FATIMA 2017

Notre-Dame de Fatima
DEUXIÈME PARTIE

Les secrets de Fatima

Les deux premiers secrets

Lors de la troisième apparition, le 13 juillet 1917, la Vierge Marie donna un message aux enfants et leur demanda de ne pas le divulguer immédiatement. C'est ce qu'il est coutume d'appeler les "secrets de Fatima". Marie était déjà apparue deux fois à Lucie et à ses cousins. Comme les deux premières fois elle s'adressa à Lucie et dit: "Je veux que vous continuiez à dire le chapelet tous les jours en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire pour obtenir la fin de la guerre et la paix du monde." Ce jour-là, environ 4000 personnes assistaient à l'événement. Ces personnes ne voyaient pas la Dame; pourtant, toutes constatèrent cependant des faits inhabituels, notamment des éclairs et un halo de lumière. C'est au cours de cette apparition que la Dame, la Vierge Marie,  livra trois secrets aux enfants.

Le message du 13 juillet 1917 était composé de trois parties. Les deux premières parties ne furent révélées par Lucie Dos Santos, la seule survivante, que de longues années après les événements, en 1942. Ces deux premières parties concernent surtout la vision épouvantable de l'enfer, la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, la deuxième guerre mondiale, ainsi que la prédiction des très graves dommages que la Russie, abandonnant la foi chrétienne et adhérant au totalitarisme communiste, devait apporter à l'humanité. Mais la Vierge Marie conclut cette première partie par une note d'espérance, rapportée par Lucie en 1942: "Mais finalement, mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint Père me consacrera la Russie, qui se convertira et un temps de paix sera donné au monde… Au Portugal se conservera toujours le dogme de la Foi…"

En 1917, personne n'aurait pu imaginer tout cela; les trois pastoureaux de Fatima, gardèrent tout en mémoire. Seule survivante en 1942, Lucie, sur l'ordre de son évêque et avec la permission de Notre-Dame mit les deux premiers secrets par écrit. Voici la fin, racontée par Lucie, de la 2e partie du secret: "La guerre, celle de 1917-1918 va vers sa fin. Mais si l’on ne cesse d’offenser le Seigneur, sous le règne de Pie XI commencera une autre, pire."

Certains documents publiés sur Internet disent que Jacinta, la plus jeune des voyants, aurait eu sous les yeux le tableau des malheurs à venir. En effet, peu de temps avant sa mort, en février 1920, elle disait à la Supérieure de l’Orphelinat de Lisbonne: « Si les hommes ne changent pas de vie, le bon Dieu enverra au monde, à commencer par l’Espagne, un châtiment comme on n’en a jamais vu!" Et cette supérieure ajoutait que Jacinta parlait, "de grands événements mondiaux qui auraient lieu vers 1940". Ce fut effectivement sous le Pontificat de Pie XI que commença, en 1936, la guerre civile espagnole durant laquelle les révolutionnèrent espagnols égorgèrent 13 Evêques, 14000 prêtres ou religieux et des centaines de milliers de chrétiens, martyrs de leur foi.

Et voici deux compléments aux deux premiers secrets. Tout d'abord, concernant la vision de l'enfer, objet du premier secret. Lucie écrivit en 1942: "La Vierge ajouta: 'Sacrifiez-vous pour les pécheurs et dites souvent, spécialement lorsque vous faites des sacrifices: Ô Jésus! C’est par amour pour vous, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des outrages faits au Cœur Immaculé de Marie.'

La Sainte Vierge ouvrit de nouveau les mains comme les mois précédents. Le faisceau de lumière projetée sembla pénétrer la terre, et nous vîmes comme une grande mer de feu, où se trouvaient plongés les démons et les âmes ressemblant à des braises transparentes et noires ou bronzées avec une forme humaine. Elles flottaient dans l’incendie, portées par les flammes qui sortaient de tous côtés, comme les étincelles dans les grands incendies, sans poids ni équilibre, au milieu de cris et d’horribles hurlements de douleur et de désespoir, qui faisaient frémir et trembler d’épouvante! Les démons se distinguaient par des formes horribles et répugnantes d’animaux épouvantables et inconnus, pareils à des tisons noirs embrasés et transparents!"

La vision de l'enfer une fois achevée, Marie poursuivit: "Vous venez de voir l’enfer où vont aboutir les âmes des pauvres pécheurs! Pour les sauver, le Seigneur veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé! Si l’on fait ce que je vous dirai, beaucoup d’âmes se sauveront et il y aura la Paix!" La Vierge ajouta: "Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne, indiquant qu’Il va punir le monde de ses crimes, au moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et contre le Saint-Père… Pour empêcher cela, je viendrai demander la Consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, ainsi que la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute ma demande, la Russie se convertira et l’on aura la Paix. Sinon, elle répandra ses erreurs dans le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église. Beaucoup de gens seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir; plusieurs nations seront anéanties…"

Vous venez de lire, quelques lignes plus haut un avertissement de la Sainte Vierge: “Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne, indiquant qu’Il va punir le monde de ses crimes, au moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l’Église et contre le Saint-Père…” Cette lumière inconnue inonda toute l'Europe le soir du 25 janvier 1938. Voici quelques extraits de journaux de l'époque rapportant ce que l'on appela alors, probablement injustement, une aurore boréale.

Le 26 janvier 1938, dans un journal de Lyon, Le Nouvelliste de Lyon, on trouve l'article suivant: "…Une aurore boréale d’une ampleur exceptionnelle a sillonné hier le ciel de l’Europe occidentale; elle a révolutionné nombre de départements, où l’on a cru tout d’abord à un gigantesque incendie. Dans toute la région des Alpes, la population a été fort intriguée par cet étrange spectacle. Le ciel était embrasé comme un immense foyer mouvant provoquant une lueur rouge très vive. Le bord du foyer était blanc comme si le soleil allait se lever… Après 21 heures, le phénomène est allé en décroissant. La clarté était si vive à Briançon que les postiers ont travaillé sans lumière artificielle. Un certain affolement a régné dans quelques communes de la montagne."

Le Corriere della Sera, journal italien, mentionne la même chose, mais à Rome: "La nuit dernière, de 21h à 23h, on a pu admirer à Rome, dans le ciel resplendissant, une magnifique aurore boréale de couleur rouge…" On vit la même chose à Bruxelles. Le journal, Le Soir, écrivit le 27 janvier 1938. "Le météore occupait toute la constellation de la Grande Ourse, en longues bandes d’une luminosité très intense, d’un rouge foncé. Les bandes du centre paraissaient un peu plus orangées et elles se dirigeaient nettement du nord au sud. Le phénomène s’atténua pour se déplacer vers le nord, tandis que les lueurs se dissipaient en un brouillard rougeâtre. Vers l’ouest, entre les deux constellations du Cygne et d’Andromède, notre observateur remarqua également l’apparition d’un phénomène semblable. Seulement les lueurs s’étendaient sous forme de nappes d’un rouge sombre, pareilles aux flammes d’un incendie… La Libre Belgique du 27 janvier 938 publia des informations provenant de Norvège où les aurores boréales sont fréquentes, mais, précisa ce journal: "… jamais on n’en avait vu d’aussi intenses, à tel point que la ville de Riukanfoss, dans le département de Tellemarken, a été éclairée pendant plusieurs heures, comme en plein jour."

