse.
Son
maître des novices, un frère convers, lui fit subir de
dures humiliations. Renvoyé à deux reprises du noviciat,
il restait cependant jour et nuit à la porte du couvent,
insensible à l'indifférence des religieux, aux
railleries des passants et au mépris des pauvres. Une
persévérance si héroïque désarma la sévérité des
supérieurs et, finalement, Jean sera admis et ordonné
prêtre en 1417. Il devint le vicaire de saint Bernardin
de Sienne. Nous signalons ici qu'en 1427, Jean de
Capistran fut chargé de défendre son ami, saint
Bernardin de Sienne, accusé d'hérésie par un dominicain
dont il avait combattu la fausse prédication sur l'Antichrist.
Bernardin était aussi accusé d'introduire une nouvelle
dévotion conduisant les fidèles à l'idolâtrie. Jean de
Capistran démontra toute la malveillance des accusateurs
de Bernardin.
Le
pape Eugène IV, élu en 1431, en raison des nombreuses
conversions que suscitaient ses prédications, envoya
Jean de Capistran comme nonce en Sicile, puis au Concile
de Florence en 1439, afin
de
travailler, à la réunion des Latins et des Grecs.
Enfin, le pape l'envoya vers le roi de France, Charles
VII. Le pape Nicolas V le nomma commissaire apostolique
en Hongrie, Allemagne, Bohème et Pologne, afin de
remettre dans le droit chemin les communautés
chrétiennes schismatiques. Jean convertira de nombreux
Juifs et quelques Musulmans.
Nous
devons insister sur toutes les bénédictions qui
accompagnaient les prédications de Jean. Il ramena au
bercail de l'Église un grand nombre de personnes. De
plus, une secte de prétendus moines, les Fraticelli,
dont les erreurs et les mœurs scandalisaient l'Église,
fut anéantie par son zèle et sa charité.
Nous
sommes à la moitié du XVe siècle. En 1451,
les Turcs qui s'étaient emparés de Belgrade,
détruisirent le couvent des franciscains. En 1453, les
Turcs avaient conquis Constantinople. En 1455, avec une
armée de 100 000 hommes, Mehmed II envahit la Serbie
pour mieux conquérir la Hongrie. Afin d'éviter un
désastre, en 1454, le pape Calixte III chargea saint
Jean de Capistran de prêcher une croisade. Ce dernier
recruta environ 40 000 hommes en Hongrie, surtout des
paysans, des artisans et même des étudiants et mit à
leur tête Huniade, un véritable héros.
Les
armées turques et chrétiennes se rencontrèrent devant la
ville de Belgrade en partie détruite par les canons
turcs. Jean de Capistran exhorta à la délivrance de la
ville avec un drapeau orné d’une croix et aux cris de
"Jésus, Jésus, Jésus". Son charisme lui permit de
contribuer à la défaite des Turcs. Ici, nous devons vous
raconter une anecdote.
Nous sommes en 1456.
L'armée commandée par Jean de Capistran se trouvait à
trois journées de marche des Turcs. Jean célébrait la
messe en plein air, non loin du Danube, quand soudain,
une flèche transperça le corporal. Le bois de la flèche
portait l'inscription suivante: "Par le secours de
Jésus, Jean de Capistran remportera la victoire".
Belgrade fut bien libérée en 1456. Les représentants de
l’armée chrétienne diront de lui:
"Ce Père a plus d’autorité
sur les soldats, que leurs chefs d’État."
Mais
bientôt la peste envahit Belgrade et Jean de Capistran
fut touché par la maladie. Il décédera trois mois plus
tard, après avoir prononcé les paroles du Nunc dimittis:
"C'est maintenant, Seigneur, que Vous laisserez
mourir en paix Votre serviteur". C'était le 23
octobre 1456. Jean de Capistran avait 70 ans.
Saint Jean de Capistran sera canonisé par le pape
Alexandre VII, le 16 octobre 1690, mais la bulle de
canonisation ne sera publiée par Benoît XIII, qu'en
1724. La fête de Saint Jean de Capistran est célébrée le
23 octobre (jour anniversaire de sa mort) En 1984,
Jean-Paul II nomma saint Jean de Capistran patron des
aumôniers militaires.
Pour
ceux d'entre vous qui seraient intéressés, nous vous
indiquons que les premières biographies de saint Jean de
Capistran furent écrites par trois de ses disciples:
Christophe de Varèse, Jérôme d'Uldine et Nicolas de Fara.
Paulette Leblanc |