Arcangelo Tadini naquit le 12 octobre 1846, à
Verolanuova, en Italie, dans la province de Brescia en
Lombardie. D'une famille aisée, Arcangelo fit ses études
primaires dans son village natal puis fréquenta le
Gymnase de Lovere, à Bergame. Quand il eut 18 ans, en
1864, il entra au Grand Séminaire de Brescia où un
accident le rendit infirme pour le reste de ses jours:
il boitait douloureusement. Il fut cependant ordonné
prêtre le 19 juin
1870.
Malade, et compte tenu de son infirmité, Arcangelo,
jeune prêtre, fut obligé de rester pendant toute une
année dans sa famille. Mais bientôt, de 1871 à 1873, il
sera vicaire à Lodrino, un petit village de montagne. En
1873, il sera nommé Recteur au sanctuaire de Sainte
Marie de la Nuez, toujours dans la province de Brescia.
Enfin, en 1885, l'abbé Tadini devint vicaire à Botticino
Sera, et, deux ans plus tard, il était nommé curé de
cette paroisse où il restera jusqu'en 1912, et vivra les
années les plus fécondes de toute sa vie. En effet,
aimant ses paroissiens comme ses enfants, il donna
naissance à une chorale et à plusieurs confréries. Il
ouvrit un Tiers Ordre franciscain et, pasteur plein de
zèle pour les âmes de ses paroissiens, il s'efforçait
d'offrir aux divers groupes de sa paroisse, la catéchèse
la plus adaptée. Il portait une attention spéciale à la
célébration des Sacrements, et voulait soigner
particulièrement la liturgie.
Vivant en pleine période de révolution industrielle et
au milieu d'un peuple d'ouvriers, Arcangelo prit
rapidement conscience des difficultés matérielles et
morales de la classe ouvrière. La lecture de
l'encyclique du pape Léon XIII, Rerum Novarum, le
conforta dans son attention pastorale qui était orientée
surtout vers les nouvelles pauvretés. Afin d'y remédier,
il créa l’Association Ouvrière du Secours Mutuel
et ouvrit une filature pour donner du travail aux jeunes
du village qui avaient à supporter de grandes
injustices. Enfin, en 1900, l'Abbé Arcangelo Tadini
fonda la Congrégation des "Sœurs Ouvrières de la
Sainte Maison de Nazareth".
Ces religieuses
consacrées, se voulaient "ouvrières avec les
ouvrières" afin de pouvoir éduquer les jeunes
travailleuses, en travaillant coude à coude avec elles.
Ce faisant, elles obéissaient à leur fondateur qui leur
proposait de suivre l’exemple de Jésus, Marie et Joseph,
où, dans la Maison de Nazareth, ils avaient travaillé et
vécu dans le silence, la vie cachée et l'humilité.
L'Abbé Tadini expliquait l’exemple de Jésus qui, non
seulement, "s’était sacrifié sur la croix", »
mais n'avait pas eu honte, pendant trente ans, à
Nazareth, d’utiliser les outils de charpentier et
"d’avoir le front
trempé par la sueur de la fatigue et les mains rendues
calleuses par le travail."
Incontestablement l'Abbé Tadini était en avance sur son
temps. Aussi eut-il à supporter des calomnies et des
incompréhensions, même de la part de l’Église.
Cependant, il avait parfaitement conscience que les
religieuses ouvrières n'étaient pas un exemple contraire
à l'Évangile, mais au contraire la preuve qu'il
comprenait les besoins du monde du travail qui, au-delà
des besoins matériels, avait tellement soif de la
spiritualité évangélique. Il savait que son œuvre était
peut-être un peu prématurée, mais il était convaincu
qu'elle ne venait pas de lui, mais de Dieu qui
"l'avait voulue, la guidait, la perfectionnait et la
conduisait à son terme."
Ainsi, il enseignait à ses paroissiens que le travail
n'est pas une course, mais le chemin qui fait, des êtres
humains, de véritables hommes et de vrais chrétiens. La
force de l'Abbé Tadini lui venait surtout de sa prière;
ses paroissiens le voyaient souvent à genoux devant le
Saint-Sacrement pendant des heures, malgré ses
infirmités et ses souffrances. Arcangelo Tadini mourut
subitement le 20 mai 1912. Il avait 66 ans. Son œuvre
n'était pas achevée, mais il savait "qu'au temps
voulu, comme un grain enfoui en terre, elle porterait
beaucoup de fruits."
Arcangelo Tadini fut béatifié le 3 octobre 1999 par le
pape Jean-Paul II. Il fut canonisé, le 26 avril 2009,
par le pape Benoît XVI qui en fit un exemple pour les
prêtres, les familles, et le protecteur des
travailleurs.
Les paroissiens de
Botticino découvrirent peu à peu la sainteté de leur
curé discret mais ayant un cœur de père sensible à la
vie de misère et de travail très dur des ouvriers de son
temps. Il savait entrer dans le quotidien des gens, dans
leurs besoins de formation, tout en priant beaucoup.
Plus tard, après sa mort, ses paroissiens dirent de lui:
"Il était l'un
de nous."
Voici, comment les gens de
Botticino parlaient de lui alors qu'il était leur curé:
"Il est l'un de
nous, quand, très tôt, il parcourt les rues du village
et quand son pas résonne comme un réveil pour qui se
prépare à commencer une journée de travail. Tous savent
que ce prêtre, passionné de Dieu et de l’homme, portera
dans sa prière la vie et les fatigues de ses gens. Il
est l'un de nous quand il recueille les larmes des mères
préoccupées par la précarité du travail de leurs fils,
quand il rêve, projette et construit la filature pour
les filles du village pour qu’elles puissent redécouvrir
leur dignité de femmes. L'un de nous quand il fonde la
Famille des Sœurs Ouvrières, femmes consacrées qui, dans
les champs de travail, sont témoins d’un Amour grand
dans la simple vie ordinaire. L'un de nous car il nous
sourit encore, nous accompagne dans notre vie
quotidienne et avec ses paroles, il nous invite à suivre
ses traces, disant: 'La sainteté qui conduit au ciel est
dans nos mains. Si nous voulons la posséder, nous devons
faire une seule chose: aimer Dieu'."
Paulette Leblanc |