Saint Boniface, dont le nom de naissance était Winfrid
de Wessex, naquit entre 675 et 680, à Kirton, dans le
Devon, ou Devonshire, province du sud-ouest de
l'Angleterre. Ses parents, très aisés, et chrétiens,
prirent un grand soin de son éducation. Dès l'âge de 5
ans, ayant vu dans la maison paternelle quelques moines
qui accomplissaient des missions dans le pays, Winfrid
voulut les suivre dans leur monastère. Mais, tout
naturellement, son père refusa absolument. Cependant le
désir de la vie monastique croissait tellement dans le
cœur
de Winfrid, qu'il en tomba gravement malade. Aussi, son
père voyant un signe de la volonté de Dieu, laissa-t-il
partir son fils au Monastère d'Adesean-Castre,
aujourd'hui Exeter, où
Il y
acquit sa formation théologique sous la conduite du
saint Abbé Wolphard. Au bout de treize ans, Winfrid
rejoignit dans le monastère de Nutcell où il approfondit
ses connaissances théologiques et littéraires; il devint
un professeur très apprécié et aimé.
Vers
l'âge de trente ou trente cinq ans Winfrid fut ordonné
prêtre.
Peu de temps après,
le roi Ina et le clergé, réunis en synode, l'envoyèrent
auprès de l'archevêque de Cantorbéry chargé d'approuver
les décisions de ce synode. Ce fut le début de la grande
notoriété de Winfrid. Cependant Winfrid était destiné à
d'encore plus grandes missions. Nous devons savoir en
effet, que la Grande-Bretagne avait déjà travaillé
pendant un siècle à christianiser la Germanie; Winfrid
devait achever l'évangélisation des peuples germaniques.
En
715 il effectua un voyage missionnaire en Frise, une des
douze provinces composant les Pays-Bas. Pour convertir
les païens du nord de l'Europe il prêchait dans leur
langue proche de sa langue anglo-saxonne. Mais le roi
des Frisons, Radbod, qui persécutait les chrétiens et
faisait la guerre à Charles Martel, contraria ses
efforts. Winfrid dut rentrer dans son monastère.
En
718, Winfrid se rendit à Rome pour recevoir du pape
Grégoire II, la mission de réorganiser l'Église
d'Allemagne et d'évangéliser les païens. Le pape le
consacra évêque et lui donna le nom de Boniface. Pendant
cinq ans, Boniface parcourut la Thuringe, la Hesse et la
Frise. Il se rendit ensuite à Rome pour exposer au pape
Grégoire III la nouvelle situation en Allemagne. En
effet, en 721 le pape Grégoire II mourut et fut remplacé
par Grégoire III. Boniface fut alors nommé archevêque
par le pape. Nous sommes aux environs de 724. Boniface
retourna en Allemagne, comme légat officiellement envoyé
par le pape et baptisa des milliers de païens. Il
multipliait aussi les fondations religieuses dont la
plus célèbre fut l'abbaye de Fulda. Ces fondations
confirment ce que nous savons tous: les monastères ont
été, en Europe,
"les phares de
diffusion de la foi et de la culture chrétienne..."
Bientôt, Boniface fut placé sous la protection de
Charles Martel, le grand-père du futur Charlemagne, de
la puissante famille des Pippinides. Il multiplia alors
ses actions en Saxe. Boniface
obéissait, en tous ses travaux, à saint Willibrod,
archevêque d'Utrecht. Or, saint Willibrod voulait avoir
Boniface pour coadjuteur et comme successeur mais
Boniface refusa cette dignité, disant qu'il devait
évangéliser les idolâtres de toute la Germanie. Après
être resté 3 ans dans la Frise, il parcourut de nouveau
la Thuringe et la Hesse, que les armées de
Charles-Martel lui avaient ouvertes, en délivrant les
deux pays des Saxons. C'est alors qu'il fonda le couvent
de Hamelbourg, sur la Saale.
Après une autre visite à Rome, en 738, Boniface repartit
pour la Bavière où il fonda les évêchés de Salzbourg,
Ratisbonne, Freising et Passau. En 744, avec l'appui de
Boniface, Sturm, l'un de ses disciples, fonda l'abbaye
de Fulda, proche du monastère de Fritzlar créé par
Boniface. Notons que le financement initial de l'abbaye
de Fulda fut assuré par Carloman, le fils de Charles
Martel. En effet, les maires du palais puis les
Pippinides et les premiers rois carolingiens soutenaient
les actions de l'évêque Boniface. Pourtant, voulant
conserver une certaine indépendance vis-à-vis du pouvoir
des Carolingiens, Boniface nomma évêques plusieurs de
ses propres disciples. Puis, comme l'évêque de Mayence,
Gewilied, avait été
déposé, le pape Zacharie nomma, à sa place, Boniface
archevêque de Mayence. Boniface devenait ainsi le primat
de toute la Germanie en 747, et de quelques diocèses se
trouvant actuellement en France et en Belgique.
