ALBERTO MARVELLI
Laïc, Bienheureux
1918-1946

5

OCTOBRE

Alberto Marvelli naquit le 21 mars 1918 à Ferrare, ville italienne située dans le delta du Pô, non loin de la mer Adriatique. Il était le deuxième enfant d’une famille qui en comptera sept. Son père, Luigi Marvelli travaillait dans une banque. La famille profondément chrétienne et charitable, enseignait à ses enfants la valeur du travail et de la justice, et surtout la vérité selon l'Évangile. La maman, Maria Mayr Marvelli, influençait beaucoup ses enfants par sa charité, gardant toujours sa maison ouverte aux pauvres. Ainsi, Albert et ses frères et sœurs, voyaient souvent disparaître la moitié du repas qui était donnée aux pauvres. La maman disait alors: "Jésus est venu, et il a faim".

En 1930, la famille Marvelli dut déménager à Rimini, ville située au nord de l'Italie sur la mer Adriatique. Alberto avait 12 ans. Tout en poursuivant ses études au lycée classique de Rimini, Alberto fréquentait l’Oratoire salésien et l'Action Catholique. Il devint catéchiste et animateur chez les Salésiens. Par ailleurs, il aimait et pratiquait toutes sortes de sports, mais surtout le vélo. En 1933, son père mourut subitement et Alberto, âgé de 15 ans essaya de remplacer son défunt père, entourant de toute son affection sa mère et ses frères et sa sœur orphelins comme lui. C'est alors qu'il se consacra à la Vierge Marie Immaculée. Il nota dans son journal: "Jésus m’a enveloppé de sa grâce; je ne vois plus que Lui, je ne pense plus qu’à Lui."

En 1936, Alberto entra à l'université de Bologne pour devenir ingénieur.  Diplômé en Juin 1942, il entra d'abord chez Fiat, à Turin, puis il s'installa à Rimini. Parallèlement, Alberto faisait de l’Eucharistie quotidienne le centre de sa vie, et il s’y préparait le matin par l’adoration avant la messe. Chaque soir, même après une journée harassante, il disait le chapelet. Il aimait lire la vie des saints. Bientôt il se choisit comme modèle, le jeune Bienheureux Pierre-Georges Frassati.

En 1939, Alberto fut amoureux d'une jeune fille nommée Marilena et songea au mariage. Mais, après avoir longuement prié et réfléchi, il comprit qu’il devait l’aimer seulement comme une sœur.

La seconde guerre mondiale qui avait débuté en 1939, se poursuivait, et, à partir de 1943, les Allemands imposèrent à l’Italie un véritable régime d’occupation; et la misère régnait partout autour d'Alberto. Aussi son amour pour Jésus et Marie se traduisit-il en charité active, comme celle d'un bon Samaritain. Il réussit même à sauver de nombreux jeunes condamnés à la déportation: il réussissait à ouvrir, sur des trains prêts à quitter la gare de Santarcangelo, des wagons déjà plombés, pour libérer des hommes et des femmes destinés aux camps de concentration.

Lors des bombardements anglais de 1943, la ville de Rimini fut presque rasée. Alberto se dévoua sans compter pour secourir les victimes et  dégager les blessés pris sous les décombres. Pour les œuvres de charité, le modèle d'Alberto était saint Vincent de Paul, et, pour l'imiter, il donnait tout, jusqu’à sa couverture de laine, ses souliers, son vélo; un jour il donna les carreaux de sa fenêtre à un prêtre malade qui n’en avait plus. Pourtant, sa famille ne manqua jamais du nécessaire; elle le secondait même dans ses actions charitables.

Après la libération de la ville de Rimini, un Comité de libération fut créé. À Alberto qui était ingénieur et membre du Comité, on confia la rude tâche du relogement, puis, de la reconstruction de la ville. Alberto n’avait que 26 ans, mais tous les survivants des bombardements admiraient le courage dont il avait fait et faisait toujours preuve. Il convient de dire ici, que les marxistes faisaient beaucoup de propagande en leur faveur dans les usines, tandis que lui, il attendait les ouvriers à la sortie pour les évangéliser. Alberto fut un des fondateurs de l’ACLI, Association Catholique des Travailleurs Italiens, et il commentait souvent, pour les jeunes, l’encyclique du pape Léon XIII, ‘Rerum novarum’ de 1891, sur la condition des ouvriers. Quand les partis politiques commencèrent à renaître, en 1945, Alberto s’inscrivit au Parti de la Démocratie chrétienne. Il avait même accepté de se présenter aux élections comme candidat démocrate-chrétien. Il estimait, en effet, que la politique pouvait travailler à l'amélioration de la société, sur le plan de la charité. Par ailleurs, son évêque lui confia la direction de l'Association des Intellectuels Catholiques, et l'organisation de l'Université populaire.  

