Anne-Catherine Emmerich naquit le 8 septembre 1774, dans
un hameau de l’évêché de Munster, dans la communauté des
agriculteurs de Flamschen près de Coesfeld, en
Allemagne. Ses parents étaient des paysans pauvres et
pieux. Dès son plus jeune âge elle vécut dans le
surnaturel, et ses visions, quasi permanentes étaient
pour elle tout à fait naturelles: elle pensait qu’il en
était ainsi pour tout le monde. Anne-Catherine grandit
au
sein
d'une famille de neuf frères et sœurs, et elle dut, dès
sa plus tendre enfance, aider aux travaux domestiques et
agricoles. Elle fréquenta l'école très peu de temps; et
pourtant elle posséda une bonne instruction dans le
domaine religieux. Très rapidement ses parents
s'aperçurent de sa vocation à la prière et à la vie
religieuse.
Bientôt Anne-Catherine dut aller travailler, durant
trois ans, dans une grande ferme des environs; puis elle
apprit la couture et retourna vivre chez ses parents.
Elle demanda ensuite à être admise dans divers
monastères, mais elle fut toujours refusée parce qu'elle
ne possédait pas de don particulier. Toutefois, les
Clarisses de Münster l'acceptèrent à condition qu'elle
apprenne à jouer de l'orgue. Ses parents l'autorisèrent
alors à aller vivre dans la famille de l'organiste
Söntgen de Coesfeld pour faire son apprentissage; mais
Anne-Catherine ne put apprendre à jouer de l'orgue, car
la pauvreté de la famille l'obligeait à travailler afin
de les aider à vivre.
Nous
sommes en 1802; Anne-Catherine a vingt huit ans. Enfin,
elle réussit à entrer au monastère des Augustines d'Agnetenberg,
près de Dülmen, avec son amie Klara Söntgen. Elle
prononça ses vœux solennels le 13 novembre 1803. Elle
participait à la vie monastique avec ferveur, toujours
prête à accomplir même les travaux les plus durs. Mais
elle tombait fréquemment malade et dut supporter de
grandes douleurs. Le 3 décembre 1811, son couvent fut
supprimé sous le gouvernement de Jérôme Bonaparte, roi
de Westphalie, et Anne-Catherine devint d'abord la
gouvernante de l'abbé Lambert, un prêtre qui avait fui
la France. Devenue très malade, elle trouva refuge, au
printemps de 1812, dans une petite chambre située dans
le logement d’une pauvre veuve.
Revenons un peu en arrière. En 1799, Anne-Catherine qui
a 24 ans, commence à ressentir les douleurs de la
couronne d'épines; son sang coule chaque vendredi, mais
elle réussit à le dissimuler. À l'automne 1807
commencent les douleurs des stigmates aux pieds et aux
mains, sans écoulement de sang ni marque extérieure. Ce
n'est que le 25 novembre 1812, qu'une croix se forma sur
sa poitrine; cette croix, saignait ordinairement le
mercredi. Les derniers jours de 1812, ses stigmates des
mains, des pieds et du côté devinrent visibles.
Catherine pensait pouvoir garder le secret sur ses
stigmatisations, mais l'indiscrétion d'une sœur
religieuse, qui découvrit par hasard, le 28 février
1813, les plaies des mains de Catherine, ces phénomènes
arrivèrent à la connaissance des gens de la ville.
Anne-Catherine devint rapidement un objet de curiosité
pour les médecins, l’Église, et de nombreuses autres
personnes. Dès lors, la vie d’Anne-Catherine devint une
épreuve permanente jusqu’à sa mort qui surviendra le
soir du 9 février 1824. Heureusement
le
Docteur Franz Wesener qui l'examina comme beaucoup
d'autres médecins, resta profondément impressionné, et
devint pour elle un ami fidèle.
Nous
avons deviné que la vie d’Anne Catherine Emmerich fut
une longue passion, car, à de nombreuses reprises elle
vécut la Passion de Jésus. Parfois, succombant sous le
poids de ce qui lui était imposé, elle suppliait Dieu de
venir la délivrer, mais, chaque fois, elle disait:
“Seigneur, non pas ma volonté, mais la vôtre.”
Alors, il lui était enjoint de continuer à vivre; elle
se relevait avec sa croix, et se remettait à la porter
péniblement à la suite du Seigneur. Sa rencontre avec
l'écrivain allemand Clemens Brentano fut très bénéfique.
À partir de 1818, il lui rendit visite chaque jour
pendant cinq ans. Anne-Catherine Emmerich qui n’écrivait
pas ses visions, les racontait à son ami, Clémens
Brentano, qui fut aussi son biographe. Rentré chez lui,
Clémens Brentano écrivait ce dont il se souvenait: cela
pourrait expliquer certaines différences existant avec
d’autres mystiques. En effet, les rapports effectués de
mémoire peuvent présenter quelques lacunes.
Toute la vie d'Anne Catherine fut caractérisée par une
profonde union avec le Christ; les stigmates qu'elle
recevait en sont la preuve. Remarquons cependant, que
Catherine avait aussi une grande dévotion pour la Vierge
Marie. Animée d'une grande foi et de beaucoup de
charité, Anne Catherine participa à l'œuvre rédemptrice
du Christ. Elle n'hésitait pas à dire: "J'ai
toujours considéré le service au prochain comme la plus
haute vertu. Dans ma jeunesse, j'ai prié Dieu afin qu'il
veuille bien me donner la force de servir mon prochain
et d'être utile. A présent je sais qu'il a exaucé ma
prière." Elle cherchait en effet, à constamment
aider les autres, alors même qu'elle ne pouvait pas
quitter son lit. Outre ses travaux de couture en faveur
des enfants pauvres, elle recevait de nombreuses
personnalités, qui, désireuses de participer au
mouvement de renouveau de l'Église au début du XIX
siècle, cherchaient à la rencontrer.
Au
cours de l'été 1823, la santé d'Anna Katharina déclina
et, la mort approchant, elle décida d'unir sa souffrance
à celle de Jésus, en l'offrant pour la rédemption des
hommes. Elle mourut le 9 février 1824. Elle fut
béatifiée par le pape Jean-Paul II le 3 octobre 2004.
Paulette Leblanc |