Il
y a de nombreux Cassien dans l'histoire de l'Église. Le
nôtre, celui que nous fêtons le 5 août, fut évêque à
Autun, en Gaulle, pendant 20 ans, de 334 à 355. Comme
pour presque tous les saints des premiers siècles
chrétiens, nous ignorons la date de naissance de saint
Cassien. Ses parents étaient nobles et riches. Cassien
serait né en Égypte, peut-être à Alexandrie. Il aurait
été instruit de la foi chrétienne par saint Théon, un
martyr. Très attiré par Dieu, il devint un prêtre très
pieux, passant de longues heures en prière, invoquant
les martyrs et
leur
demandant la force d'imiter leurs vertus et leur
courage. Sa charité pour le prochain était grande et il
répandait les bienfaits autour de lui, affranchissant
ses esclaves et, s'associant à saint Hilarin, il créa
une sorte d'hospice où les pauvres voyageurs étaient
accueillis avec beaucoup d'amour. De ses propres mains
Cassien leur lavait les pieds, les servait à table et
les soignait quand ils étaient malades.
La
réputation de Cassien ne cessait de grandir: on parlait
de sa sainteté et de ses œuvres admirables, non
seulement dans le lieu de sa résidence, mais encore dans
la province entière. Compte tenu de ses vertus, ce saint
prêtre fut nommé évêque d'une ville, soit Orlhe en
Égypte ou Orlhosie, en Phénicie qui deviendra le Liban.
On ne sait pas très bien…
On
raconte qu'après la paix de Constantin assurée par
l'Édit de Milan en avril 313, une vision incita Cassien
à s'embarquer avec quelques compagnons pour aller
évangéliser les Bretons d'Angleterre. Son voyage le fit
passer par Autun, en France, où il devint l'adjoint de
l'évêque du lieu, saint Rhétice d'Autun. Après la mort
de saint Rhétice vers 334, Cassien fut élu évêque
d'Autun, et il continua l'œuvre de saint Rhétice,
soutenant les conversions, évangélisant sans cesse le
peuple. Grâce à son action et à sa vie vertueuse, il
augmenta considérablement le nombre de ses fidèles.
L'épiscopat de saint Cassien dura vingt ans. C'était un
bon pasteur, toujours dévoué, apôtre infatigable,
incontestablement venu des bords du Nil pour gagner des
âmes à Jésus Christ: un vrai missionnaire. Après la mort
de saint Rhétice il redoubla ses efforts à la tête de
son troupeau afin de consolider la foi de tous en
Jésus-Christ. Cassien, toujours affable, était aimé de
tout son peuple, des chrétiens comme des idolâtres.
Cassien mourut saintement, le 5 août 355. Il fut enterré
à Autun, dans le cimetière de Saint-Pierre-Létrier, et
sur sa tombe, les miracles commencèrent. Je vais vous en
raconter un, trouvé dans le livre "La Vie de Saint
Germain d'Auxerre", de l'auteur Constance. Ainsi,
saint Germain d'Auxerre qui vécut de 380 à 448, allant
en Italie et passant par Autun, voulut s'arrêter près du
tombeau de Saint Cassien. À peine arrivé, il se mit en
prière, et dit: "Que faites-vous ici, mon glorieux
frère?"
Cassien répondit aussitôt d'une voix forte que tous les
assistants entendirent:
"Je jouis en paix d'un doux repos en Jésus-Christ, et
j'attends l'avènement du Rédempteur.
Germain répartit:
— Reposez
longtemps encore en Jésus-Christ, ô mon frère! Mais
continuez d'intercéder auprès de Notre-Seigneur pour
nous et pour ce peuple, afin que nous méritions
d'entendre le son désiré de la trompette, les chants
mélodieux des élus, et que nous participions aux joies
de la sainte résurrection."
Plus tard, Saint Grégoire de Tours, qui vécut de 539 à
594, affirma que le tombeau de saint Cassien était
entouré d'une vénération extraordinaire. Ainsi, la
poussière que les pèlerins enlevaient des pierres de son
tombeau était considérée comme un remède contre toutes
les maladies. C'est la raison pour laquelle la pierre
tombale était totalement usée et percée, déjà au temps
de Grégoire de Tours.
L'abbé de Saint-Quentin en Vermandois, dans le
département de l'Aisne, connaissant les merveilles qui
s'opéraient sur tombeau de saint Cassien, voulut se
procurer ses reliques. En 820, l'évêque d'Autun lui
accorda cette faveur. Le roi Charles-le-Chauve fit
préparer un reliquaire magnifique qui fut placé sur la
voûte souterraine de la basilique de Saint-Quentin.
Quoique le corps de Saint Cassien ne reposât plus à
Autun, le roi Robert, peut-être Robert le Fort, fit
élever une très belle chapelle là où il avait été
inhumé.
Saint Cassien est le saint patron de l'église de
Savigny-lès-Beaune depuis 1443. Il est aussi le saint
patron de trois autres villages de Bourgogne: Athie,
Écutigny et Veilly.
Très vénéré au Moyen Âge, saint Cassien avait de
nombreuses fêtes: 1er janvier, 9 février, 2
mai, 16 juillet, 14 novembre, autant de dates que
d'événements qui avaient marqué le cours de sa vie,
spécialement son arrivée à Autun, son ordination et les
diverses dates des translations de ses reliques.
Paulette Leblanc |