Eugénie Joubert
Religieuse, Bienheureuse
1876-1904

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JUILLET

La bienheureuse Eugénie Joubert était une contemporaine de sainte Thérèse de Lisieux. Comme Thérèse de Lisieux, sa vie fut courte et sa spiritualité était orientée vers l'amour du Seigneur, une grande confiance en Jésus son bien-aimé, et la grande simplicité des petits enfants. Eugénie Joubert naquit le 11 février 1876, à Yssingeaux, petite ville d'Auvergne, dans le département de la Haute Loire, dans l'est du Velay. Ce 11 février 1876 était le jour du 18ème anniversaire de la première apparition de la Sainte Vierge à Lourdes. La famille Joubert étant nombreuse: huit enfants, Eugénie, et sa sœur aînée furent placées, encore jeunes, dans le pensionnat des Ursulines, à Ministrel, où elles seront heureuses. Eugénie . sera fortement attirée par la Vierge Marie, et, quand elle en parlait, comme le racontera plus tard une de ses compagnes, "elle avait comme quelque chose du ciel dans son regard."

Eugénie était toujours très gaie. Elle écrivit un jour à sa sœur: "Le bon Dieu ne défend pas de rire et de s'amuser, pourvu qu'on l'aime de tout son cœur et que l'on garde son âme bien blanche, c'est-à-dire sans péché..." Elle écrivit aussi: "Le secret pour rester l'enfant du bon Dieu, c'est de rester l'enfant de la Très Sainte Vierge. Il faut beaucoup aimer la Très Sainte Vierge et lui demander tous les jours de mourir plutôt que de commettre un seul péché mortel."

Le 6 octobre 1895, Eugénie entrait chez les Religieuses de la Sainte Famille du Sacré-Cœur, au Puy-en-Velay. Ce jeune Institut avait été fondé par le Père Rabussier, jésuite, en vue d'enseigner le catéchisme aux plus pauvres et aux plus abandonnés. Eugénie n'avait pas vingt ans. Au moment des adieux familiaux, Madame Joubert dit à sa fille: "Je te donne au bon Dieu. Ne regarde plus en arrière, mais deviens une sainte!" C'était bien l'intention d'Eugénie. En effet, depuis son enfance, son cœur voulait aimer, "mais seulement un Époux beau, parfait, immortel, dont l'amour soit pur et immuable..." La Vierge Marie, la confia au plus beau des enfants des hommes: son divin Fils Jésus. Le 13 août 1896, Eugénie reçut l'habit religieux des mains du Père Rabussier. Elle prononça ses vœux religieux le 8 septembre 1897.

Sœur Eugénie fut catéchiste de 1897 à 1901, dans la banlieue parisienne, d’abord à Aubervilliers, puis à Saint-Denis, où elle s’occupa entre autres des enfants des bateliers et des forains. Elle fortifiait sa mission en étudiant les vérités de la foi grâce à saint Thomas d’Aquin et aux Pères de l’Église. Ainsi le voulait la fondatrice pour ses sœurs appelées à ce service. Cependant, Sœur Eugénie conservait une vie de prière intense, vie de prière orientée vers la Sainte Eucharistie et la Très Sainte Vierge Marie: Sœur Eugénie eut une grande influence sur les enfants qu'elle catéchisait, car elle vivait ce qu’elle enseignait. On a dit d'elle qu'elle "prenait tout de suite les enfants par sa foi communicative, qu'elle savait les intéresser en rendant vivantes les vérités qu’elle enseignait. Elle priait la Sainte Vierge de l’aider, et la faisait prier par les enfants pour qu’elle les aide à comprendre et à retenir ses leçons." Sœur Eugénie savait aussi se faire des alliés: les anges gardiens de ces enfants qu’elle priait tout particulièrement.

Contemporaine de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la bienheureuse Élisabeth de la Trinité, Eugénie vivait comme elles de l’esprit d’enfance évangélique dans une union intime avec la Sainte Trinité. De plus, Sœur Eugénie ne reculait jamais devant aucune fatigue; appelée à enseigner le catéchisme aux nombreux jeunes de Saint-Denis, elle continuait cependant à aider les sœurs d’Aubervilliers. Pendant l'été de 1902, épuisée, elle dut s'arrêter: elle était atteinte par la tuberculose. Commença alors pour elle un douloureux calvaire qui durera deux ans.

Mais Sœur Eugénie restait constamment unie à Jésus crucifié. Elle trouvait un grand réconfort à méditer la Passion. Et Jésus lui fit comprendre que pour lui rester fidèle au milieu des souffrances, elle devait "embrasser la pratique de l'enfance spirituelle, et être petite enfant avec lui dans la peine, l'oraison, le combat et l'obéissance". Sœur Eugénie resta abandonnée dans les bras de Jésus sans jamais cesser de sourire. C'est avec une grande paix qu'elle accueillit l'annonce de son départ pour le ciel. On lui administra le sacrement des malades et elle communia. Sœur Eugénie mourut à Liège en Belgique, le 2 juillet 1904, à l’âge de 28 ans, après avoir deux fois murmuré le nom de Jésus et baisé le crucifix.

Nous allons maintenant nous arrêter un peu sur la spiritualité de Sœur Eugénie.  Pour elle, l'humilité était le meilleur moyen d'attirer les regards de Jésus. Un jour, elle fut vertement reprise pour un travail de couture mal fait. Or, ce n'était pas elle la responsable. Cependant, Sœur Eugénie se tut: elle aurait pu se justifier, mais elle préféra s'unir au silence de Jésus qui fut, lui aussi, faussement accusé. De plus, pour Sœur Eugénie, être humble consistait à ne pas se décourager devant ses faiblesses ou ses défauts, mais à les offrir à la miséricorde divine, spécialement dans le sacrement de Pénitence.

L'humilité allant de pair avec l'obéissance, Sœur Eugénie voyait dans l'obéissance "le fruit de l'humilité et sa forme la plus vraie", et elle écrivit: "Je veux obéir pour m'humilier et m'humilier pour aimer davantage." Car, obéir à Dieu, à ses commandements, à son Église et à ceux qui tiennent sa place, c'est aimer Dieu en vérité.

Le Pape Jean-Paul II la proclama “Bienheureuse” le 20 novembre 1994. Il nous donnait ainsi un nouveau modèle de pratique de la voie d'enfance.

Paulette Leblanc

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