Joseph
Marmion naquit à Dublin en Irlande le 1er
avril 1858. Son père était irlandais et sa mère
française. Sa famille était nombreuse et très
religieuse. Remarquons ici que trois de ses sœurs
deviendront religieuses. Quand Joseph Marmion eut
terminé ses études secondaires, il rejoignit le
séminaire de Clonliffe, un quartier de
Dublin.
Il avait seize ans. Il acheva sa formation sacerdotale à
Rome, au Collège Pontifical de la Propagande et il fut
ordonné à Rome le 11 juin 1881. Il aurait aimé entrer au
monastère de Maredsous, en Belgique, mais son évêque,
irlandais, lui demanda d'attendre quelques années, et
le nomma vicaire à Dondrum, au sud de Dublin, puis
professeur de philosophie au Grand Séminaire de Holy
Cross, de 1882 à 1886, là où lui-même avait fait ses
études.
Enfin, le
21 novembre 1886, Joseph Marmion put entrer à l'Abbaye
de Maredsous ou il devint Dom Columba. L'abbaye de
Maredsous avait été fondée en 1872 par deux frères de
l'abbaye allemande de Beuron, Placide et Maur Wolter. Le
noviciat de Columba fut difficile, car il devait
apprendre une nouvelle langue et s'adapter à des
coutumes différentes des siennes depuis toujours.
Cependant, après sa profession solennelle en 1891, Dom
Columba put seconder le Maître des novices, et même
prêcher dans les paroisses environnantes. Il participa
aussi à la fondation de l'Abbaye du Mont-César à
Louvain, où il demeura pendant douze ans; il prêchait
également des retraites en Belgique et au Royaume-Uni.
Enfin, il devint le confesseur de Mgr Mercier, futur
Cardinal. Un des traits principaux de la vie religieuse
de Dom Columba était sa constante fidélité à la grâce.
Aussi Dieu le comblait-il de lumières abondantes sur le
mystère de la vie divine: avec lui, on "touchait" Dieu,
déclara le Cardinal Mercier.
Le premier
Abbé de l'abbaye bénédictine de Maredsous, Placide
Wolter, avait eu pour successeur Dom Hildebrand de
Hemptinne. Ce 2ème Abbé de Maredsous fut
nommé, par Léon XIII, premier Abbé Primat de la
Confédération bénédictine en 1893. Il réussit à cumuler
pendant 16 ans les deux fonctions, mais, devant résider
à Rome, il renonça finalement en 1909 à sa charge à
l'abbaye de Maredsous. Dom Columba Marmion fut alors élu
3e Abbé de Maredsous en 1909, à la tête d'une
communauté d'une centaine de moines, de deux écoles et
de la publication de plusieurs revues, dont la Revue
bénédictine. Dom Columba Marmion accompagna les moines
anglicans anglais de Caldey et de Milford Haven qui
voulaient passer au catholicisme. Sa devise devint: "
Plutôt servir que dominer."
Lorsqu'éclata la guerre de 1914, il envoya ses jeunes
moines en Irlande. Lui-même, âgé de 56 ans, continua son
activité de prédicateur et de directeur spirituel
particulièrement éclairé. À un jeune séminariste il
écrivit en 1915: "La meilleure des préparations à
l'ordination est de vivre chaque jour dans l'amour,
partout où l'obéissance et la Providence nous placent."
Et c'est bien de cela, l'amour et l'obéissance à la
Providence que vivait Dom Marmion. Résultat: les
vocations affluaient. Pourtant, tout spirituel qu'il
était, Dom Marmion ne se désintéressait pas des
questions matérielles: ainsi, il fit installer
l'électricité dans son abbaye, ainsi que le chauffage
central, chose particulièrement rare à cette époque dans
les monastères.
À tous les
hommes, éminents ou non, qui connurent Dom Columba
Marmion, il laissa le souvenir d'une âme élevée
accompagnée d'un cœur plein d'amour. Théologien éminent,
directeur spirituel plein de discernement, apôtre
débordant de zèle, Dom Marmion, âme très contemplative,
trouvait sa force dans la source vive de son amour
passionné pour le Christ et les âmes.
Grâce au
cardinal Mercier, son ami et confident, Dom Marmion fut
très présent sur la scène religieuse belge et
internationale. Ainsi, la longue visite que lui fit en
1920, à Maredsous, la Reine Élisabeth, épouse d'Albert 1er
de Belgique, est un témoignage de son influence. En
septembre 1922, Dom Marmion remplaça l'évêque de Namur
au pèlerinage diocésain à Lourdes. En octobre de la même
année, il présida les fêtes du cinquantenaire de
Maredsous, abbaye qu'il aura dirigé pendant 35 ans.