Le correspondant à Lisbonne, du Times, journal de Londres, rapporte le 26 janvier 1938: "… L’aurore boréale a été observée dans tout le pays pendant plus de deux heures et demie. Un semblable météore lumineux n’avait pas été vu au Portugal depuis cinquante ans… Les gens simples ont interprété le phénomène comme un signe surnaturel et ils en ont conçu de vives alarmes."

De nombreux autres journalistes mentionnèrent ce phénomène exceptionnel. Certains ont parlé "d'une aurore nocturne, étrange, dont la lumière venait du septentrionQuand le soleil a reparu, au jour, nous l’avons ausculté. Il n’y avait rien d’anormal, en apparence, à sa surface." Cependant le terme "aurore boréale" ne faisait pas l'unanimité des savants, "puisque les causes de l’aurore boréale constatée n'existaient pas." Par ailleurs, les aurores boréales se produisent toujours au pôle, ou dans les environs immédiats du pôle. De plus, les gens étaient frappés par la phase durant laquelle le phénomène évoquait, par sa vive couleur rouge, la lueur d’un gigantesque incendie.

Curieusement, "un mois et demi plus tard, les troupes allemandes entraient à Vienne. L’Anschluss était accompli. Hitler s’engageait sur le chemin de la guerre. Ce fut ensuite la Tchécoslovaquie, l’attaque contre la Pologne, l’intervention de l’Angleterre et de la France…" Ces régions correspondent toutes à la zone où le monde allait être embrasé par la 2e guerre mondiale. 

Le troisième secret de Fatima

La troisième partie du "secret de Fatima", source de tant de controverses, fut rapportée par Lucie, en 1944, sur deux feuilles qui furent mises immédiatement sous scellés, et enfin déposées dans les Archives secrètes du Vatican en 1957. Le pape Jean-Paul II, ayant consulté le texte après la tentative d'assassinat qu'il avait subie, décida, en l'an 2000, de le publier officiellement. Malgré la confirmation par sœur Lucie, toujours vivante à cette date, de l'authenticité du texte et de son intégralité, plusieurs personnes le contestèrent. Voici le texte de Lucie, texte adressé à l'évêque de Leiria:

"J'écris en obéissance à Vous, mon Dieu, qui me le commandez par l'intermédiaire de son Excellence Monseigneur l'Évêque de Leiria et de Votre Très Sainte Mère, qui est aussi la mienne. Après les deux parties que j'ai déjà exposées, nous avons vu sur le côté gauche de Notre-Dame, un peu plus en hauteur, un Ange avec une épée de feu dans la main gauche; elle scintillait et émettait des flammes qui, semblait-il, devaient incendier le monde; mais elles s'éteignaient au contact de la splendeur qui émanait de la main droite que Notre-Dame dirigeait vers lui; l'Ange, indiquant la terre avec sa main droite, disait d'une voix forte:

– Pénitence! Pénitence! Pénitence!"

Lucie poursuit: "Et nous vîmes, dans une lumière immense qui est Dieu, quelque chose de semblable à la manière dont se voient les personnes dans un miroir quand elles passent devant, nous vîmes un Évêque vêtu de blanc, et nous avons eu le pressentiment que c'était le Saint-Père. Divers autres Évêques, prêtres, religieux et religieuses montaient sur une montagne escarpée, au sommet de laquelle il y avait une grande Croix en troncs bruts, comme s'ils étaient en chêne-liège avec leur écorce; avant d'arriver au sommet, le Saint-Père traversa une grande ville à moitié en ruine et, à moitié tremblant, d'un pas vacillant, affligé de souffrance et de peine, il priait pour les âmes des cadavres qu'il trouvait sur son chemin. Parvenu au sommet de la montagne, prosterné à genoux au pied de la grande Croix, il fut tué par un groupe de soldats qui tirèrent plusieurs coups avec une arme à feu et des flèches. Et de la même manière moururent les uns après les autres les Évêques, les prêtres, les religieux et religieuses et divers laïcs, hommes et femmes de classes et de catégories sociales différentes. Sous les deux bras de la Croix, il y avait deux Anges, chacun avec un arrosoir de cristal à la main, dans lequel ils recueillaient le sang des Martyrs et avec lequel ils irriguaient les âmes qui s'approchaient de Dieu."

Après les événements dramatiques du vingtième siècle, événements qui trouvent leur point culminant avec l'attentat sanglant subi, le 13 mai 1981, par le pape Jean-Paul II, s'ouvre une réalité spirituelle dramatique qui marque l'histoire du monde actuel. Certes, les révélations privées ne peuvent pas contredire ni modifier le contenu de la foi révélée par Jésus-Christ, mais elles peuvent susciter une conversion chez les hommes pécheurs. C'est le message qu'apportent les apparitions de Fatima qui incitent les hommes à avoir une vraie dévotion mariale. C'est aussi un appel déchirant à la conversion et à la pénitence.

Après les apparitions

Que devinrent nos petits voyants après les apparitions? Comme la Vierge Marie l'avait annoncé, François et Jacinthe Marto furent rappelés rapidement à Dieu.

Francisco fut le premier à s'en aller au ciel. Nous savons que lors de l'apparition du 13 mai 1917, la Très Sainte Vierge avait dit que François irait au Ciel, mais qu'il faudrait d'abord qu'il récite beaucoup de chapelets. Dès lors, poussé par la grâce de Dieu, François recherchait toujours la solitude pour prier et offrir ses sacrifices. Il était souvent triste parce qu'il avait compris que Notre Seigneur avait beaucoup de peine à cause des péchés que commettaient les hommes. La Sainte Vierge avait dit aux voyants, lors de la 2e apparition "qu'ils auraient beaucoup à souffrir mais la grâce de Dieu serait leur réconfort." Pendant les apparitions, celles de l'Ange puis celles de la Vierge Marie, le petit François souffrit beaucoup à l'école parce que ses compagnons et son instituteur se moquaient beaucoup de lui. Après les apparitions, son désir du ciel ne fit qu'augmenter. Et, en 1918, il fut contaminé par la grippe espagnole, maladie très grave qui causa la mort de nombreuses personnes en Europe, mais surtout en Espagne et au Portugal.

