Firmin d’Amiens
Évêque, Martyr, Saint
(Fin du Ier siècle, ou IIIe siècle, ou IVe siècle)

25

SEPTEMBRE

Il est souvent très difficile de trouver les dates exactes concernant la vie des saints des premiers siècles du christianisme. Ainsi, selon certains documents, saint Firmin aurait travaillé avec saint Pierre, donc aurait vécu au 1er siècle de notre ère. D'autres documents le situent soit au IIe siècle, soit au IIIe ou au IVe siècle. Par contre, ce qui semble plus raisonnable, c'est que, ayant été lié à saint Saturnien dont le culte est attesté depuis l'an 336, notre saint Firmin aurait plutôt vécu au IIIe siècle. Je vous rappelle que saint Saturnien aurait vécu au IIIe siècle et serait mort en 305. Revenons à notre saint Firmin: ce qui semble certain, c'est qu'il a été le 1er évêque d'Amiens. La conséquence de toutes les difficultés chronologiques rencontrées, font que tout ce qui est raconté concernant la vie de saint Firmin, relève à la fois de la légende et de la vérité. Par contre, ce qu'il faut absolument retenir, c'est que le 1er évêque d'Amiens, saint Firmin, fut un grand évangélisateur, et qu'il est mort martyr.

Comme il m'est impossible de discerner ce qui relève de la légende et de la réalité, à partir d'un document du XVe siècle, intitulé "Vies de saints", je vais vous faire un bref résumé de la vie de saint Firmin. Il serait né à Pampelune, ce qui est vrai, dans la seconde moitié du premier siècle. Mais nous pensons nous, que ce serait plutôt à la fin du IIe ou du IIIe siècle. Son père, nommé Firme, riche et de très grande noblesse, était le premier des sénateurs de la cité; sa mère s'appelait Eugénie. Tous les deux, païens, étaient cependant remarqués par leurs concitoyens en raison de l'honnêteté de leur vie et de la douceur de leur caractère. Ils eurent trois enfants: deux fils et une fille. Firmin était l'aîné.

Il semble, les dates mises à part, que ce qui suit soit valable. L'évêque Saturnien, établi à Toulouse, aidé de ses deux disciples Honeste et Papoul, eut le bonheur de convertir un grand nombre des habitants de cette cité. Puis il chargea saint Honeste d'aller prêcher en Espagne, à Pampelune. Le sénateur Firme, père de saint Firmin, et sa famille furent touchés par la grâce et demandèrent au missionnaire quel Dieu il voulait leur faire adorer à la place de leurs idoles. Honeste, après les avoir instruits, retourna à Toulouse pour informer son maître des heureuses dispositions dans lesquelles il avait laissé à Pampelune le sénateur Firme et sa famille. À cette nouvelle, Saturnien quitta Toulouse pour aller, avec Honeste, à Pampelune. Leurs prédications et leurs miracles éclatants amenèrent le peuple entier à se convertir. Firmin fut baptisé par Honeste, et ses parents par saint Saturnien qui, lors de son départ, confia à Honeste le soin de continuer son œuvre à Pampelune.

Firme, devenu un ardent propagateur de la foi, confia à saint Honeste le jeune Firmin, afin qu'il l'instruisît des belles-lettres et de la foi. Sous la direction d'un tel guide, Firmin fit de rapides progrès dans les sciences et dans la vertu. Dès l'âge d'environ dix-sept ans, il allait avec assiduité à l'église chanter les louanges de Dieu. Puis, lorsque Saint Honeste  commença à vieillir, il se fit accompagner par Firmin dans ses courses apostoliques. Sept ans s'écoulèrent. Saint Saturnien étant décédé, ce fut saint Honorat, son successeur qui conféra à Saint Firmin l'onction sacerdotale puis la consécration épiscopale, en lui disant: "Réjouissez-vous, mon fils, parce que vous avez mérité d'être pour le Seigneur un vase d'élection. Allez donc dans toute l'étendue des nations; vous avez reçu de Dieu la grâce et la fonction de l'apostolat. Ne craignez rien, car le Seigneur est avec vous: mais sachez qu'en toutes choses il vous faudra beaucoup souffrir pour son nom, afin d'arriver à la couronne de gloire."

Dès lors, Firmin abandonna ses biens et ses parents pour aller fonder une Église bien loin de sa patrie. Il dit adieu à l'évêque de Toulouse et à ses prêtres, et après un séjour à Pampelune, il partit vers le nord, dans les Gaules. En effet, Firmin avait été très frappé par quelques paroles des livres saints: " Allez, enseignez toutes les nations et baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit." ou encore: "Ne vous inquiétez pas de savoir comment vous parlerez, car ce ne sera point vous qui parlerez, mais l'Esprit de Dieu qui parlera par votre bouche."

