Albert Le Grand
Dominicain, Docteur de l’Église, Saint
(ca. 1193 et 1206-1280)

15

NOVEMBRE

Saint Albert le Grand (dont le nom est Albrecht von Bollstädt), est également connu sous le nom de Albert de Cologne ou Albertus Magnus. Albert le Grand naquit à Lauingen, en Souabe, province du sud de l'Allemagne, entre 1193 et 1206. Dès son enfance, il montra un extraordinaire goût pour l'étude des sciences. Cependant, quoique issu d'une famille noble de Bavière, les premières années de sa vie nous sont relativement mal connues. Toutefois, son amour des sciences lui fit abandonner les traditions chevaleresques de sa famille et le conduisit en Italie, à l'université de Padoue, siège de l'une des plus célèbres universités du moyen-âge. À Padoue, Albert fit preuve d'une très grande piété. Nous savons aussi qu'il rencontra, au cours de son séjour à Padoue, des Dominicains, et qu'il entra dans cet Ordre des Prêcheurs. En effet, un jour, Albert encore incertain de son avenir, mais inspiré par la grâce, était allé se jeter aux pieds de la très Sainte Vierge; soudain il crut entendre la céleste Mère lui dire:

– Quitte le monde et entre dans l'ordre de Saint Dominique.

C'est alors qu'Albert, malgré les résistances de sa famille, entra au noviciat des Dominicains. Toutefois, très doué pour les études, il fut, tout en poursuivant ses études et ses recherches personnelles, chargé de divers enseignements. Puis, il partit étudier la théologie, peut-être à Paris, puis à Cologne, où il l'enseigna dès 1228. Il aurait également enseigné à Hildesheim, à Fribourg-en-Brisgau ville d'Allemagne, et à Strasbourg.

Plus sûrement, nous savons qu'en 1241, Albert était à Paris, à l'université de Paris, dans le 1er couvent parisien des dominicains, rue Saint-Jacques. En 1245, il fut nommé maître de théologie, puis maître régent, à la place de Guéric de Saint Quentin. À Paris, où il resta trois années jusqu'en 1248, et à Cologne où il fut chargé d'ouvrir, pour les Dominicains, une université de théologie, l'École supérieure de théologie qu'il dirigea jusqu'en 1254, Albert eut pour élève le jeune Thomas d'Aquin. Je rappelle ici que Thomas d'Aquin vécut de 1225 à 1274. Notons que Cologne, ville où fut envoyé à plusieurs reprises notre Albert, deviendra sa ville d'adoption.

De 1254 à juin 1257, élu provincial de Germanie, Albert le Grand fut obligé de visiter à pied une cinquantaine de monastères; mais en 1257, il redevint enseignant à Cologne. En 1259, au chapitre général de l'ordre des dominicains de Valenciennes, il organisa avec Thomas d'Aquin et d'autres frères, les études des Frères prêcheurs. En 1260, il fut nommé évêque de Ratisbonne, ou Regensburg, en Allemagne,  par le pape Urbain IV. Mais, après trois ans, il obtint la permission d'abandonner cette charge. Cependant il dut rester à la curie, chargé, en 1263, comme prédicateur, de relancer dans plusieurs pays de langue allemande une croisade. Enfin, en 1264, il put retourner au professorat: d'abord à Würzbourg  en 1264, puis à Strasbourg en 1267 et à Cologne en 1270. En 1274, Albert participa au Concile de Lyon, et en 1275, il inaugura l'abbaye Saint-Vit de Mönchengladbach. 

Saint Albert le Grand mourut dans son couvent de la Sainte Croix, à Cologne le 15 novembre 1280. Il fut béatifié en 1622 par le pape Grégoire XV. Il fut canonisé et proclamé Docteur de l'Église en 1931, par le pape Pie XI. Sa fête est le 15 novembre.

Saint Albert le Grand sera proclamé saint patron des scientifiques et des savants, et patron de ceux qui aiment les sciences naturelles, en 1941, par Pie XII. Il est également appelé Doctor universalis Doctor en raison de l'ampleur de son savoir. Mais le plus important, c'est que Saint Albert montre surtout qu'entre la foi et la science il n'y a pas d'opposition.

Maintenant nous allons nous pencher sur l'œuvre de Saint Albert le Grand, et nous comprendrons pourquoi ce théologien de haute stature est également le patron des scientifiques et des savants.

Tout d'abord, Albert s'intéressa au Pseudo-Denys l'Aréopagite, au sujet duquel il écrivit des commentaires. Mais sa grande préoccupation était de rendre accessible au monde latin la pensée du philosophe grec Aristote qu'il étudia avec passion, afin de l'harmoniser avec la pensée chrétienne; et c'est lui qui introduisit dans les universités d'Europe les sciences grecques et arabes développées à Cordoue. Il faut savoir que cette philosophie païenne d'Aristote, donc non chrétienne, était redoutée par les penseurs chrétiens de l'époque, surtout parce qu'elle avait été présentée par les commentateurs arabes, de manière à la faire apparaître, au moins sur certains points, comme tout à fait inconciliable avec la foi chrétienne. Il se posait donc un dilemne: la foi et la raison sont-elles ou non en conflit l'une avec l'autre? C'est là que réside l'un des grands mérites de saint Albert le Grand qui, avec sa rigueur scientifique, étudia les œuvres d'Aristote, afin de montrer que tout ce qui est vraiment rationnel est compatible avec la foi révélée dans les Saintes Ecritures.

Dans cette optique: montrer que foi et raison sont compatibles,  Albert le Grand travailla les sciences humaines, jusqu'à devenir le plus grand savant de son époque. C'est ainsi qu'en 1250 il traita de l'arc en ciel dans son ouvrage De Iride. Entre 1250 et 1254, il écrivit deux ouvrages concernant l'alchimie: les Meteora et le De mineralibus. Puis, dans le cadre de ses travaux sur Aristote, il entreprit la rédaction d'une encyclopédie De animalus, qui comprend:

– le classement de toute la faune d’Europe du Nord connue de son temps,

– et une description détaillée de la reproduction des insectes, la croissance du poulet, des poissons et de certains mammifères.

Ce vaste traité, achevé vers 1270, comprend 26 livres. Les 19 premiers sont des commentaires de l'œuvre d'Aristote, les suivants sont consacrés aux animaux qui marchent, volent, nagent et rampent, classification inspirée de Pline l'Ancien. Cette œuvre, qui tranche sur celles de ses prédécesseurs comprend beaucoup de descriptions fondées sur des observations réelles.

Albert le Grand écrivit également des encyclopédies semblables pour les minéraux, le De mineralibus, et pour les végétaux, le De vegetabilibus. Ce dernier ouvrage comprend une étude sur les effets respectifs de la lumière et de la température sur la croissance des végétaux. Nous sommes stupéfaits. Vraiment, sa culture a quelque chose de prodigieux, surtout lorsque nous pensons à la somme de théologie qu'il laissa et qui servit de modèle à La somme Théologique de Saint Thomas d'Aquin.

Merci Saint Albert le Grand pour tout votre travail, et surtout de nous avoir montré que, non seulement la foi et la raison ne sont jamais incompatibles, mais que  l'une ne peut pas se passer de l'autre.

Paulette Leblanc

 

 

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