Daniel Comboni naquit à Limone sul Garda, dans la
province de Brescia en Italie, le 15 mars 1831 dans une
famille de paysans pauvres au service d'un riche
seigneur de la région. Son père Louis et sa mère
Dominique étaient très attachés à Daniel, le quatrième
de huit enfants, morts presque tous en bas âge. Cette
famille était une famille unie, riche de la foi et de
valeurs humaines, mais pauvre en moyens économiques.
C'est justement la pauvreté de la famille Comboni qui
obligea Daniel à quitter son village pour aller
fréquenter l'école à Vérone. Le 20 février 1843, il
entra dans l’institut fondé par le chanoine Nicolas
Mazza, dont le but était l'accueil et l'éducation des
jeunes pauvres.
Peu
à peu Daniel découvrit sa vocation: devenir prêtre au
service des Africains. Il termina ses études de
philosophie et de théologie à Vérone, et découvrit les
besoins spirituels d'Afrique, surtout après le retour
d'Afrique de l'abbé Mazza et des témoignages des
missionnaires qui l'accompagnaient. En 1854, Dan1el
Comboni fut ordonné prêtre, et trois ans plus tard, en
1857, il partit pour le Soudan. Après quatre mois de
voyage, l'expédition missionnaire dont Comboni faisait
partie arriva à Khartoum, la capitale du Soudan. Daniel
Comboni se rendit vite compte des difficultés que les
missionnaires allaient rencontrer: les fatigues, le
climat, les maladies, la mort de nombreux jeunes
missionnaires, et la très grande pauvreté. Par ailleurs,
la situation d'abandon des gens du pays le convainquit
qu'il ne devait pas abandonner ce qu'il avait commencé
avec tant d'enthousiasme. Il écrivit à ses parents:
"Nous devrons
nous fatiguer, transpirer, mourir; mais la pensée qu'on
transpire et qu'on meurt par amour de Jésus-Christ et du
salut des âmes les plus abandonnées du monde est trop
douce pour nous faire abandonner cette grande
entreprise."
Après la mort, en Afrique, de son ami missionnaire, au
lieu de se décourager, Daniel se sentit conforté dans sa
décision de continuer sa mission, disant: "Ou
l'Afrique ou la mort". Pour cette grande entreprise
du "salut des âmes les plus abandonnées du monde",
il était prêt à tout, malgré son retour momentané en
Italie pour des raisons de santé. Une fois revenu en
Italie, Daniel Comboni mit au point une nouvelle
stratégie missionnaire. En effet, en 1864, alors qu'il
était en prière sur la tombe de Saint Pierre à Rome, il
fut saisi par une illumination fulgurante qui le poussa
à élaborer son "Plan pour la régénération de
l'Afrique", un projet missionnaire que l'on peut
résumer par: "Sauver l'Afrique par l'Afrique".
Incontestablement, Daniel Comboni avait une confiance
sans limite dans les capacités humaines et religieuses
des peuples africains. Il avait aussi remarqué
l’importance de la femme chez les Africains. Aussi, le
23 mai 1863, ouvrit-il, au Caire, une école ayant des
maîtresses africaines.
Daniel Comboni avait également compris que la société
européenne et l'Eglise catholique étaient appelées à
prendre davantage en considération la mission de
l'Afrique Centrale. Dans ce but, comme il parlait
lui-même plusieurs langues, il visita toute l'Europe,
demandant une aide spirituelle et matérielle pour les
missions, à des Rois, à des évêques, aux riches et même
aux gens simples et pauvres. Et il fonda la première
revue missionnaire italienne. En 1867, il créa un
Institut de prêtres et de religieux missionnaires, les
Comboniens. Théologien de l'Évêque de Vérone,
Monseigneur Luigi di Canossa, Daniel Comboni participa
en 1870 au Concile Vatican I, et réussit à faire signer,
à 70 évêques, une pétition demandant que chaque église
locale soit engagée dans la conversion de l'Afrique. En
1872, c'est un institut de religieuses missionnaires qui
sera fondé, les Comboniennes. De plus, Daniel se battait
régulièrement contre l'esclavagisme.
Notons ici que, comme pour tous les grands évangélistes,
les souffrances et les calomnies ne furent pas épargnées
à Daniel Comboni; mais il portait ses croix avec un
grand esprit de foi. En 1873, il partit du Caire pour
aller au Kordofan, province du Soudan, avec des sœurs
européennes. Le 2 juillet 1877, Comboni fut nommé
Vicaire Apostolique de l'Afrique Centrale, et, en août
1877, il fut consacré Évêque: c'était la confirmation
que ses idées et ses actions, jugées folles par beaucoup
de personnes, étaient vraiment efficaces pour
l'évangélisation et la libération du continent africain.
Nommé évêque de Khartoum en 1877, il dut affronter la
sécheresse et la famine des années 1877-1878. C'est
alors que lui et ses missionnaires, hommes et femmes,
durent souffrir dans leur corps et dans leur esprit, la
tragédie d'une sécheresse et d'une famine sans
précédent, qui réduisirent de moitié la population
locale et épuisèrent le personnel et l'activité
missionnaires. Le drame était tel que Mgr Comboni lança
des appels au secours à l'Europe. C'est alors qu'il
déclara à ses fidèles: "Le premier amour de ma
jeunesse a été pour la malheureuse Afrique et, laissant
là ce que j'avais de plus cher au monde, je suis venu
parmi vous pour ne jamais cesser d'être avec vous."
Ayant une grande dévotion envers Marie, "Reine de la
nigrizia” et le Sacré-Cœur de Jésus, il consacra
l'Afrique à la Vierge Marie et son diocèse au Cœur de
Jésus. N'oublions pas non plus que, comme Mgr Comboni
continuait ses voyages dans le monde, il demanda au Père
Sembianti de rédiger le texte définitif des Règles des
fondations comboniennes. Nous sommes en 1880.
En
1881, Mgr Comboni entreprit une visite à toutes ses
stations missionnaires. Le 9 août 1881, éprouvé par la
fatigue, les morts fréquentes et récentes de ses
collaborateurs, l'amertume des accusations et des
calomnies, il tomba malade à Khartoum. Le 10 octobre
1881, il entrait en agonie et mourut au milieu des ses
religieux. Il avait 50 ans. Mais son œuvre n'était pas
morte, car œuvre de Dieu, née au pied de la croix, elle
ne pouvait pas mourir. Daniel Comboni sera béatifié le
17 mars 1996 et canonisé le 5 octobre 2003, par
Jean-Paul II. Il est fêté le 10 octobre.
Paulette Leblanc |