DIMITRIUS DE THESSALONIQUE
Militaire, Martyr, Saint
(entre 270 et 284-vers 305 ou 306)

26

OCTOBRE

Saint Dimitrius, ou Démétrios de Thessalonique, ou Démétrius, peu connu aujourd'hui dans l'Église catholique, fut très vénéré jusqu'à la fin du Moyen-Âge. L'Église Orthodoxe le vénère toujours beaucoup et il est le protecteur de la ville de Thessalonique. Il est fêté le 26 octobre, à la fois chez les catholiques et chez les orthodoxes, mais l'Église serbe orthodoxe le célèbre le 8 novembre. Notons que le 26 octobre de chaque année, le premier ministre grec se rend à Thessalonique, ville du saint Patron protecteur de la cité.

De nombreuses légendes s'étant ajoutées aux récits de la vie de Dimitrius, il est, aujourd'hui, à peu près impossible d'affirmer ce qui est raconté sur la vie de ce saint. Seul son martyr sous l'empereur romain Maximien, vers 305 ou 306 est certain. On ne sera donc pas étonné que j'utilise souvent le conditionnel.

Saint Dimitrius vécut à Thessalonique sous les règnes des empereurs Dioclétien et Maximien. Dimitrius serait issu d'une grande et noble famille romaine de la province de Macédoine. Ses parents étaient chrétiens mais secrètement en raison des persécutions qui sévissaient depuis près de trois siècles. Dimitrius fut baptisé et élevé dans la foi chrétienne, dans une chapelle secrète qui se trouvait dans la maison de son père, proconsul romain à Thessalonique. Après le décès de son père, Dimitrius devenu majeur et très apprécié en raison de ses capacités administratives et militaires, fut nommé, par l'empereur Maximien, proconsul du district de Thessalonique, à la place de son père. Les tâches principales de ce jeune commandant auraient donc été de défendre la ville contre les barbares et d'éradiquer le christianisme. Car l'empereur avait demandé: “Mettez à mort tout le monde qui appelle le nom du Christ.” L'empereur ne soupçonnait pas qu'en nommant Dimitrius proconsul, il fournirait à ce dernier un moyen de conduire beaucoup de personnes au Christ…

En effet, ces honneurs offerts par l'empereur, n'auraient pas faire perdre à Dimitrius, devenu diacre, le sens des réalités les plus essentielles. Touché par l'amour du Christ il passait beaucoup de temps à enseigner la parole de Dieu. Sa parole était si convaincante et sa vie si pleine de justice, de paix et d'amour pour ses frères, qu'un grand nombre de païens se convertissaient, malgré la persécution lancée par l'empereur contre les Chrétiens. Ayant accepté sa nomination de proconsul à Thessalonique, Dimitrius au lieu de persécuter et d'exécuter des chrétiens, enseignait la foi chrétienne aux habitants de la ville et renversait les idoles païennes. On aurait dit de lui qu'il était “un second apôtre Paul” pour Thessalonique. Lorsque l'empereur Maximien, suite à une dénonciation, apprit que le proconsul nouvellement nommé était un chrétien et qu'il avait converti de nombreux sujets romains au christianisme, sa colère ne connut aucune limite. En revenant d'une campagne victorieuse contre les Scythes, dans la région de la mer Noire, l'empereur décida, avant de rentrer à Rome, de faire passer son armée par Thessalonique, afin d'y massacrer les chrétiens. Arrivé à Thessalonique, Maximien fit organiser dans l'amphithéâtre local, des jeux païens et des combats de gladiateurs. Quant à Dimitrius, il fut jeté en prison. Là, un jeune chrétien nommé Nestor, serait venu demander une bénédiction à Dimitrius, afin de montrer à l'empereur que c'est au Christ seul qu'appartient la vraie puissance. Nestor avait, en effet, décidé d'engager un combat contre le géant Lyaios, gladiateur champion du paganisme. Dimitrius donna sa bénédiction à Nestor qui, contre toute attente, tua son adversaire dans l'arène, comme David l'avait fait, autrefois, contre Goliath.

