Il
est souvent très difficile de trouver les dates exactes
concernant la vie des saints des premiers siècles du
christianisme. Ainsi, selon certains documents, saint
Firmin aurait travaillé avec saint Pierre, donc aurait
vécu au 1er
siècle de notre ère. D'autres documents le situent soit
au IIe
siècle, soit au IIIe
ou au IVe
siècle. Par contre,
ce
qui semble plus raisonnable, c'est que, ayant été lié à
saint Saturnien dont le culte est attesté depuis l'an
336, notre saint Firmin aurait plutôt vécu au IIIe
siècle. Je vous rappelle que saint Saturnien aurait vécu
au IIIe
siècle et serait mort en 305. Revenons à notre saint
Firmin: ce qui semble certain, c'est qu'il a été le 1er
évêque d'Amiens. La conséquence de toutes les
difficultés chronologiques rencontrées, font que tout ce
qui est raconté concernant la vie de saint Firmin,
relève à la fois de la légende et de la vérité. Par
contre, ce qu'il faut absolument retenir, c'est que le 1er
évêque d'Amiens, saint Firmin, fut un grand
évangélisateur, et qu'il est mort martyr.
Comme il m'est impossible de discerner ce qui relève de
la légende et de la réalité, à partir d'un document du
XVe siècle, intitulé "Vies de saints",
je vais vous faire un bref résumé de la vie de saint
Firmin. Il serait né à Pampelune, ce qui est vrai, dans
la seconde moitié du premier siècle. Mais nous pensons
nous, que ce serait plutôt à la fin du IIe ou
du IIIe
siècle. Son père, nommé Firme, riche et de très grande
noblesse, était le premier des sénateurs de la cité; sa
mère s'appelait Eugénie. Tous les deux, païens, étaient
cependant remarqués par leurs concitoyens en raison de
l'honnêteté de leur vie et de la douceur de leur
caractère. Ils eurent trois enfants: deux fils et une
fille. Firmin était l'aîné.
Il
semble, les dates mises à part, que ce qui suit soit
valable. L'évêque Saturnien, établi à Toulouse, aidé de
ses deux disciples Honeste et Papoul, eut le bonheur de
convertir un grand nombre des habitants de cette cité.
Puis il chargea saint Honeste d'aller prêcher en
Espagne, à Pampelune. Le sénateur Firme, père de saint
Firmin, et sa famille furent touchés par la grâce et
demandèrent au missionnaire quel Dieu il voulait leur
faire adorer à la place de leurs idoles. Honeste, après
les avoir instruits, retourna à Toulouse pour informer
son maître des heureuses dispositions dans lesquelles il
avait laissé à Pampelune le sénateur Firme et sa
famille. À cette nouvelle, Saturnien quitta Toulouse
pour aller, avec Honeste, à Pampelune. Leurs
prédications et leurs miracles éclatants amenèrent le
peuple entier à se convertir. Firmin fut baptisé par
Honeste, et ses parents par saint Saturnien qui, lors de
son départ, confia à Honeste le soin de continuer son
œuvre à Pampelune.
Firme, devenu un ardent
propagateur de la foi, confia à saint Honeste le jeune
Firmin, afin qu'il l'instruisît des belles-lettres et de
la foi. Sous la direction d'un tel guide, Firmin fit de
rapides progrès dans les sciences et dans la vertu. Dès
l'âge d'environ dix-sept ans, il allait avec assiduité à
l'église chanter les louanges de Dieu. Puis, lorsque
Saint Honeste commença à vieillir, il se fit
accompagner par Firmin dans ses courses apostoliques.
Sept ans s'écoulèrent. Saint Saturnien étant décédé, ce
fut saint Honorat, son successeur qui conféra à Saint
Firmin l'onction sacerdotale puis la consécration
épiscopale, en lui disant:
"Réjouissez-vous, mon
fils, parce que vous avez mérité d'être pour le Seigneur
un vase d'élection. Allez donc dans toute l'étendue des
nations; vous avez reçu de Dieu la grâce et la fonction
de l'apostolat. Ne craignez rien, car le Seigneur est
avec vous: mais sachez qu'en toutes choses il vous
faudra beaucoup souffrir pour son nom, afin d'arriver à
la couronne de gloire."
Dès lors, Firmin abandonna
ses biens et ses parents pour aller fonder une Église
bien loin de sa patrie. Il dit adieu à l'évêque de
Toulouse et à ses prêtres, et après un séjour à
Pampelune, il partit vers le nord, dans les Gaules. En
effet, Firmin avait été très frappé par quelques paroles
des livres saints: " Allez, enseignez toutes les
nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du
Saint-Esprit." ou encore:
"Ne vous inquiétez pas de
savoir comment vous parlerez, car ce ne sera point vous
qui parlerez, mais l'Esprit de Dieu qui parlera par
votre bouche."
