Antonio Rosmini naquit le 25 mars 1797 à Rovereto, dans
l'actuelle région du Trentin-Haut-Adige, située dans le
Tyrol du sud, dans l'Italie du nord. Sa famille
appartenait à la noblesse aisée. Antonio fit ses études,
d'abord dans une école publique, puis au lycée impérial.
En août 1816, il passa ses examens du cycle secondaire
et obtint, dans toutes les matières la mention:
"éminent" et l'appréciation finale: "doté d'une
intelligence fulgurante".
À
l'automne 1816, Antonio Rosmini entra au séminaire, et
après des études de théologie à l'université de Pavie,
puis de Padoue, il fut ordonné prêtre le 21 avril 1821,
par l'évêque de Chiopggia, de la province de Venise. En
1823,
Antonio se rendit à
Rome avec le cardinal de Venise,
Ladislas Pyrker,
pour rencontrer le pape Pie VII qui lui demanda de
réfléchir à une réforme de la philosophie. En 1826,
Antonio se rendit à Milan pour poursuivre ses recherches
et publier les résultats de ses études philosophiques.
Il fut bientôt introduit chez l'abbé Mauro Cappellari,
futur Grégoire XVI de 1831 à 1846, et rencontra deux
fois le pape Pie VIII (pape en 1829 et 1830, qui
lui donna le conseil
suivant: "Rappelez-vous,
vous devez vous consacrer à la rédaction de livres et ne
pas vous occuper des affaires de la vie active… Vous
maniez très bien la logique et nous avons besoin
d'auteurs qui sachent se faire respecter."
En
1828 l'Abbé Rosmini fondait un nouvel ordre religieux:
l'Institut de la Charité, appelé également l'ordre des
Rosminiens. Les Rosminiens pouvaient être des prêtres ou
des laïcs, mais ils devaient se consacrer à la
prédication, à l'enseignement de la jeunesse, et aux
œuvres de charité, qu'elles soient matérielles, morales
ou intellectuelles. Dans les Constitutions des
Rosminiens, Antonio Rosmini demandait à ses religieux de
se préoccuper d'abord de leur sanctification jusqu'à ce
que la volonté de Dieu se manifestât et les conduisît à
entreprendre des œuvres de charité. Les Rosminiens
s'implanteront en Italie, en Angleterre, en Irlande, en
France et en Amérique. L'Institut de la Charité sera
définitivement approuvé le 20 septembre 1839, par le
pape Grégoire XVI.
Prêtre, philosophe et écrivain à la demande du pape Pie
VIII, l'Abbé Rosmini rédigea des ouvrages sur
de nombreux sujets: la nature de l'âme humaine,
l'éthique, la relation entre l'Église et l'État, la
philosophie du droit, la métaphysique, la grâce, le
péché originel, les sacrements et l'éducation, ainsi que
sur l'origine des idées et des certitudes.
En 1832, il écrivit l'ouvrage intitulé: "Delle cinque
piaghe della santa chiesa", en français "Les cinq
plaies de la sainte Église". Il y dénonçait les
dangers qui menaçaient l'unité et la liberté de l'Église
et en proposait les remèdes. Compte tenu des
circonstances, ce livre ne sera publié qu'en 1846. En
effet, ses thèses commençaient à être critiquées par les
jésuites.
Mais
poursuivons la découverte de la vie de notre
bienheureux. En 1848, l’abbé Rosmini est appelé à Rome
pour une mission diplomatique: le roi de
Piémont-Sardaigne, Charles-Albert de Savoie lui demande
d'inciter le pape Pie IX à présider une confédération
d’états italiens, puis à entrer en guerre contre
l'Autriche. Immédiatement le père Rosmini renonce à sa
mission diplomatique. Mais Pie IX lui ordonne de rester
à Rome. Après la fondation de la République de Rome, on
lui propose de devenir premier ministre, mais Antonio
refuse de présider un gouvernement révolutionnaire qui
prive le pape de liberté. Le 24 novembre 1848, Pie IX
s’enfuit à Gaète, au sud de Rome. L'abbé Rosmini le
suit, mais il est rapidement en désaccord avec le
cardinal Giacomo Antonelli, qui veut que le pape soit
soutenu par des armées étrangères. Aussi, en 1849,
prend-il congé de Pie IX. Et c'est pendant son voyage
de retour à Stresa, qu'Antonio apprend que ses œuvres
“Les cinq plaies de la sainte Église” et “La
constitution civile selon la justice sociale” ont
été mises à l’Index.
