Grégoire de Nazianze
Père et Docteur de l’Église, Saint
(329-390)

25

JANVIER

Récemment, lorsque nous avons parlé de saint Basile, nous avons mentionné un de ses amis, saint Grégoire de Nazianze. Aujourd'hui c’est Grégoire de Nazian-ze, l’ami et l’émule de Basile qui va nous intéresser.

Saint Grégoire de Nazianze serait né vers 329 ou 330, à Nazianze en Cappadoce, en Turquie, là où son père, Grégoire l'Ancien, fut évêque pendant quarante cinq ans. Grégoire l'Ancien est mort centenaire en 374. La mère de Grégoire, Nonna, appartenait à une famille très chrétienne. Il avait une sœur aînée, Gorgonie et un frère cadet, Césaire qui deviendra le médecin de trois empereurs: Constance II, Julien et Jovien, puis questeur en Bithynie, c'est-à-dire magistrat romain chargé de la comptabilité de l'empire. Grégoire, contem-porain de saint Basile, né, lui aussi, vers 329 ou 330), bénéficia d'une formation scolaire tout aussi remarquable que celle de Basile le Grand, d'abord à Césarée de Cappadoce, puis à Césarée de Palestine, à Alexandrie et à l'Académie d'Athènes. À Athènes, Grégoire de Nazianze fit la connaissance du futur empereur Julien et c'est là qu'il se lia d'amitié avec Basile de Césarée. Il apprit la rhétorique ainsi que la mythologie grecque en étudiant Homère, Euripide et Sophocle.

Ici, quelques précisions sont indispensables. Certains documents consultés, indiquent que, vers l'âge de dix-huit ans, donc aux alen-tours de 348, Grégoire aurait voyagé et visité Antioche et Jérusalem avant de se rendre  à Alexandrie pour poursuivre ses études supérieu-res à Athènes.  Lors d'un voyage entre Alexandrie et Athènes, son bateau aurait été pris dans une tempête au cours de laquelle il pensa mourir. Cet événement marqua un tournant dans la vie de Grégoire. Le baptême se pratiquait tardivement à cette époque; Grégoire, redoutant de mourir non baptisé, fit alors la promesse de se consacrer à Dieu s'il survivait comme il en fit plus tard le récit, rapportant sa prière au Seigneur: "À toi j'étais auparavant, tien je suis maintenant. Pour toi je vivrai si j'échappe à ce danger! Ton disciple est tombé dans la tempête: dissipe ce songe, ou viens marchant sur l'eau et que cette horreur cesse."

Après une solide formation de près de huit années, d'une longueur inhabituelle pour des étudiants de l'époque, Grégoire, alors âgé de 30 ans, resta encore quelque temps à Athènes où il fut intronisé professeur de rhétorique. Bientôt, ses études terminées, Grégoire de Nazianze retourna dans sa patrie, vers 356, et, il enseigna la rhétorique. Mais bientôt sa vie  va être bouleversée par une suite d'événements totalement imprévisibles, dont les dates sont à prendre avec beaucoup de précautions. Ainsi, Saint Grégoire de Nazianze reçut le baptême puis, en 361, l'ordination sacerdotale des mains de son père qui avait besoin d'être aidé dans l'administration de son diocèse de Nazianze. Mais parce que Grégoire le fils avait l'impression qu'on lui avait fait "violence" en lui imposant l'ordination, il refusa d'entrer en fonction et ne revint qu'en 362, pour la fête de Pâques, où, dans un sermon, il s'excusa pour ses hésitations. Nous sommes vers 362. Cette période est marquée par l'avènement de l'empereur Julien l'apostat qui, en 362, promulgue un édit interdisant aux chrétiens d'enseigner la grammaire, la rhétorique et la philosophie. Grégoire de Nazianze s'opposa alors avec virulence à l'empereur Julien par deux discours célèbres Discours contre Julien. 

Mais, entre temps, sous l'influence de son ami Basile, Grégoire s'était tourné vers la vie ascétique et avait passé quelque temps avec lui dans sa communauté monastique à Annisi, au bord du fleuve Iris, dans la province du Pont. C'est là que tous les deux auraient travaillé ensemble à ce qui fut appelé la Philocalie, c'est-à-dire une anthologie extraite des œuvres d'Origène. Ils vivaient une vie d'ascètes et priaient beaucoup. Et Grégoire assistait Basile de Césarée dans la rédaction des règles morales et ascétiques qui seront à la base de la législation monastique de l'Église orthodoxe. Puis Basile convainquit son ami Grégoire d'accepter son presbytérat et d'aller aider son père évêque.

Les sièges épiscopaux se multipliaient. Les adeptes du Concile de Nicée, les nicéens, se renforçaient. En 372, Grégoire fut ordonné évêque de Sasimes, en Turquie, contre son gré, par Basile de Césarée; mais, ne pouvant s'établir à Sasimes, il resta chez son père, jusqu'à la mort de ce dernier en 374, devenant le premier évêque auxiliaire de l'Église. Grégoire se retira ensuite à Séleucie, en Isaurie, d'où il fut appelé, après la mort de l'empereur Valens, le 9 août 378, à diriger la petite communauté nicéenne de la capitale.

