Épiphane naquit dans la localité de Besanduc, près d'Éleuthéropolis
en Judée, vers 310 ou 315. Ses parents étaient des
agriculteurs juifs. Son père mourut alors qu'Épiphane
était très jeune; aussi fut-il adopté par un rabbin de
la ville voisine d'Éleuthéropolis, nommé Tryphon. Ce
rabbin lui enseigna l'hébreu et la culture
hébraïque
et lui légua ses biens. D'autres documents de l'époque,
assez nombreux, indiquent qu'Épiphane aurait été élevé
par ses parents dans la foi du concile de Nicée, et
d'autres par des moines chrétiens. Ce qui semble plus
certain, c'est que le riche rabbin lui aurait appris
l'araméen et l'hébreu, puis lui aurait légué toute sa
fortune. Peu nous importe ce que fut l'enfance
d'Épiphane; ce dont on est plus sûr, c'est que, jeune
encore, et déjà chrétien, il se rendit en Égypte pour y
faire ses études.
Curieusement, Épiphane fut d'abord attiré par une secte
gnostique, puis déçu, il rejoignit une communauté
monastique où il resta pendant plusieurs années. Ici un
petit rappel semble nécessaire. Le gnosticisme est un
synthèse de doctrines variées du Bassin méditerranéen et
du Moyen-Orient, doctrines affirmant que les êtres
humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde
matériel créé par un dieu mauvais ou imparfait appelé
Démiurge ou Yahweh. Vers 340, Épiphane retourna dans son
pays natal. Là, il fonda un monastère dont il devint le
supérieur. Formé à l'école de saint Hilarion, il se
montra toujours digne d'un tel maître. Confronté à
l'arianisme, il resta un fidèle convaincu du Concile de
Nicée, ce qui entraîna des tensions avec l'évêque
Eutychius d'Éleuthéropolis. Mais, selon Saint Jérôme,
Épiphane aurait ramené cet évêque à l'orthodoxie.
Épiphane resta trente ans dans son monastère, consacrant
son temps à l'étude, la prière, la mortification et le
jeûne. Sa réputation de sainteté atteignit les évêques
de Palestine qui voulurent lui conférer l'épiscopat.
Immédiatement Épiphane s'enfuit au désert et alla
trouver saint Hilarion. Au bout de quelques mois, saint
Hilarion lui dit:
"Mon fils, allez à Salamine, votre place est là."
Devenu, en 367, évêque de Salamine métropole
ecclésiastique de l'île de Chypre, siège qu'il conserva
pendant 36 ans, jusqu'à sa mort, Épiphane conserva son
habit de moine, et n'abandonna jamais les habitudes
austères de la vie religieuse. Sa charité était sans
limite, au point qu'un de ses diacres l'accusait de
dissiper les biens ecclésiastiques.
Épiphane, évêque et théologien, est un saint et un Père
de l'Église, tant pour l'Église orthodoxe que pour
l'Église Catholique. Il était fréquemment consulté pour
régler quelques différents sur la doctrine de l'Église.
Ses contemporains sont les saints Jérôme, Basile de
Césarée et Théophile d'Alexandrie. Les textes qui
parlent de lui sont assez nombreux et l'on peut être à
peu près sûr de ce que fut sa vie d'adulte, bien que les
dates ne soient pas toujours aussi rigoureuses que nous
les souhaiterions. Par contre, ce que nous devons
retenir, c'est qu'il dut intervenir contre les hérésies
qui déchiraient alors l'Église. Ainsi il dut prendre
parti contre les apollinaristes en 376, et les
origénistes de 393 à 397. Épiphane finit par appeler,
dans une lettre, tous les moines de Palestine à rompre
la communion avec l'évêque de Jérusalem.
Mais en 400, des incidents ayant déclenché une grande
dispute au sein de l’Église chrétienne de l’époque,
Épiphane alla à Constantinople et, dans un premier
temps, écoutant les dires de certains évêques, se sépara
de saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople,
qui fut déposé et exilé en 403. Cependant, lorsque
Épiphane eut pris conscience d'avoir été trompé et de
s'être fait manipuler, Épiphane quitta Constantinople et
écrivit à Jean Chrysostome, lui disant, entre autres:
"Athlète du Christ, souffrez et triomphez." C'est
pendant son voyage de Constantinople à Chypre,
qu'Épiphane mourut. C'était le 12 mai 403. Épiphane
avait environ 90 ans. À l'arrivée du navire à Salamine,
en mai 403, une foule immense, tenant des cierges à la
main, accueillit son pasteur et l'accompagna avec des
larmes jusqu'à l'église cathédrale, où pendant sept
jours une grande partie de la population de Chypre vint
le vénérer.
Maintenant il est bon que nous nous attardions un peu
sur les œuvres écrites d'Épiphane. En 374, il publia un
traité, Anchoratus, dans lequel il exposait la
foi de l'Église, basée sur les dogmes de la Sainte
Trinité et sur la Résurrection de Jésus. Ce document
dirigé contre les hérésies du temps, surtout l'arianisme
et l'origénisme, est une sorte de profession de foi. De
374 à 377, Épiphane composa un ouvrage, toujours
précieux, car il contient beaucoup d'informations sur
les courants religieux de l'antiquité et les hérésies de
son temps. En 392, il écrivit une introduction à la
Bible avec l'histoire de la traduction des textes et des
éléments d'archéologie. Il existe également de
nombreuses lettres d'Épiphane, adressées à des évêques,
aux membres de son Église, et même à l'empereur
Théodose.
Saint Épiphane avait une vraie dévotion pour la Vierge
Marie dont il disait, que, par elle, "la paix céleste
fut donnée au monde." De plus, estimait que,
"dire Marie la Vierge, équivalait à dire qu'en
Jésus-Christ Dieu était vraiment avec nous et l'un de
nous."
Mais attention! Épiphane défendait le culte marial, mais
expliquait que Marie devait recevoir un culte, mais pas
une adoration. En effet, pour lui "la Vierge est
certainement vierge et digne d'honneur; cependant, elle
n'a pas été donnée aux hommes pour être adorée. Au
contraire, elle-même est adoratrice de Celui qui, selon
la chair, est né d'elle, mais qui était descendu du Ciel
et du sein du Père divin." Et contre les féministes,
qui existaient déjà… il précisa que "si telle était
la volonté de Dieu, la fonction sacerdotale aurait été
confiée d'abord à Marie, avant toute autre femme, parce
qu'elle avait été digne de porter en son sein le Roi de
l'univers."
Saint Épiphane est le patron de l'Île de Chypre.
Paulette Leblanc |