Chez la famille Marto, tout le monde tomba malade presque en même temps, mais en décembre la famille allait mieux. Pour François ce rétablissement fut de courte durée car fin décembre 1918, il était de nouveau malade. La Vierge Immaculée lui apparut alors et lui renouvela sa promesse du 13 juin 1917. En janvier 1919, Francisco put aller une dernière fois à la Cova da Iria pour prier là où il avait vu la sainte Apparition; mais, vers la mi-février, il rechuta. Une forte fièvre le minait. Sur son lit de mort, il offrait ses souffrances pour "consoler Notre-Seigneur et convertir les pécheurs." Il disait souvent: "D'ici peu, Jésus va venir me chercher pour aller au Ciel avec Lui, et alors je resterai toujours à le voir et à le consoler. Quel bonheur!"

Bientôt, Francisco épuisé, ne pouvait même plus prier. Son état continua à s'aggraver, et le jeudi 3 avril 1919, il demanda à recevoir la Sainte Communion. En attendant l'arrivée du prêtre, et pour se préparer à la confession, il demanda à Jacinthe et à Lucie qu'il avait fait venir, à l'aider à se remémorer ses péchés. Il reçut les derniers sacrements et le lendemain le prêtre lui porta la Sainte Communion. Après avoir reçu l'Hostie sur sa langue desséchée, François ferma les yeux et demeura longtemps immobile. Le soir, l'état de François s'aggrava brusquement, et le lendemain, vendredi 4 avril 1919, quand la nuit fut tout à fait tombée, après avoir vu une belle lumière près de la porte de sa chambre, son visage s'illumina d'une manière surprenante d'un sourire angélique. Il expira doucement vers 22 heures. Notre-Dame était venue chercher son Francisco.

Francisco Marto fut béatifié avec sa sœur Jacinta, le 13 mai de l'an 2000 par le pape Jean-Paul II. Sa fête est le 20 février. 

Jacinta tomba malade en décembre 1918, en même temps que François. Un jour elle confia à Lucie, sa cousine, que la Vierge Marie était venue la voir et qu'elle allait venir chercher Francisco dans peu de temps; pour l'emmener au ciel. Jacinta dit: "Notre-Dame est venue nous voir, et elle a dit qu'elle viendrait, dans très peu de temps, chercher François pour l'emmener au Ciel. À moi, elle m'a demandé si je voulais convertir davantage de pécheurs. Je lui ai dit que oui. Alors la Vierge Marie veut que j'aille dans deux hôpitaux; mais pas pour guérir. Ce sera pour souffrir davantage, pour l'amour de Dieu, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des offenses commises contre le Cœur Immaculé de Marie. Elle m'a dit que tu n'y viendrais pas; que ma mère m'y conduirait, et qu'ensuite je resterais là toute seule; mais que je n'aie pas peur, car elle viendrait me chercher pour aller au Ciel."

François mourut le 4 avril suivant. Jacinta étant très affaiblie par la maladie, la présence de sa cousine Lucie était pour elle un soutien indispensable. Sa consolation était de souffrir pour Notre Seigneur afin de réparer les péchés du monde. Les souffrances des damnés en enfer et l'éternité de leur peine la préoccupaient beaucoup; aussi supportait-elle les souffrances de la maladie sans jamais se plaindre, car la vision de l'enfer, lors de la 3e apparition, l'avait tellement impressionnée, qu'elle ne pouvait chasser de son esprit cette pensée. Elle s'agenouillait souvent et récitait la prière de l'Ange: "Oh mon Jésus! pardonnez-nous tous nos péchés, préservez-nous du feu de l'enfer, et conduisez au ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre Miséricorde."

Après la broncho-pneumonie, une pleurésie purulente se déclara, qui lui causa de grandes souffrances. Jacinta s'efforçait toutefois de ne jamais se plaindre malgré les douleurs qu'elle supportait avec résignation. La petite malade se confiait volontiers à Lucie. Ensemble elles parlaient de leurs mortifications, de leurs sacrifices, qui leur semblaient peu de chose pour consoler les Cœurs de Jésus et de Marie. Jacinta avoua à Lucie: "Notre Seigneur est triste, parce que Notre-Dame nous a dit de ne plus l'offenser davantage, qu'Il était déjà trop offensé, mais on n'en fait aucun cas; on continue à faire les mêmes péchés."

En juin 1919, Jacinta fut envoyée à l'hôpital saint Augustin, à quinze km d'Aljustrel, où elle fut soumise à un traitement rigoureux, mais qui ne donna aucun résultat. Alors, à la fin du mois d'août, elle retourna à la maison. Mais sa santé s'affaiblissait de jour en jour. Finalement, Jacinta fut envoyée à l'hôpital de Lisbonne où elle mourut, seule, le 20 février 1920. Elle fut béatifiée avec son frère Francisco le 13 mai de l'an 2000 par le pape Jean-Paul II. 

Nota: Les personnes qui désirent en savoir plus sur les derniers jours de Jacinta et sur son agonie, peuvent lire l'Annexe 1  

Passons maintenant à la vie de Lucia. 

Lucia de Jésus dos Santos était née le 22 mars 1907. Nous savons qu'en 1917, alors âgée de 10 ans, elle devint la messagère de la Vierge Marie lors des Apparitions de Notre Dame. Nous savons aussi qu'elle ne devait pas mourir jeune, comme ses petits cousins. Après la mort de son cousin Francisco, le 13 avril 1919, auprès duquel elle se tenait, Lucia devint la confidente de Jacinta jusqu'au départ de cette dernière pour l'hôpital de Lisbonne. Lucia fut ensuite admise, en 1921, au collège des sœurs Dorothées à Vilar près de Porto. Le 24 octobre 1925, elle entrait chez les Sœurs Dorothées, à Pontevedra où elle aura d'autres apparitions de la sainte Vierge qui lui demandera, notamment de faire connaître la dévotion réparatrice des cinq premiers Samedis du mois. Le 16 juillet 1926, elle fut envoyée au noviciat des sœurs Dorothées à Tuy, où elle fera ses premiers vœux comme sœur converse, le 3 octobre 1928. Le 13 juin 1929, c'est le Seigneur Lui-même qui lui demandera de travailler à la Consécration de la Russie. Dès lors, Lucia, Sœur Marie des Douleurs, travaillera à faire exécuter la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, à rédiger la vie de Jacinta, et à rédiger le 3e secret de Fatima.

