Françoise de Siedliska naquit dans une famille de la
noblesse polonaise, dans le château de Roszkowa Wala,
près de Varsovie, le 12 novembre 1842. Ses parents, très
affectueux, lui assurèrent une enfance heureuse.
Malheureusement, ils étaient beaucoup plus préoccupés de
sa formation culturelle que de son éducation religieuse.
Dans ce milieu rempli des idées de la philosophie de
cette époque, philosophie indifférente à tout ce
qui
concernait la religion, Françoise ne connut rien de Dieu
durant toute sa tendre enfance. Enfin, grâce à une
institutrice cultivée et profondément chrétienne,
Françoise commença à découvrir Jésus et apprit à prier.
Mais l'institutrice mourut beaucoup trop tôt, et ce fut
une tante qui prépara Françoise à sa première
confession.
Au
cours de l'année 1854, la maman de Françoise tomba
gravement malade et fut hospitalisée à Varsovie.
Françoise alla alors loger chez son grand-père à
Varsovie, afin de s'occuper de sa maman malade. C'est
ainsi qu'elle rencontra un capucin lithuanien, le Père
Léandre Lendzian avec qui elle eut de nombreux
entretiens. C'est alors aussi que Françoise implora Dieu
de toutes ses forces pour la guérison de sa maman. Et la
maman guérit rapidement. Et Françoise fera sa première
communion en mai 1855; elle avait douze ans et demi.
Nous
sommes en 1860. Françoise commençait à comprendre que
Dieu la voulait pour Lui seul. Mais son père voulait la
marier… Heureusement, les Siedliski décidèrent, afin de
rencontrer les membres de la grande aristocratie
européenne, de parcourir toute l'Europe. Et Françoise
accompagna ses parents. Ils se rendirent en Suisse,
dans le Tyrol, dans les villes d'eau en Allemagne, puis
à Cannes. Et la famille Siedliski rentra en Pologne.
Mais brusquement la santé de Françoise déclina. On pensa
d'abord à une tuberculose, ce qui provoqua de grandes
craintes, car la tuberculose était, à cette époque,
encore très souvent mortelle.
Françoise dut partir en cure, accompagnée de sa mère, à
Merano située dans les montagnes italiennes proches de
l'Autriche, en Suisse puis à Cannes où son père, fuyant
l'insurrection polonaise contre les Russes, les
retrouva. Nous devons savoir que, dans la nuit du 22 au
23 janvier 1863, éclata une insurrection dans la partie
russe de la Pologne: les autorités russes, via un
responsable polonais, Aleksandre Wielopolski, avaient
ordonné la conscription des Polonais au sein de l'armée
russe, ce qu'ils refusèrent; d'où une insurrection. Mais
encore une fois une répression impitoyable s'abattit sur
le pays de 1863 à 1864. Enfin, en 1865, la famille
Siedliski put rentrer en Pologne. En 1870 le père de
Françoise décédait.
Françoise avait 31 ans. Elle appartenait déjà au
Tiers-Ordre franciscain, lorsque, le 12 avril 1873, le
Père Léandre Lendzian lui fit comprendre que Dieu
voulait qu'elle se consacrât totalement à lui. Il lui
dit aussi qu'elle pourrait fonder une nouvelle famille
religieuse. D'abord très étonnée, en effet il était
alors interdit de fonder de nouvelles congrégations
catholiques dans l'Empire russe, Françoise se mit
pourtant aussitôt à l'œuvre. Elle parla du désir du Père
Léandre à sa maman revenue à Dieu, et à deux Tertiaires
franciscaines qui appartenaient à une communauté de
Lublin, communauté en voie d'extinction. Le but du
nouvel institut serait d'imiter la vie cachée de la
Sainte Famille à Nazareth. Les religieuses, unies à
Marie, seraient également orientées vers l'adoration du
Saint-Sacrement. Les trois personnes contactées se
joignirent à Françoise.
Françoise partit à Rome et fut reçue, le 1er
octobre 1873, par le pape Pie IX (pape de 1846-1878).
Pie IX approuva l'idée de fonder une congrégation de
Sœurs consacrées à la Sainte Famille. En 1874, sur les
conseils du Supérieur Général des Résurrectionnistes, le
Père Pierre Semenko, Françoise acquit une petite maison
à Rome, Via Merulana, puis, plus tard, elle installa ses
sœurs Via Machiavelli. Trois novices polonaises
arrivèrent à l'automne 1875. En 1881, Françoise ouvrit
une maison à Cracovie. En 1884, elle fit, ainsi que ses
compagnes, sa profession religieuse, et prit le nom de
Marie de Jésus-Bon-Pasteur.
Rapidement, Marie de Jésus-Bon-Pasteur voulut implanter
la nouvelle Congrégation, Les Sœurs de la Sainte
Famille de Nazareth, au sein de l'émigration
polonaise arrivée aux États-Unis. Cette émigration,
surtout constituée de familles désunies qui cherchaient
à améliorer leur situation économique, avait grand
besoin d'être soutenue et de retrouver la religion de
ses pères, le catholicisme. Mère Marie de
Jésus-Bon-Pasteur partit donc pour de longs séjours aux
États-Unis, en 1885, 1889 et 1896 et elle ouvrit trois
maisons à Chicago. Elle en ouvrit également deux autres,
l'une à Paris en 1892 et l'autre à Londres en 1895.
Outre l'ouverture de nouvelles maisons, Mère Marie de
Jésus-Bon-Pasteur devait préparer aussi les documents
précisant la vocation des Sœurs: enseigner le catéchisme
aux enfants et les préparer à la première communion;
elles devaient également être de vraies missionnaires
pour les adultes venus d'autres religions, afin de leur
faire connaître la vérité de Jésus.
À
partir du 16 octobre 1902, Mère Marie de
Jésus-Bon-Pasteur, épuisée, dut se reposer. Le 15
novembre suivant, elle fut atteinte d'une péritonite
aigüe et mourut le 21 novembre 1902. Elle avait 60 ans.
Mère Marie de Jésus-Bon-Pasteur fut béatifiée le 23
avril 1989, par le pape Jean Paul II. Les Constitutions
de la Congrégation seront approuvées par Rome en 1923.
Paulette Leblanc |