Girolamo Emiliani, naquit à Venise en 1486.
Jérôme (Girolamo) était le dernier des quatre enfants,
en réalité cinq, de la famille Emiliani appartenant à la
noblesse vénitienne. En effet, sa mère, Eleonora
Morosini était la deuxième femme de son père, Angelo,
devenu rapidement veuf après la naissance d'une petite
fille Cristina. D'Eleonora, Angelo eut quatre garçons,
Luc, Charles, Marc puis Jérôme ou Girolamo. Malgré sa
noblesse, la famille souffrit souvent de problèmes
économiques. De l'enfance de Jérôme, on ne connaît à peu
près rien. On sait seulement que lorsqu'il eut 15 ans,
après la mort de son père, il rejoignit l'armée. À
l'époque, entre 1508 et 1516, sévissaient les guerres de
la Ligue de Cambrai.
La
Ligue de Cambrai était une coalition militaire conclue
contre Venise le 10 décembre 1508, pendant les guerres
d'Italie, par Louis XII, roi de France, l'empereur
Maximilien et Ferdinand II d'Aragon. Le pape Jules II y
adhéra aussi en mars 1509. En 1508, Girolamo avait
participé à la défense de Castelnuovo contre la Ligue de
Cambrai. Puis il fut fait prisonnier le 27 août 1511,
après avoir vaillamment lutté contre les forces
ennemies. Il fut alors emprisonné dans les cachots du
château, enchaîné et chargé de fers. Ce fut pour lui
l'occasion de méditer longuement sur sa vie passée qui
avait été particulièrement dissolue. Voyant la mort
proche de lui, il eut peur de paraître devant Dieu en
état de péché mortel. Alors, les yeux pleins de larmes,
Jérôme fit un vœu à Marie. Et, aussitôt, la Vierge Marie
lui apparut, l'appela par son nom, lui donna les clefs
de ses fers et de son cachot; puis, elle lui fit
traverser sain et sauf les rangs de l'armée ennemie.
Les
hostilités terminées, Jérôme fit un pèlerinage au
sanctuaire de Notre-Dame de Trévise pour accomplir le
vœu qu'il avait fait: changer de vie et se consacrer à
des œuvres de charité. C'est là qu'il participa à la
défense de Trévise qui vit la défaite de l'empereur
Maximilien Ier. Jérôme fut alors nommé "podestat",
c'est-à-dire magistrat vénitien de Castelnuovo. Puis, en
1516, il fut réélu gouverneur de Castelnuovo en Quero,
et il le demeurera jusqu'en 1527. Cependant, Jérôme
avait dû revenir à Venise pour superviser l'éducation de
ses neveux, les trois enfants de son frère Luc décédé à
la guerre. Tout son temps libre, Jérôme le consacrait à
la prière, à l'étude de la théologie, à la méditation de
la Bible et au service de son prochain. Il fut ordonné
prêtre en 1518. Il avait trente-deux ans.
En
1528 survint une grave famine puis une terrible
épidémie, de peste, disent certains documents, mais on
n'est pas très sûr… Après avoir été miraculeusement
guéri de la maladie, sur le conseil de Saint-Cajetan de
Tiene et du cardinal Carafa qui deviendra le pape Paul
IV, Jérôme commença à ouvrir un certain nombre
d'orphelinats.
C'est alors que, réunissant
quelques laïcs, hommes et femmes, particulièrement
pieux, il fonda la Société des "Servantes des pauvres
du Christ", qui deviendra, deux ans plus tard, en
1532, la Congrégation des Somasques.
Nous
savons, en effet, que Jérôme se
consacrait entièrement au service des pauvres et aux
soins des malades.
Nous savons aussi que, pendant
une grave épidémie, en contact permanent avec les
personnes infectées, il avait contracté la maladie,
mais, guéri miraculeusement, il avait commencé ce qui
sera l'œuvre de sa vie: le soin de tous les nécessiteux,
des orphelins abandonnés et des prostituées repenties ou
âgées. Afin de sauver les enfants pauvres et abandonnés
qui parcouraient les rues à la recherche de nourriture,
il fonda un orphelinat qui, non seulement nourrissait
les corps de ces jeunes, mais leur donnait également une
éducation religieuse et leur apprenait un métier.
