Ildebrando
Aldobrandeschi
de Soana, proche de Sorano en Toscane, naquit entre
1015
et
1020.
Son
prénom, Ildebrando, ou Hildebrand, rappelle l'origine
germanique de sa famille, devenue les Aldobrandeschi une
famille
noble de Toscane. Cependant selon certaines sources,
Hildebrand serait issu d'une famille de condition
moyenne: son père aurait exercé la profession de
charpentier.
Hildebrand fut envoyé très jeune à Rome, où son oncle
était prieur de l'abbaye clunisienne de Sainte-Marie sur
le Mont Aventin. Il aurait eu pour maître Jean Gratien,
le futur Pape Grégoire VI fervent réformateur. Il étudia
la théologie de saint Grégoire le Grand, et devint le
chapelain de Jean Gratien. Nous sommes au XIème siècle.
Le Xème siècle avait
été très troublé par les grandes invasions et les
guerres féodales. C'est alors que les princes féodaux
s'approprièrent le droit de disposer les biens des
églises et de désigner les titulaires de charges
ecclésiastiques, abbatiales et paroissiales, sans
compter la vente des dignités ecclésiastiques.
À cela que l'on peut
appeler des usurpations,
devenues
héréditaires,
il faut ajouter les mauvaises mœurs du clergé et du
peuple chrétien. L'Église était en pleine crise de
moralité: la simonie et le nicolaïsme étaient devenus
très fréquents. Heureusement, les abbayes bénédictines
et clunisiennes, travaillèrent fortement à réformer ces
mœurs délétères.
Par
ailleurs, l'autorité de l'empereur romain-germanique
s'était grandement affaiblie. Aussi, de grandes familles
romaines reprirent-elles leurs anciennes habitudes lors
de l'élection des papes. C'est ainsi que les comtes de
Tusculum firent élire papes, successivement, trois
membres de leur famille à partir de 1024: Benoît VIII,
Jean XIX et Benoît IX. Benoît IX élu alors qu'il n'avait
que 12 ans (certains documents parlent de son élection à
16 ans ou 20 ans, probablement en 1032, date la plus
plausible) Benoît IX se comporta le plus souvent d'une
manière indigne. Critiquant sa faible moralité, des
insurgés Romains élirent un antipape en 1045, Sylvestre
III. Benoît IX revendit alors sa charge à Jean Gratien
qui, pensant remettre de l'ordre, accepta cet acte de
simonie et prit le nom de Grégoire VI. L'Église avait
alors trois papes…
Ici,
nous devons rappeler que, depuis l'empereur Henri II,
qui régna de 1014 à 1024, les empereurs étaient
contraints de descendre périodiquement avec leur armée
en Italie pour y restaurer leur autorité. Henri III
intervint lui aussi militairement, et, le 20 décembre
1046, lors du synode de Sutri, il déposa les trois
pontifes et imposa le pape réformateur Clément II.
Hildebrand suivit Grégoire VI en exil en Allemagne et
resta auprès de lui jusqu'à sa mort en 1048. Cependant,
la vie austère d'Hildebrand fut remarquée par l'évêque
de Toul, proche parent de l'empereur, qui l'attacha à
son service. Mais, à Rome les désordres persistaient.
Les deux papes désignés par l'empereur, Clément II et
Damase II furent assassinés. En 1048, Brunon, ou Bruno
d'Eguisheim, membre de la très haute
aristocratie germanique, et évêque de Toul, fut proclamé
pape. Brunon n'accepta qu'à la condition d'obtenir le
consentement du clergé et du peuple romain. Il fut
confirmé dans cette résolution par Hildebrand qui le
persuada de quitter ses vêtements épiscopaux et de se
rendre à Rome comme un simple pèlerin, pour demander le
renouvellement et la confirmation de sa nomination. Les
Romains furent sensibles à cette humilité, et Brunon fut
élu pape sous le nom de Léon IX le 1er
février 1049.