Le 25 mars 1948, Lucia entra au Carmel Sainte Thérèse de Coimbra où elle vivra en recluse selon la règle du Carmel des religieuses déchaussées. Le 13 mai 1967, lors du voyage de Paul VI à Fatima, Lucia demanda à  parler au Saint-Père, mais ce dernier refusa. Notons, pour mémoire, que le troisième secret aurait dû être révélé depuis déjà sept ans. Ce n'est que le 13 mai 1991, que le pape Jean-Paul II, présent à Fatima, accordera une entrevue privée à sœur Lucia. Personne ne sait ce qu'ils se sont dit au cours de leur conversation. La seule constatation est que le Saint-Père est resté complètement sourd aux demandes de Notre-Dame.

Sœur Lucia décéda le 13 février 2005, dans son Carmel Sainte Thérèse, à Coimbra. Son procès en béatification est en cours.

La consécration du monde
au Cœur Immaculé de Marie

Nous savons que la Vierge Marie, puis Jésus Lui-même, avaient demandé à Lucia la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Marie lui demanda aussi: "Jésus veut se servir de toi pour me faire connaître et aimer… Il veut répandre dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé…" Nous savons aussi que Lucia, malgré les événements douloureux qui frappaient le monde, eut beaucoup de mal à faire passer son message; et cela exigea de nombreuses années. Voici, très résumé, comment se réalisèrent la consécration de la Russie et du monde. Pour la Consécration du monde, une autre grande mystique portugaise, la Bienheureuse Alexandrina de Balasar, sera sollicitée par Jésus et la Vierge Marie pour faire aboutir leur demande.

La Vierge Marie avait demandé à Lucia que la Russie soit consacrée à son Cœur Immaculé. Malheureusement cela ne se fit pas dans les termes demandés par Marie. En réalité, présenter ce qui s'est passé est extrêmement compliqué parce que, selon les auteurs, les informations et leurs interprétations sont assez différentes. Ce dont nous sommes sûrs, c'est que le pape Pie XII consacra le monde au Cœur Immaculé de Marie le 31 octobre 1942, pendant la seconde Guerre mondiale. Dix ans plus tard, le 7 juillet 1952, il consacra la Russie au Cœur Immaculé de Marie, disant: "D'une façon toute particulière, nous vouons et consacrons tous les peuples de la Russie au même Cœur Immaculé."

Paul VI, lors de la clôture de la troisième session du concile Vatican II, le 21 novembre 1964, prononça les paroles suivantes devant tous les évêques de l'Église catholique : « Notre regard s'ouvre vers les horizons sans fin du monde entier... que notre prédécesseur Pie XII, de vénérable mémoire, non sans une inspiration venue d'en haut, consacra solennellement au Cœur Immaculé de Marie. Cet acte de consécration, nous le jugeons opportun et nous nous en souvenons aujourd'hui d'une manière particulière. À cette fin, nous décidons d'envoyer prochainement, par le biais d'une mission spéciale, la Rose d'Or au sanctuaire de Notre-Dame de Fatima... À ton Cœur immaculé, ô Marie, nous recommandons finalement toute l'humanité," conclut le pape. Le 13 mai 1967, à la Cova da Iria, Paul VI qui visitait le sanctuaire à l'occasion du cinquantenaire des apparitions, présenta à la foule immense rassemblée sur l'esplanade, la voyante Lucia.

Puis Jean-Paul II fit la même chose le 16 octobre 1980. Uni à tous les pasteurs de l'Église, le jour de sa première visite à Fatima, le 13 mai 1982, il consacra le monde entier au Cœur immaculé de Marie, en rajoutant ces paroles significatives: "D'une façon spéciale nous vous remettons et nous vous consacrons ces hommes et ces nations qui ont particulièrement besoin de vous être confiés et consacrés."                 

Enfin le pape Benoît XVI refit cette consécration à Fatima, le 12 mai 2010. Mais ce n'est pas tout: le pape François confia le monde à Notre-Dame de Fatima, pendant les journées mariales de l'année de la foi le 13 octobre 2013. (voir annexe 2)

Pourtant, Lucie n'était pas pleinement satisfaite car ces consécrations ne s'étaient pas faites conformément aux désirs de Marie. Revenons en arrière. À Fatima, la Vierge Marie avait d'abord demandé la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, sinon la Russie répandrait ses erreurs, le communisme, sur le monde. Mais le pape Pie XII consacra d'abord le monde, et ce ne fut que dix ans plus tard qu'il consacra la Russie au Cœur Immaculé de Marie. Alors, que faut-il penser? Et pourquoi la consécration du monde? C'est alors qu'interviendra l'action d'une grande mystique portugaise stigmatisée, la Bienheureuse Alexandrina de Balasar.

Tout ce qui précède est absolument authentique. Alors pourquoi tant de personnes affirment-elles que la Russie n'a pas été consacrée au Cœur Immaculé de Marie? Aujourd'hui, il est impossible de répondre.

C'est dans une lettre d'Alexandrina de Balasar, en date du 1er août 1935, adressée à son Directeur spirituel, le Père Pinho, que nous trouvons des références concernant la Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Au cours d'une apparition à Alexandrina, Notre Seigneur, après avoir parlé des péchés du monde et du besoin qu’Il avait d’âmes réparatrices lui aurait dit:

– Autrefois j'ai demandé la Consécration du genre humain à mon divin Cœur. (ici il s'agit de Marguerite-Marie Alacoque et de Paray-le-Monial) Maintenant, je la demande au Cœur Immaculé de ma Très Sainte Mère.

Au mois d’août 1936, aucune démarche n'ayant encore été faite auprès du Saint-Siège, Notre Seigneur se plaignit et ordonna à Alexandrina d’écrire au Pape. Dans sa lettre du 10 septembre 1936 au Père Pinho, Alexandrina rapporta la proposition de Jésus comme remède à la guerre civile d'Espagne: la consécration du monde au Cœur Immaculée de Maria. Puis Jésus ajoutait:

– Je vais te dire comment sera faite la consécration du monde à la Mère des hommes et ma très Sainte Mère, que j’aime tant! Ce sera à Rome, par le Saint-Père, qu'il sera consacré, et ensuite par tous les prêtres dans toutes les églises du monde entier sous le titre de Reine du Ciel et de la terre, et Notre Dame des Victoires... Ne craignez pas, mes desseins s’accompliront.

