JEAN-BAPTISTE DE ROSSI
Prêtre italien, Saint
1698-1764

23

MAI

Giovanni-Battista de Rossi, en français Jean-Baptiste de Rossi, naquit le 22 février 1698, à Voltaggio, petite ville du diocèse de Gênes. Giovanni-Battista était le neuvième et dernier enfant d'une famille modeste. Son père, Charles de Rossi, qui avait une foi très profonde, veillait de près, tant qu'il vécut, à l'éducation religieuse de ses enfants.

Giovanni-Battista était un jeune adolescent quand deux nobles génois, Jean Scorza et Maria Cambiasi, sa femme, qui étaient de passage à Voltaggio, furent charmés par sa gentillesse. Et ils demandèrent à son père l'autorisation de l'emmener avec eux, à Gênes, comme page. Giovanni resta avec eux pendant trois ans. Au bout de trois ans, sur les conseils d'un de ses oncles, capucin à Rome et de son cousin Lorenzo de Rossi, chanoine de Sainte-Marie-in-Cosmedin, une belle église de Rome, Giovanni se rendit à Rome, et son oncle capucin l'inscrivit au Collège romain tenu par les pères Jésuites.

Au collège des Jésuites de Rome, Giovanni-Battista se montra immédiatement un brillant élève. De plus, il se faisait remarquer par sa piété active, son amabilité, sa gentillesse, et surtout une joie qui entraînait ses compagnons à prier et à visiter les pauvres malades. Très vite Giovanni-Battista comprit qu'il devait être prêtre. Mais souffrant de crises d'épilepsie, il ne put être ordonné, qu'après avoir obtenu une dispense, en 1721. Dès lors, commença son admirable vie d'apôtre des pécheurs, hommes et femmes, et des pauvres. Rapidement on le compara à saint Philippe Néri et à saint Vincent de Paul.

Giovanni-Battista voulait devenir très vite un grand saint; aussi multiplia-t-il les pénitences. Cependant ses excès de pénitence, en particulier sur l'alimentation, nuirent gravement à sa santé qui restera désormais fragile. Il ne pouvait plus poursuivre régulièrement ses études. Il comprendra plus tard que c'est l'amour qui transforme les cœurs et non les mortifications excessives. "Apprenez de mon exemple, conseillera-t-il à des séminaristes, à ne pas vous fier aveuglément à votre jugement propre mais à prendre conseil de votre confesseur avant d'embrasser un exercice."

Mais quelle fut ensuite la vie spirituelle de Giovanni? Son plus grand désir était de marcher sur le chemin de la sainteté et d'y entraîner les autres. Mais pour cela, il devait vivre une vie intense d'union à Dieu. En conséquence, chaque matin il passait une heure en méditation surtout de l'Évangile. Puis il recommandait à Dieu son travail et les besoins des âmes. Le soir, il prenait encore une demi-heure pour l'oraison mentale, principalement sur la vie des saints. Zélé pour la prière du bréviaire, il encourageait ses confrères à ne pas le remettre aux temps libres mais à réciter, autant que possible, les différents Offices aux heures qui leur correspondent. Quand il sera chanoine, il montrera une grande fidélité à la récitation chorale de l'Office divin.

En 1737, son cousin, don Lorenzo décéda, et Jean-Baptiste, sur l'ordre de son confesseur, devint chanoine à sa place. Héritier de don Lorenzo, il vendit la somptueuse maison de son cousin et en distribua le prix aux pauvres. Quant à lui, il s'installa à proximité de l'église dans une espèce de grenier appartenant à la communauté. Dans l'église se trouvait une image miraculeuse de la Sainte Vierge pour laquelle Jean-Baptiste avait une grande dévotion. Sous son influence, les chanoines ajoutèrent à leur Office le chant des litanies de la Sainte Vierge.

