Alberto Marvelli naquit le 21 mars 1918 à Ferrare, ville
italienne située dans le delta du Pô, non loin de la mer
Adriatique. Il était le deuxième enfant d’une famille
qui en comptera sept.
Son père, Luigi
Marvelli travaillait dans une banque.
La
famille profondément chrétienne et charitable,
enseignait à ses enfants la valeur du travail et de la
justice, et surtout la vérité selon l'Évangile. La
maman, Maria
Mayr Marvelli,
influençait beaucoup ses
enfants
par sa charité, gardant toujours sa maison ouverte aux
pauvres. Ainsi,
Albert et ses frères et
sœurs, voyaient souvent disparaître la moitié du repas
qui était donnée aux pauvres. La maman disait alors:
"Jésus est venu, et il a faim".
En
1930, la famille Marvelli dut déménager à Rimini, ville
située au nord de l'Italie sur la mer Adriatique.
Alberto avait 12 ans. Tout en poursuivant ses études au
lycée classique de Rimini, Alberto fréquentait
l’Oratoire salésien et l'Action Catholique. Il devint
catéchiste et animateur chez les Salésiens. Par
ailleurs, il aimait et pratiquait toutes sortes de
sports, mais surtout le vélo.
En
1933, son père mourut subitement et Alberto, âgé de 15
ans essaya de remplacer son défunt père, entourant de
toute son affection sa mère et ses frères et sa sœur
orphelins comme lui.
C'est alors qu'il se consacra à la Vierge Marie
Immaculée. Il nota dans son journal: "Jésus m’a
enveloppé de sa grâce; je ne vois plus que Lui, je ne
pense plus qu’à Lui."
En
1936, Alberto entra à l'université de Bologne pour
devenir ingénieur.
Diplômé en Juin 1942, il entra d'abord chez Fiat, à
Turin, puis il s'installa à Rimini.
Parallèlement, Alberto
faisait de l’Eucharistie quotidienne le centre de sa
vie, et il s’y préparait le matin par l’adoration avant
la messe. Chaque soir, même après une journée
harassante, il disait le chapelet. Il aimait lire la vie
des saints. Bientôt il se choisit comme modèle, le jeune
Bienheureux Pierre-Georges Frassati.
En 1939, Alberto fut amoureux d'une jeune fille nommée
Marilena et songea au mariage. Mais, après avoir
longuement prié et réfléchi, il comprit qu’il devait
l’aimer seulement comme une sœur.
La
seconde guerre mondiale qui avait débuté en 1939, se
poursuivait, et, à partir de 1943, les Allemands
imposèrent à l’Italie un véritable régime d’occupation;
et la misère régnait partout autour d'Alberto. Aussi son
amour pour Jésus et Marie se traduisit-il en charité
active, comme celle d'un bon Samaritain. Il réussit même
à sauver de nombreux jeunes condamnés à la déportation:
il réussissait à ouvrir, sur des trains prêts à quitter
la gare de Santarcangelo, des wagons déjà plombés, pour
libérer des hommes et des femmes destinés aux camps de
concentration.
Lors
des bombardements anglais de 1943, la ville de Rimini
fut presque rasée. Alberto se dévoua sans compter pour
secourir les victimes et dégager les blessés pris sous
les décombres. Pour les œuvres de charité, le modèle
d'Alberto était saint Vincent de Paul, et, pour
l'imiter, il donnait tout, jusqu’à sa couverture de
laine, ses souliers, son vélo; un jour il donna les
carreaux de sa fenêtre à un prêtre malade qui n’en avait
plus. Pourtant, sa famille ne manqua jamais du
nécessaire; elle le secondait même dans ses actions
charitables.
Après la libération de la ville de Rimini, un Comité de
libération fut créé. À Alberto qui était ingénieur et
membre du Comité, on confia la rude tâche du relogement,
puis, de la reconstruction de la ville. Alberto n’avait
que 26 ans, mais tous les survivants des bombardements
admiraient le courage dont il avait fait et faisait
toujours preuve. Il convient de dire ici, que les
marxistes faisaient beaucoup de propagande en leur
faveur dans les usines, tandis que lui, il attendait les
ouvriers à la sortie pour les évangéliser. Alberto fut
un des fondateurs de l’ACLI, Association Catholique des
Travailleurs Italiens, et il commentait souvent, pour
les jeunes, l’encyclique du pape Léon XIII, ‘Rerum
novarum’ de 1891, sur la condition des ouvriers.
