Boniface de Mayence
Archevêque de Mayence, Martyr, Saint
680-754

5

JUIN

Saint Boniface, dont le nom de naissance était Winfrid de Wessex, naquit entre 675 et 680, à Kirton, dans le Devon, ou Devonshire, province du sud-ouest de l'Angleterre. Ses parents, très aisés, et chrétiens, prirent un grand soin de son éducation. Dès l'âge de 5 ans, ayant vu dans la maison paternelle quelques moines qui accomplissaient des missions dans le pays, Winfrid voulut les suivre dans leur monastère. Mais, tout naturellement, son père refusa absolument. Cependant le désir de la vie monastique croissait tellement dans le cœur de Winfrid, qu'il en tomba gravement malade. Aussi, son père voyant un signe de la volonté de Dieu, laissa-t-il partir son fils au Monastère d'Adesean-Castre, aujourd'hui Exeter, où Il y acquit sa formation théologique sous la conduite du saint Abbé Wolphard. Au bout de treize ans, Winfrid rejoignit dans le monastère de Nutcell où il approfondit ses connaissances théologiques et littéraires; il devint un professeur très apprécié et aimé.

Vers l'âge de trente ou trente cinq ans Winfrid fut ordonné prêtre. Peu de temps après, le roi Ina et le clergé, réunis en synode, l'envoyèrent auprès de l'archevêque de Cantorbéry chargé d'approuver les décisions de ce synode. Ce fut le début de la grande notoriété de Winfrid. Cependant  Winfrid était destiné à d'encore plus grandes missions. Nous devons savoir en effet, que la Grande-Bretagne avait déjà travaillé pendant un siècle à christianiser la Germanie; Winfrid devait achever l'évangélisation des peuples germaniques. En 715 il effectua un voyage missionnaire en Frise, une des douze provinces composant les Pays-Bas. Pour convertir les païens du nord de l'Europe il prêchait dans leur langue proche de sa langue anglo-saxonne. Mais le roi des Frisons, Radbod, qui persécutait les chrétiens et faisait la guerre à Charles Martel, contraria ses efforts. Winfrid dut rentrer dans son monastère.

En 718, Winfrid se rendit à Rome pour recevoir du pape Grégoire II, la mission de réorganiser l'Église d'Allemagne et d'évangéliser les païens. Le pape le consacra évêque et lui donna le nom de Boniface. Pendant cinq ans, Boniface parcourut la Thuringe, la Hesse et la Frise. Il se rendit ensuite à Rome pour exposer au pape Grégoire III la nouvelle situation en Allemagne. En effet, en 721 le pape Grégoire II mourut et fut remplacé par Grégoire III. Boniface fut alors nommé archevêque par le pape. Nous sommes aux environs de 724. Boniface retourna en Allemagne, comme légat officiellement envoyé par le pape et baptisa des milliers de païens. Il multipliait aussi les fondations religieuses dont la plus célèbre fut l'abbaye de Fulda. Ces fondations confirment ce que nous savons tous: les monastères ont été, en Europe, "les phares de diffusion de la foi et de la culture chrétienne..."

Bientôt, Boniface fut placé sous la protection de Charles Martel, le grand-père du futur Charlemagne, de la puissante famille des Pippinides. Il multiplia alors ses actions en Saxe. Boniface obéissait, en tous ses travaux, à saint Willibrod, archevêque d'Utrecht. Or, saint Willibrod voulait avoir Boniface pour coadjuteur et comme successeur mais Boniface  refusa cette dignité, disant qu'il devait évangéliser les idolâtres de toute la Germanie. Après être resté 3 ans dans la Frise, il parcourut de nouveau la Thuringe et la Hesse, que les armées de Charles-Martel lui avaient ouvertes, en délivrant les deux pays des Saxons. C'est alors qu'il fonda le couvent de Hamelbourg, sur la Saale.

Après une autre visite à Rome, en 738, Boniface repartit pour la Bavière où il fonda les évêchés de Salzbourg, Ratisbonne, Freising et Passau. En 744, avec l'appui de Boniface, Sturm, l'un de ses disciples, fonda l'abbaye de Fulda, proche du monastère de Fritzlar créé par Boniface. Notons que le financement initial de l'abbaye de Fulda fut assuré par Carloman, le fils de Charles Martel. En effet, les maires du palais puis les Pippinides et les premiers rois carolingiens soutenaient les actions de l'évêque Boniface. Pourtant, voulant conserver une certaine indépendance vis-à-vis du pouvoir des Carolingiens, Boniface nomma évêques plusieurs de ses propres disciples. Puis, comme l'évêque de Mayence, Gewilied, avait été déposé, le pape Zacharie nomma, à sa place, Boniface archevêque de Mayence. Boniface devenait ainsi le primat de toute la Germanie en 747, et de quelques diocèses se trouvant actuellement en France et en Belgique. Boniface organisa aussi des synodes provinciaux dans l'Église franque, pour maintenir des relations parfois difficiles, avec le roi des Francs, Pépin le Bref, qu'il couronna et sacra à Soissons en 751 et mars 752.