Les choses continuent à se compliquer. En plein arianisme, Grégoire de Nazian-ze veut réaffirmer le mystère de l'Incarnation du Verbe; et il nomme Marie "Mère du Roi de tout l’univers", la "Mère Vierge, (qui) a enfanté le Roi du monde entier"...

Le premier janvier 379, Basile de Césarée mourut, ce qui peina considérable-ment Grégoire. Il écrivit alors une lettre célèbre au frère de son ami, Grégoire de Nysse, dans laquelle il disait son émotion. Il produira plus tard un éloge funè-bre dans lequel il donna une description détaillée de Basile, son vieil ami.

Au début de l'année 380, l'empereur Théodose le Grand tomba gravement malade. Il décida de se faire baptiser et choisit lors de son baptême la profession de foi issue du premier concile de Nicée. Son baptême allait  contribuer à changer radicalement le rapport de force entre les partisans de l'arianisme et ceux du concile de Nicée. Théodose dès février 380, ordonna qu'on suive la foi de Nicée en publiant l'Édit de Thessalonique qui fit du christianisme et du credo du premier Concile de Nicée la religion officielle de l'Empire romain. Grégoire est alors de plus en plus écouté.

Cependant, la grande majorité des chrétiens de la capitale Constantinople,  relevant de la confession arienne, sous la direction de l'évêque Démophile, Grégoire de Nazianze résida dans une maison privée (la future église Anastasia), où il donna en 380 les célèbres "Cinq Discours théologiques", dans lesquels il expliquait la doctrine trinitaire nicéenne, ce qui lui valut le titre honorifique de Théologien.

Le 24 novembre 380, l'empereur Théodose installait Grégoire de Nazianze évêque de Constantinople, contraignant l'évêque Démophile à l'exil. Le Concile de Constantinople, en 381, confia sa présidence à Grégoire  après la mort de l'arien, Mélèce d'Antioche. Saint Grégoire ne réussit pas cependant à parvenir à un accord acceptable entre les différents partis et il démissionna. Il revint à Nazianze avant même la fin du Concile et administra le diocèse jusqu'à la consécration épiscopale de son cousin Eulalius, en 383. Grégoire put alors se consacrer entièrement à son activité littéraire. C'est à cette époque que nous devons la moitié des 44 sermons conservés, la plupart des 249 lettres et la plus grande partie de ses poèmes. Dans ses lettres et discours, il développe la théologie chrétienne, et principalement la nature divine de l'Esprit-Saint comme personne de la Trinité.

La nomination de Grégoire de Nazianze au siège de Constantinople n'était pas sans poser problème, dans la mesure où Grégoire de Nazianze avait été consa-cré évêque de Sasimes, et qu'il n'avait donc pas le droit d'être évêque d'un autre lieu, conformément à l'un des canons du Concile de Nicée. Sa nomination par l'empereur fut considérée par beaucoup comme non légitime.  

Remarques:

Nous avons, depuis longtemps, oublié les luttes parfois violentes, qui ont existé entre les partisans de l'arianisme et les partisans de Nicée, et qui ont meurtri la chrétienté. Grégoire de Nazianze, qui lutta beaucoup contre l'arianisme, demanda, dans ses écrits, que l'on se souvienne des lapidations qu'il avait dû souffrir. Il écrit, entre autres: "Je fus reçu avec des pierres, comme d'autres sont reçus avec des fleurs." Il fut même accusé d'assassinat, mais fut acquitté devant le tribunal. Il voulait fuir Constantinople, mais ses fidèles le retinrent en disant: "Ô, Père, en nous abandonnant, vous chassez la Trinité."

À partir de 389, Grégoire se retira de toute vie active à Arianze. Il écrivit ses discours 44 et 45 et mourut le 25 janvier 390.

La richesse de ses écrits théologiques conduisit très vite l'Église à une reconnaissance de Grégoire de Nazianze dans toute la chrétienté. Ses écrits ont été traduits en latin, puis dans différentes langues. Ils influencèrent significa-tivement la théologie de la Trinité, tant des pères grecs que latins. Grégoire de Nazianze est reconnu comme théologien trinitaire. Il est considéré avec Basile de Césarée et Grégoire de Nysse comme l'un des trois "pères cappadociens."

Le pape Pie V déclara Grégoire de Nazianze "Docteur de l'Église en 1578. Il est vénéré tant par les catholiques que par les orthodoxes.

Ses reliques, transférées à Rome au VIIIe siècle pour éviter leur destruction lors de la querelle iconoclaste, ont été données par le pape Jean-Paul II au patriar-che Bartholomée 1er de Constantinople, en 2004, dans une volonté de réconci-liation entre catholiques et orthodoxes.

Paulette Leblanc

 

 

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