Alphonse de Liguori
Évêque, Fondateur, Saint, Docteur de l’Église
(1696-1787)

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AOÛT

Alphonse, Marie, Antoine, Jean, Côme, Damien, Michel, Gaspard, de Liguori naquit le mardi 27 septembre 1696, à Marianella, un quartier de Naples, dans le manoir de son père qui appartenait à la haute noblesse napolitaine. Don Joseph de Liguori, le père d'Alphonse, était officier de marine et capitaine des Galions royaux. Sa mère était d'ascendance espagnole. Alphonse fut instruit par des précepteurs privés sous l'œil de son père. Très doué, il réussissait dans toutes les matières qu'il étudiait. Par ailleurs son père lui faisait pratiquer le clavecin et, à l'âge de treize ans, il jouait avec la facilité d'un maître. Voyager et pratiquer l'escrime étaient ses grandes distractions. 

Dès l'âge de seize ans, le 21 janvier 1713, Alphonse commença à étudier le Droit, bien que l'âge réglementaire fût fixé à vingt ans. Dès l'âge de dix-neuf ans, il put exercer sa profession d'avocat, et, pendant huit ans, il fut chargé de nombreuses causes: la tradition atteste que ses capacités étaient extraordinaires et qu'il était souvent couronné de succès. Malgré sa jeunesse, il était considéré comme l'un des ténors du barreau de Naples. Par ailleurs, son confesseur dira plus tard qu'Alphonse de Liguori avait su préserver son innocence baptismale jusqu'à sa mort. Pourtant, dans son humilité, Alphonse écrira: "Les banquets, les divertissements, le théâtre, ce sont les plaisirs du monde, mais des plaisirs amers comme la bile et pointus comme des épines. Croyez-moi: je les ai éprouvés et j'en pleure maintenant." Dans tout cela il n'y avait aucun péché grave, mais Alphonse avait compris que ce chemin ne conduisait pas à la sainteté. 

En 1723, Alphonse perdit un procès entre un noble napolitain et le grand-duc de Toscane. Il  en fut accablé, anéanti. Il pensait que sa carrière était ruinée et que son entourage le soupçonnerait de tromperie alors qu'il était vraiment sincère. Pendant trois jours il refusa toute nourriture. Puis, il se calma et comprit que cette humiliation lui avait été envoyée par Dieu pour abattre sa fierté et l'arracher au monde. Alors il abandonna sa profession et passa des journées en prière, cherchant à savoir quelle était la volonté de Dieu. Bientôt vint la réponse. 

Le 28 août 1723, Alphonse était parti pour visiter les malades de l'Hospice des Incurables. Soudain il se trouva entouré d'une lumière mystérieuse tandis que le bâtiment semblait vaciller et qu'une voix intérieure lui disait: "Abandonne le monde et donne-toi à moi." Cette expérience se reproduisit deux fois. Alphonse quitta alors l'hôpital et se rendit à l'église du Rachat des Captifs. Là il déposa son épée devant la statue de Notre-Dame et décida d'entrer comme novice chez les Oratoriens. Comme prévu, sa famille s'opposa à ce départ jusqu'à ce qu'un compromis fût trouvé: Alphonse pourrait être prêtre, mais il devait renoncer à son projet d'entrer chez les Oratoriens. Ce qu'il fit sur les conseils de son directeur de conscience. Après trois ans d'études de théologie, il fut ordonné prêtre le 21 décembre 1726, à l'âge de trente ans. 

Après son ordination en 1726, Alphonse se lia, pour exercer son ministère, à la Congrégation Diocésaine des Missions Apostoliques, afin d'évangéliser et de catéchiser les couches les plus humbles de la société napolitaine dont de nombreux membres avaient mené des vies perverties, voire criminelles. Bientôt, de nombreuses personnes se réunirent dans des maisons privées, des échoppes ou des chapelles, dans les quartiers les plus misérables pour prier et méditer la parole de Dieu, sous la direction de plusieurs catéchistes formés par Alphonse.  Ces groupes prirent le nom de "Chapelles du soir". Véritables sources d'éducation morale, ces Chapelles du soir eurent une telle influence que les vols, les duels, la prostitution finirent presque par disparaître.  

Alphonse qui avait pensé partir pour évangéliser les peuples païens, entra en contact avec les paysans et les pasteurs du royaume de Naples. Frappé par leur ignorance religieuse et par l'état d'abandon dans lequel ils se trouvaient, il décida de quitter la capitale et de se consacrer à ces personnes, pauvres spirituellement et matériellement. En 1732, âgé de 36 ans, il fonda la Congrégation religieuse du Très Saint Rédempteur, les Rédemptoristes. Ces religieux, guidés par Alphonse, furent d'authentiques missionnaires itinérants, qui atteignaient aussi les villages les plus reculés. 