Pourtant, malgré ses nombreuses responsabilités, Boniface ne renonçait pas à son espoir de convertir les Frisons. En 750, il nommait son disciple, le futur saint Grégoire, abbé de l'abbaye de Saint Martin d'Utrecht et l'appela auprès de lui pour l'aider dans l'administration du diocèse d'Utrecht, encore peu christianisé. En 753, saint Boniface, déçu par la faiblesse de l'aristocratie et une Église qui risquait de se faire l'instrument de ceux qui détenaient le pouvoir, demanda à retourner en Frise où, pendant qu'il célébrait la messe, il fut massacré le 5 juin 754, avec 52 de ses compagnons, par des païens, à Dokkum, aux Pays-Bas. Saint Boniface avait environ 75 ans.

Saint Boniface avait été le disciple de Saint Willibrod. Il est fêté le 5 juin, le jour de son martyre, par les catholiques et les orthodoxes.

Il est surnommé l'"apôtre des Germains".

Saint Boniface est le patron des brasseurs et des tailleurs.

Il semble utile, maintenant, de donner quelques détails sur la personnalité de saint Boniface. En 738, venu effectuer un 3ème pèlerinage sur les tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul, il demanda à s'entretenir avec le pape Grégoire III sur plusieurs points importants concernant le salut des âmes. Le Saint Père le reçut avec beaucoup de joie et lui donna les reliques qu'il lui avait demandées. Le pape demanda aussi à Wilibaud, religieux Anglais du Mont-Cassin, d'aider Boniface dans ses fonctions apostoliques. Boniface se dirigea d'abord vers la ville de Pavie, pour rencontrer Luitprand, le roi des Lombards, et pour vénérer les reliques de saint Augustin d'Hippone, que ce roi avait fait apporter de Sardaigne.

Boniface passa ensuite en Bavière. En effet, après avoir délivré cette province de plusieurs faux ministres, qui usurpaient l'office des prêtres, et de quelques autres qui se disaient évêques, il avait senti la nécessité d'ériger les évêchés de Salzbourg, de Freisingen et de Ratisbonne. Il avertit le pontife Romain qui approuva, disant "qu'après Dieu, la conversion de 100.000 païens lui était due, à lui et à Charles-Martel, prince des Francs, qui l'avait beaucoup assisté dans cette entreprise." 

En 742, Boniface réunit, à la demande de Grégoire III, le Concile de Germanie; en 744, il présida le concile de Soissons, et ensuite d'autres conciles. Remarquons encore une fois que Boniface était puissamment soutenu par Carloman et Pépin, qui avaient succédé à Charles-Martel leur père, en 741. 

Et voici un témoignage de Benoît XVI: "Après tant de siècles, quel message pouvons-nous retenir de la prodigieuse œuvre de ce grand missionnaire martyr? D'abord, la centralité de la Parole, vécue et interprétée dans la foi de l'Église, que Boniface prêcha jusqu'au sacrifice suprême du martyre. Ensuite, sa fidélité au siège apostolique, le principe central de son action missionnaire... Cet esprit de cohésion autour du Successeur de Pierre s'est transmis aux Églises sujets de sa prédication, unissant à Rome, l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Ce facteur a grandement contribué à la constitution des racines chrétiennes de l'Europe, qui ont produit tant de fruits au cours des siècles suivants..."
 

Et Benoît XVI ajoute: "Le courageux témoignage de Boniface nous invite à accueillir dans nos vies la Parole de Dieu comme première référence, à aimer sincèrement l'Église, à se sentir co-responsables de son avenir dans l'unité autour du Successeur de Pierre. Il nous rappelle aussi qu'en favorisant la diffusion de la culture, le christianisme aide au progrès de l'humanité. Nous devons être à la hauteur de ce prestigieux héritage pour le faire fructifier en faveur des nouvelles générations."

Paulette Leblanc

 

 

pour toute suggestion ou demande d'informations