Le bienheureux
Ignacy Kłopotowski naquit le 20 juillet 1866 à
Korzeniówka,
dans la région de Podlachie, à l'est de la Pologne. Ses
parents, Jan Kłopotowski et Isabella Dobrowolska étaient
de grands patriotes et des chrétiens fervents. Encore
très jeune enfant, Ignacy montrait une grande ferveur et
un désir profond de s'unir à Dieu. Quand il eut onze
ans, il entra à l'école de Siedlce, ville située à l'est
de la Pologne. Cette école permettait à ses élèves
d'acquérir de nombreuses connaissances classiques; elle
était également réputée pour son zèle religieux et sa
fidélité à enseigner les valeurs chrétiennes.
Il
faut savoir qu'à cette époque, la russification de la
Pologne se poursuivait. Ainsi, en 1864, la langue
polonaise fut bannie des lieux publics et dans les
années 1880, son enseignement fut même interdit dans les
écoles, ainsi que l'histoire du catholicisme. On
comprend que les Polonais et la famille d'Ignacy, aient
tant résisté à cette russification. Pour répondre à
l'appel de Dieu, Ignacy entra au séminaire de Lublin,
ville de l'est de la Pologne. Puis, de 1889 à 1891, il
poursuivit ses études de théologie à l'Académie
théologique de Saint-Pétersbourg, en Russie. Au cours de
cette période, il fut ordonné sous-diacre puis diacre.
Le 5 juillet 1891, il fut ordonné prêtre, dans la
cathédrale de Lublin, par l'évêque Franciszek Jaczewski.
Après son ordination, Ignacy fut nommé vicaire de la
paroisse de la Conversion de Saint Paul à Lublin. Puis,
en 1892, il fut, en plus, nommé chapelain de l'Hôpital
saint Vincent tout en étant professeur au grand
séminaire de Saint Vincent où il enseignait l'Écriture
sainte, la catéchèse, la théologie morale et le droit
canonique. Il conserva ce poste jusqu'en 1906. Ignacy
Klopotowski était sensible aux besoins des autres et ne
voulait pas rester indifférent à la pauvreté et au
déclin moral, qu'il constatait partout. En conséquence,
pour aider les chômeurs, dès 1893, à Lublin, Ignacy créa
la Maison de Commerce, où les chômeurs pouvaient
venir travailler dans un certain nombre d'ateliers, donc
gagner leur vie.
En
1894, Ignacy devint le recteur de l'église grecque
catholique saint Stanislas. Ayant à assumer de multiples
responsabilités, Ignacy fut amené à fonder des écoles
pour les enfants, des orphelinats et divers foyers pour
personnes âgées. Par ailleurs, avec l'aide de la
Congrégation des Servantes de l'Immaculée, il ouvrit
plusieurs écoles rurales. On comprend que toute cette
activité l'ait conduit à subir une persécution de la
part des autorités russes… Il commença même à publier,
en 1905, une série de revues hebdomadaires ou
mensuelles, connues sous le nom de Polak-Katolik
(polonais-catholique) sans l'autorisation de la Russie.
Heureusement un décret du
Tsar Nicholas II,
donnant un peu de liberté au pays, permit à Ignacy de
poursuivre ses publications.
En
1908, avec l'autorisation de ses supérieurs, Ignacy
Kłopotowski s'installa à Varsovie afin de développer
davantage ses publications. En effet, dès le début de
son sacerdoce, il avait compris l'importance de
témoigner de l'Évangile au moyen de la presse, moyen
efficace adapté à la situation d'alors, de la société et
de l'Église. Ainsi, dès 1896, Ignacy publia des livres
religieux et des catéchismes destinés aux adultes et aux
enfants. En décembre 1905, il lança un nouvel
hebdomadaire: "L'ensemencement". Deux mois plus
tard sortit "Le Pôle Catholique". Tout ce travail
d'écriture d'Ignace Kłopotowski était strictement
subordonné au travail pastoral.