Quand les partis politiques commencèrent à renaître, en
1945, Alberto s’inscrivit au Parti de la Démocratie
chrétienne. Il avait même accepté de se présenter aux
élections comme candidat démocrate-chrétien. Il
estimait, en effet, que la politique pouvait travailler
à l'amélioration de la société, sur le plan de la
charité. Par ailleurs, son évêque lui confia la
direction de l'Association des Intellectuels
Catholiques, et l'organisation de l'Université
populaire.
Voici ce qu'Alberto avait écrit en 1939: "Il faut
établir le droit national et international sur des bases
chrétiennes. L’Évangile et les Encycliques Pontificales
devraient être la règle de vie non seulement pour chaque
personne, mais pour les peuples, les nations, les
gouvernements, le monde. La cause unique et profonde de
la guerre est notre manque d’amour envers Dieu et envers
les hommes. C’est l’esprit de charité qui manque dans le
monde et, pour cela, nous nous haïssons comme des
ennemis féroces au lieu de nous aimer comme des frères,
parce que tous les hommes ont été rachetés par le
Christ." Ceci s'abstient de tout commentaire.
Et
voici aussi ce que Mgr Angelo Comastri, de Loreto,
déclara au cours d'une émission sur radio-Vatican: "Marvelli,
jeune chrétien impliqué dans la politique, y a laissé un
signe de pureté, de transparence, de dignité et de
vérité. Ceci est un grand message pour tous les
politiciens d'aujourd'hui. On peut être en politique et
être un saint, et cela est un très grand message qui
vient de la vie d'Alberto Marvelli."
Passons maintenant au niveau spirituel.
Le mystère de la vie
spirituelle du bienheureux
Alberto Marvelli
été partiellement révélé par son Journal intime, publié
quelques années après sa mort.
Même pendant ses études d'ingénieur, et malgré toutes
ses activités, Alberto resta toujours fidèle à la messe
quotidienne.
Les dévotions à
l'Eucharistie et à la Vierge Marie furent toujours les
fondements de sa vie. Il écrivit dans son journal
intime: "Quand
je contemple Jésus dans l’Eucharistie, c’est vraiment un
nouveau monde qui s’ouvre à moi. Chaque fois que je
communie, chaque fois que Jésus vient en moi, avec sa
divinité et son humanité, chaque fois que Jésus vient au
contact de mon âme, il y a en moi une vague de bonnes
résolutions, il y a une flamme qui me brûle et qui me
consume. Et cela me rend tellement heureux!"
Une
caractéristique particulière de sa spiritualité était la
dévotion mariale.
Le jour de la fête de
l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie,
le 8 Décembre 1934, Alberto, submergé d'amour pour la
Vierge, lui a offert son cœur, voulant, aussi
parfaitement que possible, vivre la vertu de chasteté.
Un équilibre remarquable entre prière et action réglait
la vie quotidienne d'Alberto. Il était convaincu que
l'activité apostolique ne suffisait pas pour garder une
vie spirituelle profonde.
Aussi consacrait-il beaucoup
de temps à la prière.
Pour lui la paresse était dangereuse, et il conseillait
à ses amis "de ne pas perdre de temps avec les actes
inutiles: amusements idiots, ou conversations qui
n'apportent rien de bon dans nos âmes." Par
ailleurs, Alberto était convaincu que la vie spirituelle
ne devait pas concerner que sa seule vie personnelle,
mais qu'il devait vivre de telle sorte que les
injustices qu'il constatait dans la société meurtrie par
le péché, soient vaincues grâce à sa prière et à
l'Eucharistie.
Le soir du 5 octobre 1946, Alberto se rendait, à
bicyclette, à une réunion électorale de Rimini. Un
camion militaire qui passait sur la route, dérapa et
renversa Alberto Marvelli. Alberto mourut
quelques heures plus tard, suite à des blessures graves,
à l’âge de vingt-huit ans. Il
fut béatifié le 5 septembre 2004 par le pape
Jean-Paul II. Sa fête est le 1er octobre.
Alberto Marvelli fut un passionné de l'apostolat tout en
demeurant un homme de prière. C'était un laïc qui révéla
la dignité des chrétiens et la valeur de leur vocation
de laïcs au sein de l'Église. Au cours de la cérémonie
de béatification, le pape Jean-Paul II, rappelant la
formation du jeune Alberto chez les Salésiens, déclara,
entre autres: "La courte vie d'Alberto Marvelli, 28
ans seulement, a été un don d'amour offert à Jésus pour
le bien de ses frères… Il avait fait de l'Eucharistie
quotidienne, le centre de sa vie… Il pensait, avec de
justes raisons, que la vie politique avait besoin
d'hommes vraiment enfants de Dieu, pour transformer la
vie sociétale en œuvre de salut."
Paulette
Leblanc |