Après avoir franchi les Pyrénées, Firmin arriva à Agen
où le paganisme était encore très florissant et affermit
le peuple dans la foi que saint Martial de Limoges y
avait prêchée quelques années auparavant. D'Agen il se
dirigea vers Augustonemetum, aujourd'hui
Clermont-Ferrand. Les Arvernes avaient déjà reçu des
semences de foi grâce à saint Austremoine, premier
évêque de Clermont qui avait annoncé l'Évangile dés le
Ier siècle. L'apostolat de saint Firmin dans ce pays fut
signalé par la conversion de deux grands personnages,
Arcade et Romule, toujours idolâtres. La conversion
d'Arcade et de Romule contribua beaucoup à celle d'un
grand nombre de leurs compatriotes.
Puis
Firmin monta jusque vers Angers où il travailla pendant
quinze mois avec l'évêque Auxilius, prêchant, baptisant,
confirmant. Ayant amené à Dieu la plupart des habitants
de l'Anjou, il voulut porter plus loin le flambeau de la
foi. Firmin se sépara alors d'Auxilius et reprit sa
course apostolique. Apprenant que Valère gouverneur de
la cité des Bellovaques, dans les Gaules, persécutait
violemment les Chrétiens il résolut de se diriger vers
la Gaule Lyonnaise, puis vers la Normandie. Enfin, après
avoir traversé la Seine, le pays de Caux, Rouen, il
arriva à Beauvais.
Bientôt, le gouverneur Valère ordonna d'arrêter Firmin.
Devant Valère, Firmin confessa sa foi en Jésus-Christ.
Il fut alors violemment battu de verges et jeté en
prison où il eut à souffrir de la teigne et d'un
terrible manque d'hygiène. Mais le Seigneur qui ne
l'abandonnait pas lui envoya un Ange consolateur. Car
Dieu ne voulait pas que Firmin cessât son étonnant
travail d'évangélisation. Et voici que le gouverneur
Valère fut tué, au cours d'une sédition populaire. Son
successeur, Sergius, lui aussi contre les chrétiens,
décéda brusquement. Aussitôt, les Chrétiens
s'empressèrent de faire libérer leur l'Évêque. Et dès
que l'évêque Firmin eut franchi le seuil de sa prison,
il recommença ses prédications, confirmant par des
miracles la foi chrétienne. Il fit bâtir à Beauvais une
église qu'il dédia à saint Etienne, le premier des
Martyrs.
Malheureusement, la persécution qui avait cessé après la
mort de Sergius, reprit avec une nouvelle force. Comme
Firmin était de nouveau très menacé, les Chrétiens
l'obligèrent à s'enfuir… Mais Firmin évêque continuait
sa tâche d'évangélisateur dans tous les villages qu'il
traversait. Comme il y avait, plus au Nord, des nations
qui avaient besoin d'être évangélisées, Firmin n'hésita
pas à aller à leur rencontre. Il se dirigea donc vers
Samarobriva Ambianorum, aujourd'hui Amiens. L'évêché
d'Amiens était fondé. Dix-sept siècles se sont écoulés
depuis ce jour, et l'œuvre de saint Firmin subsiste
encore, et l'évêché d'Amiens est toujours vivant. Mais
revenons à saint Firmin.
Nous
devons d'abord savoir que Firmin fut reçu à Amiens par
le sénateur Faustinien qu'il baptisa, lui et toute sa
famille. Et de cette famille de Faustinien, sortira deux
siècles plus tard un enfant qui reçut au baptême le nom
de Firmin, en mémoire de l'Apôtre de sa ville natale,
qui partage maintenant sa gloire dans les cieux. Toutes
les erreurs de dates que nous avons remarquées,
viendraient peut-être de la présence à Amiens, de ces
deux Firmins qui auraient probablement été confondus à
plusieurs reprises. Poursuivons l'étude de la vie, ou de
la légende, concernant notre saint Firmin.
Les
Amiénois venaient en foule écouter l'évêque espagnol qui
prêchait la doctrine chrétienne et faisait tant de
miracles au nom de Jésus-Christ. Aussi se
convertissaient-ils en grand nombre. Car Firmin chassait
les démons, faisait marcher les paralytiques, rendait la
vue aux aveugles et la parole aux muets. Mais Satan, via
les païens, veillait. Car beaucoup d'habitants étaient
toujours tournés vers le druidisme et le paganisme.
Aussi, lorsqu'il prêchait aux Amiénois, saint Firmin
répétait-il souvent: "Mes petits-fils, sachez que
Dieu le Père, Créateur de toutes choses, m'a envoyé vers
vous pour purifier cette cité du culte des idoles, et
pour vous prêcher Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié
selon la faiblesse de la chair, vivant par la force de
Dieu."
En
conséquence, la foi chrétienne s'établissait dans tout
le pays, au grand désespoir des prêtres idolâtres dont
les temples se vidaient. Et les gouverneurs de la
province se hâtèrent de venir à Amiens au mois de
septembre. Trois jours plus tard saint Firmin était
arrêté, conduit en prison. Puis, la nuit, discrètement,
on lui trancha la tête… C'était le 25 septembre…
peut-être en 303…
Paulette
Leblanc |