Saint Albert le Grand (dont le nom est
Albrecht von Bollstädt), est également connu sous le
nom de Albert de Cologne ou Albertus Magnus.
Albert le Grand naquit à Lauingen, en Souabe, province
du sud de l'Allemagne, entre 1193 et 1206. Dès son
enfance, il montra un extraordinaire goût pour l'étude
des sciences.
Cependant, quoique issu d'une famille noble de Bavière,
les premières années de sa vie nous sont relativement
mal connues.
Toutefois, son amour des sciences lui fit abandonner les
traditions chevaleresques de sa famille et le conduisit
en Italie, à l'université de Padoue, siège de l'une des
plus célèbres universités du moyen-âge. À
Padoue,
Albert fit preuve d'une très grande piété. Nous savons
aussi qu'il rencontra, au cours de son séjour à Padoue,
des Dominicains, et qu'il entra dans cet Ordre des
Prêcheurs. En effet, un jour, Albert encore incertain de
son avenir, mais inspiré par la grâce, était allé se
jeter aux pieds de la très Sainte Vierge; soudain il
crut entendre la céleste Mère lui dire:
– Quitte le monde et entre dans l'ordre de Saint
Dominique.
C'est alors qu'Albert, malgré les résistances de sa
famille, entra au noviciat des Dominicains.
Toutefois, très doué pour les études, il fut, tout en
poursuivant ses études et ses recherches personnelles,
chargé de divers enseignements.
Puis, il partit étudier la théologie, peut-être à Paris,
puis à Cologne, où il l'enseigna dès 1228. Il aurait
également enseigné à Hildesheim, à Fribourg-en-Brisgau
ville d'Allemagne, et à Strasbourg.
Plus
sûrement, nous savons qu'en 1241, Albert était à Paris,
à l'université de Paris, dans le 1er couvent
parisien des dominicains, rue Saint-Jacques. En 1245, il
fut nommé maître de théologie, puis maître régent, à la
place de Guéric de Saint Quentin. À Paris, où il resta
trois années jusqu'en 1248, et à Cologne où il fut
chargé d'ouvrir, pour les Dominicains, une université de
théologie, l'École supérieure de théologie qu'il dirigea
jusqu'en 1254, Albert eut pour élève le jeune Thomas
d'Aquin. Je rappelle ici que Thomas d'Aquin vécut de
1225 à 1274. Notons que Cologne, ville où fut envoyé à
plusieurs reprises notre Albert, deviendra sa ville
d'adoption.
De
1254 à juin 1257, élu provincial de Germanie, Albert le
Grand fut obligé de visiter à pied une cinquantaine de
monastères; mais en 1257, il redevint enseignant à
Cologne. En 1259, au chapitre général de l'ordre des
dominicains de Valenciennes, il organisa avec Thomas
d'Aquin et d'autres frères, les études des Frères
prêcheurs. En 1260, il fut nommé évêque de Ratisbonne,
ou
Regensburg, en Allemagne, par le pape Urbain IV. Mais,
après trois ans, il obtint la permission d'abandonner
cette charge. Cependant il dut rester à la curie,
chargé, en 1263, comme prédicateur, de relancer dans
plusieurs pays de langue allemande une croisade. Enfin,
en 1264, il put retourner au professorat: d'abord à
Würzbourg en 1264, puis à Strasbourg en 1267 et à
Cologne en 1270. En 1274, Albert participa au Concile de
Lyon, et en 1275, il inaugura l'abbaye Saint-Vit de
Mönchengladbach.
Saint Albert le Grand mourut dans son couvent de la
Sainte Croix, à Cologne le 15 novembre 1280. Il fut
béatifié en 1622 par le pape Grégoire XV. Il fut
canonisé et proclamé Docteur de l'Église en 1931, par le
pape Pie XI. Sa fête est le 15 novembre.
Saint Albert le Grand sera proclamé saint patron des
scientifiques et des savants, et patron de ceux qui
aiment les sciences naturelles, en 1941, par Pie XII. Il
est également appelé Doctor universalis
Doctor en raison de l'ampleur de son savoir. Mais le
plus important, c'est que Saint Albert montre surtout
qu'entre la foi et la science il n'y a pas d'opposition.
Maintenant nous allons nous pencher sur l'œuvre de Saint
Albert le Grand, et nous comprendrons pourquoi ce
théologien de haute stature est également le patron des
scientifiques et des savants.
Tout
d'abord, Albert s'intéressa au Pseudo-Denys
l'Aréopagite, au sujet duquel il écrivit des
commentaires. Mais sa
grande préoccupation était de rendre accessible au monde
latin la pensée du philosophe grec Aristote qu'il étudia
avec passion, afin de l'harmoniser avec la pensée
chrétienne; et c'est lui qui introduisit dans les
universités d'Europe les sciences grecques et arabes
développées à Cordoue. Il faut savoir que cette
philosophie païenne d'Aristote, donc non chrétienne,
était redoutée par les penseurs chrétiens de l'époque,
surtout parce qu'elle avait été présentée par les
commentateurs arabes, de manière à la faire apparaître,
au moins sur certains points, comme tout à fait
inconciliable avec la foi chrétienne. Il se posait donc
un dilemne: la foi et la raison sont-elles ou non en
conflit l'une avec l'autre? C'est là que réside l'un des
grands mérites de saint Albert le Grand qui, avec sa
rigueur scientifique, étudia les œuvres d'Aristote, afin
de montrer que tout ce qui est vraiment rationnel est
compatible avec la foi révélée dans les Saintes
Ecritures.
Dans
cette optique: montrer que foi et raison sont
compatibles, Albert le Grand travailla les sciences
humaines, jusqu'à devenir le plus grand savant de son
époque. C'est ainsi qu'en 1250 il traita de l'arc en
ciel dans son ouvrage De Iride. Entre 1250 et
1254, il écrivit deux ouvrages concernant l'alchimie:
les Meteora et le De mineralibus. Puis,
dans le cadre de ses travaux sur Aristote, il entreprit
la rédaction d'une encyclopédie De animalus, qui
comprend:
– le
classement de toute la faune d’Europe du Nord connue de
son temps,
– et
une description détaillée de la reproduction des
insectes, la croissance du poulet, des poissons et de
certains mammifères.
Ce
vaste traité, achevé vers 1270, comprend 26 livres. Les
19 premiers sont des commentaires de l'œuvre d'Aristote,
les suivants sont consacrés aux animaux qui marchent,
volent, nagent et rampent, classification inspirée de
Pline l'Ancien. Cette œuvre, qui tranche sur celles de
ses prédécesseurs comprend beaucoup de descriptions
fondées sur des observations réelles.
Albert le Grand écrivit également des encyclopédies
semblables pour les minéraux, le De mineralibus,
et pour les végétaux, le De vegetabilibus. Ce
dernier ouvrage comprend une étude sur les effets
respectifs de la lumière et de la température sur la
croissance des végétaux. Nous sommes stupéfaits.
Vraiment, sa culture a quelque chose de prodigieux,
surtout lorsque nous pensons à la somme de théologie
qu'il laissa et qui servit de modèle à La somme
Théologique de Saint Thomas d'Aquin.
Merci Saint Albert le Grand pour tout votre travail, et
surtout de nous avoir montré que, non seulement la foi
et la raison ne sont jamais incompatibles, mais que
l'une ne peut pas se passer de l'autre.
Paulette Leblanc |