Pour cela, Jérôme avait loué une maison près de l'église
Sainte Rose, et, avec l'aide de quelques laïcs pieux,
réussissait à pourvoir à leurs besoins.
Bientôt le bâtiment
devint trop petit pour accueillir tous les orphelins qui
accouraient de partout, non seulement de Venise, mais de
Vérone, de Bergame, de Brescia et d'autres villes…
Il fallut en construire d'autres.
Par
ailleurs, Girolamo travaillait aussi à l'Hôpital pour
incurables fondé par saint Cajetan. En 1531, il incita
les habitants de Vérone et d'autres villes du nord de
l'Italie à construire des hôpitaux et des orphelinats
pour les garçons et pour les filles. À Bergame, il fonda
même une auberge pour les prostituées repenties. C'est
près de Bergame, dans le village de Somasca, que Jérôme
commença la fondation de sa Congrégation des Somasques
réguliers. Pratiquement, comment cela se fit-il? Des
âmes généreuses avaient déjà suivi Jérôme. Deux prêtres,
Alessandro Besuzio et Agostino Bariso l'ayant rejoint
dans ses œuvres de charité, en 1532, Jérôme fonda une
société religieuse, à Somasca, un petit hameau de la
commune de Vercurago située entre Milan et Bergame.
La
règle de cette société, qui deviendra la Congrégation
des Somasques, stipulait "que le travail principal
de la communauté
était la prise en charge des orphelins, pauvres et
malades, et exigeait que les logements, la nourriture et
les vêtements porteraient la marque de la pauvreté
religieuse."
Jérôme consacra les Somasques aux anges gardiens et mit
la Congrégation sous la protection de la Vierge, du
Saint-Esprit et de l'archange Raphaël.
Dans
son système pédagogique Jérôme Emiliani insistait
fortement sur la formation chrétienne des êtres humains,
car la pratique de l'Évangile ouvre simultanément les
portes du ciel et celles du monde.
Ainsi, dès le début, dans la première maison des
Somasques, Jérôme avait ouvert une école de grammaire,
et une sorte de séminaire où l'on alternait l'étude, les
travaux agricoles et toutes sortes d'autres activités.
Aujourd'hui, nous pouvons
vraiment affirmer que Jérôme Emiliani appartient au
groupe des saints pleins de charité, désireux, dans
l'Église de Dieu, de mettre en œuvre l'esprit de la
vraie Réforme Catholique exprimée dans le Concile de
Trente.
Son
principe pédagogique était "la prière, la charité, le
travail, la participation et la responsabilité. Chacun
devait prendre sa vie en main, afin de ne pas devenir un
parasite pour la société."
Nous
savons que les Somasques avaient ouvert des maisons à
Pavie, à Milan, à Côme et dans de nombreuses grandes
villes.
Avant de mourir, le fondateur, Jérôme Emiliani, voulut
rendre visite à toutes ses institutions; et ses
admirateurs affluèrent en masse pour le voir et
embrasser sa robe et recevoir sa bénédiction.
Puis Jérôme se retira
définitivement à Somasca, là où il avait fondé la
Congrégation des "Clercs
réguliers de Somasques".
Il y finit ses jours et s'éteignit le 8 février 1537, à
l'âge de 55 ans. Il fut béatifié par le pape Benoît XIV
en 1747, et canonisé par le pape Clément XIII en 1767.
En 1928, Pie XI proclama saint Girolamo Emiliani
"Patron universel des orphelins et des jeunes
abandonnés".
Notons encore que la Congrégation des Clercs réguliers
de Somasques fut approuvée en 1540 par le pape Paul III.
Voici une des prières que Girolamo laissa à sa
Congrégation: "Doux Jésus,
ne soyez pas mon juge, mais mon Sauveur! Seigneur,
aidez-moi! Aidez-moi,
Seigneur, et je serai vôtre!"
Paulette Leblanc |