GRÉGOIRE VII
Pape, Saint
 (1015-1085)

25

MAI

Ildebrando Aldobrandeschi de Soana, proche de Sorano en Toscane, naquit entre 1015 et 1020. Son prénom, Ildebrando, ou Hildebrand, rappelle l'origine germanique de sa famille, devenue les Aldobrandeschi une famille noble de Toscane. Cependant selon certaines sources, Hildebrand serait issu d'une famille de condition moyenne: son père aurait exercé la profession de charpentier. 

Hildebrand fut envoyé très jeune à Rome, où son oncle était prieur de l'abbaye clunisienne de Sainte-Marie sur le Mont Aventin. Il aurait eu pour maître Jean Gratien, le futur Pape Grégoire VI fervent réformateur. Il étudia la théologie de saint Grégoire le Grand, et devint le chapelain de Jean Gratien. Nous sommes au XIème siècle. Le Xème siècle avait été très troublé par les grandes invasions et les guerres féodales. C'est alors que les princes féodaux s'approprièrent le droit de disposer les biens des églises et de désigner les titulaires de charges ecclésiastiques, abbatiales et paroissiales, sans compter la vente des dignités ecclésiastiques. À cela que l'on peut appeler des usurpations, devenues héréditaires, il faut ajouter les mauvaises mœurs du clergé et du peuple chrétien. L'Église était en pleine crise de moralité: la simonie et le nicolaïsme étaient devenus très fréquents. Heureusement, les abbayes bénédictines et clunisiennes, travaillèrent fortement à réformer ces mœurs délétères.  

Par ailleurs, l'autorité de l'empereur romain-germanique s'était grandement affaiblie. Aussi, de grandes familles romaines reprirent-elles leurs anciennes habitudes lors de l'élection des papes. C'est ainsi que les comtes de Tusculum firent élire papes, successivement, trois membres de leur famille à partir de 1024: Benoît VIII, Jean XIX et Benoît IX. Benoît IX élu alors qu'il n'avait que 12 ans (certains documents parlent de son élection à 16 ans ou 20 ans, probablement en 1032, date la plus plausible) Benoît IX se comporta le plus souvent d'une manière indigne. Critiquant sa faible moralité, des insurgés Romains élirent un antipape en 1045, Sylvestre III. Benoît IX revendit alors sa charge à Jean Gratien qui, pensant remettre de l'ordre, accepta cet acte de simonie et prit le nom de Grégoire VI. L'Église avait alors trois papes… 

Ici, nous devons rappeler que, depuis l'empereur Henri II, qui régna de  1014 à 1024, les empereurs étaient contraints de descendre périodiquement avec leur armée en Italie pour y restaurer leur autorité. Henri III intervint lui aussi militairement, et, le 20 décembre 1046, lors du synode de Sutri, il déposa les trois pontifes et imposa le pape réformateur Clément II. Hildebrand suivit Grégoire VI en exil en Allemagne et resta auprès de lui jusqu'à sa mort en 1048. Cependant, la vie austère d'Hildebrand fut remarquée par l'évêque de Toul, proche parent de l'empereur, qui l'attacha à son service. Mais, à Rome les désordres persistaient. Les deux papes désignés par l'empereur, Clément II et Damase II furent assassinés. En 1048, Brunon, ou Bruno d'Eguisheim, membre de la très haute aristocratie germanique, et évêque de Toul, fut proclamé pape. Brunon n'accepta qu'à la condition d'obtenir le consentement du clergé et du peuple romain. Il fut confirmé dans cette résolution par Hildebrand qui le persuada de quitter ses vêtements épiscopaux et de se rendre à Rome comme un simple pèlerin, pour demander le renouvellement et la confirmation de sa nomination. Les Romains furent sensibles à cette humilité, et Brunon fut élu pape sous le nom de Léon IX le 1er février 1049.  