En 1739, l'évêque d'Orte, le vénérable Tenderini l'orienta vers la direction des âmes. Il s'y révéla un directeur et un confesseur exceptionnel. Mais Giovanni-Battista continuait à évangéliser les pauvres bergers de la campagne romaine qui venaient à Rome pour y vendre leurs produits. Dès l'aurore il était près d'eux et gagnait leur confiance, et il orientait vers Dieu ces âmes frustes peu soucieuses des choses éternelles. Pendant longtemps il visita l'hospice de Santa-Galla, fondé en 1650 et où don Vaselli, réunissait des pauvres abandonnés qui avaient besoin d'instruction religieuse. L'hospice de Sainta-Galla était animé par une pieuse union d'ecclésiastiques qui se vouaient à l'accueil des enfants abandonnés pour les instruire de la doctrine chrétienne. Après la mort de Don Vaselli, Giovanni-Battista lui succéda. Il s'y dévouera pendant tout le reste de sa vie. Enfin, il voulut donner aux pauvres filles qui erraient sans domicile dans les rues de Rome un asile au moins pour la nuit. Il fonda pour elles l'hospice Saint-Louis-de-Gonzague, dirigé par une prieure et une sous-prieure.

En souvenir des peines que Notre-Seigneur avait endurées en prison lors de sa Passion, Giovanni-Battista visitait les détenus. Interrogé sur son assiduité, il répondait: "C'est pour les faire sortir de l'enfer intérieur où ils sont: une fois leur conscience soulagée, les peines de la détention deviennent plus faciles à accepter et ainsi ils en arrivent à les supporter pour l'expiation de leurs fautes." Il obtint pour les femmes prisonnières qu'un établissement leur soit réservé, administré par des femmes pieuses et charitables. Toutes ces preuves de la charité de Giovanni-Battista, il les puisait dans un amour de Jésus-Eucharistie qui s'épanouissait en un oubli absolu de lui-même.

Mais la santé de Giovanni devenait de plus en plus précaire. Malgré tout il continuait à confesser, à prêcher, et à consoler et à encourager ceux qui venaient le trouver. Enfin, le 23 mai 1764, Jean-Battista de Rossi décédait. Il avait 66 ans. Il fut béatifié par le pape Pie IX, le 13 mai 1860; et canonisé le 8 décembre 1881, par Léon XIII.

Voyons maintenant les orientations spirituelles vers lesquelles Giovanni-Battista de Rossi conduisait les personnes qui venaient à lui. Tout d'abord, il s'efforçait, quand cela était possible, de régulariser, les situations matrimoniales désordonnées. Ses exhortations au confessionnal, fortes et persuasives, obtenaient de beaux résultats: célébration du sacrement de mariage, ou bien, séparation définitive des concubins. Pourtant, pour le bien des pénitents, il refusait parfois l'absolution à ceux qui manquaient de contrition, refusaient de se retirer des occasions de pécher ou ne cherchaient pas à prendre les moyens indispensables pour sortir du péché. Il affirmait souvent: "Les prêtres ne devraient jamais se résigner à voir les confessionnaux désertés ni se contenter de constater la désaffection des fidèles pour ce sacrement."

En 1748, en raison de ses nombreuses difficultés de santé, le chanoine Giovanni-Battista de Rossi s'installa dans la communauté sacerdotale de la Trinité-des-Pèlerins, tout en continuant son ministère à Sainte-Marie-in-Cosmedin, en particulier les jours de marché où les paysans, qui avaient apporté leurs produits pour les vendre, profitaient de l'occasion pour se confesser.

Jean-Baptiste de Rossi s'efforçait aussi d'aider les prêtres dans leur vie spirituelle, et il s'efforçait d'entretenir les amitiés sacerdotales. Il avait toujours soin de ne pas parler mal des autres ecclésiastiques et des membres de la hiérarchie. Il demandait aux prêtres "une grande fidélité à leur vocation qui exige courage et confiance." Et il leur demandait d'être pleins de sollicitude les uns avec les autres. Il précisait: "Les moments de prière et d'étude en commun, le partage des exigences de la vie et du travail sacerdotal sont une part nécessaire de votre vie. Il est important que vous vous aidiez réciproquement par le moyen de la prière et par des conseils et des discernements utiles."

Durant les deux dernières années de sa vie, la fièvre  ne quittait plus Giovanni-Battista. En août 1762, sa santé était tellement délabrée qu'il dut aller refaire ses forces dans la région du lac de Nemi. Là, l'épilepsie de sa jeunesse réapparut avec des crises violentes. Le 8 septembre 1763, il se fit conduire à Sainte-Marie-in-Cosmedin pour y célébrer la Nativité de Marie. Il affirme à ses confrères: "Priez pour moi. Je ne reviendrai plus ici: c'est l'ultime fête que je célèbre avec vous."

Paulette Leblanc

 

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