C'est alors que commencèrent, pour Alexandrina, les nombreux examens médicaux qu'elle dut subir afin de prouver que, vraiment, elle ne mangeait rien et ne se nourrissait que de la sainte Eucharistie. Puis, le 25 avril 1938 Notre Seigneur lui commanda de dire à son Directeur spirituel d’écrire au Saint-Père, Pie XI, pour lui faire part de sa divine Volonté:

– Je veux la consécration du monde à mon Immaculée Mère, mais je veux que le monde connaisse la raison de cette consécration. Je veux que l’on fasse pénitence et que l’on prie…  

Alexandrina, stigmatisée, continuait à vivre la Passion de Jésus, tous les vendredis. Mais voilà que ces douloureuses extases se terminèrent subitement le 27 mars 1942. Que s'était-il passé? La première fois qu'Alexandrina avait vécu la Passion de Jésus, Jésus lui avait dit que ce phénomène mystique était un signe accordé au Saint-Père, en vue de la réalisation de la consécration du monde à Notre Dame. Est-ce qu’à ce moment-là le Pape Pie XII, avait décidé de la faire? S’il en était ainsi, il n’y avait plus de raison pour que ces extases si douloureuses se poursuivent. Ce qui est sûr, c’est que le 22 mai 1942 Notre Seigneur disait à Alexandrina:

– Gloire! Gloire! Gloire à Jésus! Honneur et gloire à Marie! Le cœur du Pape est décidé à consacrer le monde au Cœur de Marie.

Quel bonheur! Quelle joie pour le monde d’être consacré, d’appartenir plus que jamais à la Mère de Jésus! Le monde entier appartient déjà au divin Cœur de Jésus, de même il va appartenir au Cœur Immaculé de Marie!... 

Le 29 mai 1942, pendant une extase, Alexandrina entendit Jésus lui dire:

– Ave Marie, Mère de Jésus! Honneur, gloire et triomphe pour son Cœur Immaculé… L’univers entier va être consacré à son divin Cœur.

Cela sera fait le 31 octobre 1942. La formule de consécration employée par Pie XII invoquait la Sainte Vierge comme Reine du monde, Reine de la Paix et Victorieuse de toutes les batailles de Dieu, équivalent au titre de Notre Dame des Victoires.

Conclusion

Les apparitions de Fatima, qui concernent essentiellement la prière, la pénitence et les fins dernières, ont été officiellement reconnues en 1930 par l'Église catholique.

Jean-Paul II a exprimé ce qu'il pensait des manifestations de Notre-Dame à Fatima. Le 26 juillet 1987, durant l'année de Marie, il dit: "Les apparitions de sainte Marie à Fatima, renforcées par les signes extraordinaires intervenus en 1917, forment comme un point de référence et de rayonnement pour notre siècle."

Annexe 1

La fin de la vie de Jacinta, son agonie et sa mort

(d'après des extraits du forum du site consacré à Notre-Dame de Fatima http://www.fatima.be)

Lorsque Jacinta eut appris, par Notre-Dame elle-même qui la visitait dans sa chambre à Aljustrel, qu'elle irait à Lisbonne dans un hôpital pour y mourir seule, son cœur fut bouleversé par cette perspective de mourir loin de ses parents et de sa cousine bien-aimée. Un jour, Lucia la trouva, tenant une image de Notre-Dame, qu'elle embrassait en disant: "Ô ma Maman du Ciel! Alors il me faudra mourir toute seule…" C'était là une épreuve bien douloureuse que lui imposait la Vierge Marie. Et Jacinta la suppliait presque d'écarter ce calice, comme Jésus Lui-même, avant sa Passion, avait dit: "Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi! Cependant Jacinta acceptait de souffrir avec amour pour Jésus et Marie, ainsi que pour les pécheurs, en disant dans sa prière: "Ô mon Jésus! Ce sacrifice est si grand! Vous pouvez sauver beaucoup de pécheurs!"

À la mi-janvier 1920, arriva à Aljustrel un prêtre, ami de la famille Marto, avec un médecin renommé à Lisbonne pour voir la petite malade, le Docteur Eurico-Lisboa. Ce médecin décida d'hospitaliser d'urgence Jacinta à Lisbonne. La petite fille ni dit rien car elle savait que si elle restait à Aljustrel, elle ne pourrait pas offrir le sacrifice de mourir toute seule, comme la Vierge Marie lui avait demandé, sacrifice qui pouvait sauver quelques âmes pécheresses. En effet, la Sainte Vierge lui avait: "Tu iras dans deux hôpitaux, mais ce ne sera pas pour guérir. Ce sera pour souffrir davantage, pour l'amour de Dieu, pour la conversion des pécheurs, et en réparation des offenses commises contre mon Cœur Immaculé."

Bientôt Jacinta confia à Lucia: "Il ne faut plus beaucoup de temps pour que j'aille au Ciel. Toi, tu resteras ici pour dire que Dieu veut établir dans le monde la dévotion au Cœur Immaculé de Marie... Quand tu auras à le dire, ne te cache pas!... Dis à tout le monde que Dieu nous accorde ses grâces par le moyen du Cœur Immaculé de Marie; et il faut les lui demander à Elle. Le Cœur de Jésus veut qu'on vénère, à côté de lui, le Cœur Immaculé de Marie, et que l'on demande la paix au Cœur Immaculé de Marie, parce que Dieu lui a confié la paix dans le monde! Ah! Poursuivait Jacinta, si je pouvais mettre dans le cœur de tout le monde le feu que j'ai là dans la poitrine, ce feu qui me brûle, et me fait tant aimer le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie!"

Le départ pour Lisbonne effrayait beaucoup Jacinta car elle savait, de la très sainte Vierge elle-même, que ce voyage serait pour elle le dernier avant d'aller au Ciel. De plus, elle souffrait beaucoup en pensant qu'elle ne reverrait plus ceux qu'elle aimait. Mais malgré cette peine, elle accepta d'aller à l'hôpital de Lisbonne, pour montrer son amour à Marie.

Le 2 février 1920, jour de la Présentation, Jacinta entrait au Service n° 1 de l'hôpital Doña Estefania, où elle occupa le lit n° 38. Son père, Monsieur Marto, put venir la voir une fois. Lucia, qui était venue lui rendre visite durant deux jours, confia: "Je la trouvai avec la même allégresse de souffrir pour l'amour de Dieu, pour l'amour du Cœur Immaculé de Marie, pour les pécheurs et pour le Saint Père. C'était là tout son idéal et les thèmes de ses conversations. Jacinta lui affirma que Notre-Dame était apparue de nouveau et lui avait encore répété que "le péché qui mène le plus de monde en enfer est le péché de la chair, et qu'il fallait s'éloigner du luxe. Il ne fallait pas s'obstiner dans le péché et il fallait faire pénitence".

Le diagnostic du chirurgien avait révélé une pleurésie purulente de la grande cavité gauche, avec fistule, et une ostéite des septième et huitième côtes du même coté. Il fallait donc opérer Jacinta d'urgence. Or sa maman dut rentrer rapidement chez elle, car ses autres enfants étaient malades et elle devait les soigner. Ce fut un vrai déchirement pour Jacinta qui cependant accepta ce sacrifice pour la conversion des pécheurs.