Ici, pour comprendre la suite, nous devons en savoir plus sur Brunon. Brunon avait été confié à l'évêque de Toul dès l'âge de cinq ans. Après la mort de l'évêque de Toul, Brunon fut ensuite confié à la cour de son cousin Conrad I le Salique qui soutenait la réforme monastique. Brunon  devint diacre en 1025. À la mort de l'évêque Hermann de Toul, Brunon qui n'avait que 24 ans, fut proposé par le clergé et avec le soutien de Conrad, comme son successeur. Le 23 mai 1026, Brunon fut consacré évêque de Toul. Dès lors, Brunon lutta contre la simonie  et le nicolaïsme, c'est-à-dire, entre autres, le mariage des prêtres. En 1048 Brunon remarqua Hildebrand et l'attacha à sa personne. Il imposa à son entourage et à lui-même un train de vie humble et pieux, se comportant en moine bénédictin et donnant ainsi exemple aux abbés de son évêché. Cela dura vingt ans jusqu'à ce qu'il devint le pape Léon IX. 

Élevé dans l'esprit de la réforme monastique, Léon IX, devenu pape le 1er février 1049, avait compris que l'indignité des papes précédents avait grandement nui à l'Église. C'est alors qu'il chargea Hildebrand de l'administration des revenus du Saint-Siège, proche de la faillite. Les actes les plus importants de son pontificat furent tous effectués sous le conseil d'Hildebrand qui restera ensuite un des conseillers les plus influents de ses successeurs, Victor II, Étienne IX, Nicolas II et Alexandre II. Hildebrand fut également l'un des principaux acteurs de ce qu'on appellera plus tard la réforme grégorienne, vingt-cinq ans avant de devenir pape lui-même. Nous devons également noter ici, que Brunon devenu le pape Léon IX, s'était attaché à purifier les mœurs du clergé: en particulier, la lutte contre le nicolaïsme et la simonie, provoqua un conflit majeur avec l'empereur Henri IV; ce fut la querelle des Investitures, entre 1075 et 1122, au cours de laquelle l'empereur Henri IV, excommunié en février 1076 par le pape Grégoire VII, devra faire pénitence à Canossa.   

En effet, en avril 1073, après la mort du pape Alexandre II, Hildegrand avait été élu pape par les cardinaux, sous la pression du peuple romain. Hildegrand accepta ces fonctions à contre-cœur: il était sexagénaire et connaissait les lourdes responsabilités qui l'attendaient. En conséquence, Hildebrand sollicita d'abord, et obtint la confirmation impériale. Il ne prit possession du siège apostolique qu'après avoir obtenu cette confirmation; dès lors il centra son action sur la lutte contre le nicolaïsme et la simonie. Ainsi, il s'attaqua dans un premier temps aux prêtres mariés. Pour lui, le célibat ecclésiastique faisait partie de son idéal monacal. Il y voyait une force pour l'Église, et souhaitait des clercs uniquement préoccupés d'elle, sans famille, et indépendants des liens sociaux. Grégoire VII trouva chez les moines de Cluny, présents dans l'ensemble de la chrétienté latine, les alliés nécessaires pour relayer une telle entreprise. Cependant, les résistances politiques furent fortes et nombreuses, et pendant les fêtes de Noël 1075, une révolte fut organisée à Rome, par Censius, chef de la noblesse opposée aux réformes. Grégoire VII fut arrêté alors qu'il officiait dans la Basilique sainte Marie-Majeure, et enfermé dans une tour. Mais le pape fut délivré par le peuple dont il avait le soutien, ce qui lui permit de réprimer la révolte. 

Pourtant le conflit entre Grégoire VII et l'empereur Henri IV n'était pas réglé. Le pape fut assiégé au Château Saint-Ange où il s'était réfugié. Libéré par les Normands, Grégoire VII fut chassé de Rome. Il mourut exilé à Salerne, le 25 mai 1085.  

Sur sa tombe sont gravés ses derniers mots: "Dilexi justitiam, odivi iniquitatem, propterea morior in esilio!", ce qui signifie, en français: "J'ai aimé la justice et détesté l'iniquité; c'est pourquoi je meurs en exil!"  

Grégoire VII sera canonisé en 1606 par le pape Paul V.  Il est fêté le 25 mai.  

Paulette Leblanc

 

 

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