Alfonsa Clerici naquit le 14 février 1860, à Lainate, en
Lombardie, à une quinzaine de kilomètres de Milan, en
Italie. Elle était l'aînée d'une famille d'humbles
paysans chrétiens, Angelo Clerici et Maria Romano.
Quatre
enfants
moururent en bas âge et quatre furent consacrés à Dieu:
Prospero et Ildefonso devinrent prêtres dans la
congrégation des Barnabites; Bonaventura et Alfonsa
entrèrent chez les Sœurs du Précieux Sang.
Alfonsa était une enfant douce, pieuse et obéissante.
Elle fut confirmée en 1868, à l'âge de huit ans. C'est
à cette époque qu'une paysanne rencontra Alfonsa un soir
d'été, seule sur la route qui mène au sanctuaire de Rho,
à quatre kilomètres
de Lainate. Très surprise, la paysanne lui demanda où
elle allait, et la petite fille répondit: "Je
vais au Sanctuaire, pour dire les prières."
À l'école, Alfonsa était une excellente élève; mais
comment pourrait-elle poursuivre des études?
Heureusement, grâce à l'une de ses tantes, elle put être
inscrite au Collège du Précieux Sang, à Monza, chez les
religieuses du Précieux Sang. Vers 1878-1879, elle
obtint le diplôme d'institutrice, et elle commença à
travailler pour soutenir sa famille. Pendant quatre ans
elle enseigna à l'école communale de garçons de Lainate,
au cours préparatoire.
En
1883, Alfonsa put entrer au noviciat des Sœurs du
Précieux Sang de Monza, où sa sœur Bonaventura l'avait
devancée. Elle prit l'habit en 1884 et fit sa première
profession en 1886. Alfonsa était une femme ferme et
résolue, active et cependant très obéissante; elle
enseigna pendant deux ans au collège du Précieux sang;
elle en devint rapidement sous-directrice puis
directrice.
Alfonsa remplissait ses fonctions de directrice de
collège avec beaucoup de sagesse et de prudence.
En
1906, elle réussit même à sauver le collège et
l'institut qui étaient gravement menacés par une
mauvaise gestion économique. En 1911,
l'évêque de Verceil, Mgr Teodoro Valfré di Bonzo
demanda à Alfonsa d'assurer la direction de la maison
appelée
"Retraite de la Providence"
(en italien
Ritiro della
Provvidenza).
La fondation de cette maison de Verceil remontait
à
1840; elle était destinée à l’éducation des petites
filles et des jeunes filles des familles pauvres. Les
enseignantes laïques qui avaient la charge de cette
institution mettaient toute leur ardeur pour faire vivre
l’école; mais parfois elles avaient besoin d'être
épaulées, et on faisait appel aux Religieuses de Monza.
En
1911, lorsque Alfonsa arriva, la Retraite de la
Providence était en péril. Il fallait d'abord
redonner du souffle aux structures matérielles et
rétablir des finances en péril. Il fallait aussi
redonner une bonne formation spirituelle au personnel de
cet établissement. Alfonsa se mit donc au travail avec
ardeur. Ce ne fut pas sans mal. Elle dut affronter des
contradictions, des critiques, et parfois même des
accusations. Mais, ce qui comptait le plus pour Alfonsa,
c'était l’éducation des jeunes filles; aussi
n’épargnait-elle aucun effort. Cependant, les
enseignantes ne devaient pas être délaissées, et Alfonsa
savait, tout en restant pleine de tact et de douceur
dans ses réprimandes, donner les conseils les plus
judicieux. En effet, des professeurs ne peuvent
travailler à la formation intégrale de leurs élèves, que
s'ils ont eux-mêmes reçu la formation culturelle,
humaine et chrétienne indispensable. Alfonsa se montra
particulièrement douée pour accomplir ce travail de
formation spirituelle et humaine. Son union à Dieu était
souvent visible.
Alfonsa se dépensa sans relâche, pendant dix neuf ans,
dans cette maison de la Retraite de la Providence. Dans
la nuit du 12 au 13 janvier 1930, elle eut une
hémorragie cérébrale; on la retrouva dans sa chambre,
dans sa position habituelle de prière. Elle mourut le
lendemain 14 janvier 1930. Elle avait 70 ans.
Les
choses auraient pu en rester là, et nous n'aurions
jamais connu Sœur Alfonsa. Mais un miracle survenu en
2003, fut reconnu en 2010: un malade avait été frappé
d'un arrêt cardiaque prolongé, doublé d'un œdème
pulmonaire massif et d'un arrêt respiratoire. Ce malade
recouvrit la santé, sans aucune séquelle, à l'étonnement
de tous les médecins: son épouse avait prié la sœur
Alfonsa Clerici.
Alfonsa Clerici fut déclarée vénérable le 22 juin 2004,
par le pape Jean-Paul II. Elle fut béatifiée le 23
octobre 2010, à Verceil.
Paulette Leblanc |