Le 10 février 1920, Jacinta fut opérée par le docteur Castro-Freire. Le chirurgien lui ouvrit une fissure pour le drainage du pus et lui retira deux côtes du coté gauche. Jacinta souffrit beaucoup… mais personne ne l'entendit se plaindre. Elle disait seulement à Jésus: "Maintenant Vous pouvez convertir beaucoup de pécheurs, parce que je souffre beaucoup!"

Quelques jours après, la Vierge Marie vint au pied du lit d'hôpital consoler la petite fille, et lui annoncer que bientôt Elle viendrait la chercher pour la conduire au Ciel. Sœur Lucia rapporta dans ses Mémoires que la Vierge Marie lui avait fait connaître la date et l'heure de son entrée dans la vie éternelle. Le 20 février 1920, Jacinta se confessa à Monsieur l'abbé Pereira dos Reis. Vers 22h30, elle s'éteignit tranquillement, toute seule, à l'hôpital Dona Estefânia. Elle avait 10 ans.

Annexe 2

Je veux la consécration du monde au
Cœur Immaculé de ma Mère

Quand nous parlons du Cœur Immaculé de Marie, notre pensée est immédiatement tournée vers Fatima. En effet, c'est à Fatima que la Vierge Marie montra son Cœur aux pastoureaux, en juin 1917. Le 13 juillet suivant Notre-Dame parla aux enfants dans ces termes:

– Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Afin de les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si vous faites ce que je vous dis, beaucoup d'âmes seront sauvées et vous aurez la paix. La guerre (celle de 1914-1918) va finir. Mais, si on ne cesse d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI, il en commencera une autre, pire encore. Lorsque vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne, qu'Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et de persécutions contre l'Église et le Saint-Père.

Afin de d'empêcher cette guerre, Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la Communion réparatrice des premiers samedis. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira et on aura la paix. Sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. Mais à la fin, mon Cœur Immaculé triomphera.

Puis, la Vierge avait ajouté:

– Ceci, ne le dites à personne.

Voici, plus détaillée, la demande de la Vierge concernant la consécration de la Russie.

Un journaliste demanda à Sœur Lucia, au cours d'un entretien que Lucia retranscrivit scrupuleusement:

– La Vierge avait dit qu'Elle reviendrait pour demander la consécration de la Russie. Est-elle venue comme promis? 

La voyante répondit:

– Oui, oui, Elle est venue.

– Quand?

– En 1925. Le 10 décembre de cette année-là, Notre-Dame m'est apparue avec l’Enfant Jésus.

– Où?

– Dans ma chambre, à Pontevedra.

– Et que vous a dit la Sainte Vierge?

– Elle me dit: "Vois, ma fille, mon Cœur entouré d'épines par lesquelles les hommes ingrats me transpercent, à chaque instant, par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, cherche à me consoler par la pratique des premiers samedis du mois

Le journaliste poursuivit:

– On a noté que Notre-Seigneur avait demandé, à peu près dans les mêmes termes, la dévotion au Sacré-Cœur à sainte Marguerite Marie Alacoque. On dirait une réminiscence de Paray-le-Monial.

Lucia sourit et dit:

– Pouvais-je, par hasard, prescrire à la très Sainte Vierge la manière de s'exprimer?

– La Sainte Vierge, insista le journaliste, vous a-t-elle demandé de propager la dévotion des premiers samedis du mois?

– Non, mais de la faire connaître.

– Avez-vous insisté, plus tard, auprès de Monseigneur l'Évêque de Leiria, pour qu’il réalise le désir de la très Sainte Vierge en ce qui concerne les premiers samedis?

– Oui.

Lucia répondit qu'elle avait essayé de propager cette pratique, mais sans parler ni du secret, ni de l'apparition de Notre-Dame. Mais le journaliste qui voulait en savoir davantage, demanda:

– La Sainte Vierge, lors de l'apparition de 1925, vous a-t-elle parlé aussi de la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé?

– Non.

– Alors, à quelle période est-elle venue demander cette consécration?

– En 1929.

– Où cette apparition a-t-elle eu lieu?

– À Tuy, dans la chapelle.

– Et que vous a demandé la très Sainte Vierge?

– Elle a demandé la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, faite par le Pape, en union avec tous les évêques du monde entier.

– N’a-t-elle pas parlé de la consécration du monde?

– Non.

– Et vous, avez-vous fait connaître à l'Évêque de Leiria le désir de la très Sainte Vierge?

– Bien entendu...

– Et depuis 1929, ma Sœur, avez-vous demandé que le Pape consacre le monde, ou seulement la Russie?

– Depuis 1925 j'ai demandé que l’on propage la communion réparatrice, avec confession, récitation du chapelet et un quart d'heure de méditation, les cinq premiers samedis de cinq mois consécutifs.

Lucia raconta alors longuement tout ce qu'elle avait fait et ce qu'elle avait obtenu. Voici son récit: "Pour obtenir la réalisation de cette demande de Notre-Dame, je me suis adressée à mon confesseur, et à la Révérende Mère Supérieure, Mère Maria das Dores Magalhães. Par ordre de la Révérende Mère Supérieure, j’ai écrit au confesseur que j’avais eu précédemment à Porto, Monseigneur Pereira Lopes. Comme il ne me répondait pas, par ordre de la Révérende Mère Supérieure, j’ai parlé du désir de Notre-Dame à un Père Jésuite, alors en résidence à Pontevedra, le Père Francisco Rodrigues.

En 1926, en arrivant à Tuy, j’ai rendu compte de la demande de Notre-Dame au confesseur d’alors, le Révérend Père José da Silva Aparício, Supérieur de la Résidence des Pères Jésuites de cette ville… En 1929… j'ai rendu compte de la demande de Notre-Dame, au sujet de la consécration de la Russie au Révérend Père Francisco Rodrigues qui passait souvent ici, en se rendant au Portugal et au Révérend Père José Bernardo Gonçalves, qui était venu remplacer le Révérend Père Aparício. J'ai confié ces mêmes choses à mes Supérieures… Dans une lettre, que, par ordre de mes directeurs spirituels, j’ai écrite au Saint-Père en 194O, j'ai exposé la demande exacte de Notre-Dame, et demandé la consécration du monde, avec mention spéciale de la Russie.

La demande exacte de Notre-Dame était que le Saint-Père fasse la consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, et qu'il demande à tous les évêques du monde catholique de la faire en même temps que lui, en union avec lui." Le dialogue s'arrêta là.

De tout ce qui précède, on peut conclure que la Vierge Marie ne demanda pas à Lucia la consécration du monde. Ce ne fut qu'en 194O que Lucia put exposer au Pape le texte de la demande de consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. C'est Lucia qui aurait ajouté son désir personnel de la consécration du monde. Et c'est à Balasar que Jésus demandait cette consécration du monde, mais à Alexandrina.

À Balasar, Jésus choisit la messagère du Cœur de Marie

À Fatima, Notre-Dame avait dit: “Pour sauver les pécheurs, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé.”

