Hubert de Liège
évêque, saint
+ 727

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NOVEMBRE

Il y a plusieurs saint Hubert; celui dont je vais vous parler est celui qui fut évêque de Liège et qui est devenu le saint patron de cette ville et de tous les chasseurs. De ce que fut la vie de saint Hubert avant son épiscopat, on connaît ce qui suit, et qui est absolument certain: Hubert appartenait à la haute noblesse franque et fut le contemporain de Pépin de Herstal et de Charles Martel dont il était proche. Il se maria aves Floribanne, fille du roi Dagobert, et eut un fils nommé Floribert. Après sa conversion puis son veuvage il devint prêtre; vers 705, il succéda à saint Lambert, évêque du diocèse de Tongres-Maastricht. Quant au reste, réalité et légende se mélangent. Par contre, après sa nomination à l'épiscopat, les faits retrouvés de sa vie sont authentiques.

Nous savons donc que Saint Hubert était probablement le fils d’un duc d’Aquitaine lié aux rois mérovingiens. Sa mère se serait appelée Hugberne ou Afre. Bien qu'il ait reçu une éducation chrétienne, Hubert aurait vécu, selon les chroniqueurs de l'époque, "les folles joies de la vie mondaine". Il faut préciser qu'Hubert vivait à la cour, au temps des rois fainéants. De plus, il aimait passionnément la chasse. Cela dura jusqu'au jour où, raconte la légende, étant parti seul à la chasse, un Vendredi Saint, il se trouva soudain face à un cerf blanc portant une croix lumineuse entre ses bois. Hubert pourchassa le cerf pendant très longtemps, jusqu'au moment où l'animal s'arrêta tandis qu'une voix venue du ciel disait:

– Hubert! Hubert! Jusques à quand poursuivras-tu les bêtes dans les forêts? Jusques à quand cette vaine passion te fera-t-elle oublier le salut de ton âme?

Épouvanté, Hubert se prosterna à terre et demanda:

– Seigneur! Que faut-il que je fasse?

La voix reprit :

– Va donc auprès de Lambert, mon évêque, à Maastricht. Convertis-toi. Fais pénitence de tes péchés, ainsi qu'il te sera enseigné. Voilà ce à quoi tu dois te résoudre pour n'être point damné dans l'éternité. Je te fais confiance, afin que mon Église, en ces régions sauvages, soit par toi grandement fortifiée.

Et Hubert de répondre, avec force et enthousiasme :

– Merci, ô Seigneur. Vous avez ma promesse. Je ferai pénitence, puisque vous le voulez.

Je saurai en toutes choses me montrer digne de vous! 

Et Hubert devint le disciple de saint Lambert. Il renonça aux honneurs militaires ainsi qu’à la succession de son père, et commença une vie exemplaire. Ceci se passait aux alentours de 688. Puis, revêtu d'un simple costume de pèlerin il alla jusqu'à Rome. Or, le pape Serge 1er, pape de 687 à 701, venait d'apprendre, dans une vision, l'assassinat de l'évêque Lambert, victime de son zèle pour la défense de la sainteté conjugale. Le pape reçut en même temps l'ordre de remplacer Lambert par le pèlerin qui arrivait juste à ce moment dans la basilique de Saint-Pierre pour y prier. Le Pontife trouva l'humble pèlerin et lui fit connaître les ordres du Ciel. Hubert, malgré sa frayeur et ses larmes, dut se soumettre à la volonté de Dieu. Nous sommes aux alentours de l'an 700. 

Voici, pour nous détendre un peu, quelques autres détails légendaires concernant la consécration de saint Hubert comme évêque. Les nombreux hagiographes de saint Hubert racontent, comme il refusait d'accepter le siège épiscopal proposé, que "des anges lui apportèrent tous les ornements pontificaux de saint Lambert. Il n'y manquait que l'étole. La Sainte Vierge, patronne de l'église de Tongres, envoya, par un ange, une étole de soie blanche dans le tissu de laquelle il y avait un fil d'or. Ce fut avec ces ornements que saint Hubert fut sacré évêque." Comme ces détails ne devaient pas suffire à nos auteurs, l'un d'eux ajouta: "Un jour, pendant qu'il célébrait la Sainte Messe, saint Pierre lui apparut et lui donna une clef quasi d'or, qu'il porterait comme symbole de son pouvoir spirituel et avec laquelle il guérirait les lunatiques et les furieux. Cette clef se conserve encore aujourd'hui dans l'église de saint Pierre à Liège." Enfin, pour être complet, l'auteur qui serait Mathias de Lewis, ajouta: "On rapporte que, pendant que les obsèques de saint Lambert se célébraient à Maastricht, les assistants entendirent une voix du ciel qui leur disait que le Pape venait de conférer le siège épiscopal au prêtre Hubert. Celui-ci partit de Rome avec la bénédiction du Pape et fut reçu avec enthousiasme par le clergé et le peuple à Maastricht, où il apporta la crosse, les ornements et l'étole de saint Lambert avec la clef de saint Pierre."  

