Dominique de Guzman naquit en 1170, au château de
Caleruega situé près de Silos dans la Vieille-Castille,
en Espagne. Cet enfant de la famille des Gusman reçut le
nom de Dominique en l'honneur du saint abbé de l'abbaye
voisine de Silos, mort un siècle auparavant. On croit
savoir que Dominique aurait appartenu à une famille
noble, les ducs de Medina Sidonia. De cette famille nous
ne savons que peu de choses sinon que la mère de
Dominique, Jeanne d'Asa, est déjà béatifiée. Dominique
aurait eu plusieurs frères dont l'un entra dans l'ordre
des prêcheurs. Tout cela est bien vague, mais nous ne
sommes qu'au XIIe
siècle, dans une Espagne encore occupée en grande partie
par les musulmans depuis 711…
Certaines
informations tirées de sources anciennes, nous disent
que, dès l'âge de cinq ans, Dominique aurait été confié
à un oncle archiprêtre, chargé de faire son éducation.
On peut donc penser que sa famille le destinait à l'état
clérical. Cette orientation, à l'époque, allait de soi
d'autant plus qu'à la fin du XIIe
siècle siècle, la Castille avait grand besoin de
vocations ecclésiastiques et monastiques: en effet, au
cours des siècles précédents, la région située au nord
du Douro était tombée à plusieurs reprises sous la
domination de l'islam, et elle ne fut définitivement
reconquise qu'au XVe
siècle, en 1492, par les comtes de Castille.
Dominique étudia la théologie et la philosophie à
Palencia. En 1196, âgé d'environ 25 ans, Dominique
devint chanoine régulier, à Osma, et là, il se distingua
par sa ferveur, son zèle et son talent de prédicateur.
Bientôt Dominique accompagna dans ses voyages, son ami
Diego, nommé évêque d'Osma, en décembre 1201. Ainsi, il
se rendit à plusieurs reprises en France, dans le
Languedoc, et constata les dégâts causés par l'hérésie
cathare. Il faut dire ici que la richesse de l'Église
scandalisait les chrétiens qui avaient fini par se
laisser séduire, tant par les idées des Vaudois que par
celles des Cathares. Or, Diego et Dominique étaient
allés à Rome pour demander au pape Innocent III,
d'approuver l'inspiration qu'ils avaient eue d'aller
évangéliser les Cumans d'Ukraine. Mais le pape leur
ordonna d'aller plutôt assister les cisterciens qui
tentaient vainement de rechristianiser les Albigeois,
dont l'hérésie avait été condamnée en 1184.
Pour
cela, en 1206, Dominique fonda à Prouilhe, un village du
Languedoc, un monastère destiné à accueillir les jeunes
filles tentées par les "maisons des parfaites",
c'est-à-dire des Cathares. Prouilhe servit de refuge à
beaucoup de femmes converties. Ce monastère est à
l'origine des sœurs dominicaines, et la tradition
dominicaine estime que la naissance de l'ordre des
prêcheurs eut lieu en juin 1206. En 1208, Dominique eut
une apparition de la Vierge Marie, Notre-Dame du
Rosaire, qui lui tendit un chapelet. C'est l'origine de
la dévotion des dominicains pour le Rosaire, dévotion
qui fut répandue, au 15ème siècle, par le
bienheureux Alain de la Roche, Frère Dominicain.
Nous
arrivons maintenant à l'épisode de la croisade des
Albigeois qui fut déclenchée en 1209, après
l'assassinat, le 15 janvier 1208, du légat du pape, le
cistercien Pierre de Castelnau, assassinat imputé à
Raymond VI de Toulouse. Dominique suivit les croisés,
afin de convertir les habitants des places conquises par
les croisés. C'est ainsi qu'il fut considéré, plus tard,
comme le 1er
Inquisiteur, alors qu'à cette époque l'Inquisition,
créée en 1231, n'existait pas encore. En réalité,
Dominique ne prit aucune part à la guerre, ne voulant
d'autres armes que la prédication, la prière et les bons
exemples. Il obtint un grand nombre de conversions par
sa seule persuasion. Le 25 avril 1215, Dominique
s'établit à Toulouse avec quelques-uns de ses prêtres,
grâce à l'appui de l'évêque de Toulouse, Mgr Foulques,
collaborateur de saint Dominique depuis 1206. Au mois de
novembre 1215, Dominique et Mgr Foulques participèrent,
à Rome, au
IVe
Concile du Latran réuni par le pape Innocent III. C'est
alors, qu'avec l'appui du pape ils projetèrent
l'établissement d'un ordre de Prêcheurs, des moines qui
s'engageraient à la prédication, mais dans la pauvreté
et après une solide formation doctrinale, constamment
entretenue, pour mieux réfuter les hérésies. Leur règle
sera proche de celle de Saint Augustin. Le pape Honorius
III autorisa l'établissement de l'Ordre en décembre
1216.
À la
mort de son ami, l'évêque Diego, Dominique prit la tête
de leur Ordre, et, avec l'aide de quelques prêtres, il
commença à développer une œuvre de prédication et de
pénitence. Bientôt cette œuvre reçut l'approbation de
l'évêque de Toulouse, puis celle d'Innocent III que
Dominique alla trouver à Rome où il se tenait dans le
cadre du
IVe
concile du Latran. À la mort d'Innocent III en 1216, son
successeur, Honorius III confirma le nouvel institut et
le premier couvent s'ouvrit à Rome. La mission de
prédication en Languedoc était devenue "l'Ordre des
Prêcheurs". En 1219, Dominique partit à Paris afin
d'installer un couvent pour ses religieux, rue
Saint-Jacques.
Au
chapitre de Bologne en 1220, Dominique organisa l'Ordre
des Frères Prêcheurs: à sa tête il y aurait un Maître
général auquel seraient soumis tous les prêcheurs. Un
chapitre général se réunirait tous les ans, pour
élaborer ou ajuster les règlements de l’ordre selon la
règle des chanoines de Saint Augustin. Une grande place
fut donnée à la prière liturgique et à la méditation.
L’ordre ne devait avoir ni revenus, ni propriétés, et
devait pratiquer la mendicité conventuelle. Seule était
admise la possession des bâtiments du couvent par la
communauté, et chacun des frères pouvait posséder les
livres dont il avait besoin. En effet, selon Diego, la
prédication ne pouvait être efficace que si les
prédicateurs vivaient ce qu'ils proclamaient. Les
couvents des Frères Prêcheurs se transformèrent ainsi
en maisons d’études (studium). Les prêcheurs se
fixèrent dans les villes universitaires de Bologne, de
Paris, de Toulouse, d'Oxford et de Cologne. La qualité
de leur enseignement était telle qu'elle leur permit de
briguer rapidement des chaires dans les facultés.
Puis
Dominique retourna en Italie et se fixa à Bologne. C'est
là qu'il mourut le 6 août 1221. Le pape Grégoire IX le
canonisa le 3 juillet 1234. Saint Dominique fut vénéré
dans toute l'Italie, en Espagne et dans le sud de la
France. De nombreux miracles lui furent attribués,
notamment la résurrection d'un jeune homme mort d'une
chute de cheval et le sauvetage de pèlerins qui allaient
se noyer en tentant de traverser la Garonne pour se
rendre à Saint-Jacques-de-Compostelle. Il est fêté le 8
août depuis le concile Vatican II.
Paulette
Leblanc |