Dix-huit ans plus tard, à Balasar, le Seigneur se révéla à Alexandrina da Costa de Balasar, et lui confia un message de salut, disant: "Autrefois J'ai demandé la Consécration du genre humain à Mon divin Cœur. Maintenant, Je la demande au Cœur Immaculé de Ma Très Sainte Mère."

Le Saint-Siège demanda d'abord des informations sur le cas de Balasar auprès de l'Archevêque de Braga. Puis la Nonciature de Lisbonne ordonna, en 1937, que le problème de la malade soit examiné. Alexandrina écrivit dans son autobiographie: “Le 31 mai 1937, j'ai reçu la visite du Père Antonio Durão, jésuite, lequel venait, mandaté par Rome, examiner le cas de la Consécration du Monde au Cœur de Marie.”

Or, le seul désir d'Alexandrina était "de vivre cachée, sans que personne ne soit informé de ce qui lui arrivait." Mais continue Alexandrina, "Le Révérend Père remit à ma sœur un billet écrit par mon Directeur spirituel, afin qu'elle me le lise. Il disait ce qui suit: 'Voici le Révérend Père Durão. Parlez-lui en toute liberté et répondez à tout ce qu'il voudra savoir'. J'ai été troublée et, j'ai demandé à ma sœur ce que je devais lui dire. Moi, en vérité, je ne savais pas que de tels examens étaient nécessaires pour des cas comme le mien. Ma sœur, m'encouragea grandement en me disant: 'Dis-lui ce que le Seigneur t'inspirera!’” Et le prêtre entra. Alexandrina fut très étonnée des réponses qu'elle donnait au Père Durão qui peu après, lui parla de la Consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie.

Alexandrina écrivit alors à son directeur qui, après avoir lu le rapport du Père Antonio Durão, ajouta une annotation dans laquelle il avait écrit qu'il n'avait aucun doute sur les vertus de la malade, "mais qu'il ne décelait pas le moindre signe externe capable de prouver l'origine divine des locutions et que la plus grande prudence était de rigueur." C'est à ce moment que le Seigneur interviendra et fera vivre, comme signe extérieur, sa Passion  à Alexandrina.

Avant d'aller plus loin, quelques rappels sont nécessaires.

Le 13 juin 1917, la Très Sainte Vierge avait révélé son Cœur Immaculé aux trois pastoraux, et promis qu’elle reviendrait demander la pratique des premiers samedis avec communion réparatrice et la récitation du Rosaire médité, afin de réparer les nombreuses offenses dont il est victime de la part des hommes. En 1925, à Pontevedra (Espagne), le Cœur Immaculé se manifesta à sœur Lucia pour lui demander cette dévotion.

Il est intéressant de savoir que la pratique des premiers samedis fut rendue publique, par l'évêque de Fatima vers les mois de septembre ou d'octobre 1939. En effet, depuis 1925, on n'avait plus jamais parlé du Cœur Immaculé de Marie, révélé aux pastoureaux. Par un dessein de la Providence, la vie d'Alexandrina fut intimement liée aux succès de la Cova da Iria. Ainsi, dans une lettre adressée à son premier Directeur spirituel exilé au Brésil, Alexandrina avait écrit: “Le Cardinal Cerejeira m'a envoyé des paroles de réconfort, me disant que, lors de l'inauguration de la Basilique de Fatima, il avait pensé à Balasar, qu'il m'avait placée sur la patène, m'offrant avec Jésus comme victime pour les pécheurs, pour le salut de mon âme et de celles des pécheurs”.

Plus tard, le 12 octobre 1975, le Cardinal Cerejeira écrivit, au Père Umberto, pour le remercier l'envoi de la brochure : "Fatima et Balasar, céleste jumelage": “Merci pour la brochure; je l'ai lue d'un trait et je ne me fatigue pas de la contemplation de ce mystère qui associe et confirme la divine présence dans ces deux centres de dévotion. C'est à vous que revient la meilleure part dans sa diffusion. Le ciel vous aidera.”

Le 12 mai 1982, premier jour du pèlerinage à Fatima de Jean-Paul II, le Père Umberto publia sur les colonnes de “L’Osservatore Romano” un article dans lequel il mettait en relief les missions de sœur Lucia et d'Alexandrina.

Parlons un peu du charisme prophétique
d'Alexandrina

En 1936, pendant que le Père Pinho écrivait au Cardinal Pacelli afin de demander la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie, Alexandrina, la servante de Dieu, dictait à sa sœur les paroles de Jésus: "Je vais te dire de quelle manière sera faite la consécration du monde à la Mère des hommes et ma Très Sainte Mère, que J'aime tant! Ce sera le Pape qui, à Rome, consacrera le monde entier, et ensuite, les prêtres en feront de même dans toute l'Église."

Plus tard, alors qu'Alexandrina était sur le point de mourir, Jésus lui affirma:

– Ton calvaire finira, mais pas avant que toutes Mes prédictions se soient réalisées.

Et Il lui expliqua:

– De la même manière que J'ai ordonné que tout soit enfermé dans l'arche de Noé, de cette même manière Je veux que le monde entier soit enfermé dans l'arche très sainte du Cœur de ma Mère.

Le 22 novembre 1937, le Seigneur promettait à Alexandrina :

– La voix du pape arrivera aux confins de la terre quand il consacrera le monde à ma tendre Mère…

En mai 1938, eurent lieu, à Fatima, les exercices spirituels des évêques portugais, prêchés par le Père Mariano Pinho, directeur spirituel d’Alexandrina. À la fin de ces exercices, ces évêques écrivirent au Saint-Père, Pie XI, pour lui demander la consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie. Ils écrivirent, entre autres: "Tous les archevêques et évêques du Portugal, réunis au sanctuaire de Fatima aux pieds de la Très Sainte Vierge Marie, pour renouveler la consécration déjà faite… au Cœur Immaculé de Marie, et lui rendre grâce

Père Mariano Pinho, sj
Directeur spirituel d'Alexandrina

s pour avoir sauvé le Portugal des dangers du communisme… prient instamment votre Sainteté de consacrer le monde entier à son Cœur très pur… afin que le monde se voit enfin délivré, définitivement, des périls qui le menacent de toutes parts…"

L'épiscopat portugais, était, en outre, stimulé dans sa démarche par la biographie de Jacinta dans laquelle, sur le conseil de sœur Lucie, l'auteur, le chanoine Galamba, avait inséré un chapitre sur la dévotion que la petite bergère nourrissait envers le Cœur Immaculé. Jusque-là on n'en avait jamais parlé, car ceci faisait partie du secret.

