Benoît de Nursie
Fondateur des bénédictins, Saint
ca
. 480-547

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JUILLET

Benoît de Nursie naquit vers 480 ou 490 ?) dans la région de Nursie, dans le centre de l'Italie. Pour mémoire, notons que la tradition, fait de sainte Scolastique la sœur jumelle de saint Benoît. Nous savons tous que saint Benoît fut le fondateur de l'ordre bénédictin, lequel a largement inspiré le monachisme occidental ultérieur. Benoît mourut le 21 mars 547. Pourquoi est-il fêté le 11 juillet? Tout simplement parce que c'est la date retenue par Paul VI, pour le nouveau calendrier romain. Le 11 juillet est aussi la date anniversaire de la translation de ses reliques à l'Abbaye de Fleury, aujourd'hui Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire. Mais en Orient, saint Benoît est toujours fêté le 14 mars.

L'époque pendant laquelle vécut saint Benoît,  entre le V et le VI siècle, était bouleversée par la chute de l'Empire romain, par l'invasion des Barbares et par la décadence des mœurs. En présentant la vie de saint Benoît, le pape Grégoire le Grand, premier biographe de saint Benoît, voulait montrer que l'on peut toujours sortir des situations, même les plus terribles, et retrouver d'authentiques ferments de spiritualité. Ce ferment spirituel imprimé par saint Benoît et sa règle monastique, transforma le visage de l'Europe au cours des siècles, bien au-delà des frontières de ce qui est devenu l'Italie, suscitant après la chute de l'empire romain, et comme on l'affirmera plus tard, une étonnante unité spirituelle et culturelle, celle de la foi chrétienne partagée par les peuples du continent où naîtra la réalité de l'Europe.

Parlons maintenant de la vie de saint Benoît. Son principal biographe fut le pape saint Grégoire le Grand qui l'écrivit en 595, soit 50 ans après sa mort. La famille de Benoît, noble et aisée, l'envoya à Rome pour y faire ses études. Mais, selon saint Grégoire le Grand, le jeune Benoît fut rapidement choqué par la vie dissolue qu'un grand nombre de ses compagnons d'études y menait. Il se retira donc[1], d'abord dans une communauté de moines, située dans le village d'Effide, à l'est de Rome, puis il se retira près de Subiaco et vécut dans une grotte. En effet, Benoît ne voulait plaire qu'à Dieu seul.

Il vécut là pendant trois ans, seul dans une grotte. Ce temps de solitude avec Dieu, fut un temps de maturation pour Benoît. Pourtant sa réputation de saint homme grandissait et de nombreuses personnes accouraient pour le voir. Il fut même sollicité pour devenir abbé dans un monastère du nord de l'Italie, ce qu'il accepta. Mais les moines, en désaccord avec les règles que Benoît voulait imposer, tentèrent de l'empoisonner. Benoît quitta la communauté et, peu de temps après, fonda un monastère sur le mont Cassin.

Revenons au séjour de Benoît à Subiaco. Il dut surmonter en ce lieu les trois tentations fondamentales de chaque être humain: la tentation de l'orgueil et du désir de se placer au-dessus des autres, la tentation de la sensualité et, enfin, la tentation de la colère et de la vengeance. Benoît était en effet convaincu que ce ne serait que lorsqu'il aurait vaincu ces tentations qu'il pourrait adresser aux autres des conseils. Quand il fut enfin pacifié, Benoît décida de fonder un premier monastère dans la vallée de l'Anio, près de Subiaco.

Nous sommes en l'an 529. Benoît va quitter Subiaco pour s'installer à Montecassino. En effet, son expérience monastique mûrissait. Selon Grégoire le Grand, ce déplacement a un caractère symbolique: la vie monastique cachée a sa raison d'être, mais un monastère possède également une finalité publique dans la vie de l'Église et de la société: il doit donner de la visibilité à la foi comme force de vie. De fait, le testament de Benoît qui mourut le 21 mars 547, c'est sa Règle et la famille bénédictine qu'il avait fondée, patrimoine qui a porté des fruits dans le monde entier jusqu'à aujourd'hui.

