Sainte Geneviève du latin Genovefa qui signifie "Fille
du Ciel", naquit à Nanterre entre 420 et 422; elle était
donc contemporaine de Clovis et de saint Rémi. Elle
était la fille unique de Severus, probablement un Franc
romanisé, et de Géroncia d’origine grecque. À l'âge de
sept ans, Geneviève rencontra saint Germain, évêque
d'Auxerre, et saint Loup, évêque de Troyes, qui
faisaient halte à Nanterre, avant de s'embarquer pour
l'Angleterre afin d'y combattre, sur l'ordre du pape,
l'hérésie de Pélage. Germain avait remarqué cette petite
fille en prière dans l'église de Nanterre, et, après
avoir prophétisé devant ses parents le destin
exceptionnel de l'enfant, il la consacra à Dieu. Après
la mort de ses parents, Geneviève vint habiter à Paris
chez sa marraine. Elle aurait hérité en tant que fille
unique de la charge de membre du conseil municipal
détenue par son père, charge qu’elle aurait d'abord
exercée à Nanterre, puis à Paris après son installation
chez sa marraine. Geneviève vivait, dit-on, dans le
silence, la prière et la mortification. Elle aurait été
favorisée de grâces extraordinaires, notamment en lisant
dans les consciences.

Geneviève avait promis à l'évêque Germain de se
consacrer au Christ et, à 15 ans, elle reçut le voile
des vierges. À l'époque, en effet, il n'existait pas de
monastères de femmes et celles qui souhaitaient se
consacrer au Seigneur continuaient à vivre dans le
monde. Seul le voile de leur consécration permettait de
les distinguer. Geneviève menait donc la vie non
cloîtrée des religieuses de son temps dans le Paris de
l’époque qui correspondait à peu près aux deux îles de
la Seine: l'île de la Cité et l'ile Saint-Louis. Très
vite plusieurs autres vierges vinrent se joindre à elle.
Après des événements graves, Geneviève sera considérée
comme la protectrice de Paris. En effet, nous nous
souvenons qu'en 451, Attila franchit le Rhin et envahit
la Gaule. Lorsqu'il fut arrivé à Troyes, les Parisiens
prirent peur et voulurent fuir. Mais Geneviève, qui
n'avait que 28 ans les convainquit de demeurer dans la
ville. Elle rassembla les femmes de Paris dans
l'église-baptistère près de Notre-Dame et leur demanda
de supplier le Ciel d'épargner leur ville, et c'est ce
qui se produisit. Abandonnant la route de Paris, les
Huns se dirigèrent vers Orléans qu'ils assiégèrent.
Mais, vaincus par les armées romaines, ils se replièrent
vers le Nord et furent définitivement vaincus aux Champs
Catalauniques.
Plus
tard, lorsque les Francs assiégèrent Paris, Geneviève
sauva une fois encore la ville de la famine. Un jour,
elle s’embarqua sur la Seine pour aller chercher, à
Melun, un grand convoi de vivres qu’elle ramena dans la
ville affamée. Puis, elle regroupa des bateaux qui, via
la Seine, allaient chercher du ravitaillement jusqu'en
Champagne. Constamment elle exhortait les parisiens à
supporter les souffrances et les terreurs du siège.
Ainsi, Paris fut préservé et Geneviève fut, après sa
mort, appelée patronne de Paris. Sa réputation s'était
étendue partout, jusqu'en Syrie où
saint Syméon le Stylite,
du haut de sa colonne, se recommandait à ses prières. Le
roi Clovis et la reine Clotilde lui vouaient une grande
vénération. En dehors de ces actions d'éclat, Geneviève
passait sa vie à secourir les pauvres et à guérir les
malades.
Geneviève mourut en 512. Elle avait presque 90 ans, et
elle fut enterrée aux côtés de Clovis et rejointe plus
tard par la reine Clotilde, ses plus célèbres disciples.
Geneviève considérée par les catholiques comme la sainte
patronne de Paris, est fêtée chaque année dans le
diocèse de Nanterre, le 3 janvier. À partir du 12ème
siècle la châsse contenant ses reliques était portée en
procession à travers Paris, et des miracles avaient lieu
sur son passage. Ainsi, en 1130, sous le nom de "mal
des ardents" ou de "feu sacré", une terrible
fièvre pestilentielle "enflamma" Paris, puis la France
entière, sans qu’aucune médecine ait pu l’enrayer. Il
s’agissait d’une inflammation intérieure, accompagnée
d'une gangrène attaquant l'extrémité des membres. Pour
conjurer le fléau, l’évêque de Paris, ordonna des jeûnes
et des prières, puis demanda, un 26 novembre, que l'on
transportât les malades sur le chemin de la procession
solennelle qui menait de la basilique Sainte-Geneviève à
Notre-Dame.
Les
malades qui touchèrent la relique de sainte Geneviève
furent immédiatement guéris et, parmi les Parisiens,
seuls trois sceptiques moururent. Le mal commença à
décroître et finit par disparaître.
L’année suivante, le pape Innocent II, en souvenir de ce
miracle, institua la fête de sainte Geneviève des
Ardents. La gendarmerie nationale, dont sainte Geneviève
est également la sainte patronne, la fête le 26
novembre, date du "miracle des ardents". Mais
pourquoi Geneviève est-elle la patronne des gendarmes?
C'est que, femme forte, paisible et de grande autorité,
femme qui avait su rétablir l'ordre et la paix dans la
cité au cours des pires épreuves, Geneviève est restée
un repère et un exemple pour tous les gendarmes dans
leur labeur. C'est par décret en date du 18 mai 1962,
que le pape Jean XXIII a solennellement désigné sainte
Geneviève comme patronne de la Gendarmerie, dont il
avait pu apprécier les engagements et le sens du service
comme nonce apostolique à Paris, peu auparavant.
Les reliques de sainte Geneviève qui avaient été
soigneusement conservées, furent brûlées par les
révolutionnaires en 1793, mais son tombeau vide,
transporté dans l'église Saint-Etienne-du-Mont, sur la
colline sainte Geneviève, est toujours vénéré.
Paulette
Leblanc |