D'énormes épreuves allaient commencer pour Alphonse: abandon de plusieurs de ses amis, discordes imprévisibles, abandon de nombreux frères, fondation d'une communauté rivale… Alphonse, pourtant, tint bon, et bientôt d'autres compagnons arrivèrent. En 1746, la nouvelle congrégation disposait de quatre maisons dans le Royaume de Naples. En 1749, l'Institut religieux et sa Règle furent approuvés par le Pape Benoît XIV. De même, en 1750, l'Institut féminin proche des rédemptoristes et de sa Règle étaient approuvés par Benoît XIV. En même temps, Alphonse, missionnaire infatigable, parcourait toutes les provinces du Royaume de Naples, donnant des missions jusque dans les plus petits villages, pour sauver beaucoup d'âmes. Une des caractéristiques particulières de sa méthode était le retour des missionnaires, après un intervalle de quelques mois, là où ils avaient évangélisé, pour consolider leur ouvrage par ce qui fut appelé le "renouvellement d'une mission." 

Les infirmités n'épargnèrent pas Alphonse de Liguori, notamment des attaques de rhumatismes articulaires aigus, dont la dernière crise, qui dura de mai 1768 à juin 1769, le laissa en partie paralysé. Mais toutes ces épreuves physiques ne l'empêchèrent pas d'être promu évêque en 1762, à l'âge de 66 ans. Il pensait pouvoir accroître son activité missionnaire, mais des raisons politiques l'en empêchèrent. À Naples, en effet, l'autorité toute-puissante des rois concernait même les affaires spirituelles. C'est d'ailleurs ainsi qu'il avait dû, par obéissance, accepter en 1762, l'évêché de Sainte-Agathe-des-Goths, un petit diocèse napolitain situé non loin de Naples. Là, il trouva 30 000 fidèles sans éducation, un clergé indifférent, dix-sept maisons religieuses plus ou moins relâchées; c'était un si vaste champ d'apostolat qu'Alphonse pleura, pria et passa de nombreux jours à travailler nuit et jour pendant treize années. Il faut même ajouter qu'à plusieurs reprises il risqua d'être assassiné. Pourtant, Alphonse, évêque, ne cessa jamais de nourrir les pauvres, d'enseigner les ignorants, de réorganiser son séminaire, de réformer les couvents et de créer un esprit de sainteté dans son clergé en mettant en honneur la théologie morale. À tout cela, il nous faut ajouter ses travaux littéraires, et ses nombreuses heures de prière et d'adoration. 

Mais ce n'est pas tout. Alphonse de Liguori devait aussi continuer à s'occuper de sa Congrégation et des Rédemptoristes. Mais encore pour des raisons politiques, on lui refusa, jusqu'au jour de sa mort, "l'exequatur royal" à la Bulle de Benoît XIV, c'est-à-dire la reconnaissance par l'État de son Institut comme Congrégation religieuse. Pendant des années entières, l'Institut parut à deux doigts de la suppression pure et simple. Quelle souffrance pour Alphonse! Oui, quelle souffrance, d'autant plus que dans l'Ordre lui-même la discipline se relâchait et les vocations diminuaient. Enfin, en 1775, le pape Pie VI l'autorisa à quitter son poste d'évêque. Alphonse rejoignit la maison de Nocera. Alphonse pensait pouvoir se préparer à mourir dans la paix; il avait déjà 80 ans, mais de nouvelles épreuves l'attendaient. 

C'était en 1780. Alphonse avait 83 ans. Il était malade, estropié et presque aveugle quand survint une crise terrible, le Regolamento, qui apporta la division chez les Rédemptoristes et faillit perdre définitivement l'Ordre du Très Saint Rédempteur. Alphonse dut subir de nombreuses trahisons, de la part de ses amis et même de son confesseur. Il se vit également exclu de sa propre congrégation. Alphonse devait encore affronter une dernière et terrible épreuve: passer par une terrible "Nuit de l'esprit" Des tentations effrayantes l'assaillirent, des apparitions diaboliques le terrifiaient, des illusions et des scrupules terribles firent de sa vie un enfer. Finalement la paix revint et, le 1er août 1787, Alphonse de Liguori  rejoignait la maison du Père. Il avait 91 ans. 

Alphonse de Liguori fut déclaré Vénérable dès le 4 mai 1796 par le pape Pie VI. Il fut  béatifié en 1816 et canonisé en 1839. Le pape Pie IX le proclama Docteur de l'Église en 1871. 

Petite remarque: la Congrégation des Rédemptoristes fut définitivement sauvée en 1793 lorsque le gouvernement napolitain reconnut enfin sa Règle.

Paulette Leblanc – Juin 2014

 

 

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