Mais, le 30 janvier 1923, il mourait de la grippe en
murmurant: "Jésus, Marie."
Rapidement,
on lui attribua faveurs et miracles, en particulier une
guérison obtenue sur sa tombe, guérison reconnue par
l'Église. Dom Columba Marmion fut béatifié le 3
septembre 2000 par le pape Jean-Paul II en même temps
que Jean XXIII mort en 1963, Pie IX mort en 1878,
Tommaso Reggio archevêque de Gênes mort en 1901 et
l'abbé Guillaume-Joseph Chaminade, mort en 1850. Lors de
la cérémonie de béatification, le pape Jean-Paul II
déclara:
"Dom
Columba Marmion nous a légué un authentique trésor
d'enseignement spirituel pour l'Église de notre temps.
Dans ses écrits, il enseigne un chemin de sainteté,
simple et pourtant exigeant, pour tous les fidèles, que
Dieu, par amour, a destinés à être ses fils adoptifs
dans le Christ Jésus... Puisse une vaste redécouverte
des écrits spirituels du bienheureux Columba Marmion
aider les prêtres, les religieux et les laïcs à croître
dans l'union avec le Christ et Lui apporter un
témoignage fidèle à travers l'amour ardent de Dieu et le
service généreux à leurs frères et sœurs… Puisse
le Bienheureux Columba Marmion nous aider à vivre
toujours plus intensément et à comprendre toujours plus
profondément notre appartenance à l'Église, corps
mystique du Christ!"
Nous
ne pouvons pas terminer ce résumé de la vie de Dom
Columba Marmion sans rappeler ici la Consécration qu'il
fit de lui-même à la Très Sainte Trinité:
"Ô
Père éternel, prosternés en humble adoration à Vos
pieds, nous consacrons tout notre être à la gloire de
Votre Fils Jésus, le Verbe incarné. Vous l'avez
constitué Roi de nos âmes; soumettez-Lui nos âmes, nos
cœurs, nos corps, et que rien en nous ne se meuve sans
Ses ordres, sans Son inspiration. Qu'unis à Lui, nous
soyons portés dans Votre Sein et consommés dans l'Unité
de Votre Amour.
Ô
Jésus, unissez-nous à Vous dans Votre vie toute Sainte,
toute consacrée à Votre Père et aux âmes. Soyez "notre
Sagesse, notre Justice, notre Sanctification, notre
Rédemption, notre Tout". Sanctifiez-nous dans la Vérité.
Esprit-Saint, Amour du Père et du Fils, établissez-Vous
comme une Fournaise d'Amour au centre de nos cœurs et
portez toujours, comme les flammes ardentes, nos
pensées, nos actions, nos affections, en-haut, jusque
dans le Sein du Père. Que notre vie entière soit un
Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.
Ô
Marie, Mère du Christ, Mère du Saint Amour, formez-nous
Vous-même selon le Cœur de Votre Fils. Amen."
Enfin, nous
devons remarquer que Dom Columba Marmion mourut un 30
janvier. Il est donc, normalement fêté le 30 janvier à
Maredsous. Pourtant, sa fête liturgique a été fixée au 3
octobre, ce que nous faisons aujourd'hui.
Nous
pouvons remarquer aussi que son rayonnement spirituel se
poursuit encore partout dans le monde en raison de sa
doctrine toujours vivante et, aussi, à cause des faveurs
qu'il plaît à Dieu d'accorder aux âmes qui recourent à
son intercession.
Pour les
personnes qui seraient intéressées, nous rappelons ici
les grandes lignes de la doctrine spirituelle de Dom
Marmion. Tout d'abord, la sainteté n'est possible que
selon un plan divin auquel les hommes doivent s'adapter
parfaitement: participer, par la grâce de l'adoption
surnaturelle, à la propre vie éternelle de Dieu, suivant
un plan établi par le Christ, Homme-Dieu, en qui réside
la plénitude de vie divine, et qui vient la communiquer
aux hommes. L'homme entre alors en participation de
cette vie divine par la grâce sanctifiante qui le rend
par adoption, l'enfant de Dieu. Dom Marmion demande donc
à l'âme qu'il dirige une humble soumission de la
créature aux droits de Dieu, Maître souverain, en les
honorant et en les respectant en conformant parfaitement
sa volonté à celle de Dieu. Tous ces efforts de
conformité doivent s'enraciner dans un amour filial
incessant. Et cela, par Jésus-Christ, unique voie qui
mène au Père, en se réclamant de ses mérites, en union
constante avec les dispositions intérieures du Verbe
Incarné, Homme-Dieu, modèle vivant de toute perfection,
et par l'action de Son Esprit, Auteur de toute Sainteté
pour l'Église et pour les âmes.
Paulette
Leblanc |