Agostina Livia Pietrantoni
Religieuse, Sainte
1864-1894

13

NOVEMBRE

Olivia Pietrantoni, Livia pour sa famille, naquit le 27 mars 1864, près de Rieti, petite ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Rome. Elle était la deuxième enfant d'une famille qui en comptera 11. Ses parents, Francesco Pietrantoni et Caterina Costantini, étaient des agriculteurs et des fermiers, travaillant leur propre terre ou des terrains qu'ils étaient obligés de louer pour assurer la subsistance de toute la nombreuse famille. Pourtant, fervents chrétiens, et malgré leur pauvreté, ils étaient toujours prêts à aider leurs voisins.  C'est ainsi que  l'enfance et la jeunesse de Livia baignèrent dans une atmosphère laborieuse, honnête, pieuse et charitable.

Dès l'âge de sept ans, Livia dut seconder ses parents dans les tâches ménagères et auprès de ses nombreux frères et sœurs. En même temps elle travaillait au transport des sacs de cailloux et de sable destinés à la construction d'une route: la route d'Orvinio à Poggio Moiano. Quand elle eut douze ans, au moment de la récolte des olives, en hiver, elle devait s'embaucher comme saisonnière. De plus, Livia travaillait dans les champs et prenait soin des bêtes. On comprend que, dans ces conditions, Livia ne pouvait aller à l'école que très irrégulièrement. Et pourtant, extrêmement  attentive, et surtout très douée, elle aidait ses compagnes qui lui donnaient le titre de "professeur".

Signalons ici qu'elle fut confirmée dès l'âge de quatre ans, et vers 1876, à l'âge de 12 ans, elle fit sa première communion. Sa vie de prière devint alors particulièrement remarquable. Puis Livia décida de donner toute sa vie au Christ, et d'entrer en religion. Elle disait: "C'est le Christ qui sera son Amour, le Christ, son Époux." Et cela malgré les moqueries de son entourage qui l'accusaient de manquer de courage pour faire son travail et de choisir une solution de paresse. Il faut dire qu'à l'époque, l'atmosphère italienne était très hostile à la religion. Aussi Livia répondait-elle: "Je choisirai une congrégation où l'on doit travailler jour et nuit." Dès lors, elle refusa toutes les propositions de mariage qui lui étaient offertes.

Quand elle eut 22 ans, Livia alla à Rome avec son oncle afin d'être reçue par les Sœurs de la Charité de sainte Jeanne-Antide Thouret. Après avoir longtemps hésité, la supérieure, quelques mois plus tard, l'acceptait. C'était le 23 mars 1886. Livia entra au postulat puis au noviciat, et elle reçut le nom d'Agostina. Elle sera d'abord chargée de soigner les enfants de l'hôpital du Saint-Esprit. Puis, elle s'occupera des tuberculeux, maladie qu'elle contractera, mais dont elle guérira miraculeusement.

Ici nous devons indiquer que l'hôpital du Saint-Esprit fonctionnait depuis déjà 700 ans et que les nombreux saints qui y avaient travaillé l'avait fait surnommer "l'école de la charité chrétienne". Parmi ces saints, nous devons citer: Charles Borromée, Joseph Calasanz, Jean Bosco, Camille de Lellis... et, en 1886, notre Agostina.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, cet hôpital du Saint-Esprit n'était plus véritablement un hôpital religieux. Les Capucins qui l'avaient tenu pendant longtemps avaient dû retirer tous les crucifix. Eux-mêmes furent expulsés; les religieuses ne furent pas chassées, car elles étaient trop populaires, mais elles avaient reçu l'ordre de ne jamais parler de Dieu. Cependant, Sœur Agostina avait discrètement aménagé un petit espace privé où elle avait trouvé une place pour la Vierge Marie. Sœur Agostina avait même promis à Marie des veilles plus nombreuses, de plus grands sacrifices, pour obtenir la grâce de la conversion des malades les plus obstinés. Dans ce "petit coin", les malades pouvaient venir prier. Là aussi, au cours de son travail, Sœur Agostina passait parfois pour prier pour ses patients, y compris pour un certain Joseph Romanelli, malade adulte particulièrement détestable, qui, par ses obscénités épuisait tout le personnel y compris les médecins. Sœur Agostina accueillait avec beaucoup d'amour sa maman aveugle lorsqu'elle venait rendre visite à son malade.

Malheureusement de Joseph Romanelli on pouvait tout attendre, et tout le personnel de l'hôpital s'en plaignait, aussi, quand après une nouvelle "crise", aux dépens des femmes qui travaillaient à la buanderie, le Directeur le chassa de l'hôpital. Dans sa rage, il chercha une cible et la pauvre Agostina était la victime toute désignée. Un jour, rencontrant Sœur Agostina il lui dit: "Je te tuerai de mes mains! Sœur Agostina, tu n'as plus qu'un mois à vivre!" Ce n'était pas une plaisanterie. Sœur Agostina redoubla pour lui de générosité: elle était prête à payer de sa propre vie le prix de l'amour, sans fuir, sans accuser. Bientôt Romanelli la surprit et la frappa sans qu'elle put s'échapper: elle mourut des coups reçus, mais elle avait eu le temps de lui pardonner et de prier pour lui. C'était le 13 novembre 1894.

Agostina avait juste 30 ans. Elle fut béatifiée le 12 novembre 1972 par le pape Paul VI et canonisée le 18 avril 1999, par le Pape Jean-Paul II. À cette occasion, le pape rapporta ce que Sœur Agostina disait de ses malades si difficiles à soigner: "En eux je sers Jésus-Christ... je me sens enflammée de charité pour tous, prête à affronter n'importe quel sacrifice, même à verser mon sang pour la charité."

Paulette Leblanc

 

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