Boniface organisa aussi des synodes provinciaux dans
l'Église franque, pour maintenir des relations parfois
difficiles, avec le roi des Francs, Pépin le Bref, qu'il
couronna et sacra à Soissons en 751 et mars 752.
Pourtant, malgré ses nombreuses responsabilités,
Boniface ne renonçait pas à son espoir de convertir les
Frisons. En 750, il nommait son disciple, le futur saint
Grégoire, abbé de l'abbaye de Saint Martin d'Utrecht et
l'appela auprès de lui pour l'aider dans
l'administration du diocèse d'Utrecht, encore peu
christianisé. En 753, saint Boniface, déçu par la
faiblesse de l'aristocratie et une Église qui risquait
de se faire l'instrument de ceux qui détenaient le
pouvoir, demanda à retourner en Frise où, pendant qu'il
célébrait la messe, il fut massacré le 5 juin 754, avec
52 de ses compagnons, par des païens, à Dokkum, aux
Pays-Bas. Saint Boniface avait environ 75 ans.
Saint Boniface avait été le disciple de Saint Willibrod.
Il est fêté le 5 juin, le jour de son martyre, par les
catholiques
et
les orthodoxes.
Il est surnommé l'"apôtre
des Germains".
Saint Boniface est le patron des brasseurs et des
tailleurs.
Il
semble utile, maintenant, de donner quelques détails sur
la personnalité de saint Boniface.
En
738, venu effectuer un 3ème pèlerinage sur
les tombeaux des saints Apôtres Pierre et Paul, il
demanda à s'entretenir avec le pape Grégoire III sur
plusieurs points importants concernant le salut des
âmes. Le Saint Père le reçut avec beaucoup de joie et
lui donna les reliques qu'il lui avait demandées. Le
pape demanda aussi à Wilibaud, religieux Anglais du
Mont-Cassin, d'aider Boniface dans ses fonctions
apostoliques. Boniface se dirigea d'abord vers la ville
de Pavie, pour rencontrer Luitprand, le roi des
Lombards, et pour vénérer les reliques de saint Augustin
d'Hippone, que ce roi avait fait apporter de Sardaigne.
Boniface passa ensuite en
Bavière. En effet, après avoir délivré cette province de
plusieurs faux ministres, qui usurpaient l'office des
prêtres, et de quelques autres qui se disaient évêques,
il avait senti la nécessité d'ériger les évêchés de
Salzbourg, de Freisingen et de Ratisbonne. Il avertit le
pontife Romain qui approuva, disant "qu'après Dieu,
la conversion de 100.000 païens lui était due, à lui et
à Charles-Martel, prince des Francs, qui l'avait
beaucoup assisté dans cette entreprise."
En
742, Boniface réunit, à la demande de Grégoire III, le
Concile de Germanie; en 744, il présida le concile de
Soissons, et ensuite d'autres conciles. Remarquons
encore une fois que Boniface était puissamment soutenu
par Carloman et Pépin, qui avaient succédé à
Charles-Martel leur père, en 741.
Et
voici un témoignage de Benoît XVI: "Après tant de
siècles, quel message pouvons-nous retenir de la
prodigieuse œuvre de ce grand missionnaire martyr?
D'abord, la centralité de la Parole, vécue et
interprétée dans la foi de l'Église, que Boniface prêcha
jusqu'au sacrifice suprême du martyre. Ensuite, sa
fidélité au siège apostolique, le principe central de
son action missionnaire... Cet esprit de cohésion autour
du Successeur de Pierre s'est transmis aux Églises
sujets de sa prédication, unissant à Rome, l'Angleterre,
l'Allemagne et la France. Ce facteur a grandement
contribué à la constitution des racines chrétiennes de
l'Europe, qui ont produit tant de fruits au cours des
siècles suivants..."
Et
Benoît XVI ajoute: "Le courageux témoignage de Boniface
nous invite à accueillir dans nos vies la Parole de Dieu
comme première référence, à aimer sincèrement l'Église,
à se sentir co-responsables de son avenir dans l'unité
autour du Successeur de Pierre. Il nous rappelle aussi
qu'en favorisant la diffusion de la culture, le
christianisme aide au progrès de l'humanité. Nous devons
être à la hauteur de ce prestigieux héritage pour le
faire fructifier en faveur des nouvelles générations."
Paulette
Leblanc |