Après avoir franchi les Pyrénées, Firmin arriva à Agen où le paganisme était encore très florissant et affermit le peuple dans la foi que saint Martial de Limoges y avait prêchée quelques années auparavant. D'Agen il se dirigea vers Augustonemetum, aujourd'hui Clermont-Ferrand. Les Arvernes avaient déjà reçu des semences de foi grâce à saint Austremoine, premier évêque de Clermont qui avait annoncé l'Évangile dés le Ier siècle. L'apostolat de saint Firmin dans ce pays fut signalé par la conversion de deux grands personnages, Arcade et Romule, toujours idolâtres. La conversion d'Arcade et de Romule contribua beaucoup à celle d'un grand nombre de leurs compatriotes.

Puis Firmin monta jusque vers Angers où il travailla pendant quinze mois avec l'évêque Auxilius, prêchant, baptisant, confirmant. Ayant amené à Dieu la plupart des habitants de l'Anjou, il voulut porter plus loin le flambeau de la foi. Firmin se sépara alors d'Auxilius et reprit sa course apostolique. Apprenant que Valère gouverneur de la cité des Bellovaques, dans les Gaules, persécutait violemment les Chrétiens il résolut de se diriger vers la Gaule Lyonnaise, puis vers la Normandie. Enfin, après avoir traversé la Seine, le pays de Caux, Rouen, il arriva à Beauvais.

Bientôt, le gouverneur Valère ordonna d'arrêter Firmin. Devant  Valère, Firmin confessa sa foi en Jésus-Christ. Il fut alors violemment battu de verges et jeté en prison où il eut à souffrir de la teigne et d'un terrible manque d'hygiène. Mais le Seigneur qui ne l'abandonnait pas lui envoya un Ange consolateur. Car Dieu ne voulait pas que Firmin cessât son étonnant travail d'évangélisation. Et voici que le gouverneur Valère fut tué, au cours d'une sédition populaire. Son successeur, Sergius, lui aussi contre les chrétiens, décéda brusquement. Aussitôt, les Chrétiens s'empressèrent de faire libérer leur l'Évêque. Et dès que l'évêque Firmin eut franchi le seuil de sa prison, il recommença ses prédications, confirmant par des miracles la foi chrétienne. Il fit bâtir à Beauvais une église qu'il dédia à saint Etienne, le premier des Martyrs.

Malheureusement, la persécution qui avait cessé après la mort de Sergius, reprit avec une nouvelle force. Comme Firmin était de nouveau très menacé, les Chrétiens l'obligèrent à s'enfuir… Mais Firmin évêque continuait sa tâche d'évangélisateur dans tous les villages qu'il traversait. Comme il y avait, plus au Nord, des nations qui avaient besoin d'être évangélisées, Firmin n'hésita pas à aller à leur rencontre. Il se dirigea donc vers Samarobriva Ambianorum, aujourd'hui Amiens. L'évêché d'Amiens était fondé. Dix-sept siècles se sont écoulés depuis ce jour, et l'œuvre de saint Firmin subsiste encore, et l'évêché d'Amiens est toujours vivant. Mais revenons à saint Firmin.

Nous devons d'abord savoir que Firmin fut reçu à Amiens par le sénateur Faustinien qu'il baptisa, lui et toute sa famille. Et de cette famille de Faustinien, sortira deux siècles plus tard un enfant qui reçut au baptême le nom de Firmin, en mémoire de l'Apôtre de sa ville natale, qui partage maintenant sa gloire dans les cieux. Toutes les erreurs de dates que nous avons remarquées, viendraient peut-être de la présence à Amiens, de ces deux Firmins qui auraient probablement été confondus à plusieurs reprises. Poursuivons l'étude de la vie, ou de la légende, concernant notre saint Firmin.

Les Amiénois venaient en foule écouter l'évêque espagnol qui prêchait la doctrine chrétienne et faisait tant de miracles au nom de Jésus-Christ. Aussi se convertissaient-ils en grand nombre. Car Firmin chassait les démons, faisait marcher les paralytiques, rendait la vue aux aveugles et la parole aux muets. Mais Satan, via les païens, veillait. Car beaucoup d'habitants étaient toujours tournés vers le druidisme et le paganisme. Aussi, lorsqu'il prêchait aux Amiénois, saint Firmin répétait-il souvent: "Mes petits-fils, sachez que Dieu le Père, Créateur de toutes choses, m'a envoyé vers vous pour purifier cette cité du culte des idoles, et pour vous prêcher Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié selon la faiblesse de la chair, vivant par la force de Dieu."

En conséquence, la foi chrétienne s'établissait dans tout le pays, au grand désespoir des prêtres idolâtres dont les temples se vidaient. Et les gouverneurs de la province se hâtèrent de venir à Amiens au mois de septembre. Trois jours plus tard saint Firmin était arrêté, conduit en prison. Puis, la nuit, discrètement, on lui trancha la tête… C'était le 25 septembre… peut-être en 303…

Paulette Leblanc

 

 

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