Saint Jean-Baptiste De La Salle
(1651-1719)

Troisième partie

La spiritualité de
Saint-Jean Baptiste De La Salle

2
Comment aimer Dieu

 

Jean-Baptiste De la Salle peut paraître à ceux qui l’abordent pour la première fois, un peu trop rigide. Pourtant il est incontestable qu’il fut un vrai mystique, et cela transparaît, presque malgré lui, lorsqu’il enseigne ses Frères et cherche à les conduire à Dieu. Ainsi, lorsqu’il parle de la manière dont nous devons aimer Dieu, sa spiritualité et sa vie d’union à Dieu transparaissent inévitablement.

Nous devons aimer Dieu, dit-il, de tout notre cœur, c’est-à-dire de toute notre affection; sans en réserver la moindre partie pour aucune créature, ne voulant aimer purement que Dieu qui seul est aimable, parce qu’il est la seule chose qui soit bonne essentiellement et par elle-même...

Il n’est pas possible que nous aimions Dieu de tout notre cœur que nous ne l’aimions aussi de toute notre âme, c’est-à-dire que nous ne soyons disposés à abandonner, non seulement toutes les choses extérieures et sensibles, mais notre vie même signifiée par le mot d’âme, plutôt que d’être un moment privés de l’amour de Dieu; et cela parce que nous devons préférer Dieu à toute autre chose qui pourrait être l’objet de notre amour...

C’est en nous occupant toujours de lui que nous accomplirons le commandement de Dieu, et en lui rapportant de telle manière toutes nos pensées vers les créatures, que nous ne pensions à rien de ce qui les regarde, qui ne nous porte à l’aimer, ou qui ne nous entretienne de son saint amour; car il n’y a rien qui fasse mieux connaître qu’une personne en aime une autre, que quand elle ne peut s’empêcher d’y penser...

Que vous seriez heureux si toutes vos pensées ne tendaient qu’à Dieu, et n’étaient que pour lui!... Cette vue de foi cause tant de plaisir et de joie à une âme qui aime son Dieu, qu’elle a, dès cette vie, un avant-goût du Ciel... (MD 70)

2-1-Valeur de la souffrance

Parfois Dieu laisse une âme dans la peine pour lui faire sentir qu’elle ne peut rien sans lui, et qu’il ne lui est pas possible d’avoir le mouvement nécessaire pour aller à lui, sans qu’elle soit aidée du secours de sa grâce, et qu’au contraire elle peut tout lorsqu’il la fortifie. Elle doit donc attendre avec patience que Jésus vienne à passer et qu’il apporte remède à son mal... Quand nous serons devant Jésus, c’est-à-dire quand quelque lumière passagère nous éclairera, soit de notre part, soit de la part de ceux qui nous conduisent, attendons que Jésus nous parle, et qu’il nous rende la santé et le mouvement, comme il fit au paralytique. Soutenons-nous par la fermeté de notre foi.

Mais attention! Ce n’est pas assez, pour la guérison de notre paralysie spirituelle, que Jésus nous dise de nous lever, il faut aussi que nous le voulions... parce que Dieu ne force point notre volonté, quoiqu’il l’exhorte et qu’il la presse. (MD 71)

2-2-Il faut donc aimer la Croix

Il faut aussi que nous aimions la Croix de toute l’affection de notre cœur, et que nous désirions d’y mourir attachés, comme l’a désiré Jésus-Christ, notre divin Maître; car, comme dit l’auteur de l’Imitation, ceux qui embrassent de bon cœur la croix de Jésus-Christ, ne craindront point l’arrêt terrible de la damnation; parce qu’ayant été, par son moyen, tirés du péché, il n’est pas à croire, et nous devons avoir cette confiance, que si nous l’aimons en union avec Jésus-Christ, qui l’a aimée tendrement et qui l’a portée avec une extrême joie, toutes les misères de cette vie nous deviendront douces et agréables... Quand donc vous aurez quelque peine, unissez-vous alors à Jésus-Christ souffrant, aimez sa croix, parce que vous êtes un de ses membres; cette union et cet amour adouciront vos peines, et vous les rendront beaucoup plus tolérables...

Toute la vie de Jésus n’ayant été qu’une croix et un martyre continuels, nous ne paraîtrons jamais mieux son serviteur, son ami, son imitateur, qu’en imprimant en nous le caractère de sa sainte croix, et qu’en souffrant des peines semblables aux siennes. Comment oserions-nous chercher une autre voie pour plaire à Dieu, pour l’honorer, et pour lui faire un sacrifice qui lui soit agréable, que cette voie de la bienheureuse croix, puisque Jésus, notre sauveur, n’a pas passé lui-même une seule heure de sa vie sans souffrir, pour faire honneur à son Père, et qu’il n’y a aucun saint qui ait été dans le monde sans affliction et sans croix? (MF 165)

Comment alors, ne pas désirer le martyre pour soi-même
Bienheureux martyrs, que je vous porte envie
D’avoir pour Jésus immolé votre vie...
Quand s’accomplira le bonheur où j’aspire
De pouvoir souffrir, pour mon Dieu le martyre?...
(CB 2, 16)

Jean-Baptiste De La Salle ne néglige aucune occasion pour rappeler à ses Frères qu’ils seront toujours accompagnés par la Croix de Jésus. Il leur redit souvent: C’est la récompense des hommes apostoliques, en cette vie, d’être persécutés et de mourir pour la défense et le soutien de la foi qu’ils ont annoncée... (MF 175)

Les cinq plaies de Jésus-Christ

“Adorez les cinq plaies de Jésus-Christ Notre-Seigneur, et faites attention qu’il ne les a conservées dans son sacré corps, que comme des marques glorieuses de la victoire qu’il a remportée sur l’enfer et sur le péché, d’où il a retiré les hommes par ses souffrances et par sa mort... Regardez les plaies du corps de votre Sauveur comme autant de bouches qui vous reprochent vos péchés, et qui vous rappellent le souvenir de tout ce qu’il a souffert pour les effacer... Lorsque vous envisagez les plaies de Jésus-Christ, comprenez qu’elles vous doivent engager à mourir à vous-mêmes...

Cependant il convient de savoir que Jésus a conservé dans son corps glorieux les cicatrices de ses plaies comme ornement et une marque d’honneur... Prosternez-vous souvent devant ces divines plaies; regardez-les comme les sources de votre salut; mettez votre main dans la plaie du côté, avec saint Thomas, non pas tant pour fortifier votre foi que pour pénétrer, s’il est possible, jusqu’au Cœur de Jésus, et pour faire, de là, passer dans le vôtre, les sentiments d’une patience toute chrétienne, d’une entière résignation, d’une parfaite conformité à la volonté de Dieu et pour y prendre un courage qui vous porte à chercher les occasions de souffrir... (MD 32) On n’est chrétien qu’autant qu’on est conforme au Sauveur, et c’est l’amour des souffrances et de la mortification qui nous rend semblables à lui. (MF 177)

    

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