Voici ce qu'Alberto avait écrit en 1939: "Il faut établir le droit national et international sur des bases chrétiennes. L’Évangile et les Encycliques Pontificales devraient être la règle de vie non seulement pour chaque personne, mais pour les peuples, les nations, les gouvernements, le monde. La cause unique et profonde de la guerre est notre manque d’amour envers Dieu et envers les hommes. C’est l’esprit de charité qui manque dans le monde et, pour cela, nous nous haïssons comme des ennemis féroces au lieu de nous aimer comme des frères, parce que tous les hommes ont été rachetés par le Christ." Ceci s'abstient de tout commentaire.

Et voici aussi ce que Mgr Angelo Comastri, de Loreto, déclara au cours d'une émission sur radio-Vatican: "Marvelli, jeune chrétien impliqué dans la politique, y a laissé un signe de pureté, de transparence, de dignité et de vérité. Ceci est un grand message pour tous les politiciens d'aujourd'hui. On peut être en politique et être un saint, et cela est un très grand message qui vient de la vie d'Alberto Marvelli."

Passons maintenant au niveau spirituel. Le mystère de la vie spirituelle du bienheureux Alberto Marvelli été partiellement révélé par son Journal intime, publié quelques années après sa mort. Même pendant ses études d'ingénieur, et malgré toutes ses activités, Alberto resta toujours fidèle à la messe quotidienne. Les dévotions à l'Eucharistie et à la Vierge Marie furent toujours les fondements de sa vie. Il écrivit dans son journal intime: "Quand je contemple Jésus dans l’Eucharistie, c’est vraiment un nouveau monde qui s’ouvre à moi. Chaque fois que je communie, chaque fois que Jésus vient en moi, avec sa divinité et son humanité, chaque fois que Jésus vient au contact de mon âme, il y a en moi une vague de bonnes résolutions, il y a une flamme qui me brûle et qui me consume. Et cela me rend tellement heureux!"

Une caractéristique particulière de sa spiritualité était la dévotion mariale. Le jour de la fête de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, le 8 Décembre 1934, Alberto, submergé d'amour pour la Vierge, lui a offert son cœur, voulant, aussi parfaitement que possible, vivre la vertu de chasteté. Un équilibre remarquable entre prière et action réglait la vie quotidienne d'Alberto. Il était convaincu que l'activité apostolique ne suffisait pas pour garder une vie spirituelle profonde. Aussi consacrait-il  beaucoup de temps à la prière. Pour lui la paresse était dangereuse, et il conseillait à ses amis "de ne pas perdre de temps avec les actes inutiles: amusements idiots, ou conversations qui n'apportent rien de bon dans nos âmes." Par ailleurs, Alberto était convaincu que la vie spirituelle ne devait pas concerner que sa seule vie personnelle, mais qu'il devait vivre de telle sorte que les injustices qu'il constatait dans la société meurtrie par le péché, soient vaincues grâce à sa prière et à l'Eucharistie.

Le soir du 5 octobre 1946, Alberto se rendait, à bicyclette, à une réunion électorale de Rimini. Un camion militaire qui passait sur la route, dérapa et renversa Alberto Marvelli. Alberto mourut quelques heures plus tard, suite à des blessures graves, à l’âge de vingt-huit ans. Il fut béatifié le 5 septembre 2004 par le pape Jean-Paul II. Sa fête est le 1er octobre.

Alberto Marvelli fut un passionné de l'apostolat tout en demeurant un homme de prière. C'était un laïc qui révéla la dignité des chrétiens et la valeur de leur vocation de laïcs au sein de l'Église. Au cours de la cérémonie de béatification, le pape Jean-Paul II, rappelant la formation du jeune Alberto chez les Salésiens, déclara, entre autres: "La courte vie d'Alberto Marvelli, 28 ans seulement, a été un don d'amour offert à Jésus pour le bien de ses frères… Il avait fait de l'Eucharistie quotidienne, le centre de sa vie… Il pensait, avec de justes raisons, que la vie politique avait besoin d'hommes vraiment enfants de Dieu, pour transformer la vie sociétale en œuvre de salut."     

Paulette Leblanc

 

 

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