Columba Marmion
Abbé bénédictin, Bienheureux
1858-1923

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OCTOBRE

Joseph Marmion naquit à Dublin en Irlande le 1er avril 1858. Son père était irlandais et sa mère française. Sa famille était nombreuse et très religieuse. Remarquons ici que trois de ses sœurs deviendront religieuses. Quand Joseph Marmion eut terminé ses études secondaires, il rejoignit le séminaire de Clonliffe, un quartier de Dublin. Il avait seize ans. Il acheva sa formation sacerdotale à Rome, au Collège Pontifical de la Propagande et il fut ordonné à Rome le 11 juin 1881. Il aurait aimé entrer au monastère de Maredsous, en Belgique, mais son évêque, irlandais,  lui demanda d'attendre quelques années, et le nomma vicaire à Dondrum, au sud de Dublin, puis professeur de philosophie au Grand Séminaire de Holy Cross, de 1882 à 1886, là où lui-même avait fait ses études.

Enfin, le 21 novembre 1886, Joseph Marmion put entrer à l'Abbaye de Maredsous ou il devint Dom Columba. L'abbaye de Maredsous avait été fondée en 1872 par deux frères de l'abbaye allemande de Beuron, Placide et Maur Wolter. Le noviciat de Columba fut difficile, car il devait apprendre une nouvelle langue et s'adapter à des coutumes différentes des siennes depuis toujours. Cependant, après sa profession solennelle en 1891, Dom Columba put seconder le Maître des novices, et même prêcher dans les paroisses environnantes. Il participa aussi à la fondation de l'Abbaye du Mont-César à Louvain, où il demeura pendant douze ans; il prêchait également des retraites en Belgique et au Royaume-Uni. Enfin, il devint le confesseur de Mgr Mercier, futur Cardinal. Un des traits principaux de la vie religieuse de Dom Columba était sa constante fidélité à la grâce. Aussi Dieu le comblait-il de lumières abondantes sur le mystère de la vie divine: avec lui, on "touchait" Dieu, déclara le Cardinal Mercier.

Le premier Abbé de l'abbaye bénédictine de Maredsous, Placide Wolter, avait eu pour successeur Dom Hildebrand de Hemptinne. Ce 2ème  Abbé de Maredsous fut nommé, par Léon XIII, premier Abbé Primat de la Confédération bénédictine en 1893. Il réussit à cumuler pendant 16 ans les deux fonctions, mais, devant résider à Rome, il renonça finalement en 1909 à sa charge à l'abbaye de Maredsous. Dom Columba Marmion fut alors élu 3e Abbé de Maredsous en 1909, à la tête d'une communauté d'une centaine de moines, de deux écoles et de la publication de plusieurs revues, dont la Revue bénédictine. Dom Columba Marmion accompagna les moines anglicans anglais de Caldey et de Milford Haven qui voulaient passer au catholicisme. Sa devise devint: " Plutôt servir que dominer."

Lorsqu'éclata la guerre de 1914, il envoya ses jeunes moines en Irlande. Lui-même, âgé de 56 ans, continua son activité de prédicateur et de directeur spirituel particulièrement éclairé. À un jeune séminariste il écrivit en 1915: "La meilleure des préparations à l'ordination est de vivre chaque jour dans l'amour, partout où l'obéissance et la Providence nous placent." Et c'est bien de cela, l'amour et l'obéissance à la Providence que vivait Dom Marmion. Résultat: les vocations affluaient. Pourtant, tout spirituel qu'il était, Dom Marmion ne se désintéressait pas des questions matérielles: ainsi, il fit installer l'électricité dans son abbaye, ainsi que le chauffage central, chose particulièrement rare à cette époque dans les monastères.

À tous les hommes, éminents ou non, qui connurent Dom Columba Marmion, il laissa le souvenir d'une âme élevée accompagnée d'un cœur plein d'amour. Théologien éminent, directeur spirituel plein de discernement, apôtre débordant de zèle, Dom Marmion, âme très contemplative, trouvait sa force dans  la source vive de son amour passionné pour le Christ et les âmes.

Grâce au cardinal Mercier, son ami et confident, Dom Marmion fut très présent sur la scène religieuse belge et internationale. Ainsi, la longue visite que lui fit en 1920, à Maredsous, la Reine Élisabeth, épouse d'Albert 1er de Belgique, est un témoignage de son influence. En septembre 1922, Dom Marmion remplaça l'évêque de Namur au pèlerinage diocésain à Lourdes. En octobre de la même année, il présida les fêtes du cinquantenaire de Maredsous, abbaye qu'il aura dirigé pendant 35 ans. Mais, le 30 janvier 1923, il mourait de la grippe en murmurant: "Jésus, Marie."