C'est vers 540 que Saint Benoît rédigea, à l'intention des moines du monastère du Mont Cassin, une règle de vie monastique rigoureuse, probablement inspirée de textes anciens de saint Basile et de saint Cassien (qui  avait fondé le monastère Saint-Victor à Marseille vers 415). L'influence de la Règle bénédictine fut immense. Mise en forme par saint Benoît d'Aniane, cette Règle, inspirée de l'Écriture sainte, recommande aux moines, qui vivent en communauté dirigée par un abbé, de respecter quatre principes essentiels: la modération dans les usages quotidiens de la nourriture, de la boisson et du sommeil; la gravité qui a pour corollaire le silence; l'austérité qui implique l'éloignement du monde et le renoncement à la possession, enfin la douceur qui est bonté, amour évangélique, hospitalité exercée envers les humbles. Astreints à la lecture et au travail manuel, les moines doivent se consacrer au service de Dieu dans l'office divin. Ainsi, la prière, le travail et la lecture deviennent un moyen pour se consacrer au service de Dieu.

La spiritualité de Benoît ne se situe pas en dehors de la réalité. Dans la tourmente de son temps, il vivait sous le regard de Dieu sans jamais perdre de vue les devoirs de la vie quotidienne de l'homme avec ses besoins concrets. Mais pour lui, la vie monastique est, par dessus tout, une école au service du Seigneur: d'où l'importance de l'Office divin qui doit se traduire par l'action concrète. La vie du moine est tout à la fois action et contemplation.

En résumé, le disciple de saint Benoît recherche d'abord Dieu, et c'est ainsi qu'il est au service des autres, et qu'il devient un homme d'amour du prochain et de la paix. Ainsi l'homme devient toujours plus conforme au Christ et atteint la véritable réalisation personnelle comme créature à l'image et à la ressemblance de Dieu.

Dans son audience du 9 avril 2008, le pape Benoît XVI affirme que, "en raison de sa mesure, de son humanité et de son sobre discernement entre ce qui est essentiel et secondaire dans la vie spirituelle, la Règle de saint Benoît a conservé sa force illuminatrice jusqu'à aujourd'hui. Paul VI, en proclamant saint Benoît Patron de l'Europe le 24 octobre 1964, voulut reconnaître l'œuvre merveilleuse accomplie par le saint à travers la Règle pour la formation de la civilisation et de la culture européenne. Aujourd'hui, l'Europe, à peine sortie d'un siècle profondément blessé par deux guerres mondiales et après l'effondrement des grandes idéologies qui se sont révélées de tragiques utopies, est à la recherche de sa propre identité. Pour créer une unité nouvelle et durable, les instruments politiques, économiques et juridiques sont assurément importants, mais il faut également susciter un renouveau éthique et spirituel qui puise aux racines chrétiennes du continent, autrement on ne peut pas reconstruire l'Europe. Sans cette sève vitale, l'homme reste exposé au danger de succomber à l'antique tentation de vouloir se racheter tout seul — une utopie qui, de différentes manières, a causé dans l'Europe du XX siècle, comme l'a remarqué le Pape Jean-Paul II en 1990, un recul sans précédent dans l'histoire tourmentée de l'humanité."

Le pape Grégoire le Grand (590-604) s'emploiera à diffuser cette règle, ce qui contribuera au développement des abbayes bénédictines dans toute l'Europe durant les VII et VIII siècles. L'empereur Charlemagne va largement promouvoir cette règle dans le but de pacifier et d'unifier son territoire. En 817, son fils Louis le Pieux imposera à tous les monastères d'occident de la respecter. Saint Benoît, considéré comme le père du monachisme occidental, est, aujourd'hui, le co-patron de l'Europe.

Aujourd'hui, nous avons surtout parlé de la vie publique de saint Benoît. Nous avons seulement évoqué  les grands traits de sa vie spirituelle. Nous en parlerons plus tard, lorsque nous présenterons des faits plus particuliers de la vie de notre saint. Nous rappellerons seulement, pour sourire, que Saint Benoît est invoqué contre les piqûres d'orties, le poison, l'érésipèle, la fièvre, et les tentations.

Paulette Leblanc


[1] Probablement vers l'an 500: Benoît devait avoir environ 20 ans.

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