DOMINIQUE DE GUZMAN
Fondateur des Prêcheurs, Saint
1170-1221

8

Août

Dominique de Guzman naquit en 1170, au château de Caleruega situé près de Silos dans la Vieille-Castille, en Espagne. Cet enfant de la famille des Gusman reçut le nom de Dominique en l'honneur du saint abbé de l'abbaye voisine de Silos, mort un siècle auparavant. On croit savoir que Dominique aurait appartenu à une famille noble, les ducs de Medina Sidonia. De cette famille nous ne savons que peu de choses sinon que la mère de Dominique, Jeanne d'Asa, est déjà béatifiée. Dominique aurait eu plusieurs frères dont l'un entra dans l'ordre des prêcheurs. Tout cela est bien vague, mais nous ne sommes qu'au XIIe siècle, dans une Espagne encore occupée en grande partie par les musulmans depuis 711…

Certaines informations tirées de sources anciennes, nous disent que, dès l'âge de cinq ans, Dominique aurait été confié à un oncle archiprêtre, chargé de faire son éducation. On peut donc penser que sa famille le destinait à l'état clérical. Cette orientation, à l'époque, allait de soi d'autant plus qu'à la fin du XIIe siècle siècle, la Castille avait grand besoin de vocations ecclésiastiques et monastiques: en effet, au cours des siècles précédents, la région située au nord du Douro était tombée à plusieurs reprises sous la domination de l'islam, et elle ne fut définitivement reconquise qu'au XVe siècle, en 1492, par les comtes de Castille.

Dominique étudia la théologie et la philosophie à Palencia. En 1196, âgé d'environ 25 ans, Dominique devint chanoine régulier, à Osma, et là, il se distingua par sa ferveur, son zèle et son talent de prédicateur. Bientôt Dominique accompagna dans ses voyages, son ami Diego, nommé évêque d'Osma, en décembre 1201. Ainsi, il se rendit à plusieurs reprises en France, dans le Languedoc, et constata les dégâts causés par l'hérésie cathare. Il faut dire ici que la richesse de l'Église scandalisait les chrétiens qui avaient fini par se laisser séduire, tant par les idées des Vaudois que par celles des Cathares. Or, Diego et Dominique étaient allés à Rome pour demander au pape Innocent III, d'approuver l'inspiration qu'ils avaient eue d'aller évangéliser les Cumans d'Ukraine. Mais le pape leur ordonna d'aller plutôt assister les cisterciens qui tentaient vainement de rechristianiser les Albigeois, dont l'hérésie avait été condamnée en 1184.  

Pour cela, en 1206, Dominique fonda à Prouilhe, un village du Languedoc, un monastère destiné à accueillir les jeunes filles tentées par les "maisons des parfaites", c'est-à-dire des Cathares. Prouilhe servit de refuge à beaucoup de femmes converties. Ce monastère est à l'origine des sœurs dominicaines, et la tradition dominicaine estime que la naissance de l'ordre des prêcheurs eut lieu en juin 1206. En 1208, Dominique eut une apparition de la Vierge Marie, Notre-Dame du Rosaire, qui lui tendit un chapelet. C'est l'origine de la dévotion des dominicains pour le Rosaire, dévotion qui fut répandue, au 15ème siècle, par le bienheureux Alain de la Roche, Frère Dominicain.

Nous arrivons maintenant à l'épisode de la croisade des Albigeois qui fut déclenchée en 1209, après l'assassinat, le 15 janvier 1208, du légat du pape, le cistercien Pierre de Castelnau, assassinat imputé à Raymond VI de Toulouse. Dominique suivit les croisés, afin de convertir les habitants des places conquises par les croisés. C'est ainsi qu'il fut considéré, plus tard, comme le 1er Inquisiteur, alors qu'à cette époque l'Inquisition, créée en 1231, n'existait pas encore. En réalité, Dominique ne prit aucune part à la guerre, ne voulant d'autres armes que la prédication, la prière et les bons exemples. Il obtint un grand nombre de conversions par sa seule persuasion. Le 25 avril 1215, Dominique s'établit à Toulouse avec quelques-uns de ses prêtres, grâce à l'appui de l'évêque de Toulouse, Mgr Foulques, collaborateur de saint Dominique depuis 1206. Au mois de novembre 1215, Dominique et Mgr Foulques participèrent, à Rome, au IVe Concile du Latran réuni par le pape Innocent III. C'est alors, qu'avec l'appui du pape ils projetèrent l'établissement d'un ordre de Prêcheurs, des moines qui s'engageraient à la prédication, mais dans la pauvreté et après une solide formation doctrinale, constamment entretenue, pour mieux réfuter les hérésies. Leur règle sera proche de celle de Saint Augustin. Le pape Honorius III autorisa l'établissement de l'Ordre en décembre 1216.

À la mort de son ami, l'évêque Diego, Dominique prit la tête de leur Ordre, et, avec l'aide de quelques prêtres, il commença à développer une œuvre de prédication et de pénitence. Bientôt cette œuvre reçut l'approbation de l'évêque de Toulouse, puis celle d'Innocent III que Dominique alla trouver à Rome où il se tenait dans le cadre du IVe concile du Latran. À la mort d'Innocent III en 1216, son successeur, Honorius III confirma le nouvel institut et le premier couvent s'ouvrit à Rome. La mission de prédication en Languedoc était devenue "l'Ordre des Prêcheurs". En 1219, Dominique partit à Paris afin d'installer un couvent pour ses religieux, rue Saint-Jacques.

Au chapitre de Bologne en 1220, Dominique organisa l'Ordre des Frères Prêcheurs: à sa tête il y aurait un Maître général auquel seraient soumis tous les prêcheurs. Un chapitre général se réunirait tous les ans, pour élaborer ou ajuster les règlements de l’ordre selon la règle des chanoines de Saint Augustin. Une grande place fut donnée à la prière liturgique et à la méditation. L’ordre ne devait avoir ni revenus, ni propriétés, et devait pratiquer la mendicité conventuelle. Seule était admise la possession des bâtiments du couvent par la communauté, et chacun des frères pouvait posséder les livres dont il avait besoin. En effet, selon Diego, la prédication ne pouvait être efficace que si les prédicateurs vivaient ce qu'ils proclamaient. Les couvents des Frères Prêcheurs  se transformèrent ainsi en maisons d’études (studium). Les prêcheurs se fixèrent dans les villes universitaires de Bologne, de Paris, de Toulouse, d'Oxford et de Cologne. La qualité de leur enseignement était telle qu'elle leur permit de briguer rapidement des chaires dans les facultés.

Puis Dominique retourna en Italie et se fixa à Bologne. C'est là qu'il mourut le 6 août 1221. Le pape Grégoire IX le canonisa le 3 juillet 1234. Saint Dominique fut vénéré dans toute l'Italie, en Espagne et dans le sud de la France. De nombreux miracles lui furent attribués, notamment la résurrection d'un jeune homme mort d'une chute de cheval et le sauvetage de pèlerins qui allaient se noyer en tentant de traverser la Garonne pour se rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est fêté le 8 août depuis le concile Vatican II.

Paulette Leblanc

 

 

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