Que se serait-il donc passé? Maximien avait emmené avec lui un géant de la tribu des Vandales, d'une force herculéenne; et personne ne pouvait résister à Lyaios. Voyant cela, Nestor, un jeune chrétien, ayant constaté tout l'orgueil que tirait l'empereur à la vue des victoires de son protégé, décida d'aller trouver Dimitrius dans sa prison, et il lui aurait demandé sa bénédiction, et la protection de sa prière pendant qu'il affronterait le géant. Dimitrius fit le signe de Croix sur le front et le cœur du jeune garçon et l'envoya au combat, tel David au-devant de Goliath. Nestor arriva à l'amphithéâtre au moment où les hérauts étaient en train de  rechercher un gladiateur qui voudrait affronter Lyaios. Nestor s'avança alors devant l'empereur et, jetant sa tunique à terre, s'écria:

– Dieu de Dimitrius, viens à mon aide!

Dès le premier engagement, alors que le géant s'apprêtait à se ruer sur le frêle garçon, ce dernier s'esquiva et perça mortellement au cœur, avec son couteau, le géant Lyaios. Tous les assistants furent saisis de crainte à la vue de ce prodige. Mais l'empereur Maximien, au lieu de se soumettre à la puissance du Dieu des Chrétiens, ordonna qu'on se saisisse de Nestor et qu'on lui tranche la tête. De plus, comme Nestor avait invoqué le Dieu de Dimitrius, Maximien soupçonna ce dernier d'avoir utilisé des sortilèges. Il ordonna à ses soldats de tuer immédiatement Dimitrius, sans aucun procès. Cela se serait passé le 26 octobre de l'an 305 ou 306.

Peu de temps après la mort de saint Dimitrius, une basilique qui devint un grand centre de pèlerinages, fut érigée sur son tombeau à Thessalonique. On y vénéra aussi son compagnon martyr, Nestor, qui était commémoré le lendemain de la fête de Dimitrius, soit le 27 octobre. Le culte de saint Dimitrius fut très populaire en Orient, et il le demeura, surtout chez les orthodoxes. Pourtant, vers le V ou le VI siècle, le diocèse français de Gap voulut aussi se l'approprier en en faisant son premier évêque.

La légende raconte que Dieu n'aurait pas voulu laisser Dimitrius dans l'oubli, après sa mort. On dit même qu'Il aurait fait couler de son corps un délicieux liquide parfumé, qui avait la propriété de guérir tous ceux qui s'en oignaient avec foi. Au cours du 7ème siècle, un flux miraculeux de myrrhe parfumée aurait été trouvé émanant de son tombeau… Par ailleurs, depuis 1600 ans, Saint Dimitrius aurait manifesté souvent sa bienveillante protection sur la ville et les habitants de Thessalonique, notamment contre les assauts des barbares. Au cours des siècles, il aurait sauvé le peuple des épidémies et des famines, et guéri de très nombreux malades. En 586, il serait apparu au cours d'une bataille pour défendre Thessalonique. Plus de 200 églises dans les Balkans sont dédiées à Saint Dimitrius.

Saint Dimitrius, saint patron de Thessalonique, est considéré par le peuple comme étant intervenu pour sauver la ville menacée par les étrangers: des Slaves, des Bulgares, des Arabes, des Sarrasins et bien d'autres. Dimitrius de Thessalonique serait aussi très apprécié du monde slave, en particulier de la Russie. Certains auraient même cru que les parents de Saint Dimitrius étaient de descendance slave. Pourtant, on raconte que,  avançant vers la ville de Thessalonique, leurs ennemis, des slaves païens, auraient été renversés à plusieurs reprises par l'apparition d'un homme jeune, se promenant sur les murs d'enceinte et inspirant la terreur parmi les soldats envahisseurs. C'est peut-être pourquoi les Grecs rejettent la possibilité que saint Dimitrius ait été d'origine slave. Par contre, d'autres documents indiquent que Dimitrius aurait été un grand protecteur des soldats russes. Il existe même une icône de saint Dimitrius de Thessalonique dans la cathédrale de Moscou, icône qui aurait été apportée au roi Vladimir en 1197. Enfin, un prince russe, Dimitrius du Don, aurait fait transférer cette icône à Moscou, en 1380, la veille de la bataille de Kulikovo, contre les Mongols envahisseurs et dévastateurs de la Russie.

Saint Dimitrius est considéré comme un protecteur des jeunes. Il est invoqué par ceux qui luttent contre les tentations lubriques.

Paulette Leblanc

 

pour toute suggestion ou demande d'informations