Conscient du fait que l'apostolat, par "le mot
imprimé" était le plus efficace, il déménagea à
Varsovie et créa un nouveau magazine, le mensuel
"Rosaire Cercle" en 1909 et, en 1911, une revue pour
les enfants: "L'Ange Gardien". Enfin, en 1922, ce
fut "La revue Catholique". De plus, à partir de
1928, il devint le rédacteur en chef du magazine mensuel
des prêtres: "La Voix des Prêtres", mensuel
destiné à propager le culte de l'Eucharistie et la
dévotion à la Vierge Marie. Par ailleurs, des librairies
organisaient des ventes en faveur des œuvres d'Ignacy
Klopotowski. On comprend que les autorités russes
l'aient menacé de déportation en Sibérie.
Cependant, outre ses travaux liés à l'imprimerie, Ignacy
avait aussi compris que le témoignage de l'Évangile
devait se faire par des actes de miséricorde et
d'éducation. D'où ses travaux en faveur des pauvres.
Nommé en 1919 curé de la paroisse de Notre-Dame de
Loreto, il coopéra avec de nombreuses congrégations
religieuses et des laïcs. Dans l'archidiocèse de
Varsovie, il travailla avec les Filles de la Charité.
Pour prendre soin des pauvres, le 31 juillet 1920,
encouragé par le futur pape Pie XI, encore nonce
apostolique, il fonda la Congrégation des Sœurs de la
Sainte Vierge Marie de Loreto. Ces religieuses furent
d'abord chargées de relier les livres publiés par
Ignacy, puis de l'impression et de la vente des livres
et des revues. De plus, elles étaient chargées de
l'apostolat et de l'aide aux pauvres, afin de promouvoir
le Royaume de Dieu.
Épuisé, le Père Ignacy Klopotowski décéda subitement le
7 septembre 1931. Il avait 65 ans. Il fut béatifié le 19
juin 2005 à Varsovie, sous le pontificat de Benoît XVI.
Sa fête est le 7 septembre.
Parlons maintenant de la spiritualité du Père Ignacy
Klopotowski. Il aimait particulièrement l'Eucharistie,
et chaque messe était pour lui une rencontre vivante
avec le Christ Eucharistique. Malgré ses nombreuses
tâches, il passait de longues heures à prier devant le
tabernacle. À tous ses fidèles le Père Ignacy enseignait
et apprenait à aimer le culte de l'Eucharistie. Il leur
recommandait de ne jamais regretter le temps passé
auprès du tabernacle, car ce temps est une préparation à
la vie présente et à l'éternité. De plus, outre sa foi
envers le culte dû à l'Eucharistie sous ses divers
aspects, le Père Ignacy croyait au pouvoir de la prière,
source de toute énergie spirituelle. De plus, le Père
Ignacy avait aussi une grande dévotion pour la Vierge
Marie. Il aimait particulièrement le Rosaire et portait
toujours son chapelet avec lui.
Pour résumer, disons que
le Père Ignacy était un homme de foi, une personnalité
riche renforçant sa vie religieuse intense, par de
nombreuses œuvres apostoliques. Il se sentait
responsable du salut des hommes, du sort de l'Église et
de sa Patrie. Il vouait une vraie reconnaissance à Dieu
pour ses grâces, et pour le don de son sacerdoce. Son
grand amour de Dieu se transformait en amour pour les
pauvres. Il avait confiance en la Divine Providence et
mettait constamment en œuvre de nouvelles initiatives
d'évangélisation. Il priait pour que soit toujours
accomplie la volonté de Dieu ce qui impliquait
l'obéissance au pape et aux évêques. Trois ans avant sa
mort, il écrivit:
"Je vis pour Jésus,
toujours prêt à me tenir devant lui et tout simplement
profiter de la mort pour voir enfin Dieu, le Grand
Prêtre."
Paulette Leblanc |