Quelques jours après l'élection, le 2 mars 1939, du Cardinal Pacelli, au trône pontifical, sous le nom de Pie XII, le Seigneur affirma à la servante de Dieu:

– C'est ce Pape qui fera la consécration au Cœur Immaculé de ma Mère." 

Une Consécration fut faite par Pie XII, à Rome, via la Radio et en langue portugaise, le 31 octobre 1942. Le 8 novembre 1942, Pie XII disait au Père Roschini "…De divers endroits on me demande d'accomplir l'acte de consécration de l'Église et du genre humain au Cœur Immaculé de Marie... Dernièrement, j'en ai été prié par les évêques portugais... L'occasion m'a été donnée de la faire à l'occasion des festivités de Fatima et, je l'ai fait."

Fatima fut donc “l'occasion”, mais en aucun cas “l'origine” de la consécration du monde au Cœur Immaculé. En effet, Jésus avait dit: "Je veux la Consécration du monde à ma Mère Immaculée. Mais Je veux que le monde entier connaisse la raison de cette Consécration: il faut que tous fassent pénitence et prient." Mais cela ne fut pas fait.

Dans la forme même de cet acte solennel, le souverain Pontife utilisa les titres déjà révélés à Alexandrina: “Reine du monde, Reine de la paix, Dame de la Victoire, c'est-à-dire, Victorieuse des grandes batailles, Mère de l'univers”. Mais, dans une lettre du 4 mai 1943, au Père Gonçalves, jésuite, au sujet de la Consécration du 31 octobre 1942, Alexandrina déclara: "L'acte du Saint-Père fut incomplet." Il y manquait la participation de tous les évêques du monde. Pie XII, par son acte, avait seulement répondu à la demande d'Alexandrina, de laquelle il avait eu connaissance depuis 1936, alors qu'il était Secrétaire d’État.

De tout ce qui précède, il apparaît clairement qu'une relation existe entre la mission prophétique de Balasar et celle de Fatima. Sœur Lucia et Alexandrina ne se connaissaient pas personnellement. Toutefois, quand Alexandrina fut privée de son premier directeur spirituel, une demoiselle de Póvoa de Varzim, Irène Gomes, se rendit à Tuy et lui raconta la douloureuse épreuve d’Alexandrina. Sœur Lucia écrivit sur une image pieuse un mot de réconfort, l'assurant de ses prières en vue de l'obtention d'un guide spirituel. Après la mort d'Alexandrina, à son deuxième directeur spirituel, successeur du Père Pinho, Lucia, la voyante de Fatima écrira: "Veuille le Seigneur que la cause de béatification d'Alexandrina avance le plus vite possible, pour la gloire de Dieu. Il est nécessaire qu'un monde aussi matérialiste constate qu'il existe encore des âmes capables de s'élever dans les sphères du surnaturel." Alexandrina fut béatifiée le 25 avril 2004, par le pape Jean-Paul II.

Du 27 mars 1942 jusqu'à sa mort, survenue le 13 octobre 1955, jour anniversaire de la dernière apparition de Notre-Dame à Fatima, Alexandrina avait vécu dans un jeûne total et une totale anurie. Son seul aliment avait été, pendant treize années, la Sainte Eucharistie. Jésus lui avait expliqué qu'Il "l'avait privée d'alimentation et l'avait fait vivre uniquement de Lui afin de prouver clairement aux hommes son existence et son pouvoir."

Annexe 3

Chronologie des événements concernant la vie de Lucie
et la Consécration de la Russie et du monde
au Cœur Immaculé de Marie.

Août 1931: Notre Seigneur apparut à Lucia et lui dit: "Ils n’ont pas voulu écouter ma demande..."

3 octobre 1934: Lucia prononça ses vœux perpétuels chez les Sœurs Dorothées et prit son nom de religieuse: sœur Marie des Douleurs.

9 octobre 1934: Lucia retourne à Pontevedra.

17 novembre 1935: Lucia remercia l’évêque qui lui avait envoyé une photo de Jacinta.

25 décembre 1935: Lucia termina son 1er Mémoire sur Jacinta, puis elle revint à Tuy.

18 mai 1936: Lucia écrivit au Père Gonçalves au sujet de la consécration de la Russie.

Entre le 7et le 21 novembre 1937: Lucia rédigea son 2ème Mémoire.

24 octobre 1940: Lucia écrit à Pie XII pour lui exposer la demande de Notre-Dame sur la consécration du monde et de la Russie à son Cœur Immaculé.

En juillet et en août 1941: Lucia rédigea son 3ème Mémoire et précisa qu’elle ne dévoilera pas la 3ème partie du Secret.

En octobre et en décembre 1941: Lucia écrivit dans son 4ème MÉMOIRE la dernière phrase du Secret: "Le Portugal conservera toujours la foi."

Juin 1943: Lucia est atteinte par une pleurésie; le chanoine Galamba et  Mgr da Silva craignent de la voir disparaître avant qu’elle n’ait révélé l’ultime Secret.

15 septembre 1943: À Tuy, Mgr da Silva demanda à Lucia de rédiger le 3ème secret.

2 janvier 1944: Notre-Dame apparaît à l’infirmerie de Tuy.

Entre le 2 et le 9 janvier 1944: Lucia rédigea le 3e Secret dans la chapelle de Tuy.

23 mai 1946: Lucia est envoyée à la maison de Sardão à Vila Nova de Gaia, près de Porto.

13 mai 1948, Sœur Marie des Douleurs prend enfin l'habit de carmélite sous le nom de sœur Lucia du Cœur Immaculé.

31 mai 1949, fête de Marie Médiatrice. Sœur Lucia prononce ses vœux perpétuels comme carmélite déchaussée.

13 mai 1967: Lors d'un voyage de Paul VI à Fatima, Lucia lui demanda parler seule à seul avec lui. Mais le Saint-Père repoussa ce souhait. (Pour mémoire : le troisième secret aurait dû être révélé depuis déjà sept ans).

Novembre 1989: Chute du mur de Berlin

13 mai 1991: Jean Paul II se rendit à Fatima et accorda une entrevue privée à sœur Lucia. Personne ne sait ce qui se passa.

19 avril 2000: Jean-Paul II écrivit une lettre à Lucia pour lui faire part de son intention de béatifier Francisco et Jacinta, le 13 mai suivant.

27 avril 2000: Lucia rencontre, dans son carmel de Coimbra, Monseigneur Tarcisio Bertone, Secrétaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, envoyé du Saint-Père, et Monseigneur Serafim de Sousa Ferreira e Silva, Évêque de Leiria-Fatima.

13 mai 2000: Lucia se rend à Fatima, à l'occasion de la béatification de ses deux petits cousins.

13 février 2005: Décès de Sœur Lucia au Carmel de Sainte-Thérèse à Coimbra.

Paulette Leblanc

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