Catherine Jarrige naquit le 4 octobre 1754, à Doumis
près de Mauriac, dans le Cantal. Elle était la 7ème et
dernière enfant d'une famille de pauvres fermiers,
vivant dans une seule pièce. Très jeune encore, elle
devait travailler dans les champs, et vers l'âge de neuf
ans elle fut placée comme domestique dans une ferme
voisine; c'est également à 9 ans qu'elle fit sa
première communion. Âgée de 13 ans Catherine perdit sa
mère. Pourtant,
malgré
sa pauvreté, Catherine
avait connu
une
enfance heureuse, car elle était dotée d'un caractère
enjoué et espiègle, caractère qu'elle gardera toute sa
vie. Vers l'âge de 20 ans, Catherine partit pour Mauriac
avec sa sœur Toinette, pour s'installer comme
dentellière. Là, après son travail et aidée par sa sœur,
elle commença à s'occuper des pauvres et des malades de
la ville. À Mauriac, Catherine et Toinette habitaient
dans une mansarde.
Bientôt Catherine entra dans le Tiers-Ordre dominicain.
Ces tertiaires dominicaines faisaient des vœux, mais
vivaient dans le monde, où on les appelait 'menettes',
c'est-à-dire moniales. C'est ainsi que Catherine devint
Catinon-Menette.
Tertiaire dominicaine, Catherine dut renoncer à la
'bourrée', danse auvergnate qu'elle aimait beaucoup,
car, avoua-t-elle plus tard, "quand elle était plus
jeune, elle allait partout où il y avait une veillée,
une danse, une musette". Désormais, et pendant
soixante ans, jusqu'à l'âge de 82 ans, les pauvres, les
malades, les orphelins devinrent ses seigneurs et
maîtres. Elle les servait, les soignait, leur procurait
des vêtements; et cela, elle le faisait comme s'ils
étaient le Christ. Même les cœurs les plus endurcis se
laissaient vaincre par le sourire de Catinon. Elle
emportait toujours avec elle du pain, des saucissons,
des fruits ou des habits pour ses pauvres et ses
malades.
Remarquons ici que Catinon-Menette puisait son courage
et sa délicatesse dans sa vie de prière de menette: la
messe quotidienne, l'oraison et la récitation du
chapelet.
Comment
Catinon-Menette manifestait-elle son amour pour les
pauvres?
Notons tout d'abord, qu'elle était aussi soucieuse des
besoins spirituels de ses pauvres que de leurs besoins
corporels. À ceux qu'elle rencontrait dans la rue elle
disait: "Je vais porter l'antienne" c'est-à-dire
qu'"elle allait parler de Dieu" à ses pauvres.
Pour eux, elle demandait l'aumône et elle savait
insister auprès de ceux qui refusaient en réveillant
leur conscience. Pendant la Révolution, elle secourut
les prêtres réfractaires malgré toutes les difficultés
qui se présentaient, et elle alla parfois jusqu'à
risquer sa vie pour eux. Ainsi, lorsque l'Abbé François
Filiol fut condamné à mort à 29 ans, elle l'accompagna
jusqu'à l'échafaud. Avec son air naïf et un peu simple,
elle mettait en œuvre des ruses pour déjouer avec son
air joyeux les complots des républicains.
Comment Catherine secourait-elle les prêtres
réfractaires? Elle les cachait, afin qu'ils puissent
célébrer la Messe, et donner les sacrements. Elle leur
procurait aussi de l'aide matérielle. Elle fut deux fois
arrêtée et emprisonnée. Après la Révolution, elle se mit
au service exclusif de toutes les misères. De plus,
Catherine continua son action au service de l'Église,
auprès des prêtres, méritant ainsi le titre de "Menette
des prêtres". Et cela dura jusqu'à sa mort en 1836.
Elle continua également à s'occuper des pauvres afin de
pouvoir leur porter l'Évangile.
Lorsqu'elle rendit son âme à Dieu, en 1836, une foule
immense de pauvres et de riches vinrent honorer leur
'Mère' et suivirent ses obsèques.
Catherine Jarrige fut béatifiée par le pape Jean-Paul II
le 24 novembre 1996. Sa fête est le 4 juillet.
Paulette Leblanc |