Les légendes sont belles; mais revenons maintenant à la réalité. Saint Hubert  fut véritablement le père des pauvres et des orphelins, le soutien des veuves et l’appui des opprimés. Il se dévouait aussi pour développer la spiritualité de ses diocésains. Il les instruisait et les aidait, par ses générosités, à construire de nombreuses églises. Car le zèle de saint Hubert pour instruire son peuple était infatigable. De plus, comme il y avait encore dans son diocèse un culte d'idoles, notamment dans la Taxandrie, les Ardennes et le Brabant, Saint Hubert s'y rendit plusieurs fois et réussit à convertir les habitants qui brûlèrent leurs idoles. Est-ce pour tout ce que je viens de rappeler que la popularité de saint Hubert fut si grande parmi les grands de son temps et les gens du peuple? Peut-être, mais il ne faut pas oublier que son éloquence captivait les foules: il parlait parfois pendant trois heures consécutives, sans qu'on se lassât de l'entendre. De plus, à la puissance de la parole il joignait celle des miracles. Ainsi, il chassait les démons, éteignait les incendies, et faisait cesser des sécheresses désastreuses en faisant venir des pluies fécondes. Il disait: "Le Dieu d'Élie est le nôtre, implorons-le dans la prière et le jeûne; la miséricorde fera le reste."

Entre 712 et 722, (les documents connus indiquent des dates différentes; mais heureusement les faits sont authentiques) Hubert posa l'acte le plus important de son épiscopat: la translation du corps de saint Lambert de la ville de Maastricht au village de Liège, où ce saint avait été martyrisé;  Hubert y transféra également, avec l’approbation du Pape, le siège de l’évêché, jetant ainsi les fondements de la future ville de Liège. Liège, alors n'était que le tout petit bourg de Leodium arrosé par la Légia, un simple ruisseau d'une longueur d'environ 5 kilomètres, confluant avec la Meuse. Aujourd'hui la Légia est presque entièrement couverte et canalisée. Liège devint donc la ville de saint Lambert. La cérémonie du transfert des restes de Saint Lambert à Liège fut solennelle, et Hubert y invita plusieurs évêques dont saint Willebrord. C'est à partir de ce moment, que la cité liégeoise devint une grande ville.  

Parmi les miracles de saint Hubert, il faut citer celui qui fut lié à la croissance de la ville de Liège. À cette époque, la Meuse était constamment chargée de bateaux apportant les matériaux de construction de la ville nouvelle. Les eaux ayant baissé considérablement par suite d'une grande sécheresse, les transports durent être interrompus. Saint Hubert invoqua le ciel et, à sa prière, selon la légende, les nuages se formèrent en abondance et des torrents de pluie vinrent grossir le lit du fleuve. Les bateaux purent de nouveau arriver jusqu'à Liège.  

Saint Hubert eut le pressentiment de sa fin prochaine. Après avoir consacré une église du Brabant, il retournait à Liège, quand, pris d'un accès de fièvre, il dut s'arrêter à Tervueren, dans les environs de Louvain. C'est là qu'il comprit, au cours d'une vision, que sa mort était proche. Le 30 mai 727 il récita le Credo et le Pater et expira. Le clergé transporta son corps à Liège, au milieu d'une immense foule en larmes.  

Saint Hubert est fêté le 3 novembre en Belgique, jour où Floribert, l'évêque qui lui succéda à Liège, porta, le 3 novembre 743, ses reliques "sur les autels", manifestant ainsi sa canonisation par l'église. En France saint Hubert est fêté le 30 mai. Saint Hubert est le grand patron de Liège et des chasseurs. Il est invoqué contre la rage et la peur.  

Dernière remarque concernant saint Hubert: lorsqu'on fit l'exaltation de ses reliques, en 743, on trouva son corps intact, ne portant pas de trace d'une putréfaction.

Paulette Leblanc

 

 

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