Épiphane de Salamine
Évêque, Saint
(vers 310-403)

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MAI

Épiphane naquit dans la localité de Besanduc, près d'Éleuthéropolis en Judée, vers 310 ou 315. Ses parents étaient des agriculteurs juifs. Son père mourut alors qu'Épiphane était très jeune; aussi fut-il adopté par un rabbin de la ville voisine d'Éleuthéropolis, nommé Tryphon. Ce rabbin lui enseigna l'hébreu et la culture hébraïque et lui légua ses biens. D'autres documents de l'époque, assez nombreux, indiquent qu'Épiphane aurait été élevé par ses parents dans la foi du concile de Nicée, et d'autres par des moines chrétiens. Ce qui semble plus certain, c'est que le riche rabbin lui aurait appris l'araméen et l'hébreu, puis lui aurait légué toute sa fortune. Peu nous importe ce que fut l'enfance d'Épiphane; ce dont on est plus sûr, c'est que, jeune encore, et déjà chrétien, il se rendit en Égypte pour y faire ses études.

Curieusement, Épiphane fut d'abord attiré par une secte gnostique, puis déçu, il rejoignit une communauté monastique où il resta pendant plusieurs années. Ici un petit rappel semble nécessaire. Le gnosticisme est un synthèse de doctrines variées du Bassin méditerranéen et du Moyen-Orient, doctrines affirmant que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu mauvais ou imparfait appelé Démiurge ou Yahweh. Vers 340, Épiphane retourna dans son pays natal. Là, il fonda un monastère dont il devint le supérieur. Formé à l'école de saint Hilarion, il se montra toujours digne d'un tel maître. Confronté à l'arianisme, il resta un fidèle convaincu du Concile de Nicée, ce qui entraîna des tensions avec l'évêque Eutychius d'Éleuthéropolis. Mais, selon Saint Jérôme, Épiphane aurait ramené cet évêque à l'orthodoxie.

Épiphane resta trente ans dans son monastère, consacrant son temps à l'étude, la prière, la mortification et le jeûne. Sa réputation de sainteté atteignit les évêques de Palestine qui voulurent lui conférer l'épiscopat. Immédiatement Épiphane s'enfuit au désert et alla trouver saint Hilarion. Au bout de quelques mois, saint Hilarion lui dit: "Mon fils, allez à Salamine, votre place est là." Devenu, en 367,  évêque de Salamine métropole ecclésiastique de l'île de Chypre, siège qu'il conserva pendant 36 ans, jusqu'à sa mort, Épiphane conserva son habit de moine, et n'abandonna jamais les habitudes austères de la vie religieuse. Sa charité était sans limite, au point qu'un de ses diacres l'accusait de dissiper les biens ecclésiastiques.

Épiphane, évêque et théologien, est un saint et un Père de l'Église, tant pour l'Église orthodoxe que pour l'Église Catholique. Il était fréquemment consulté pour régler quelques différents sur la doctrine de l'Église. Ses contemporains sont les saints Jérôme, Basile de Césarée et Théophile d'Alexandrie. Les textes qui parlent de lui sont assez nombreux et l'on peut être à peu près sûr de ce que fut sa vie d'adulte, bien que les dates ne soient pas toujours aussi rigoureuses que nous les souhaiterions. Par contre, ce que nous devons retenir, c'est qu'il dut intervenir contre les hérésies qui déchiraient alors l'Église. Ainsi il dut prendre parti contre les apollinaristes en 376, et les origénistes de 393 à 397.  Épiphane finit par appeler, dans une lettre, tous les moines de Palestine à rompre la communion avec l'évêque de Jérusalem.

Mais en 400, des incidents ayant déclenché une grande dispute au sein de l’Église chrétienne de l’époque, Épiphane alla à Constantinople et, dans un premier temps, écoutant les dires de certains évêques, se sépara de saint Jean Chrysostome, patriarche de Constantinople, qui fut déposé et exilé en 403. Cependant, lorsque Épiphane eut pris conscience d'avoir été trompé et de s'être fait manipuler, Épiphane quitta Constantinople et écrivit à Jean Chrysostome, lui disant, entre autres: "Athlète du Christ, souffrez et triomphez." C'est pendant son voyage de Constantinople à Chypre, qu'Épiphane mourut. C'était le 12 mai 403. Épiphane avait environ 90 ans.  À l'arrivée du navire à Salamine, en mai 403, une foule immense, tenant des cierges à la main, accueillit son pasteur et l'accompagna avec des larmes jusqu'à l'église cathédrale, où pendant sept jours une grande partie de la population de Chypre vint le vénérer.

Maintenant il est bon que nous nous attardions un peu sur les œuvres écrites  d'Épiphane. En 374, il publia un traité, Anchoratus, dans lequel il exposait la foi de l'Église, basée sur les dogmes de la Sainte Trinité et sur la Résurrection de Jésus. Ce document dirigé contre les hérésies du temps, surtout l'arianisme et l'origénisme, est une sorte de profession de foi. De 374 à 377, Épiphane composa un ouvrage, toujours précieux, car il contient beaucoup d'informations sur les courants religieux de l'antiquité et les hérésies de son temps. En 392, il écrivit une introduction à la Bible avec l'histoire de la traduction des textes et des éléments d'archéologie. Il existe également de nombreuses lettres d'Épiphane, adressées à des évêques, aux membres de son Église, et même à l'empereur Théodose.

Saint Épiphane avait une vraie dévotion pour la Vierge Marie dont il disait, que, par elle, "la paix céleste fut donnée au monde." De plus, estimait que, "dire Marie la Vierge, équivalait à dire qu'en Jésus-Christ Dieu était vraiment avec nous et l'un de nous." Mais attention! Épiphane défendait le culte marial, mais expliquait que Marie devait recevoir un culte, mais pas une adoration.  En effet, pour lui "la Vierge est certainement vierge et digne d'honneur; cependant, elle n'a pas été donnée aux hommes pour être adorée. Au contraire, elle-même est adoratrice de Celui qui, selon la chair, est né d'elle, mais qui était descendu du Ciel et du sein du Père divin." Et contre les féministes, qui existaient déjà… il précisa que "si telle était la volonté de Dieu, la fonction sacerdotale aurait été confiée d'abord à Marie, avant toute autre femme, parce qu'elle avait été digne de porter en son sein le Roi de l'univers."

Saint Épiphane est le patron de l'Île de Chypre.

Paulette Leblanc

 

 

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