Clotilde était la fille du roi Burgonde Chilpéric, roi
catholique d’une partie de la Bourgogne, et, peut-être,
de la chrétienne Carétène. Elle naquit probablement à
Lyon, vers 474, (ou 476 ou 465… on ne sait pas très
bien); elle fut élevée dans la pratique de la vertu et
dans la vénération des martyrs lyonnais, au palais de
son oncle Gondebaud, arien et assassin de sa famille. En
effet, la mère de Clotilde avait eu le temps, avant
d'être assassinée par Gondebaud, de déposer dans le cœur
de sa fille, avec la foi, les germes de la piété. Aussi,
vivant dans une cour hérétique, Clotilde sut-elle
résister à toutes les sollicitations de Gondebaud et
conserver la foi de son baptême.
Clovis, le roi des Francs, encore païen, qui voulait
trouver dans les Burgondes des alliés contre les
Wisigoths, demanda Clotilde en mariage Clotilde accepta,
à condition que les enfants qui naîtraient de leur union
soient élevés dans la foi catholique. Le mariage fut
célébré à Soissons. À partir de ce moment, la grande
préoccupation de Clotilde fut la conversion de son
époux. Providentiellement, cela se fit lentement. En
effet, Dieu veillait, car l'entourage de Clotilde était
arien et Clovis aurait pu tomber dans l'arianisme. Dieu
veille toujours sur les siens…
En attendant Clotilde souffrait beaucoup. Son premier
enfant mourut aussitôt après son baptême ce qui déplut
beaucoup à Clovis qui déclara: "C’est votre Dieu qui
est la cause de la mort de l’enfant; si je l’avais
consacré aux miens, il vivrait encore." À cela la
reine répliqua: "Je rends grâce à Dieu tout puissant,
créateur de toutes choses, qui ne m’a pas jugée
complètement indigne puisqu’il a daigné accueillir dans
son royaume celui qui a été conçu dans mon sein. Mon
cœur n’est pas frappé de douleur pour cette cause parce
que je sais qu’il a été rappelé de ce monde alors qu’il
était dans des vêtements blancs pour être nourri sous
les regards de Dieu."
Résignée Clotilde accepta cette épreuve, et ses prières,
humbles, ardentes obtinrent la guérison de son second
fils, Clodomir, tombé malade après avoir été baptisé. Le
roi dit alors: "Il ne peut pas lui arriver autre
chose que ce qui est survenu à son frère; baptisé au nom
de votre Christ, il mourra aussitôt. » Mais grâce
aux prières de la mère, Clodomir guérit.
La reine ne cessait de prier pour que Clovis connaisse
le vrai Dieu et abandonne les idoles. En 496, la guerre
fut déclenchée contre les Alamans, et, à Tolbiac, Clovis
fut obligé de confesser ce qu’auparavant il avait refusé
de faire volontairement. Nous savons tous ce qui se
passa. Le conflit des deux armées dégénérait en un
violent massacre, et l’armée de Clovis fut sur le point
d’être complètement exterminée. Ce que voyant, il éleva
les yeux au ciel et très ému, il s’écria: " Ô
Jésus-Christ, que Clotilde proclame fils du Dieu vivant,
toi qui, dit-on, donnes une aide à ceux qui peinent et
qui attribues la victoire à ceux qui espèrent en toi, je
sollicite dévotement la gloire de ton assistance; si tu
m’accordes la victoire sur ces ennemis et si
j’expérimente la vertu miraculeuse que le peuple voué à
ton nom déclare avoir mise à l’épreuve, je croirai en
toi et je me ferai baptiser en ton nom. J’ai, en effet,
invoqué mes dieux, mais comme j’en fais l’expérience,
ils se sont abstenus de m’aider; je crois donc qu’ils ne
sont doués d’aucune puissance, eux qui ne viennent pas
au secours de leurs serviteurs. C’est toi maintenant que
j’invoque, c’est à toi que je désire croire pourvu que
je sois arraché à mes adversaires."
Comme il disait ces mots, les Alamans prirent la fuite
dès qu'ils s’aperçurent que leur roi avait été tué. Ils
se soumirent à Clovis et la paix fut faite. Ensuite,
Clovis raconta à la reine comment il avait mérité
d’obtenir la victoire en invoquant le Christ. Ceci
s’accomplit la quinzième année de son règne.
Immédiatement Clotilde fit prévenir l’évêque de Reims,
Rémi, qui se hâta de venir instruire le prince, pour le
baptiser ensuite à Reims, le 25 décembre 496. Ce fut le
signal du baptême de la nation entière.
Nota: Le discours de
Clovis à l'adresse du Dieu des chrétiens est souvent
résumé et présenté comme suit:
"Dieu de Clotilde,
donne-moi la victoire et tu seras mon Dieu."
Cette mission providentielle accomplie, Clotilde rentra
dans l’ombre, s’occupant principalement de l’éducation
de ses quatre enfants. La lutte de Clovis contre les
Burgondes étant achevée, Clotilde obtint de son époux la
construction de l’église qui devait leur servir de
tombeau sur le mont de Lutèce, qui sera appelé plus
tard, la montagne Sainte-Geneviève. Devenue veuve après
vingt ans de mariage, Clotilde connut des années de
mortelles angoisses. Elle dut se séparer de sa fille
Clotilde et la donner en mariage au roi des Wisigoths,
Amalaric. Son fils Clodomir mourut dans une bataille
contre les Burgondes. Childebert et Clotaire, ses deux
autres fils, assassinèrent les enfants de Clodomir. Seul
Clodoald, le futur saint Cloud, leur échappa et fut
recueilli dans un cloître. Maltraitée par Amalaric, la
jeune princesse Clotilde ne fut arrachée aux mains de ce
tyran que pour expirer au moment où elle rentrait en
France. Finalement Childebert et Clotaire entrèrent en
lutte l’un contre l’autre.
Clovis étant mort en 511, à l’âge de quarante-cinq ans,
Clotilde quitta la cour pour aller finir sa vie dans les
larmes, les prières les aumônes, au fond d’un couvent.
Résignée après tant d’épreuves, elle multiplia ses
pieuses fondations: elle éleva à Chelles près Paris un
monastère de femmes en l’honneur de saint Georges, fit
reconstruire et orner la basilique qui abritait les
restes mortels de saint Germain d’Auxerre, à Paris, la
nouvelle capitale du royaume. Clotilde fonda également,
aux Andelys, un monastère qui fut l’émule de celui de
Chelles. Elle fit agrandir Saint-Pierre de Reims et
reconstruire les Saints-Apôtres de Rouen. Elle passa ses
dernières années à Tours, attirée par le culte rendu à
saint Martin. C’est là qu’elle mourut à soixante-dix
ans, le 3 Juin 545. Elle fut enterrée à Paris aux côtés
de son époux Clovis, dans l’église du mont Lutèce, que
le peuple commençait à appeler du nom de
Sainte-Geneviève. Là, Clotilde fut associée aux honneurs
dont Geneviève était l’objet.
L'Église catholique fête sainte Clotilde le 4 juin;
l'Église orthodoxe la fête le 3 juin.
Il est intéressant de savoir que, de leur vivant, Clovis
et Clotilde résidèrent souvent à Clichy, Épineuil,
Chelles, Rueil et Bonneuil. C'est en 507, après sa
victoire à Vouillé, sur les Wisigoths, que Clovis fit de
Paris sa capitale.
Paulette Leblanc |