Rapidement, on lui attribua faveurs et miracles, en particulier une guérison obtenue sur sa tombe, guérison reconnue par l'Église. Dom Columba Marmion fut béatifié le 3 septembre 2000 par le pape Jean-Paul II en même temps que Jean XXIII mort en 1963, Pie IX mort en 1878, Tommaso Reggio archevêque de Gênes mort en 1901 et l'abbé Guillaume-Joseph Chaminade, mort en 1850. Lors de la cérémonie de béatification, le pape Jean-Paul II déclara:

"Dom Columba Marmion nous a légué un authentique trésor d'enseignement spirituel pour l'Église de notre temps. Dans ses écrits, il enseigne un chemin de sainteté, simple et pourtant exigeant, pour tous les fidèles, que Dieu, par amour, a destinés à être ses fils adoptifs dans le Christ Jésus... Puisse une vaste redécouverte des écrits spirituels du bienheureux Columba Marmion aider les prêtres, les religieux et les laïcs à croître dans l'union avec le Christ et Lui apporter un témoignage fidèle à travers l'amour ardent de Dieu et le service généreux à leurs frères et sœurs… Puisse le Bienheureux Columba Marmion nous aider à vivre toujours plus intensément et à comprendre toujours plus profondément notre appartenance à l'Église, corps mystique du Christ!"

Nous ne pouvons pas terminer ce résumé de la vie de Dom Columba Marmion sans rappeler ici la Consécration qu'il fit de lui-même à la Très Sainte Trinité:

"Ô Père éternel, prosternés en humble adoration à Vos pieds, nous consacrons tout notre être à la gloire de Votre Fils Jésus, le Verbe incarné. Vous l'avez constitué Roi de nos âmes; soumettez-Lui nos âmes, nos cœurs, nos corps, et que rien en nous ne se meuve sans Ses ordres, sans Son inspiration. Qu'unis à Lui, nous soyons portés dans Votre Sein et consommés dans l'Unité de Votre Amour.

Ô Jésus, unissez-nous à Vous dans Votre vie toute Sainte, toute consacrée à Votre Père et aux âmes. Soyez "notre Sagesse, notre Justice, notre Sanctification, notre Rédemption, notre Tout". Sanctifiez-nous dans la Vérité.

Esprit-Saint, Amour du Père et du Fils, établissez-Vous comme une Fournaise d'Amour au centre de nos cœurs et portez toujours, comme les flammes ardentes, nos pensées, nos actions, nos affections, en-haut, jusque dans le Sein du Père. Que notre vie entière soit un Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

Ô Marie, Mère du Christ, Mère du Saint Amour, formez-nous Vous-même selon le Cœur de Votre Fils. Amen."

Enfin, nous devons remarquer que Dom Columba Marmion mourut un  30 janvier. Il est donc, normalement fêté le 30 janvier à Maredsous. Pourtant, sa fête liturgique a été fixée au 3 octobre, ce que nous faisons aujourd'hui.

Nous pouvons remarquer aussi que son rayonnement spirituel se poursuit encore partout dans le monde en raison de sa doctrine toujours vivante et, aussi, à cause des faveurs qu'il plaît à Dieu d'accorder aux âmes qui recourent à son intercession.

Pour les personnes qui seraient intéressées, nous rappelons ici les grandes lignes de la doctrine spirituelle de Dom Marmion. Tout d'abord, la sainteté n'est possible que selon un plan divin auquel les hommes doivent s'adapter parfaitement: participer, par la grâce de l'adoption surnaturelle, à la propre vie éternelle de Dieu, suivant un plan établi par le Christ, Homme-Dieu, en qui réside la plénitude de vie divine, et qui vient la communiquer aux hommes. L'homme entre alors en participation de cette vie divine par la grâce sanctifiante qui le rend par adoption, l'enfant de Dieu. Dom Marmion demande donc à l'âme qu'il dirige une humble soumission de la créature aux droits de Dieu, Maître souverain, en les honorant et en les respectant en conformant parfaitement sa volonté à celle de Dieu. Tous ces efforts de conformité doivent s'enraciner dans un amour filial incessant. Et cela, par Jésus-Christ, unique voie qui mène au Père, en se réclamant de ses mérites, en union constante avec les dispositions intérieures du Verbe Incarné, Homme-Dieu, modèle vivant de toute perfection, et par l'action de Son Esprit, Auteur de toute Sainteté pour l'Église et pour les âmes.

Paulette Leblanc

 

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