Ici,
pour comprendre la suite, nous devons en savoir plus sur
Brunon. Brunon avait été confié à l'évêque de Toul dès
l'âge de cinq ans. Après la mort de l'évêque de Toul,
Brunon fut ensuite confié à la cour de son cousin Conrad
I le Salique qui soutenait la réforme monastique. Brunon
devint diacre en 1025. À la mort de l'évêque Hermann de
Toul, Brunon qui n'avait que 24 ans, fut proposé par le
clergé et avec le soutien de Conrad, comme son
successeur. Le 23 mai 1026, Brunon fut consacré évêque
de Toul. Dès lors, Brunon lutta contre la simonie et le
nicolaïsme, c'est-à-dire, entre autres, le mariage des
prêtres. En 1048 Brunon remarqua Hildebrand et l'attacha
à sa personne. Il imposa à son entourage et à lui-même
un train de vie humble et pieux, se comportant en moine
bénédictin et donnant ainsi exemple aux abbés de son
évêché. Cela dura vingt ans jusqu'à ce qu'il devint le
pape Léon IX.
Élevé dans l'esprit de la réforme monastique, Léon IX,
devenu pape le 1er février 1049, avait
compris que l'indignité des papes précédents avait
grandement nui à l'Église. C'est alors qu'il chargea
Hildebrand de l'administration des revenus du
Saint-Siège, proche de la faillite. Les actes les plus
importants de son pontificat furent tous effectués sous
le conseil d'Hildebrand
qui
restera ensuite un des conseillers les plus influents de
ses successeurs, Victor II, Étienne IX, Nicolas II et
Alexandre II. Hildebrand fut également l'un des
principaux acteurs de ce qu'on appellera plus tard la
réforme grégorienne, vingt-cinq ans avant de devenir
pape lui-même. Nous devons également noter ici, que
Brunon devenu le pape Léon IX, s'était attaché à
purifier les mœurs du clergé: en particulier, la lutte
contre le nicolaïsme et la simonie, provoqua un conflit
majeur avec l'empereur Henri IV; ce fut la querelle des
Investitures, entre 1075 et 1122, au cours de laquelle
l'empereur Henri IV, excommunié en février 1076 par le
pape Grégoire VII, devra faire pénitence à Canossa.
En
effet, en avril 1073, après la mort du pape Alexandre
II, Hildegrand avait été élu pape par les cardinaux,
sous la pression du peuple romain. Hildegrand accepta
ces fonctions à contre-cœur: il était sexagénaire et
connaissait les lourdes responsabilités qui
l'attendaient. En conséquence, Hildebrand sollicita
d'abord, et obtint la confirmation impériale. Il ne prit
possession du siège apostolique qu'après avoir obtenu
cette confirmation; dès lors il centra son action sur la
lutte contre le nicolaïsme et la simonie. Ainsi, il
s'attaqua dans un premier temps aux prêtres mariés. Pour
lui, le célibat ecclésiastique faisait partie de son
idéal monacal. Il y voyait une force pour l'Église, et
souhaitait des clercs uniquement préoccupés d'elle, sans
famille, et indépendants des liens sociaux. Grégoire VII
trouva chez les moines de Cluny, présents dans
l'ensemble de la chrétienté latine, les alliés
nécessaires pour relayer une telle entreprise.
Cependant, les résistances politiques furent fortes et
nombreuses, et pendant les fêtes de Noël 1075, une
révolte fut organisée à Rome, par Censius, chef de la
noblesse opposée aux réformes. Grégoire VII fut arrêté
alors qu'il officiait dans la Basilique sainte
Marie-Majeure, et enfermé dans une tour. Mais le pape
fut délivré par le peuple dont il avait le soutien, ce
qui lui permit de réprimer la révolte.
Pourtant le conflit entre Grégoire VII et l'empereur
Henri IV n'était pas réglé. Le pape fut assiégé au
Château Saint-Ange où il s'était réfugié. Libéré par les
Normands, Grégoire VII fut chassé de Rome. Il mourut
exilé à Salerne, le 25 mai 1085.
Sur
sa tombe sont gravés ses derniers mots:
"Dilexi
justitiam, odivi iniquitatem, propterea morior in esilio!",
ce qui signifie, en français: "J'ai
aimé la justice et détesté l'iniquité; c'est pourquoi je
meurs en exil!"
Grégoire VII sera canonisé en 1606 par le pape Paul V. Il
est
fêté le 25 mai.
Paulette
Leblanc |