
Anselme que l'on appellera Anselme de Cantorbéry,
ou Anselme du Bec, naquit à Aoste en 1033 (ou 1034) de
parents de la haute noblesse. Son Père, Gandulf et sa
mère Ermenberge auraient été parents du comte Hubert de
Maurienne et de la comtesse Mathilde de Toscane. Vers
l'âge de quinze ans, Anselme aurait voulu devenir moine,
mais bien vite les tentations de l'adolescence l'en
détournèrent; Anselme se livra aux plaisirs de la vie
mondaine. Vers 1056, après la mort de sa mère, il quitta
son père pour aller en France "à la recherche du
plaisir", ce qui ne l'empêche pas de poursuivre en même
temps ses études. Et c'est ainsi qu'à 25 ou 26 ans sa
vraie vocation se réveillera à l'abbaye du Bec en
Normandie où il était venu pour étudier, attiré par la
renommée de l'école créée et dirigée par le moine
Lanfranc, prieur de l'abbaye du Bec, sous la direction
de qui il étudiera la dialectique et la rhétorique. En
1059, Anselme devint moine, au Bec; il avait 27 ans.
La
douceur d'Anselme lui gagnera vite les cœurs, et en
1063, après le départ de Lanfranc nommé à Cantorbéry, il
sera nommé prieur au Bec et mènera de front cette charge
avec son intense réflexion théologique: selon lui,
puisque Dieu est le créateur de la raison, celle-ci,
loin de contredire les vérités de la foi, doit pouvoir
en rendre compte. En 1078, Anselme est élu Abbé du Bec
quelques jours après la mort du Bienheureux Herluin,
fondateur de l'abbaye du Bec.
À
cette époque, des relations étroites existaient entre
l'Abbaye du Bec et les monastères anglais proches de
Cantorbéry. Ceci explique qu'en 1093, lors d'une visite
de ces monastères, Anselme se retrouva élu évêque de
Cantorbéry et archevêque. Ce fut une rude tâche, et son
attachement à l'indépendance de l’Église contre les
prétentions des rois d'Angleterre lui valut plusieurs
exils. Par exemple, en février 1095, Anselme fut accusé
par Guillaume de Saint-Calais, ecclésiastique et proche
conseiller des deux premiers rois normands d'Angleterre,
Guillaume le Conquérant et Guillaume II le Roux, d'avoir
violé son vœu de fidélité au roi qu'il avait prononcé au
concile de Rockingham. Ce concile avait été convoqué par
Guillaume II le Roux, suite à une dispute qui l'opposait
à l'archevêque: le roi voulait soumettre l'Église à son
autorité, tandis qu'Anselme voulait aller à Rome pour
recevoir son pallium des mains du pape Urbain II. Or, ce
dernier était opposé à l'antipape Clément III, et le roi
n'avait reconnu aucun des deux. Anselme accusé de placer
sa loyauté envers le pape Urbain II au-dessus de celle
qu'il devait au souverain, dut partir en exil.
Confronté à ces épisodes consternants de la vie
politique de quelques rois d'Angleterre, Saint Anselme
aspirait à retrouver la paix du cloître, mais le pape ne
l'autorisa pas à quitter sa charge. Ce fut donc au
milieu des tracas occasionnés par sa réforme de l’Église
d'Angleterre qu'il voulut consacrer les dernières
années de sa vie "à la formation morale du clergé et à
la recherche théologique. Il mena à bien une œuvre
théologique, métaphysique et philosophique qui lui
vaudra le titre de "Docteur magnifique". En effet,
Anselme cherchait surtout à fortifier la foi chrétienne
en l'appuyant sur la raison. Il est considéré comme l'un
des plus grands écrivains mystiques de l'Occident
médiéval
Anselme mourut le 21 avril 1109 et fut inhumé dans la
cathédrale de Cantorbéry. Il fut canonisé en 1494 et
proclamé docteur de l'Église en 1720.
Voici maintenant quelques remarques concernant la
spiritualité et la théologie de saint Anselme: on a
écrit que son activité théologique "se développa
suivant trois volets: la foi comme don gratuit de
Dieu qui doit être accueillie avec humilité,
l'expérience qui est l'incarnation de la Parole dans
la vie quotidienne, et la connaissance qui n'est
pas seulement le fruit de raisonnements mais aussi celui
de l'intuition contemplative... Son amour de la vérité
et sa soif constante de Dieu... peuvent être pour le
chrétien d'aujourd'hui un encouragement à rechercher
sans cesse le lien profond qui nous unit au Christ... Le
courage dont il fit preuve dans son action pastorale,
qui lui causa souvent de l'incompréhension et même
d'être exilé, doit inspirer les pasteurs, les consacrés
et tous les fidèles dans l'amour de l’Église du Christ".
(source: VIS 090923 - 450).
Notons que "La clarté et la rigueur de sa pensée avaient
pour but de porter l'esprit vers la contemplation de
Dieu, soulignant que le théologien ne saurait compter
sur sa seule intelligence mais devait cultiver une foi
profonde."
Saint Anselme de Cantorbéry a profondément marqué,
d'abord l’Abbaye du Bec, puis le diocèse de Cantorbéry,
par sa foi lucide, son humilité, sa douceur, son esprit
de paix et sa tendresse filiale envers la Vierge Marie.
L’Église lui doit de remarquables traités de théologie.
Paulette Leblanc |