L’abbé Rosmini passera les dernières années de sa vie à
Stresa, à la tête de sa congrégation, et à l'écriture de
son œuvre la plus étudiée, “Théosophie”.
Cependant, les critiques affluant, Rosmini jugé une
première fois par le Vatican en 1854, fut bientôt
acquitté. Antonio Rosmini mourut à Stresa le 1er
juillet 1855.
Notons ici qu'en 1887, l'Église et le pape Léon XIII
condamnèrent 40 propositions extraites des œuvres de
Rosmini, condamnations qui furent levées en 2001.
L'héroïcité des vertus d'Antonio Rosmini fut reconnue
par l'Église catholique le 26 juin 2006. Après la
signature du décret de béatification, le 3 juin 2007,
par le pape Benoît XVI, Antonio Rosmini fut béatifié à
Novare, le 18 novembre 2007.
Antonio Rosmini fut un prêtre, un philosophe et un
penseur remarquable. Le pape Benoît XVI le déclara
bienheureux. Pourtant Rosmini était pratiquement inconnu
du grand public. On a dit de lui qu'il avait 150 ans
d'avance sur son temps. Rosmini, en effet, n’était pas
un personnage anodin. Marie-Catherine Bergey-Trigeaud,
sa biographe française, le présente comme "le plus
important philosophe italien, et l’un des principaux
maîtres de l’histoire de la philosophie catholique."
Beaucoup le considéraient comme l’un des plus grands
esprits de tous les temps. Ainsi, dans son encyclique
Fides et Ratio, Jean Paul II le considéra comme un
maître. Benoît XVI le cite souvent. Notons aussi que
Jean XXIII avait fait d’un de ses livres, Maximes de
perfection chrétienne, son livre de chevet pendant
le Concile Vatican II. Pour les Italiens éclairés, les
œuvres de l'abbé Rosmini sont incontournables…
On a
dit que la béatification de Rosmini était d’abord celle
d’un prêtre philosophe, un observateur exigeant au
service de l’Église dont il avait, en son temps, dénoncé
les défaillances, du clergé notamment. Rosmini était un
vrai philosophe. De plus, il ne faut pas oublier que
Rosmini fut mêlé aux évènements parfois très violents
qui conduisirent à l’unité italienne. Il fut souvent
très proche des papes qu’il conseillait. Mais il subit
les intrigues d’autres clercs qui cherchèrent à mettre
en cause ses œuvres, dont, nous l'avons dit plus haut,
certaines furent provisoirement mises à l’index. Mais
l’essentiel de son œuvre fut sauvé par le pape Pie IX
lui-même quelque temps avant sa mort.
Philosophe, Antonio Rosmini estimait qu'il ne fallait
pas nier la société invisible, qu'il ne fallait pas
réduire la personne au social, tel que Marx l'avait
proposé, ni concevoir la liberté comme une autonomie.
Rosmini a donc combattu les sophismes de son temps qui
sont aussi les nôtres. Il les a combattus par le
témoignage de sa vie et par son remarquable effort
intellectuel. Il avait avant tout le souci de la vérité,
de la vérité qui se cherche et qui ne se fabrique pas.
De
nos jours, alors que la démocratie tend à se dissoudre
dans la loi du plus fort, Rosmini apparaît comme un
gardien de la raison qui protège la vérité objective
inscrite dans la nature de la personne. Foi et raison
marchent ensemble.
La
béatification de Rosmini devrait permettre de sortir de
l’oubli une pensée riche et performante, et contribuer
surtout à rapprocher la foi et la raison, par le modèle
d’une vie que l’Église donne en exemple pour s’engager
au service de la vérité. L’engagement auquel l’Église
appelle les chrétiens à travers le bienheureux Rosmini
est une démarche de l’intelligence. Sur son lit de mort,
Rosmini expira en laissant trois consignes à ses amis:
« Adorare, tacere, gaudere", c'est-à-dire "adorer,
se taire, se réjouir." Ce furent ses trois derniers
mots.
Les
personnes qui désirent en savoir davantage sur Antonio
Rosmini, peuvent consulter le site “Nouvelle
Évangélisation”, en cliquant sur le lien ci-après.
http://nouvl.evangelisation.free.fr/ant_rosmini_philosophe.htm
Paulette
Leblanc |